Skinheads Against Racial Prejudice

Skinheads Against Racial Prejudice
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Organisation
Idéologie

FondĂ© en 1987 aux États-Unis[n 1],[1],[2], SHARP (Skinheads Against Racial Prejudice ou Skinheads contre les prĂ©jugĂ©s raciaux) dĂ©signe un mouvement de skinheads dits « traditionnels Â» (tradskins) qui se positionnent radicalement contre le racisme, contre les nĂ©o-fascistes[n 2] et autres groupes d'extrĂŞme droite, plus particulièrement si ceux-ci se proclament eux aussi skinheads[n 3],[3].

Le mouvement prend son origine dans les racines multi-ethniques de l'identité culturelle skinhead[4],[n 4],[n 5].

Antifascistes[5],[6] et antiracistes[n 6], les Sharp's qualifient les Skinheads d'extrĂŞme droite de « boneheads Â» (terme pĂ©joratif signifiant « tĂŞtes d'os Â» ou « crĂ©tins Â» en anglais familier)[7].

Ă€ l'inverse, les skinhead NS les appellent « reds Â» (« rouges Â», terme relatif Ă  une affiliation supposĂ©e ou rĂ©elle Ă  la gauche politique) ou « poseur Â» et ne considèrent pas les SHARPs comme de vrais skinheads, car ils nient les agressions supposĂ©es frĂ©quentes et fortement mĂ©diatisĂ©es des premiers skinheads envers les immigrĂ©s pakistanais.

Selon le politiste Francis Dupuis-DĂ©ri, les Skinheads against racist prejudice (SHARP) et les Red and Anarchist Skinheads (RASH) « valorisent l’action directe et l’autodĂ©fense contre les nĂ©o-nazis Â»[8].

Historique

Le mouvement SHARP s'inscrit dans l'histoire des skinheads. À la fin des années 1980, il s'agit d'une réaction de skinheads qui prennent position contre le racisme, alors que le revival skinhead est fortement marqué par la présence de l'extrême droite et des néonazis, sous l'influence de différents groupes de musique du courant rock anticommuniste tels que Skrewdriver.

En réaction à cette politisation du mouvement qu'ils jugent contraire à ses traditions, des skinheads britanniques antiracistes se regroupent à partir de 1979-80 dans le Skinheads Against the Nazis (SAN), impulsé et contrôlé par l'Antinazi League organisation, très liée au Socialist Workers Party, un parti trotskiste.

Parallèlement, de plus en plus de skins antiracistes soutiennent la campagne Rock Against Racism. Le second revival Ska EuropĂ©en menĂ© par des groupes tels que Potato 5, Maroon Town ou The Deltones fĂ©dère un nombre important de skins qui refusent la mainmise de groupes nĂ©onazis et souhaitent revenir Ă  un « Ă˘ge d'or Â» mĂ©tissĂ© de la scène. Cette tendance fait des Ă©mules en AmĂ©rique du Nord, oĂą la mode skinhead prend une grande ampleur au dĂ©but des annĂ©es 1980.

Apparition aux États Unis

En 1985, des skinheads de Cincinnati fondent Baldies Against Racism (« les chauves contre le racisme Â» ; Baldies - les chauves - est un surnom des skinheads). En 1987, Ă  New York, est crĂ©Ă© le mouvement SHARP. La figure emblĂ©matique du mouvement est Roddy Moreno, leader du groupe gallois The Oppressed et importateur en 1988 du SHARP au Royaume-Uni. Après un voyage Ă  New York, Roddy Moreno avait rencontrĂ© les membres fondateurs Marcus et Jason et ramenĂ© le concept Ă  Cardiff, sa ville natale. Il est Ă  l'origine de la crĂ©ation du logo international qui reprend le casque hoplite, clin d'Ĺ“il au label Trojan Records.

