Né le à Fuchū dans la préfecture de Tōkyō, Naoki Urasawa est le cadet de la famille. Il découvre les œuvres d'Osamu Tezuka dès la maternelle, lorsqu'il est gardé par ses grands-parents, en particulier Astro, le petit robot et Le Roi Léo, et commence à dessiner[1]. À l'école primaire, il devient chef de classe en troisième année, et participe au journal de l'école dans lequel il dessine des mangas de quatre cases appelés yonkoma. Alors qu'il commence à être victime de brimades, les BD qu'il offre à ses harceleurs lui permettent de ne pas devenir un ijime. C'est à cette période qu'il dessine son premier manga long : Taiko no sanmyaku(太古の山脈?, littéralement « La Cordillère des temps anciens »). Il est alors inspiré par les nombreux films noirs passant à la télévision, et son frère ainé est son principal lecteur.
Il suit ensuite les cours du collège puis du lycée Meisei à Fuchū, et s'inscrit au club de musique après avoir rapidement quitté celui d'athlétisme. Avec la fin du genre Group Sounds et le début d'un rock plus underground, il devient fan du chanteur Takurō Yoshida(en) et s'intéresse à Bob Dylan[1],[2]. Il s'achète alors une guitare en secret, mais se trompe en achetant une guitare classique[2]. Il côtoie à cette époque le futur musicien Tetsuya Komuro, d'un an son ainé. Il évoquera plus tard ces années dans son manga 20th Century Boys. Si la découverte de Phénix d'Osamu Tezuka est son premier grand moment de manga[3], il perd par la suite de l'intérêt pour la BD au lycée, alors que le manga sportif, avec Ikki Kajiwara et Ashita no Joe, est en plein boom.
Il entre à la faculté de lettres de l'université de Meisei à Hino (à l'ouest de Fuchū), et revient vers le manga, inspiré par la nouvelle vague incarnée par Katsuhiro Ōtomo. Il rencontre au club de musique de l'université le futur chanteur du groupe The Street Sliders, Hiroaki Murakoshi (村越 弘明, Murakoshi Hiroaki?, plus connu sous le nom de Harry), qui l'impressionne[2].
Un succès immédiat avec Yawara!
Alors qu'il commence sa recherche d'emploi, sans spécialement chercher à devenir dessinateur, il présente son manuscrit Return lors d'un entretien au sein de la société d'édition Shōgakukan, qui se montre intéressée au point de lui décerner le prix du meilleur jeune mangaka en 1982. Il se donne alors un an pour devenir professionnel ou changer de voie. Il devient assistant pour Shōgakukan, qui publie en 1983 sa première nouvelle en supplément du manga Golgo 13, Beta!, un récit de science-fiction. En 1984, il écrit sa première histoire longue, Odoru keikan(踊る警官?, « Le Policier dansant »).
Yawara! débutée en 1986 est un énorme succès (trente millions d'exemplaires vendus au Japon) grâce au talent comique de son auteur, et va générer un boom du judo[1],[4]. La série est adaptée en dessin animé, en film, et en deux jeux vidéo. À la même époque, Master Keaton est également un succès, et est adaptée en anime.
Des œuvres plus personnelles avec Monster et 20th Century Boys
Yawara! achevée, Urasawa souhaite passer à un registre plus personnel, mais son éditeur le convainc de créer un nouveau manga sportif, Happy!, dans lequel il introduit néanmoins des thèmes plus adultes, ce qui trouble alors ses fans[1]. Happy! finit tout de même par toucher son public, et est adapté en drama.
En 1995, Monster, un thriller psychologique beaucoup plus sombre que ses précédentes œuvres parues dans Big Comic Original, est son deuxième plus gros succès avec vingt millions d'exemplaires vendus au Japon[1]. Il est adapté en anime, et les droits de l'adaptation cinématographique sont vendus au studio américain New Line Cinema[5].
En 2000, il se lance dans un nouveau thriller, cette fois pour Big Comic Spirits, avec 20th Century Boys, un récit uchronique. Le rock tient une place importante dans cette série, Urasawa en profite d'ailleurs pour sortir en bonus d'un des tomes la chanson du héros chantée par lui-même sous la forme d'un CD intitulé Lost Kenji Tapes Volume.1 Bob Lennon. En 2003, il change de style pour Big Comic Original et réalise son rêve en reprenant un passage d'Astro, le petit robot avec Pluto, une série de science-fiction policière. Cette même année, il dessine la pochette de l'album Pleasure! du groupe Domino88.
Pendant près de vingt ans, Urasawa dessine plus de cent pages par mois pour les deux magazines de son éditeur. En 2001, il a déjà vendu plus de cent millions de mangas au Japon[6]. Il est cependant contraint d'arrêter son travail d'avril à à la suite d'un problème à l'épaule, résultat d'un rythme de travail trop soutenu[1]. Il se montre depuis assez critique sur le rythme de parution imposé aux auteurs dans ce milieu, qu'il considère contre nature[2].
