Il est considéré comme un des maîtres du manga d'horreur, en particulier dans le genre Ero guro, ou érotico-grotesque.
Biographie
Suehiro Maruo est né le (68 ans). Il quitte le lycée en 1972 à l'âge de 16 ans pour s'installer à Tokyo, où il multiplie les petits emplois, notamment dans la reliure. Un an plus tard, il propose son premier manga au magazine Weekly Shōnen Jump qui est rejeté, considéré comme trop explicite par l'équipe éditoriale[2]. Son goût pour l'érotisme morbide lui vient de manière plus ou moins contrainte : « Je dessinais pour des revues porno, j'étais naturellement poussé à intégrer une touche érotique. Si cela n'avait pas été dans ce contexte, je ne l'aurais pas fait »[3].
La publication de Ribon no Kishi(リボンの騎士, littéralement « Princesse Saphir »?) dans le magazine Garo en 1980 marque ses débuts officiels comme mangaka[4]. Sa première anthologie, Le Monstre au teint de rose(薔薇色ノ怪物, Barairono Kaibutsu?), est publiée en 1982. La Jeune fille aux camélias, publié en 1984, est adapté en anime par Hiroshi Harada en 1992.
Bien qu'assez célèbre comme mangaka, Suehiro Maruo est également un artiste reconnu au Japon. Il a produit de nombreuses illustrations pour des pochettes de disques, des affiches de concert, ainsi que pour des magazines, romans et d'autres supports.
Jean Giraud, alias Mœbius, rendit hommage au sens de la subversion du mangaka à l'occasion de sa première publication en France, L’Aspirant flûtiste dans le magazine (À suivre) en 1991[5] : « Maruo est l’incandescence totale de la colère sexuelle, de la volonté destructrice, de l’appel au secours permanent d’un enfant torturé, dans un regard plein de compassion mais en même temps aveuglé par une rage terrible[6]. »
Une des inspirations de Suehiro Maruo se trouve dans le muzan-e(en) de Yoshitoshi, une collection de ukiyo-e qui décrit avec détail des scènes de tortures et de meurtres. Maruo a d'ailleurs réalisé en 1988 avec Kazuichi Hanawa le recueil Bloody Ukiyo-e qui contient quatorze tableaux en hommage à Yoshitoshi et Utagawa Yoshiiku[10]. Il effectue également des adaptations d'œuvres littéraires japonaises modernes : outre La Chenille et L'Île Panorama, inspirés des écrits d'Edogawa Ranpo, auteur qui tient une grande place dans son œuvre[11], il transpose également en manga un roman de Kyūsaku Yumeno, L'Enfer en bouteille.
John Zorn, saxophoniste américain, utilisa certains dessins de Maruo pour l'illustration d'albums de son groupe Naked City[14]. Il contribua également à l'avant-propos de la collection des œuvres traduites en anglais de Maruo, publiée en 2005.
↑ a et bSuehiro Maruo (trad. du japonais par Miyako Slocombe), La Chenille : « Corps déviants », préface de Miyako Slocombe, Poitiers, Le Lézard noir, , 136 p. (ISBN978-2-35348-023-4)