Ce mouvement, né aux États-Unis en 1987, est, comme le mouvement skinhead originel né à la fin des années 1960, dénué d'affiliation politique précise. L'action musclée de ce groupe va faire des émules sur l'ensemble du territoire nord Américain, bénéficiant de la montée en puissance d'une scène métissant musique Oi! et Hardcore[9] mais aussi et surtout du regain d'activité de la scène Ska, promu par des labels tels que Moon Ska ou Stubborn records.

Les premiers skinheads SHARP amĂ©ricains sont fondamentalement antifascistes et antiracistes avec une forme de patriotisme sans ambiguĂŻtĂ©. La bannière Ă©toilĂ©e est d'ailleurs prĂ©sente sur le premier logo SHARP : une botte (de skinhead) Ă©crase une croix gammĂ©e sur fond de drapeau amĂ©ricain. Le SHARP reprend Ă  son compte l'imagerie patriotique et antinazie de la Seconde Guerre mondiale. Il faut comprendre que mĂŞme si ces rĂ©fĂ©rences pro-amĂ©ricaines font dĂ©bat en son sein, le SHARP NYC n'Ă©chappe pas au traditionnel hĂ©ritage patriote du rĂŞve AmĂ©ricain. Cette question du nationalisme atteindra son sommet avec l'engagement des forces AmĂ©ricaines dans la guerre du Golfe en 1991, puisque le SHARP NYC se scindera pour divergences politiques, certains membres prĂ´nant un soutien inconditionnel Ă  l'intervention, d'autres, Ă  l'inverse, travaillant avec le collectif anti-guerre « Food not Bomb Â». Ces derniers iront fonder « May Day Crew Â», groupe socialiste qui deviendra le Rash quelques annĂ©es plus tard, dĂ©veloppant un nombre important d'activitĂ©s au sein du squatt radical A.B.C No Rio. Aux États-Unis, de nos jours, les individus composant cette mouvance skin antiraciste peuvent ĂŞtre proche de l'une ou l'autre tendance sans que cela donne lieu aux dĂ©bats passĂ©s.

Diffusion en Europe

En Allemagne, la montée en masse des mouvements d’extrême droite consécutifs à la chute du mur de Berlin va provoquer un rapprochement stratégique entre skins antifascistes et la mouvance autonome qui se développe autour de l'Anti Fascistiche Aktion. Les skins pratiquent l'autogestion en participant à la vie des squats, à Hambourg en particulier, en recourant au besoin à l'affrontement dans la rue. De plus, la campagne bénéficie du soutien de nombreux groupes musicaux ska (No Sports, Busters, Skaos, Bleichreiz) et de labels indépendants (Pork Pie, Grover records).

Il en est de même en Grande-Bretagne où, outre l'influence du revival néo-sixties, le Sharp sera associé au collectif politico-culturel Cable Street Beat. De nombreux groupes musicaux tels les Bad Manners, The Blaggers et Selecter seront un soutien constant à cette émanation de l'A.F.A.

En Espagne, pays alors encore mal remis du Franquisme, la scène skin va se trouver tiraillĂ©e entre deux clivages historiques : IndĂ©pendantisme (Pays basque, Catalogne, Galize) contre Espaniolisme (nationalisme de dĂ©fense de l'unitĂ© nationale, nĂ©gation des particularismes locaux), et Conservatisme chrĂ©tien post-franquiste contre RĂ©publicanisme.

C'est tout d'abord au Pays basque (rĂ©gion ayant de très forts liens historiques avec l'Angleterre) que va naĂ®tre la mouvance skin antiraciste. Le groupe Kortatu va contribuer fortement Ă  la naissance d'une identitĂ© skin conscientisĂ©e, antiraciste et mĂ©tissĂ©e. Quelques annĂ©es plus tard, les skinheads garnissent les tribunes des clubs de football. On peut citer les groupes Herri Norte Taldea (Athletic de Bilbao) et Indar Gorri (Osasuna) d'idĂ©ologie nationalistes et antiracistes. En pĂ©riphĂ©rie de ces deux « kop Â», deux fanzines Dr Skinhead et Black 'n'White vont unir leur effort pour crĂ©er le SHARP Euskadi autour d'une plateforme commune. L'appel constitutif de 1990, dĂ©nonçant les premières exactions de boneheads basques, est signĂ© par plus d'une quinzaine de groupes, d'associations et de lieux alternatifs.

