Elle peut désigner par métonymie l'INALCO, qui occupait le no 2 de 1873 à 2011 ou le parti gaulliste (UNR, UDR, puis RPR), qui occupait le no 123 de 1958 à 2001.
Un arrêt du Conseil du , qui prescrivit l'ouverture de la rue de Bourgogne, ordonna également que la « rue de Bourbon » serait prolongée jusqu'à cette nouvelle voie publique.
Des lettres patentes du ordonnèrent la continuation de la « rue de Bourbon » depuis la rue de Bourgogne jusqu'au rempart; mais ce projet ne fut point exécuté.
En 1780, la manufacture de pianos Érard s'installe quelque temps dans la « rue de Bourbon ».
En 1815, la Restauration rétablit le nom de « rue de Bourbon », mais après la Révolution de Juillet 1830, on lui substitua celui de « rue de Lille », qu'elle avait déjà porté[4].
No inconnu : le réalisateur Claude Berri (1934-2009) habitait rue de Lille dans un appartement de 300 m2[8].
No 1 : adresse du musicien Adolphe Piriou (1878-1964) à partir d'[réf. nécessaire]. L'ancien Premier ministre Jacques Chaban-Delmas (1915-2000) habita un appartement à cette adresse et c'est dans cet appartement qu'il mourut le des suites d'une crise cardiaque.
No 5 : le psychanalyste Jacques Lacan avait son cabinet dans cet immeuble ; une plaque commémorative lui rend hommage. Philippe Sollers écrit : « je vais au 5, rue de Lille et je tombe sur l’adresse de Lacan, qui, on le sait, a exercé là, de 1940 à sa mort (en 1981), son très éprouvant métier de psychanalyste. Si le divan de Lacan pouvait parler, il mettrait en crise toute l’industrie romanesque et ses millions de livres pour rien. Cette adresse m’est familière. Bien que jamais allongé chez lui, c’est là que j’allais le chercher, certains soirs, pour dîner en sa compagnie à La Calèche, le restaurant d’en face. Le 5, c’était la promesse d’un plaisir. Mais le 5, rue de Lille (et c’est là que le temps se met à parler à voix basse) était aussi l’adresse d’un certain Darasse, le banquier d’Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, lorsqu’il venait toucher la pension que lui envoyait son père depuis Montevideo (Darasse était en affaires avec ce pays lointain). […] C’est au même banquier Darasse que Ducasse, le 12 mars 1870 (il meurt en novembre, à l’âge de 24 ans et demi, pendant le siège allemand de Paris), annonce que sa méthode a complètement changé après l’échec des Chants de Maldoror, pour dans Poésies I et II, donc) chanter exclusivement “l’espoir, l’espérance, le calme, le bonheur, le devoir[9].” »
No 7 : magasin de livres possédé par Karl Lagerfeld. À l'arrière de cette enseigne, le couturier avait disposé de nombreux ouvrages sur des rayonnages volumineux[10].
No 9 : l'écrivain et journaliste afro-américain Richard Wright (1908-1960) a vécu dans cette maison.
No 17 : ancienne adresse, à partir de 1833, du très réputé établissement d'enseignement pour fillettes et jeunes filles inauguré en 1820 rue de Seine sous l'appellation Cours d'éducation maternelle dit aussi Cours Lévi d'après son fondateur David Lévi Alvarès[11]. Le cours était fréquenté par Berthe Morisot et ses sœurs Yves [sic] et Edme[12].
à partir de 1992, Christine Deviers-Joncour, maîtresse de l’homme politique Roland Dumas, s’installe à cette adresse[15], dans un appartement de 320 m2 acquis par une SCI au prix de 17 millions de francs et pour lequel elle ne débourse pas un centime[16]. Cet appartement fut au centre de l’affaire Dumas.
