Fondée par des moines de l'ordre des Hospitaliers du Saint-Esprit, la paroisse de Saint-Esprit-lès-Bayonne est rattachée à la commune de Bayonne en 1790. Mais en 1792, le quartier en est séparé, devenant une commune du département des Landes, jusqu'à sa réintégration à Bayonne en 1857.
Ce quartier est particulièrement connu pour avoir hébergé au XVIe siècle des réfugiés juifs séfarades, initiateurs en France de l'industrie du chocolat.
Géographie
Saint-Esprit est située sur la rive droite de l'Adour, alors que la ville ancienne de Bayonne se trouve sur la rive gauche.
Son nom original en gascon est Sant Esperit, attesté sous sa forme longue L'espitau de Sant-esperit-dou-cap-dou-Pont depuis le XIIe siècle et la construction d'un prieuré puis d'un hôpital[2]. En gascon cela s'écrit : Sant Esperit deu cap deu pont (autrement dit "Saint-Esprit du bout du pont")[réf. nécessaire].
Ce village, créé au XIIe siècle, était une paroisse autonome, Saint-Esprit-lès-Bayonne.
Les premiers occupants du village sont les moines de l'ordre hospitalier du Saint-Esprit ( d'où le nom du quartier) qui ouvrent un hospice pour les pèlerins sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Cet hospice est une étape importante avant l'ascension des Pyrénées[pas clair][5].
En , Louis XI confirme sa protection royale par lettres patentes[6].
Ces immigrés juifs espagnols et portugais apportèrent avec eux, entre autres, l'art de faire le chocolat. En 1615, la France découvrit le chocolat à Bayonne à l'occasion du mariage de l'infante espagnole Anne d'Autriche avec Louis XIII. Bayonne est ainsi une ville connue aujourd'hui encore pour ses chocolats de qualité. Ces familles juives d'origines espagnole ou portugaise seront considérées comme citoyennes après la Révolution. Beaucoup de leurs membres étaient des apothicaires, des médecins, des armateurs ou des négociants qui s'intégrèrent à la population bayonnaise.
Époque contemporaine
En 1790, lors de la création des communes et des départements, Saint-Esprit est intégré dans la commune de Bayonne (département des Basses-Pyrénées)
En 1792, Saint-Esprit est séparé de la ville et, renommé Jean-Jacques Rousseau. devient une commune et chef-lieu de canton du département des Landes, rattaché à partir de 1800 à l'arrondissement de Dax, [n 1].
En 1852, la corrida acquiert droit de cité en France lorsque Eugénie de Montijo assiste à Saint-Esprit (le nom de Jean-Jacques Rousseau ayant été très vite abandonné) à une course de taureaux « corsée à l'espagnole » par la mise à mort de l'animal. Les 21, 22 et [8], des corridas s'y déroulent à nouveau, cette fois-ci en présence du couple impérial[9]. Ces évènements valent aujourd'hui à Bayonne le titre de « Plus vieille place taurine de France »[10].
Saint-Esprit est réintégré à Bayonne et aux Basses-Pyrénées le [11]. Son canton devient alors le « canton de Baïonne Nord-Est ».
Carte du département des Landes réalisée par Victor Levasseur en 1852 pour son Atlas National Illustré où Saint-Esprit est rattaché au département des Landes
l'église Saint-Esprit[12], édifiée sur les bases d'un prieuré roman dont quelques éléments subsistent dans l'édifice actuel. Cette église est élevée au rang de collégiale par Louis XI à la fin du XVe siècle. Les très belles voutes gothiques du chœur ornées d'entrelacs et de médaillons propres au style flamboyant datent de cette époque[13]. L'église contient des reliques de Sainte-Irène. Elle recèle également un groupe sculpté dit l'âne de saint Bernard[14] classé par les Monuments historiques ;
la place de la République et de l'église Saint-Esprit ;
le pont Saint-Esprit, datant de 1849 (cité dans la chanson populaire Les fêtes de Bayonne) ;
le DIDAM - espace d'expositions d'art contemporain, dont la photographie, sur la rive nord de l'Adour, quai de Lesseps[17] ;
le cinéma L'Atalante (ex-cinéma Saint-Esprit créé en 1913, puis Vox, puis Utopia, et enfin L'Atalante).
Personnalités liées au quartier
Auguste Andrade (1793-1843), chanteur et compositeur français, né à Saint-Esprit.
Augustin Chaho (1811-1858), écrivain, périodiste, indianiste, philologue et homme politique basque français de langue basque et française, considéré comme un précurseur du nationalisme basque, un pionnier du laïcisme et du républicanisme au Pays basque et auteur d'un énorme travail, presque en solitaire, en faveur de la langue basque et de la culture basque. Il s'installe en 1844 à Bayonne, où il devient conseiller municipal, puis est élu conseiller général du canton de Tardets. En 1846 il est membre de la loge maçonniqueLa Parfaite Union de Saint-Esprit. Il s'impose à la tête de la Révolution de 1848 à Bayonne. Après la prise du pouvoir par les bonapartistes, il s'exile momentanément à Vitoria, dans le Pays basque espagnol, avant de revenir à Bayonne, où il meurt.
Le cardinal Lavigerie, archevêque d'Alger et de Carthage, fondateur des « Pères blancs » et des « Sœurs blanches », naît en 1825 à Huire, en Saint-Esprit, qui est encore une commune des Landes. Il vit à Huire ses huit ou dix premières années, avant d'aller habiter à Saint-Étienne-d'Arribe-Labourd, paroisse du nord de la commune[18].
↑Le faubourg Saint-Esprit, dit aussi Saint-Esprit-du-Cap-de-Pont, naquit de la construction du pont sur l'Adour. Dès 1120 probablement, un prieuré y fut fondé qui s'adjoignit un hôpital, ‘L'espitau de Sant-esperit-dou-cap-dou-Pont’, affec té aux pèlerins de Saint-Jacques, qui fut l'objet de nombreuses donations de Louis XI . Goyheneche, 1990, Bayonne et la région bayonnaise... ., p. 83
↑Lettres patentes de Louis XI, la Chartreuse près de Loches, juillet 1473 (lire en ligne).
↑Hector Iglesias, « Noms de famille, de baptême et surnoms recensés à Bayonne parmi les ressortissants de la «nation juive du Bourg Saint-Esprit» au XVIIIe siècle », Nouvelle Revue d'onomastique, vol. 39, no 1, , p. 193–219 (ISSN0755-7752, DOI10.3406/onoma.2002.1426, lire en ligne, consulté le )
Élisabeth Hardouin-Fugier, Histoire de la corrida en Europe du XVIIIe au XXIe siècle, Connaissances et Savoirs, , 382 p. (ISBN978-2-7539-0049-3), préface de Maurice Agulhon. On trouvera dans cet ouvrage une bibliographie, pages 329 à 356.