Les fĂŞtes patronales de l'Aste Nagusia (Bilbao) ou de San Fermin (Pampelune) deviennent prĂ©textes Ă  rencontre de tous les skins antiracistes du territoire Espagnol, mais aussi de France, d'Italie et d'Allemagne. Ce sont jusqu'Ă  3000 skins qui se croisent durant l'Ă©dition 1993 des fĂŞtes de Bilbao. Entre-temps, la vivacitĂ© de l'exemple basque ne tarde pas Ă  ĂŞtre suivi partout sur le territoire, la section PaĂŻsos catalans atteint très rapidement un chiffre de 400 membres en 1991, et elle peut compter sur le soutien d'une scène musicale très vivace avec des groupes tels que Skatala et Dr Calypso. D'autres sections de moindre importance comme celles de SĂ©govie (fanzine Krapula) ou de Madrid (Fanzine Working People force) font preuve d'un activisme sans relâche en organisant soirĂ©es oĂą s'affrontent amicalement des Djs de très haut niveau, participant Ă  la vie de leur quartier et n'hĂ©sitant pas Ă  peupler les premiers rangs des manifestations antifascistes « dures Â».

Il est Ă  noter que la tradition libertaire espagnole ainsi que la grave prĂ©caritĂ© subie par sa jeunesse amènent un très grand nombre de skins ĂŞtre très actifs dans les mouvements contestataires, squatts en particulier, et de ce fait, avant les annĂ©es 2000, il n'y a aucune distinction entre scène SHARP et Redskin, le terme apolitique est d'ailleurs remplacĂ© par celui d' « apartiste Â».

Le , GuillĂ©m AgullĂł, un jeune Valencien de 18 ans, paie de sa vie son engagement. Connu pour ses convictions indĂ©pendantistes (il est membre du mouvement Catalan MaulĂ©t) et son activisme dans le SHARP Valencia, il est poignardĂ© Ă  mort Ă  Montanejos. Son agresseur, Pedro Cuevas, est membre du groupe de supporter nĂ©ofasciste de Valence, la Penya Yomus. Ce dernier est condamnĂ© Ă  16 ans de prison, mais est libĂ©rĂ© au bout de 4 ans. La mort de Guillèm AgullĂł sera un vĂ©ritable tremblement de terre en Espagne, qui semble revivre les heures les plus noires de la guerre civile. Cette affaire aura des rĂ©percussions politiques importantes. Un rapport des plus hautes sphères des services de police rendu public par inadvertance, un an après l'affaire, assimile les SHARP Ă  « des agitateurs supĂ©rieurement entrainĂ©s ayant une propension Ă  conscientiser un nombre inquiĂ©tant de jeunes des quartiers Â». Par ailleurs ce fait divers inaugure une liste importante de skinheads antiracistes assassinĂ©s par l’extrĂŞme droite.

SHARP en France

C'est Ă  Beauvais que deux skinheads, Ă©diteurs du fanzine Pour la gloire !, vont commencer Ă  dĂ©velopper le SHARP en France Ă  partir de 1988. Ils Ă©diteront plus tard les fanzines "Hard times" et Un monstre est en moi. En lien direct avec le SHARP Beauvais, une des seules cellules françaises 100 % skinheads anti-racistes en cette fin d'annĂ©e 1980, on trouve une bande parisienne, composĂ©e de Trojan skin (skinhead reggae) et de skinheads traditionnels qui traĂ®nent, entre autres, dans le quartier de Jussieu, dans le 5e arrondissement de Paris.

Par ailleurs, le groupe Ska Parisien « Les Frelons[10] Â» sera le premier groupe Ă  diffuser les tracts du Sharp lors de ses concerts : ils sont en effet en relation constante avec un mouvement qui gagne en importance en Grande Bretagne. Plus Ă©tonnant, le groupe Machtoc appose le logo du Sharp sur son disque sorti sur le label anglais Unicorn. Cette prise de position fera Ă  l'Ă©poque sourire de part et d'autre, car le disque prĂ©cĂ©dent du groupe Ă©tait distribuĂ© sur le label Rebelles EuropĂ©ens du militant nĂ©onazi GaĂ«l Bodilis.