No 26 : vestiges du couvent des Théatins. Installés à Paris en 1644, les Théatins achetèrent, grâce à la générosité du cardinal Jules Mazarin, une maison située à l'emplacement de l'actuel 23, quai Voltaire, qui pouvait abriter 25 religieux. Ils décidèrent de faire construire une église, placée sous l'invocation de Sainte-Anne-la-Royale, en l'honneur d'Anne d'Autriche. Les travaux furent entrepris en 1661 sur des plans donnés par un architecte militaire, Maurizio Valperga. Dès , le général des Théatins remplaçait celui-ci par un élève de Borromini, Camillo-Guarino Guarini, qui imagina un édifice baroque énorme et compliqué[18],[19], dont le coût excédait les possibilités financières des Théatins. Guarini abandonna le chantier en 1666 alors que seuls les bras et les piliers de la croisée du transept avaient été construits. On se borna alors à couvrir le transept qui devint la nef de l'église. Le bâtiment fut ensuite terminé par l'architecte Nicolas Liévain vers 1720-1721 sans reprendre le projet de Guarini. Le couvent est supprimé à la Révolution. Il est converti pendant quelques années en salle de concert et en café avant d'être presque entièrement détruit en 1823[20]. Des vestiges de la façade orientale sont visibles dans la cour du 13, quai Voltaire, tandis que l'ancienne chapelle Saint-André-Avelin, construite par Liévain, subsiste, quoique remaniée, dans la cour du 30, rue de Lille. Avaient en outre été créés deux passages ouverts sur le quai et sur la rue par des portails réalisés par l'architecte Pierre Desmaisons. Celui sur la rue de Lille a été conservé et constitue le no 26 de cette voie. Le portail donne accès à un vestibule sur lequel s'ouvrent les escaliers desservant les immeubles élevés de part et d'autre du passage. La cour rectangulaire est ornée d'un ordre dorique. L'ensemble a été gravé par La Marcade.
No 30 : immeuble de rapport construit pour les Théatins en 1730.
No 43 : le , deux avions militaires survolant Paris s'écrasent, l'un dans la Seine et l'autre sur le toit de ce bâtiment, démolissant une cheminée[21].
No 48 : construit à l'étage, le temple de l'Église protestante baptiste a une structure de métal et a été l'un des premiers bâtiments reconstruits sur les ruines des destructions par la Commune. En octobre 1906, tout juste arrivé de New York, le peintre américain Edward Hopper (1882-1967) prend une chambre à cette adresse[22],[23] et y reste jusqu’au printemps 1907[24]. L’une de ses toiles a d’ailleurs pour titre Escalier au 48, rue de Lille[25].
No 56 : immeuble construit sous la Régence par François Bruand et réaménagé par Eudes, architecte du ministère des Finances en 1858. Incendié sous la Commune de Paris en , il a été reconstruit par le même architecte en style néo-Louis XV (1873-1880) sur un plan proche de l'original[27]. Un immeuble de bureaux a ensuite été construit sur la rue de Lille dans les années 1930. Voir aussi les 1-3, quai Anatole-France (Caisse des dépôts et consignations).
Nos 60 (et 5-7, quai Anatole-France) : emplacement de l'ancien chantier de bois flotté dit chantier de la Tour d'Argent, qui fut acheté en 1720 par le marquis de La Vrillière.Devenu une entreprise de coches pour la Cour le lieu fut occupé par une caserne de la Légion de police puis des guides de la Garde impériale sous le nom de « Quartier Eugène », « Quartier Bonaparte », « Quartier Napoléon » et « Quartier d'Orsay ».
No 62 : palais d'Orsay, à l'emplacement de l'actuel musée d'Orsay, entre le quai Anatole-France et la rue de Lille. Le palais d'Orsay a été construit à partir de 1810, et occupé par le Conseil d’État au rez-de-chaussée à partir de 1840, rejoint deux ans plus tard par la Cour des comptes au premier étage. Il est incendié pendant la Commune de Paris, et détruit à la fin du siècle. L'actuel bâtiment a été inauguré en 1910.
deux maisons construites en 1777 pour le maître-menuisier Jean Desjardins par l'architecte Jean-Baptiste Louis Élisabeth Le Boursier, dont un hôtel qui fut loué à Jacques Stuart, grand amiral de la Jamaïque, puis au duc de Berwick ;
no 72 : deux hôtels jumeaux construits en 1784 par l'architecte Antoine-Charles Aubert pour Claude-Louis, marquis de Saisseval, capitaine de dragons et spéculateur immobilier, ami de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, et son beau-père, M. du Roure, entre la rue de Bourbon et le quai d'Orsay. La composition ménageait deux portes cochères symétriques sur la rue de Bourbon, une façade unique vers la Seine, ornée d'un ordre colossal[28]. Sous la Révolution française, l'hôtel de Saisseval abrita les répétitions de la messe de la Fête de la Fédération peu avant le : Talleyrand, appelé par le roi à célébrer celle-ci alors qu'il connaissait mal le rite, la répéta plusieurs jours devant une cheminée de cet hôtel, notamment aidé par Mirabeau, parfois en parodiant joyeusement le culte[29].
