La commune avec l'emplacement de la mairie dans le département
1 : carte dynamique ; 2 : carte OpenStreetMap ; 3 : carte topographique ; 4 : avec les communes environnantes
La commune se situe dans l'ancienne province de Faucigny, à mi-chemin entre Annemasse et Cluses. Elle est située au nord-ouest de la confluence du Risse et du Giffre, dans une vallée triangulaire assez encaissée, bordée au nord-ouest par la pointe des Brasses (1 503 mètres) et l'Herbette, et au sud par une grosse montagne solitaire, le Môle (1 863 mètres). Saint-Jeoire est située à 13 km de Taninges, à 14 km de Scionzier, à 15 km de Cluses, à 16 km de Bonneville, à 20 km d'Annemasse et à 38 km de Thonon-les-Bains. La gare la plus proche est la gare de Marignier, située à 8 km. L'accès à l'A410 et à l'A40 en direction de Genève est à 12 km du bourg.
Au , Saint-Jeoire est catégorisée ceinture urbaine, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[1].
Elle appartient à l'unité urbaine de Saint-Jeoire[Note 1], une agglomération intra-départementale regroupant deux communes, dont elle est ville-centre[Note 2],[2],[3]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Genève - Annemasse (partie française), dont elle est une commune de la couronne[Note 3],[3]. Cette aire, qui regroupe 158 communes, est catégorisée dans les aires de 700 000 habitants ou plus (hors Paris)[4],[5].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (74,9 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (75,8 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
forêts (64 %), zones agricoles hétérogènes (12,3 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (9,4 %), zones urbanisées (9,2 %), mines, décharges et chantiers (2,1 %), prairies (1,4 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (1,4 %)[6].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols en 2018 (CLC) de la commune.
Le nom latin Sancto Georgio est attesté en 1185, puis dans des documents du XIIIe siècle on trouve Sancto Georio et Sancto Jorio[9]. La graphie Saint-Joyre apparaît dans un recensement de 1561[10].
Le village mitoyen d'Onnion comporte les traces les plus anciennes d'occupation humaine des deux Savoie, avec des outils datant de -70000 retrouvés dans le massif des Brasses[13]. L'occupation humaine a ensuite cessé du fait de la glaciation, pour ne reprendre que vers -3000 : on a pu trouver à Saint-Jeoire des vestiges d'occupation d'hommes de Cro-Magnon, et d'autres objets ultérieurs, notamment de l'âge du fer[14].
Plus tard, aux alentours de l'an mil, des bénédictins s'installeront à l'emplacement du village, où ils élèveront une petite chapelle placée sous le vocable de Saint-Georges, qui donnera son nom au village. Les documents les plus anciens mentionnant l'existence du village datent de 1185, et il y est déjà question d'un seigneur, Ponce de Saint-Jeoire. En 1269, le village est une mitralie (centre de recouvrement des impôts)[9].
Noble Vullierme de Saint-Jeoire teste le [15]. Dans ce document, il est fait mention de la maison forte de la Ravoire, propriété du testateur. Il en est de même en 1349, quand Pierre de Saint-Jeoire teste à son tour dans la cour de sa maison forte : en la grand cour de sa maison forte de la Ravoire[16].
En 1339, un recensement établit sa population à quelque 1 350 habitants, ce qui en fait l'un des villages les plus peuplés de la région. L'église paroissiale de l'époque est assez ancienne pour qu'on envisage sa réfection en 1318[15]. Durant le XIVe siècle, les seigneurs de Saint-Jeoire sont partisans de l'évêque de Genève, et mènent la guerre contre les comtes de Savoie[17].
En 1366, Pierre de Saint-Jeoire et son voisin Hugues de La Fléchère (dont le château de Beauregard domine Saint-Jeoire) participent à la croisade lancée par le comte Vert[18]. La vie du village est alors essentiellement agricole, et la plupart des familles citées dans les documents de l'époque avaient toujours des représentants vivant dans le village en 2001[19]. Le , est signée la première lettre patente établissant une franchise pour Saint-Jeoire, permettant la tenue d'un marché le vendredi, et de deux foires annuelles, libérant les transactions entre habitants de toute taxation, et fixant l'élection chaque année de deux syndics et de douze conseillers. La commune a désormais un sceau et peut recevoir de nouveaux bourgeois[20].
Lors de l'occupation du Faucigny par les Bernois, alliés aux Genevois et aux Français vers 1590, la maison forte de la Ravoire est détruite ainsi que celle de Saint-Jeoire et du Turchon, Beauregard étant incendié[21].
À l’été 1618, on rapporte un miracle effectué par saint François de Sales à Saint-Jeoire: alors qu’on ne pouvait offrir à l’évêque assoiffé qu’un vin tourné en vinaigre, celui-ci le transforme en bon vin[22].
En 1651 a lieu au lieu-dit le Turchon un important « déluge », c’est-à-dire un glissement de terrain, qui ne cause aucun décès mais occasionne d’importants dégâts matériels. La Chapelle Notre-Dame-du-Bon-Secours du Turchon y est élevée en 1659 « pour apaiser l’ire de Dieu, manifestée par la catastrophe »[23].