Logo Sharp france 2001

De manière plus anecdotique en 1989, un des plus anciens skinheads de la bande des skins de Jussieu tentera de créer une nouvelle entité, sans recueillir le moindre écho, et ce quasiment dans la même période que le SHARP Beauvais, l'ARASH (Anti Raciste Action SkinHead).

Parmi les activistes ayant critiqué le Sharp avant de le rejoindre, début 90 on peut citer notamment Phil (Batteur de Anti Patik, futur batteur de Voices of Bellevilles, chanteur de Hardxtimes et batteur de Lions Law) alors éditeur de fanzine, arrivé de Rouen à Beauvais début 1992, et qui est alors connu pour son passé nationaliste au milieu des années 1980.

En 1993, le SHARP-Paris-Banlieue apparaît et prend la place laissée vacante par la disparition des noyaux préexistants, avec une relative visibilité dans les scènes alternatives et la presse de diffusion nationale. Là encore, on retrouve des membres actifs de la scène skinhead, entre autres les éditeurs du fanzine skinhead Big 5, et une nouvelle génération plus radicalement antifasciste apparaît.

Si les actions et publications de ces premiers Sharp Français n'Ă©cornent pas encore la prĂ©dominance mĂ©diatique des skinheads nĂ©onazis, elle permet de faire connaĂ®tre l'existence d'une mouvance skinhead antiraciste auprès de la scène alternative qui, Ă  l'Ă©poque, jouit d'une influence très forte au sein de la jeunesse française. C'est particulièrement dans les « fanzines Â» que les diffĂ©rents skins, pour la plupart orientĂ©s musique JamaĂŻcaine, peuvent crĂ©er un rĂ©seau affinitaire et prendre conscience de leur force. Parmi les revues Ă  tirage confidentiel ayant fait la promotion du SHARP, on peut citer SkactualitĂ©s, Fantomas, Skanews, Batko, Skalious Dog, Shaven Republic ou Symphonie Urbaine. Gil, un dessinateur libertaire issu de la mouvance autonome, par ailleurs passionnĂ© de musique JamaĂŻcaine[11], crĂ©era un nombre Ă©levĂ© de visuels repris dans la scène SHARP internationale. La revue antifasciste Reflex ira, elle, Ă  l'encontre des prĂ©jugĂ©s anti-skinheads d'une partie de l’extrĂŞme gauche en ouvrant ses pages aux Blaggers ainsi qu'aux activitĂ©s du SHARP anglais dans un spĂ©cial Grande Bretagne.

Au moment oĂą cette mouvance atteint son apogĂ©e (annĂ©e 93/94), on trouve des sections dans les villes françaises de Paris, Bordeaux[12], Toulouse[13], Angers, Dijon[14], Lyon et Besançon, la plupart d'entre elles seront prĂ©sentes localement et auront une existence Ă©phĂ©mère, elle se dissoudront progressivement pour s'intĂ©grer Ă  d'autres projets alternatifs, sans pour autant que leurs acteurs ne disparaissent de la scène. DĂ©tail anecdotique, l'acronyme S.H.A.R.P selon les rĂ©gions se dĂ©cline sous plusieurs formes : les tracts et lettres d'infos de la section Parisienne du dĂ©but des annĂ©es 90 parlent de Skin Heads Anti Racistes et Populaires, la section Occitane (Bordeaux/Toulouse) qui lui est contemporaine utilise quant Ă  elle le sigle Sharp pour Skin Heads Anti Racistes et ProlĂ©tariens.

