La part qu'il avait pris à l'organisation de l'« allégresse publique » lors de la chute de Napoléon et du « rétablissement du trône légitime », l'initiative qu'il prit de faire abattre la statue de l'Empereur sur la colonne Vendôme le firent excepter de l'amnistie que Bonaparte promulgua, au retour de l'île d'Elbe, en faveur de ceux qui avaient coopéré à la première Restauration[2].
Élu, le , député de la Marne, au collège de département, par 119 voix (171 votants, 282 inscrits), il vote avec la majorité (ultraroyaliste) de la « Chambre introuvable » et propose des cérémonies expiatoires pour l'anniversaire du (jour de l'exécution de Louis XVI)[1]. Il prend la parole, sans grand succès, sur la loi relative aux cris et écrits séditieux, et sur la loi électorale.
Il ne peut se faire réélire en 1816, n'ayant pas l'âge nouvellement requis[1].
Resté aide de camp du comte d'Artois, il poursuit son influence en faveur de la monarchie absolue en poussant Madame du Cayla, avec laquelle il était intime, auprès de Louis XVIII, influençant le roi par son intermédiaire[3].
Directeur des beaux-arts
Contrairement à son parent, le duc François de La Rochefoucauld-Liancourt, le vicomte Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville était partisan de la monarchie absolue[4].
Louis XVIII le nomme en directeur général des beaux-arts, des théâtres royaux et des manufactures.
Cette année là, tentant de prendre le contrôle des journaux en utilisant les fonds de la liste civile du roi[6], il entreprend de soustraire la Quotidienne à la direction de Joseph-François Michaud, journaliste royaliste, très critique envers les ministres[7]. Avec l'aide de Guillaume Capelle, il parvient à faire agréer à M. Michaud deux acquéreurs pour 8 des 12 actions de ce journal : Vincent Bonneau[8] l'un de ses affidés, inspecteur des prisons et membre de la Congrégation, et le chevalier Valdené, secrétaire du comte d'Artois, futur roi Charles X. Mais le désaccord entre les deux influences royalistes se manifeste, et un procès s'ensuit à la cour royale qui confirme M. Michaud à la direction du journal. La magistrature devenait l'arbitre entre les journaux et le gouvernement, et d'autres procès contre les journaux ne réussirent pas mieux au gouvernement; Concernant celui contre le quotidien L'Aristarque français[9], Joseph de Villèle nota sur son carnet que « l'amortissement des journaux tenté par M. Sosthène de la Rochefoucauld en a certainement été en partie la cause »[10].
Le vicomte de la Rochefoucauld « se croyait prédestiné à sauver le pays »[11], mais il resta cantonné à la direction d'un département du ministère de l'intérieur. « Auxiliaire indépendant, indocile, et souvent incommode du ministère »[12]Villèle, il sera momentanément exclu du travail direct avec le roi, tout en conservant son poste de Directeur des arts, alors qu'il cherchait à évincer son ministre de tutelle, Corbière[13].
Dans ses fonctions de directeur des arts, « il ne put échapper au ridicule qu'attirèrent sur lui certaines mesures qui, suivant toutes les apparences, lui furent imposées par la Congrégation[14] ». Les fonctions de directeur des beaux-arts comprenaient la supervision des théâtres royaux. Un arrêté qu'il prit pour réglementer la longueur des jupes des danseuses de l'Opéra, « est resté légendaire[1] ». Il exerça aussi son zèle dans un autre domaine de sa juridiction en faisant appliquer des feuilles de vigne en plâtre sur le milieu de toutes les statues du Musée[15]. Dans le domaine de la peinture et de la sculpture, son rôle consistait surtout à présider le jury d'admission au Salon et à attribuer les commandes officielles. Il choisit dès ses débuts François Gérard pour la peinture du Sacre de Charles X[16] ; le peintre le figurera dans l'assistance. Après la mort de Géricault, le comte Forbin, directeur des Musées royaux, sollicita le Directeur des arts afin d'acquérir Le Radeau de La Méduse. Sosthène de La Rochefoucauld l'autorisa, mais n'accorda qu'une somme de 4 à 5 000 F. L'œuvre mise à prix à 6 000 F échut à Dedreux-Dorcy. Forbin trouva dans les jours suivants un arrangement pour permettre de placer l'œuvre au Louvre[17]. Delacroix s'étant opposé à lui sur une question d'esthétique, n'obtint de celui qui le considère comme « i, fou intéressant, mais qu'il serait dangereux d'encourager dans ses écarts et sa bizarrerie »[18] aucune commande ni récompense[19] après l'acquisition des Massacres de Scio en 1825.