Activités musicales et changement d'éditeur
En 2007, Naoki Urasawa commence sa coopération musicale avec Kōji Wakui (和久井 光司, Wakui Kōji?) en dessinant la pochette de son album Dylan o utau(ディランを唄う?, lit. « Chanter Dylan »), et en écrivant à deux Dylan o katarō(ディランを語ろう?, lit. « Racontons Dylan »). Il écrit cette même année les paroles de la chanson Kōzui no mae(洪水の前?, lit. « Avant l'inondation ») sur l'album Kaleidoscope de Toshihiko Takamizawa (高見沢 俊彦, Takamizawa Toshihiko?). En sort le premier single de son futur album produit par Wakui, Tsuki ga tottemo…(月がとっても…?, lit. « La Lune [est] très… »), qu'il présente avec deux concerts au Tokyo Kinema Club (東京キネマ倶楽部?). En novembre, Urasawa sort son premier album intitulé Hanseiki no otoko(半世紀の男?, lit. « L'Homme d'un demi-siècle », sous-titré « ½ Century Man » sur l'édition limitée), dont il signe la pochette[2].
Une fois 20th Century Boys et Pluto terminés, Naoki Urasawa décide de n'écrire qu'une seule série à la fois : ce sera Billy Bat, paru chez le concurrent de Shōgakukan, Kōdansha, mais toujours avec Takashi Nagasaki[2]. Urasawa participe alors au scénario de l'adaptation au cinéma de 20th Century Boys sous la forme d'une trilogie, en plus de ses nouvelles activités musicales. Il compose d'ailleurs les chansons Brothers et Suspense présentes respectivement sur les bandes originales du premier et du deuxième film. À partir de 2008 également, il donne des cours avec Nagasaki à l'université d'arts plastiques de Nagoya(名古屋造形大学, Nagoya zōkei daigaku?)[7].
Son studio est situé dans l'arrondissement de Meguro à Tōkyō[1].
Pour fêter les vingt ans du manga Master Keaton, une suite intitulée Master Keaton Remaster a débuté dans le Big Comic Original en . Cependant, le manga paraît avec un rythme irrégulier, Naoki Urasawa et Takashi Nagasaki continuant de travailler en priorité sur Billy Bat, jusqu'à la fin de la série en 2016.
Œuvres
Parutions
Séries de manga et livres dérivés
Pineapple Army(パイナップルArmy, Painappuru Āmī?, dessin), avec Kazuya Kudō (scénario), Shōgakukan, 1986-1988 (Glénat collection Kaméha, 1998, puis Kana coll. Sensei, 2024), 8 volumes (3 volumes en version française)
Yawara!, Shōgakukan, 1986-1993 (Kana coll. Big Kana, 2020), 29 volumes (20 volumes en version française)
Jigoro!, Shōgakukan, 1994, réédité en 2003, one shot autour d'un personnage de Yawara!
Master Keaton(Master キートン, Masutā Kīton?), Shōgakukan, 1988-1994, (Kana coll. Big Kana, 2013), 18 volumes (12 volumes en version française)
Keaton no dōbutsuki(キートン動物記, Kīton no dōbutsuki?, lit. « Les Chroniques animalières de Keaton »), Shōgakukan, 1995, one shot reprenant le personnage de Master Keaton
Monster, Shōgakukan, 1995-2001 (Kana coll. Big Kana, 2001-2005), 18 volumes
Mō hitotsu no Monster(もうひとつのMONSTER?, lit. « Un autre monstre »), Shōgakukan, 2002, journal du personnage Werner Weber en épilogue de Monster
Namae no nai kaibutsu(なまえのないかいぶつ?, « Un monstre sans nom »), Shōgakukan, 2008, livre d'images du personnage Emil Sebe, paru en France en supplément du volume 18 de Monster, contenant quatre histoires imaginaires d'origine tchèque :
Emil Sebe, Obluda, která nemá své jméno (« Un monstre sans nom »)
Jakub Farobek, Velkooký, velkoústý(めのおおきなひと くちのおおきなひと, Me no ōki-na hito, kuchi no ōki-na hito?, « Le Garçon aux grands yeux et le garçon à la grande bouche »)
Klaus Poppe, Bůh míru(へいわのかみさま, Heiwa no kamisama?, « Le Dieu de la paix »)
Auteur inconnu, Obluda se probouzí(めざめるかいぶつ, Mezameru kaibutsu?, lit. « Le Monstre se réveille »)
20 seiki shōnen tanteidan(20世紀少年探偵団?, lit. « Équipe de détectives 20th Century Boys »), Shōgakukan, 2008, avec Kentarō Takekuma
Eiga 20 seiki shōnen Official Guidebook(映画[20世紀少年] オフィシャル・ガイドブック?, lit. « Guidebook officiel des films 20th Century Boys »), Shōgakukan, 2008-2009, 3 volumes
Ujiko Ujio sakuhinshū(ウジコウジオ作品集?, lit. « Recueil d'histoires d'Ujiko Ujio »), Shōgakukan, 2010 (20th Century Boys Spin Off, Panini Manga, 2012), one-shot autour du manga Mangari Michi(まんがり道?) des personnages Ujiko Ujio de 20th Century Boys[8]
Pluto, Shōgakukan, 2003-2009 (Kana coll. Big Kana, 2010), 8 volumes
Shoki no Urasawa(初期のUrasawa?, lit. « Les Débuts d'Urasawa »), Shōgakukan, 2000 (Histoires courtes de Naoki Urasawa, Kana, 2011), reprenant les nouvelles des deux recueils précédents, plus quatre autres nouvelles :
Return, en supplément du tome 5 de Pluto édition Deluxe
Tsuki ni mukatte nageru !(月に向かって投げろ!?, lit. « Lançons-nous vers la lune ! »), en supplément du tome 6 de Pluto édition Deluxe
Initialement parue dans un numéro spécial d’Aera en octobre 2006 en l'honneur du dixième anniversaire du Prix culturel Osamu Tezuka.