Skinhead anti racistes Paris

Parmi les groupes français, existants ou défunts ouvertement affiliés, pouvant être assimilés ou ayant soutenu cette mouvance, on peut citer Les Frelons[15] (Paris), The Abhored (Pau), Barikad (Toulouse), Cruelle Section (nord), Rude Boy System et Vikings Remedy (Sarthe), Les Partisans (Lyon), Magadocs (Marseille), Kargol's (Perpignan), 8.6 Crew, Los 3 Puntos, Voices of Belleville, Moonlight Wankers, Gonna Get Yours, Maraboots, Lion's Law ou encore Hardxtimes, les Rochelais Janitors, Two Tone Club (Montbelliard), Larcin (Lille), les Bordelais des Have nots, Skadichats, Hara-Kiri, Banned from The pub et Sands of the Street (Le Porge).


Skinhead anti racistes Parisiens bastille skins BSC

En 2001, une nouvelle gĂ©nĂ©ration de skinheads Parisiens Ă©paulĂ©s par de plus anciens rĂ©affirme ses positions dans un tract disponible sur internet et par l'organisation de concert. Les oppositions sont souvent les mĂŞmes : le radicalisme de la scène RASH est un rĂ©el obstacle Ă  l'Ă©bauche d'une fĂ©dĂ©ration de principes et de modalitĂ©s d'actions. L'antiracisme n'est pas le socle commun et le temps devra faire son Ĺ“uvre.

Se pose en effet la question de trouver une voie médiane qui ne soit pas assimilable à une quelconque action politique, tout en conservant la radicalité et la non compromission du propos antiraciste.


En 2006 une bande née a Parmentier; les groupes Maraboots, Hardxtimes ainsi que StreetKids en sont les portes étendards.

La bande change de quartier et devient le B.S.C (Bastille Skinhead Crew), qui existe toujours.

En 2019, la scène skinhead française est toujours portĂ©e par de nouveau groupes ouvertement anti raciste et arborant le SHARP : Squelette, Bromure, Tchernobyl ou CRAN a Paris et de nombreux jeunes groupes dans les rĂ©gions.

Autres bandes

Skinhead anti racistes Paris

[rĂ©f. nĂ©cessaire]Les Ruddy Fox de Paris Châtelet-les Halles Ă©taient une des seules et rares bandes de chasseurs de nazis, dont certains membres reprenaient le look skinhead dans leur rang. Leur nombre n'excĂ©dait pas 10 Ă  20 membres. Bien souvent, les bandes de chasseurs dites « chasseurs de skins Â» (Redskins, Red Warriors, Ducky Boys, etc.) s´identifiaient partiellement au look skinhead, sans appartenir et soutenir la culture skinhead de rĂ©fĂ©rence Ă  proprement parler. Ces groupes Ă©voluaient dans un creuset culturel beaucoup plus large : les Ducky Boys par exemple se veulent issus autant de la culture rockabilly que du hip hop naissant, les Red Warriors quant Ă  eux, s'ils comptent d'anciens skins des halles, sont imprĂ©gnĂ©s d'une culture proche de la Mouvance Autonome. C'Ă©tait donc une exception concernant les Ruddy Fox qui, au dĂ©but des annĂ©es 1990, cĂ´toyaient l'ARASH, les trojan skin et les SHARP parisiens, correspondaient avec des skinheads SHARP du New-Jersey et se montraient Ă  presque tous les concerts punk, ska et N.Y.H.C de la capitale. Ils furent ainsi les premiers Ă  Paris Ă  assimiler la culture skinhead.

Les Red and Anarchist Skinheads (RASH), souvent appelés skinheads rouges et noirs ou redskins, sont extrêmement politisés, ils ont en commun l'antiracisme et la haine de l’extrême droite avec le SHARP. Ces deux mouvances sont en France souvent confondus, sauf à Paris durant une brève période. Le mouvement RASH, ancré pour l'essentiel à l'extrême-gauche libertaire, est, pour beaucoup de skinheads non affiliés à un courant idéologique, bien davantage une organisation militante qui flirte avec le mouvement skinhead sans vraiment lui appartenir. Cependant, hormis les querelles de chapelles, on ne peut ignorer que certains affiliés du RASH sont eux-mêmes issus de la scène SHARP des années 90 (Paris mis à part). Le RASH est devenu au début des années 2000 l'acteur majeur de la scène parisienne, le mouvement skinhead s'étant démocratisé avec des reportages comme Skinhead Attitude ou le film This is England.