No 75 : hôtel de Lannion, en fond de parcelle, hôtel construit en 1742-1744 pour Jean Charles Hocquart, par l'architecte Jean Damun ; il est semblable à l'hôtel mitoyen du 78, rue de l'Université, édifié pour le même commanditaire. Les deux hôtels se font face à travers leurs jardins contigus. L'hôtel est d'abord loué à vie au comte de Lannion, pair de Bretagne. À partir de 1774, il abrite de nombreux locataires dont le comte de Vaudreuil, ami de la reine Marie-Antoinette, de 1782 à 1786. L'hôtel appartient ensuite aux sœurs Daru dont la famille possédait l'hôtel portant son nom au 79, rue de Bourbon. La cadette, Mme Faget de Baure, loua l'hôtel à la comtesse de Boigne qui y a tenu salon sous la Restauration. Incendiés sous la Commune, le corps de logis sur rue et la porte cochère ont été remplacés par un immeuble édifié en 1898 par Frédéric Honoré. L'hôtel comporte sur le jardin un avant-corps central à trois pans orné de quatre pilastres ioniques au premier étage. Le pendant côté cour a disparu à la suite des destructions de la Commune.
Les derniers propriétaires de l'hôtel de Lannion ont été, successivement, le collectionneur Hubert Guerrand-Hermès, mort en 2016, puis l’Américain Tony Fadell, père de l’iPod, l’ayant acheté en 2019 pour 34 millions d’euros, et enfin une cheffe d'entreprise française, qui l’a acheté à l’automne 2022 pour près de 48 millions d’euros[30],[31].
No 77 : en fond de cour, hôtel particulier habité dans la première moitié du XXe siècle par le baron Napoléon Gourgaud (1881-1944) et la baronne, née Eva Gebhard (1876-1959), fille d'un riche banquier américain qu'il avait épousée en 1917. Ils y avaient accumulé une exceptionnelle collection de tableaux impressionnistes et modernes (dont une partie importante a été donnée par la baronne Gourgaud au musée national d'Art moderne) ainsi que d'objets d'art. Le portrait de la baronne Gourgaud a été peint en 1923 par Marie Laurencin (Paris, collection du Centre Georges-Pompidou).
No 78 : hôtel Beauharnais (autrefois dit hôtel de Torcy), construit par Germain Boffrand sur un terrain qu'il avait acheté en 1713 et revendu en cours de construction à Jean-Baptiste Colbert de Torcy. Acheté en 1803 par le prince Eugène de Beauharnais, qui a fait construire sur la cour un porche de style égyptien (1807) et réaliser une exceptionnelle décoration intérieure de style Empire. Acquis en 1817 par la Prusse, qui y installe son ambassade, elle devient ensuite celle de l'Allemagne[32]. C'est là qu'Herschel Grynszpan assassine le troisième conseiller de l'ambassade, Ernst vom Rath, le au matin. L'ambassade siège ici jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale ; aujourd'hui, l'hôtel abrite uniquement la résidence de l'ambassadeur allemand.
No 79 : emplacement de l'hôtel Daru, adresse parisienne de Stendhal, protégé de la famille Daru, en 1800, dans un bâtiment en fond de cour.
Hôtel Daru, 79, rue de Lille, gravure d'Andor Szekely von Doba, 1928.
No 80 : hôtel de Seignelay, hôtel similaire à celui du no 78, également construit par Germain Boffrand sur un terrain qu'il avait acheté en 1713 et vendu en 1718 au comte Charles Éléonor Colbert de Seignelay. Le décor intérieur a été en partie transformé par Pierre Mouret au XVIIIe siècle. Derrière l'hôtel, dans les jardins que longe le quai Anatole-France, une stèle rappelle que le dernier chien de Marie-Antoinette, Coco, est enterré à cet endroit. Abrite le ministère du Commerce et de l'Artisanat et, depuis 2012, celui de la Fonction publique. Il est vendu le 13 février 2019 pour 61 millions d'euros à Pierre Kosciusko-Morizet et Pierre Krings, qui souhaitent en faire un lieu destiné aux entrepreneurs[33].