Autres
Be-Pal kozō no outdoor kyōhon(ビーパル小僧のアウトドア教本, Bīparu kozō no autodoa kyōhon?, lit. « Manuel outdoor de Be-Pal kozō »), Shōgakukan, 1985-1988, illustration des volumes 3 et 4
Kenzō Kitakata, Shiro wa shinanai(シロは死なない?, lit. « Shiro ne meurt pas »), Shōgakukan, 2004, illustrations
Takashi Shiroyama, Bokura no young music show(僕らの「ヤング・ミュージック・ショー」, Bokura no yangu myūjikku shō?, lit. « Mon young music show »), Joho Center Publishing, 2005, illustration de la couverture
Dylan o katarō(ディランを語ろう?, lit. « Racontons Dylan »), Shōgakukan, 2007, avec Kōji Wakui
Recueil d'entretiens sur Bob Dylan, contient la nouvelle Dylan no daihōgen(ディランの大冒険?, lit. « La Grande Aventure de Dylan »).
Illustrations de la brochure japonaise du film I'm Not There sur Bob Dylan sorti au Japon en
Manben(漫勉?, « L'Étude du manga »), Shōgakukan, 2008, (Panini coll. Panini Manga, 2010), artbook
Pluto settei gashū(Pluto 設定画集?), artbook de dessins préparatoires en supplément du tome 7 de Pluto
Nouvelles uniquement pré-publiées
Henry to Charles(ヘンリーとチャールズ, Henrī to Chāruzu?, « Henry et Charles »), parue dans Ōki-na pocket, Fukuinkan shoten,
Histoire de deux souris essayant de manger un gâteau sur une étagère.
Tsuisekisha Maboroshi no mangaka Nirasawa Suguru ! Dai 9 shū Banpaku to Moebius chōhen anime eiga Melancholic sensō no conte(追跡者 〜幻の漫画家・韮沢早を追え!第9集「万博とメビウス」長編アニメ映画「メランコリック戦争」のコンテ?), parue dans Ikki, Shōgakukan,
Suite des histoires du mangaka imaginaire Suguru Nirasawa inventé par Kentarō Takekuma.
Swimmers, parue dans un numéro spécial d’Evening, Kōdansha,
Histoire d'un chat apprenant à nager à un chien, écrite avant de devenir professionnel.
Télévision
Le Dit du Genji(源氏物語, Genji monogatari?), NHK, 1990 : character design de ce documentaire vidéo de la série Manga de yomu koten(まんがで読む古典?, lit. « Les Classiques lus en manga »)
Manben : Behind the Scenes of Manga with Urasawa Naoki : une série documentaire pour la chaîne NHK où Urasawa rencontre des mangakas (2015 - en cours)[9].
Musique
2008 : Hanseiki no otoko (Flying Ducko-chang Records)
2018 : Fauve d'honneur du Festival d'Angoulême 2018 ainsi que l'exposition « l'art de Naoki Urasawa » à Angoulême en , puis à Paris en février[12],[13].
Notes et références
(ja) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en japonais intitulé « 浦沢直樹 » (voir la liste des auteurs).
↑ abcdefg et h(ja) Kokoro no mama ni, arano o ike(心のままに、荒野を行け?), Professional - Shigoto no ryūgi(プロフェッショナル 仕事の流儀?) no 38, NHK, 18 janvier 2007 [présentation en ligne]