Saint-Esprit (Pyrénées-Atlantiques)

Saint-Esprit
Saint-Esprit (Pyrénées-Atlantiques)
Le quartier Saint-Esprit
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Nouvelle-Aquitaine
Département Pyrénées-Atlantiques
Commune Bayonne
Géographie
Coordonnées 43° 29′ 37″ nord, 1° 27′ 50″ ouest
Site(s) touristique(s) Église Saint-Esprit
Place de la République et de l'église Saint-Esprit
Gare de Bayonne
Citadelle de Bayonne
Synagogue de Bayonne
Localisation
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Saint-Esprit
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Saint-Esprit

Saint-Esprit est un quartier de la commune française de Bayonne, chef-lieu d'arrondissement des Pyrénées-Atlantiques.

Fondée par des moines de l'ordre des Hospitaliers du Saint-Esprit, la paroisse de Saint-Esprit-lès-Bayonne est rattachée à la commune de Bayonne en 1790. Mais en 1792, le quartier en est séparé, devenant une commune du département des Landes, jusqu'à sa réintégration à Bayonne en 1857.

Ce quartier est particulièrement connu pour avoir hébergé au XVIe siècle des réfugiés juifs séfarades, initiateurs en France de l'industrie du chocolat.

Géographie

Saint-Esprit est située sur la rive droite de l'Adour, alors que la ville ancienne de Bayonne se trouve sur la rive gauche.

Toponymie

Attestations anciennes

Le village s'est appelé Saint-Esprit-lès-Bayonne[réf. nécessaire]. Il a porté le nom révolutionnaire de Jean-Jacques Rousseau puis celui de Saint-Esprit, mentionné en 1793 et 1801 (le Bulletin des lois mentionne Saint-Esprit et faubourg)[1].

Son nom original en gascon est Sant Esperit, attesté sous sa forme longue L'espitau de Sant-esperit-dou-cap-dou-Pont depuis le XIIe siècle et la construction d'un prieuré puis d'un hôpital[2]. En gascon cela s'écrit : Sant Esperit deu cap deu pont (autrement dit "Saint-Esprit du bout du pont")[réf. nécessaire].

Saint-Esprit ne dispose pas de forme normalisée en basque par l'Académie de la langue basque[3]. Toutefois, le dictionnaire Nola Erran de l'Office public de la langue basque propose la forme Santizpirita[4].

Histoire

Moyen Âge

Ce village, créé au XIIe siècle, était une paroisse autonome, Saint-Esprit-lès-Bayonne.

Les premiers occupants du village sont les moines de l'ordre hospitalier du Saint-Esprit ( d'où le nom du quartier) qui ouvrent un hospice pour les pèlerins sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Cet hospice est une étape importante avant l'ascension des Pyrénées[pas clair][5].

En , Louis XI confirme sa protection royale par lettres patentes[6].

Époque moderne : le quartier des juifs séfarades

C'est dans ce quartier que s'installèrent les juifs séfarades (espagnols ou portugais) qui fuyaient l'Inquisition à la fin du XVe siècle et au XVIe siècle (voir histoire des Juifs dits portugais en France). La population juive à Saint-Esprit est estimée à 2 500 individus environ en 1787[7].

Ces immigrés juifs espagnols et portugais apportèrent avec eux, entre autres, l'art de faire le chocolat. En 1615, la France découvrit le chocolat à Bayonne à l'occasion du mariage de l'infante espagnole Anne d'Autriche avec Louis XIII. Bayonne est ainsi une ville connue aujourd'hui encore pour ses chocolats de qualité. Ces familles juives d'origines espagnole ou portugaise seront considérées comme citoyennes après la Révolution. Beaucoup de leurs membres étaient des apothicaires, des médecins, des armateurs ou des négociants qui s'intégrèrent à la population bayonnaise.

Époque contemporaine

En 1790, lors de la création des communes et des départements, Saint-Esprit est intégré dans la commune de Bayonne (département des Basses-Pyrénées)

En 1792, Saint-Esprit est séparé de la ville et, renommé Jean-Jacques Rousseau. devient une commune et chef-lieu de canton du département des Landes, rattaché à partir de 1800 à l'arrondissement de Dax, [n 1].

En 1852, la corrida acquiert droit de cité en France lorsque Eugénie de Montijo assiste à Saint-Esprit (le nom de Jean-Jacques Rousseau ayant été très vite abandonné) à une course de taureaux « corsée à l'espagnole » par la mise à mort de l'animal. Les 21, 22 et [8], des corridas s'y déroulent à nouveau, cette fois-ci en présence du couple impérial[9]. Ces évènements valent aujourd'hui à Bayonne le titre de « Plus vieille place taurine de France »[10].

Saint-Esprit est réintégré à Bayonne et aux Basses-Pyrénées le [11]. Son canton devient alors le « canton de Baïonne Nord-Est ».

Démographie

Évolution de la population
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
4 5094 7634 9465 2835 8955 9977 3247 7586 819
1856 - - - - - - - -
7 039--------
(Sources : projet Cassini de l'EHESS[1].)