No 81 : le collectionneur d'art André Bernheim fait réaliser la décoration de son appartement par l'architecte décorateur peintre Louis Süe et son associé le peintre André Mare, en 1921.
immeuble construit en 1907 par l'architecte Pierre Humbert pour la comtesse Begouën ;
le poète et romancier André Foulon de Vaulx a vécu dans cette maison où il est mort le .
No 97 : hôtel particulier, propriété de l'écrivain Nicolas Tourgueniev, ex-conseiller d'État du tsar. Décembriste, il est condamné à mort par contumace et s'exile en France. Il achète ce bien dont la description est donnée par son inventaire après décès : « […] comprenant un corps de bâtiment ayant 37,15 mètres de façade et un petit corps de bâtiment, jardin et cour. » Il avait acheté cette propriété pour 259 065 francs en 1856, avec son mobilier. C'est son fils, le sculpteur Pierre-Nicolas Tourgueneff, qui habitera la demeure après son père[36].
No 119 : immeuble abritant les bureaux de l'ancien président de la République Jacques Chirac, mis à sa disposition par l'État[37].
No 123 : faisant l'angle avec la rue Aristide-Briand, l'immeuble date du début du XXe siècle. Il accueille le consulat général d'Allemagne dans les années 1900[32]. Plus tard, il a abrité le siège du parti gaulliste (UNR, puis UDR, puis RPR) sous la Ve République, jusqu'en 2001. Acquis et totalement rénové, il abrite aujourd'hui une annexe de l'Assemblée nationale à laquelle il fait face de l'autre côté de la rue Aristide-Briand.
↑David Lévi Alvarès, D. Lévi Alvarès, chevalier de la Légion d'honneur, fondateur des cours de l'éducation maternelle : éducation des femmes, L. Cerf, Paris, 1909 p. 13 (en ligne) sur le site Gallica de la BnFgallica.bnf.fr.
↑Marianne Mathieu, Berthe Morisot : Une artiste en devenir dans Berthe Morisot : Femme impressionniste. p. 53 (en ligne).
↑Karl Laske et Armelle Thoraval, « Christine Deviers-Joncour espère remettre les juges à zéro. L'ex-amie de Roland Dumas demande l'annulation de l'instruction », Libération, (lire en ligne)
↑Acte no 642 (vue 18/31), registre des mariages de l'année 1934 pour le 7e arrondissement sur le site des Archives de Paris.
↑Il est connu par les planches gravées de l'ouvrage posthume de Guarini : Architettura civile (1737).
↑Jacques-François Blondel, Architecture françoise, ou Recueil des plans, élévations, coupes et profils des églises, maisons royales, palais, hôtels & édifices les plus considérables de Paris, p. 290-292, chez Charles-Antoine Jombert, Paris, 1752-1756 [1].
↑Alexandre Cojannot et Gaia Nuccio, « Le Vau, Valperga, Guarini et les Théatins de Paris. La construction du couvent et de l'église Sainte-Anne-la-Royale », Bulletin monumental, Société française d'archéologie, t. 180, no 2, , p. 119-138 (ISBN978-2-901837-97-8, ISSN0007-473X)
↑Alexandre Gady, Les Hôtels particuliers de Paris, Paris, Parigramme, 2008, 327 p. (ISBN978-2840967040), p. 278.
↑Une autorisation de portail fut délivrée par les Trésoriers de France le . Le projet fut reçu par la Chambre des bâtiments le (Arch. nat., Z1J 1123). L'élévation sur la Seine a été gravée par Le Campion.
↑G. Lacour-Gayet, « Talleyrand à l'Assemblée constituante », Revue de Paris, numéro du 15 juillet 1927, p. 67-68. Jacques Dyssord, Les Belles Amies de Talleyrand, Paris, Nouvelles Éditions Latines, coll. « Histoire », 2001, 295 p. (ISBN9782723320283), chapitre 21
↑Morgane Bertrand, « Saint-Germain : le faubourg déserté », p. 19, in « Votre quartier sous la Révolution », Le Nouvel Obs - Paris - Île-de-France, no 2213, semaine du 5 au 11 avril 2007, p. 12-21.
↑Gérard Soncarrieu, « Le château de Vert-Bois à Rueil-Malmaison », La Victoire de Marianne, Rueil-Malmaison, 1992.