En 1772, le roi Charles-Emmanuel III de Sardaigne octroie aux communes la possibilité de racheter les droits seigneuriaux, ce qui est fait à Saint-Jeoire en 1785 : les habitants ne paient donc plus d'impôts aux seigneurs[24].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[28]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[29].
En 2021, la commune comptait 3 431 habitants[Note 4], en évolution de +5,5 % par rapport à 2015 (Haute-Savoie : +5,99 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
La commune de Saint-Jeoire est située dans l'académie de Grenoble. En 2019, elle administre une école primaire regroupant 263 élèves[31]. Il existe par ailleurs un établissement privé, l'école primaire privée Saint-François, regroupant 119 élèves[32].
La commune dispose par ailleurs d'un collège, Gaspard Monge, regroupant un peu moins de 700 élèves provenant de neuf communes voisines[33],[34].
Elle accueille également un lycée professionnel privé, le CECAM (Centre Educatif Catholique d'Apprentissage des Métiers), qui dispose notamment d'un internat[35],[36].
Patrimoine local et culture
Lieux et monuments
Le territoire de la commune accueille ou a accueilli plusieurs édifices médiévaux :
À la faveur d'une souscription lancée dès 1871, une statue de Sommeiller fut érigée en 1881 au centre du bourg. Lors de la Seconde Guerre mondiale, elle fut déboulonnée, enterrée, et fut remise en place après la Libération. Il est à nouveau mis à l'honneur en 2021 à l'occasion des 150 ans de sa disparition.
Jean-Claude Carrier (1897-1944), résistant français, Compagnon de la Libération. Tué au village de Pouilly avec dix autres hommes. Un monument commémoratif a été érigé sur les lieux en leur honneur.
Auguste Aulnette (né en 2002), skieur alpin français, champion olympique de la jeunesse du Combiné en 2020.
Bernard Verdan (1953-2022), champion de France de Trompe de Chasse sacré en 2021 à Sully-sur-Loire. Commerçant haut en couleurs qui ne laissa personne indiffèrent et qui fit beaucoup pour le rayonnement de sa commune tant aimée.
Georges Béné et al., Saint-Jeoire en Faucigny : un village de Haute-Savoie de son origine à nos jours, Saint-Jeoire, Ville de Saint-Jeoire, , 188 p. (ISBN9782951681002 et 2951681003, OCLC717010874)
Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes : Le Faucigny, Roanne, Éditions Horvath, , 619 p. (ISBN2-7171-0159-4), p. 451-458 « Saint-Jeoire ».
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Dans une agglomération multicommunale, une commune est dite ville-centre lorsque sa population représente plus de 50 % de la population de l’agglomération ou de la population de la commune la plus peuplée. L'unité urbaine de Saint-Jeoire comprend une ville-centre et une commune de banlieue.
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
Cartes
↑IGN, « Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
↑Lexique Français : Francoprovençal du nom des communes de Savoie : Lé Kmoune in Savoué, Bruxelles, Parlement européen, , 43 p. (ISBN978-2-7466-3902-7, lire en ligne), p. 14
↑Élisabeth Sirot, Noble et forte maison : l'habitat seigneurial dans les campagnes médiévales du milieu du XIIe siècle au début du XVIe siècle, Paris, Picard, coll. « Espaces médiévaux », , 207 p. (ISBN9782708407701, OCLC496642589), p. 87.
↑Jules-Joseph Vernier, Étude historique et géographique sur la Savoie, Paris, Le Livre d'Histoire - Res Universis, (réimpr. 1993) (1re éd. 1896), 185 p. (ISBN978-2-7428-0039-1 et 2-7428-0039-5, ISSN0993-7129), p. 103-104, « II- Le district de Cluses ».
↑Jules-Joseph Vernier, Étude historique et géographique sur la Savoie, Paris, Le Livre d'Histoire - Res Universis, (réimpr. 1993) (1re éd. 1896), 185 p. (ISBN978-2-7428-0039-1 et 2-7428-0039-5, ISSN0993-7129), p. 109-114.
↑ a et bGeorges Chapier, Châteaux Savoyards : Faucigny, Chablais, Tarentaise, Maurienne, Savoie propre, Genevois, La Découvrance. Collection L'amateur Averti, , 410 p. (ISBN978-2-84265-326-2), p. 52.
↑La première église fut démolie à la fin du XVIIIe siècle pour en reconstruire une nouvelle, contre la butte de Sur Nâves, pour dégager une nouvelle place au centre du bourg. Comme on désirait conserver le clocher existant (encore en excellent état), on devait construire la nouvelle église séparée du clocher. Cette réalisation (1855-1858) fait de l'église de Saint-Jeoire la seule de notre département à avoir conservé et mis en valeur toutes les caractéristiques, à l'extérieur comme à l'intérieur, de ce style néo-gothique lombard.
↑Georges J. Béné, Saint-Jeoire en Faucigny, un village de Haute-Savoie de son origine à nos jours, Saint-Jeoire, 2001, p. 99-100.
↑François Miquet, « Les Savoyards au XIXe siècle - Les premiers présidents et les procureurs généraux », Revue savoisienne, , p. 206-207 (lire en ligne).
↑Comte Amédée de Foras, Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie, vol. 5, Grenoble, Allier Frères, 1863-1966, p. 305-317.