Sosthène de La Rochefoucauld choisit en 1825 avec le comte Forbin les sujets des décors des plafonds de quatre salles, destinées au Conseil d'État, de l'aile Jacques Lemercier du Louvre, toujours inachevés en 1853[20].
Il préside la commission chargée, en 1825-1826, de préparer le projet de loi sur la propriété littéraire[21]. Il proposait une propriété d'une durée de 50 ans. Le projet ne fut pas accepté[22].
Sosthène de La Rochefoucauld, qui a la direction des manufactures royales de 1824 à 1830, crée des inspecteurs des beaux-arts chargés de surveiller la production des Gobelins[23].
Il loge en 1825 rue de Vaugirard l'Institution royale de musique religieuse d'Alexandre-Étienne Choron, garantissant son existence.
La Scène héroïque est composée en 1825-1826 et exécutée le 26 mai 1828 lors du premier concert qu'Hector Berlioz réussit à donner dans la salle du Conservatoire, grâce à l'intervention du directeur des beaux-arts, Sosthène de La Rochefoucauld[réf. souhaitée].
Promu maréchal de camp en , il revient, le , à la Chambre des députés, comme député du grand collège de la Marne, élu par 105 voix sur 209 votants et 239 inscrits. « Ses opinions furent jusqu'au bout celles de la droite[1] ». Il vote contreles 221, pour le ministère Polignac, et rentre dans la vie privée en 1830[1]. Le poste de directeur des beaux-arts reste alors vacant, avant d'être occupé en 1833 par Edmond Cavé.
Légitimiste, Sosthène de La Rochefoucauld s'oppose, dans les cercles qu'il fréquentait, à la monarchie de Juillet. Il est poursuivi pour sa brochure Aujourd'hui et demain, publiée en 1832. Berryer le défendit ; il perdit. Sosthène de La Rochefoucauld fut emprisonné durant trois mois à la prison de Sainte-Pélagie en 1833[24].
Martin de Gallardon
Le 15 janvier 1816, Thomas Martin, paysan d’une trentaine d’années a des visions. L’archange Raphaël lui aurait commandé d'aller aux Tuileries pour voir le roi Louis XVIII et lui parler en son nom. Charrier de La Roche, évêque de Chartres, le comte de Breteuil, préfet, lui ordonnent de garder le secret. Jugé soit fou, soit acteur ou victime d’un complot, il est envoyé à l'asile des fous de Charenton. Deux éminents aliénistes, Philippe Pinel et Antoine-Athanase Royer-Collard concluent qu'il est sujet à une « manie intermittente avec hallucination des sens ».
Toutefois, suivant les conseils de Sosthènes de la Rochefoucauld, Martin est conduit aux Palais des Tuileries. Le roi lui accorde immédiatement une audience qui dure près d'une heure, et qui semble l'avoir ému. Charles X, réfugié à Rambouillet après la Révolution de 1830, aurait aussi consulté le faux prophète[25].
Naundorff
Après les journées de Juillet 1830, Sosthènes de La Rochefoucauld reste en relation avec la famille royale en exil. La duchesse d'Angoulême lui demande d'enquêter sur un homme, Karl-Wilhelm Naundorff, qui prétend être son frère mort à la prison du Temple. Il publiera cette correspondance dans le volume 12 de ses Mémoires.
Augustin Louis Marie Mathieu Ernest de La Rochefoucauld (né le , mort jeune) ;
Marie Georgine Gertrude de La Rochefoucauld ( - ).