Engagements et philosophie

Une des particularitĂ©s du SHARP est son engagement sans affiliation politique prĂ©cise : antiraciste, antifasciste. Si l'appartenance Ă  la classe ouvrière traditionnelle des skinheads les rapproche d'une vision socialiste de la sociĂ©tĂ©, les SHARP ne sont pas forcĂ©ment liĂ©s aux organisations communistes : le militantisme dans des organisations politiques, des syndicats ou des collectifs est assez courant, mais il est plutĂ´t considĂ©rĂ© comme Ă©tant de l'ordre de l'acte individuel.

Le SHARP est moins une organisation qu'un appel au ralliement de tous les skinheads qui refusent le racisme, le fascisme et la politique outrancière au sein de leur mouvement. Cette mouvance existe sous la forme de réseau informel sans porte-parole ni structures pérennes, ce qui explique sa relative discrétion en France (contrairement à l'état Espagnol ou l'Allemagne, où des coordinations locales travaillent directement avec les groupes antifascistes radicaux existant). Le seul fait d'être skinhead est pour eux un acte antiraciste de par les origines multi-ethniques de ce mouvement, né du métissage et de la fusion culturelle des Mods et des fils d'immigrés jamaïcains.

Organisations et groupuscules de skinheads SHARP

Bibliographie et sources

  • GRC, Guide de sensibilisation au terrorisme et Ă  l’extrĂ©misme violent. Programme de sensibilisation Ă  la sĂ©curitĂ© nationale, QuĂ©bec, 2017, page 58.
  • (en) MarĂ­a ElĂłsegui, Cristina Hermida, Racial Justice, Policies and Courts' Legal Reasoning in Europe, Springer, 2017, page 143.

Articles connexes

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Notes et références

Notes

  1. ↑ « Le premier rĂ©seau international de skins antiracistes fut crĂ©Ă© en 1987 Ă  New York : le Sharp (Skinheads Against Racial Prejudice). Sa figure emblĂ©matique, Roddy Moreno, Ă©tait le leader du groupe gallois The Oppressed, importateur en 1988 du Sharp au Royaume-Uni. Â», Hubert Artus, Pop corner - La grande histoire de la pop culture, 1920-2020, 2017, page 76, [lire en ligne].
  2. ↑ Selon Gildas Lescop, sociologue à l'université de Nantes et auteur d'une thèse consacrée aux skinheads, les skinheads antifascistes se retrouve dans les Sharp (Skinheads Against Racial Prejudice) et les Rash (Red and Anarchist Skinheads). - Jelena Prtoric, Les skinheads, anatomie d'un mouvement, Franceinfo, 11 juin 2013, [lire en ligne].
  3. ↑ « Skinheads Against Racial Prejudice (SHARP) est une mouvance combattant toute forme de racisme et dĂ©nigrant les skinheads d'extrĂŞme droite. SHARP se dissocie de l'utilisation du nom skinhead par les nĂ©o-nazis d'extrĂŞme droite. Apparu Ă  New York Ă  la fin des annĂ©es 1980, SHARP reconnaĂ®t les racines multiethniques de la sous-culture skinhead, Ă©mergeant quant Ă  elle vers la fin des annĂ©es 1960 au Royaume-Uni. Sans affiliation politique, l'engagement du mouvement envers l'antifascisme et l'antiracisme est toutefois considĂ©rable. Â», Guide de sensibilisation au terrorisme et Ă  l’extrĂ©misme violent, Programme de sensibilisation Ă  la sĂ©curitĂ© nationale / GRC / Division C (QuĂ©bec), 2017, page 58.
  4. ↑ (en) « In 1986, Marcus (a Skinhead in New York) started Skinheads Against Racial Prejudice. SHARP - who has a Trojan helmet as an emblem, inspired by Trojan Jamaican music - started off by claiming that not all Skinheads are racists and soon enough established several sections throughout the US. They were not being political and their goal was to show the meaning of SHARP along with that of “Neither Red Nor Fascist. Just Pure Skinhead.” Â», MarĂ­a ElĂłsegui, Cristina Hermida, Racial Justice, Policies and Courts' Legal Reasoning in Europe, Springer, 2017, page 143.
  5. ↑ (en) « In practice, Skinheads Against Racial Prejudice did come to fill a “left-wing” function, partly because racist skins accused S.H.A.R.P. skins of being leftists, and partly because S.H.A.R.R's policy of allowing non-skinheads to join meant that punks and anarchists - to the scorn of most skinheads - often joined S.H.A.R.P. as a means of fighting Nazis. S.H.A.R.P.'s refusal to embrace any politics - other than being anti-Nazi - meant that its battle to reclaim skinhead identity had to be based on culture. Â», Timothy Brown, Lorena Anton, Between the Avant-garde and the Everyday : Subversive Politics in Europe from 1957 to the Present, Berghahn Books, 2011, page 128.
  6. ↑ « In the early twenty-first century, there are essentially two conflicting skinhead cultures, both remarkably similar yet in violent opposition to each other. On one side of the divide are nonracist skinheads, led by organizations such as Skinheads Against Racial Prejudice (SHARP) and Anti-Racist Action (ARA), and on the other side are the racist skinheads. Â», John H. Moore, Encyclopedia of Race and Racism : A-F, Macmillan Reference USA/Thomson Gale, 2008, [lire en ligne].