Culture et patrimoine

Lieux et monuments

On trouve dans ce quartier de Bayonne :

  • l'église Saint-Esprit[12], édifiée sur les bases d'un prieuré roman dont quelques éléments subsistent dans l'édifice actuel. Cette église est élevée au rang de collégiale par Louis XI à la fin du XVe siècle. Les très belles voutes gothiques du chœur ornées d'entrelacs et de médaillons propres au style flamboyant datent de cette époque[13]. L'église contient des reliques de Sainte-Irène. Elle recèle également un groupe sculpté dit l'âne de saint Bernard[14] classé par les Monuments historiques ;
  • la place de la République et de l'église Saint-Esprit ;
  • la gare de Bayonne ;
  • la citadelle[15] édifiée par Vauban datant du XVIIe siècle ;
  • la synagogue de Bayonne[16], datant de 1837, due à l'architecte Laurent Capdeville et à Edmond Faulat ;
  • le pont Saint-Esprit, datant de 1849 (cité dans la chanson populaire Les fêtes de Bayonne) ;
  • le DIDAM - espace d'expositions d'art contemporain, dont la photographie, sur la rive nord de l'Adour, quai de Lesseps[17] ;
  • le cinéma L'Atalante (ex-cinéma Saint-Esprit créé en 1913, puis Vox, puis Utopia, et enfin L'Atalante).

Personnalités liées au quartier

  • Auguste Andrade (1793-1843), chanteur et compositeur français, né à Saint-Esprit.
  • Augustin Chaho (1811-1858), écrivain, périodiste, indianiste, philologue et homme politique basque français de langue basque et française, considéré comme un précurseur du nationalisme basque, un pionnier du laïcisme et du républicanisme au Pays basque et auteur d'un énorme travail, presque en solitaire, en faveur de la langue basque et de la culture basque. Il s'installe en 1844 à Bayonne, où il devient conseiller municipal, puis est élu conseiller général du canton de Tardets. En 1846 il est membre de la loge maçonnique La Parfaite Union de Saint-Esprit. Il s'impose à la tête de la Révolution de 1848 à Bayonne. Après la prise du pouvoir par les bonapartistes, il s'exile momentanément à Vitoria, dans le Pays basque espagnol, avant de revenir à Bayonne, où il meurt.
  • Joseph Bosquillon de Frescheville (1823-1911), général et homme politique né à Saint-Esprit, député du Nord.
  • Le cardinal Lavigerie, archevêque d'Alger et de Carthage, fondateur des « Pères blancs » et des « Sœurs blanches », naît en 1825 à Huire, en Saint-Esprit, qui est encore une commune des Landes. Il vit à Huire ses huit ou dix premières années, avant d'aller habiter à Saint-Étienne-d'Arribe-Labourd, paroisse du nord de la commune[18].
  • Esther Brandeau, la première personne juive connue à poser le pied, en 1738, sur le sol du Canada, appelé à l'époque Nouvelle-France, est née à Saint-Esprit en 1718[19],
  • Paulus (1845-1908), chanteur français né à Saint-Esprit.

Notes et références

Notes

  1. Voir le cadastre napoléonien de la commune de Saint-Esprit : M Lobgeois, « Tableau d'assemblage de la commune de Saint-Esprit », sur Archives départementales des Landes, (consulté le )

Références

  1. a et b Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale : Saint-Esprit », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
  2. Le faubourg Saint-Esprit, dit aussi Saint-Esprit-du-Cap-de-Pont, naquit de la construction du pont sur l'Adour. Dès 1120 probablement, un prieuré y fut fondé qui s'adjoignit un hôpital, ‘L'espitau de Sant-esperit-dou-cap-dou-Pont’, affec té aux pèlerins de Saint-Jacques, qui fut l'objet de nombreuses donations de Louis XI . Goyheneche, 1990, Bayonne et la région bayonnaise... ., p. 83
  3. « Toponymie de Bayonne », sur www.euskaltzaindia.eus (consulté le )
  4. « "Saint-Esprit" - Nola Erran », sur www.nolaerran.org (consulté le )
  5. Par Irun ?
  6. Lettres patentes de Louis XI, la Chartreuse près de Loches, juillet 1473 (lire en ligne).
  7. Hector Iglesias, « Noms de famille, de baptême et surnoms recensés à Bayonne parmi les ressortissants de la «nation juive du Bourg Saint-Esprit» au XVIIIe siècle », Nouvelle Revue d'onomastique, vol. 39, no 1,‎ , p. 193–219 (ISSN 0755-7752, DOI 10.3406/onoma.2002.1426, lire en ligne, consulté le )
  8. Dimitri Mieussens 2005, p. 63.
  9. Élisabeth Hardouin-Fugier 2005, p. 132-133.
  10. Jean-Jacques Taillentou, Bulletin de la Société de Borda, n°494, p 193, juillet 2009
  11. Loi du 1er juin 1857 (Bulletin annoté des lois et décrets).
  12. « L'église Saint-Esprit », notice no PA00084334, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture, Notice no IA64000719
  13. Plaque sur le mur extérieur de l'église Saint-Esprit
  14. « Le groupe sculpté de l'église Saint-Esprit », notice no PM64000073, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  15. « La citadelle », notice no PA00084333, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  16. « La synagogue », notice no PA00135192, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  17. « DIDAM, espace d'art contemporain », sur www.bayonne.fr
  18. Louis Baunard, Le Cardinal Lavigerie, sur archive.org, Paris, Poussielgue, 1896, t. I, p. 2, 6.
  19. (en) « Esther Brandeau », sur jewishvirtuallibrary.org (consulté le ).

Pour approfondir

Articles connexes

Bibliographie

  • Élisabeth Hardouin-Fugier, Histoire de la corrida en Europe du XVIIIe au XXIe siècle, Connaissances et Savoirs, , 382 p. (ISBN 978-2-7539-0049-3), préface de Maurice Agulhon. On trouvera dans cet ouvrage une bibliographie, pages 329 à 356.
  • Dimitri Mieussens, L'exception corrida : de l'importance majeure d'une entorse mineure : la tauromachie et l'animal en France, Editions L'Harmattan, , 262 p. (ISBN 978-2-7475-9756-2, lire en ligne), p. 55-70