Veuf, il se remarie le avec Angélique Herminie de La Brousse de Verteillac (1797-1881), fille de Thibault de La Brousse de Verteillac (1763-1834) et de Jeanne Charlotte Élisabeth Félicité Tiercelin d'Appelvoisin. Elle est veuve de Félix de Bourbon-Conti, fils naturel reconnu de Louis François de Bourbon-Conti. À sa mort en 1840, Félix de Bourbon-Conti lègue à sa veuve l'hôtel de Boisgelin, qui devient l'hôtel de La Rochefoucauld-Doudeauville.
La Rochefoucauld-Doudeauville, Louis-François-Sosthènes de (1785-1864), A la mémoire de M. l'abbé Legris-Duval, prédicateur du roi, mort le 18 janvier 1819, à l'âge de 53 ans, FRBNF32350215
La Rochefoucauld-Doudeauville (duc de Doudeauville), Duc de Doudeauville. Une politique française au XIXe siècle, Dijon, impr. Maurice Darantière ; Paris, libr. ancienne Édouard Champion, 5, quai Malaquais, 1927.
La Rochefoucauld-Doudeauville, Louis-François-Sosthènes de (1785-1864, A mes Concitoyens, Assemblée nationale constituante (1848-1849).
Pèlerinage à Goritz, par M. le vicomte de La-Rochefoucauld, 1839.
Pétition sur divers projets de réforme, signée : Larochefoucauld duc de Doudeauville, et commençant par ces mots : Paris, le 17 janvier 1845. MM. les députés, de tous les droits, peut-être, celui de pétition est un des plus sacrés…, [s. d.].
La vérité au peuple, réflexions de M. le duc de La Rochefoucauld Doudeauville, 1851 ;
Recette d'un remède contre la rage / par M. le duc de Doudeauville , 1846 ;
Pensées du vicomte de La Rochefoucauld, 1835, Paris, Librairie Dentu, 197 pages ;
Aujourd'hui et demain, ou Ce qui adviendra.
Les Catholiques, la France et l'Italie
Cri de conscience d'un vieux politique, qui regarde tous les hommes comme ses frères, soit qu'ils s'appellent souverains, soit qu'ils s'appellent peuples
↑Bertrand Goujon, Monarchies postrévolutionnaires, Le Seuil, 2012p. 126.
↑L'enterrement du duc en 1827 donna lieu à des incidents que le vicomte préféra ignorer, lire Histoire populaire contemporaine de la France, (lire en ligne), p. 196.
↑Henry de Bellaigue de Bughas, Le Livre de Raison d'une famille d'Auvergne, Publibook, 2002, p. 76
↑Henry Gérard (éditeur), Correspondance de François Gérard, peintre d'histoire, (lire en ligne), p. 23-24, 196, 363-364.
↑Charles Clément, « Géricault », Gazette des beaux-arts, (lire en ligne).
↑Eugène Delacroix, Lettres de Eugène Delacroix (1815 à 1863) : recueillies et publiées par M. Philippe Burty, (lire en ligne), p. 89. Correspondance de 1828.
↑Théophile Gautier, Arsène Houssaye et Paul de Saint-Victor, Les dieux et les demi-dieux de la peinture, (lire en ligne), p. 394.
↑Le secrétaire de la commission, Jules Mareschal écrivit plusieurs volumineux rapports sur la question. Jules Mareschal, Mémoire à consulter sur la question juridique de la propriété perpétuelle et héréditaire des œuvres de l'esprit, Paris, (lire en ligne).
↑Caroline Girard, La manufacture des Gobelins du Premier Empire à la monarchie de Juillet, 2003.
↑Louis Silvy, Relation concernant les événements qui sont arrivés au sieur Martin, laboureur à Gallardon, en Beauce, dans les premiers mois de 1816, L. F. Hivert, 1830, p. 131
William Duckett, « Doudeauville (Sosthènes, d'abord vicomte de La Rochefoucauld) », dans Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Paris, (lire en ligne), p. 791
Ferdinand Hoefer, « Doudeauville (Sosthènes, d'abord vicomte de La Rochefoucauld) », dans Nouvelle biographie générale, Paris, (lire en ligne), p. 678-679
« Ambroise-Polycarpe de La Rochefoucauld, duc de Doudeauville », dans Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France : des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l'Europe, précédée de la généalogie de la maison de France, vol. VIII, , 378 p. [détail de l’édition] (lire en ligne), p. 114 ;