Références

  1. ↑ Urs Altermatt, Hanspeter Kriesi, L'ExtrĂŞme droite en Suisse : organisations et radicalisation au cours des annĂ©es quatre-vingt et quatre-vingt-dix, Éditions universitaires Fribourg Suisse, 1995, page 70.
  2. ↑ M.Go., OĂą en est le mouvement skinhead en France en 2013 ?, 20minutes.fr, 6 juin 2013, lire en ligne.
  3. ↑ (en)Terrorism and Violent Extremism Awareness Guide, National Security Awareness Program, RCMP, C Division (Quebec), 2017, page 58.
  4. ↑ Youra Petrova, Les skinheads : solidaritĂ© de classe ou combat national, Agora dĂ©bats/jeunesses, n°9, 1997, pp. 91-92, [lire en ligne].
  5. ↑ (en) Kevin Borgeson, Robin Valeri, Skinhead History, Identity, and Culture, Routledge, 2017, pp. 174-175.
  6. ↑ Monique Eckmann, À propos du phénomène des Skinheads et du racisme en Suisse, Haute école de travail social de Genève, Editions ies, 1999, page 23.
  7. ↑ Juliette DĂ©mas, Affaire ClĂ©ment MĂ©ric : non, les skinheads ne sont pas tous nĂ©onazis, Les Inrocks, 6 juin 2017, lire en ligne.
  8. ↑ Francis Dupuis-Déri, Hommes anarchistes face au féminisme - Pistes de réflexion au sujet de la politique, de l’amour et de la sexualité, Réfractions, n°24, printemps 2010, [lire en ligne].
  9. ↑ scène appelĂ©e « US of Oi! Â» ou Oi! core
  10. ↑ « Beurk ? Beurk ?! Beurk !!!: INTERVIEW / DISCOGRAPHIE - LES FRELONS - FRANCE (Beaumont) Â», sur beurk-beurk-beurk.blogspot.fr (consultĂ© le )
  11. ↑ Il animera l'émission Jamaiska sur Radio accord à Poitiers
  12. ↑ Seule section Française reconnue par la coordination Sharp de l'état espagnol
  13. ↑ Toulouse où le collectif Résistances se fédère en 1994 avec la précédente dans le SHARP occitania
  14. ↑ Le SHARP Dijon était très liée au squatters de l'espace des Tanneries
  15. ↑ « Les Frelons Â», sur www.facebook.com (consultĂ© le )