Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, la vie de Rosemary change. Sa mère se rend en Belgique au début du mois d', après avoir organisé sa propre unité d'ambulance, mais elle est capturée par les Allemands lorsque Namur est occupée, vers la fin du mois. En raison de ses liens étroits avec les familles royales britannique et allemande, la duchesse et son personnel sont rapatriés via les Pays-Bas. Après une courte période de repos, la duchesse retourne dans le nord de la France et réintègre son unité. Rosemary l'accompagne en tant qu'infirmière du Détachement d'aide volontaire (VAD)[2].
Après avoir passé la majeure partie de l'année 1915 en France, elle rentre au Royaume-Uni en pour se reposer et participer à des collectes de fonds[3],[4]. De retour en France en 1916, la réputation de Rosemary en tant qu'infirmière s'accroît et lorsqu'elle rentre à nouveau au Royaume-Uni en décembre, la presse rapporte qu'elle a retardé son départ car « [les chirurgiens de l'hôpital] ne pouvaient pas se passer d'elle »[5]. Son travail est officiellement reconnu par une citation militaire en [6]. Bien qu'elle continue de servir en France en 1917 et 1918, Rosemary Leveson-Gower passe du temps au Royaume-Uni en 1918 pour collecter des fonds[7].
Rosemary Leveson-Gower et le futur roi Édouard VIII se connaissaient depuis l'enfance. En effet, les parents du prince, le roi George V et la reine Mary, ont souvent été invités par le duc de Sutherland. Ils se revoient en France pendant la guerre, lorsque le prince se rend à l'hôpital pour voir une autre amie, la belle-sœur de Rosemary, Eileen Sutherland-Leveson-Gower, duchesse de Sutherland(en). Le prince de Galles et Rosemary renouent leur amitié en , à l'occasion d'une visite des souverains britanniques à l'hôpital. Au cours des semaines qui suivent, ils se rencontrent souvent et leur relation n'est interrompue que par l'affectation du prince au front italien. À son retour, Rosemary et Édouard continuent de se voir. C'est ce moment que choisit le prince pour demander Rosemary en mariage. Après avoir d'abord hésité, elle finit par accepter en pensant « qu'elle pourrait faire quelque chose de lui »[9].
En tant qu'héritier du trône, le prince doit obtenir l'autorisation du roi pour se marier, conformément à la loi sur les mariages royaux de 1772. Bien que le roi et la reine apprécient Rosemary, ils opposent leur veto à ce mariage[10]. Ce refus est fondé sur leurs réticences concernant la famille maternelle de Rosemary (la famille St Clair-Erskine), et deux personnes en particulier. La première est la comtesse Daisy Greville de Warwick, la demi-sœur de Millicent Leveson-Gower, qui a été la maîtresse d'Édouard VII. Après la mort de son père, George V a dû intenter une action en justice contre la comtesse pour empêcher la publication des lettres que le roi Édouard VII lui avait adressées[11]. L'autre personne est l'oncle de Rosemary, James St Clair-Erskine, 5e comte de Rosslyn, joueur compulsif qui a fait faillite et qui a été marié à trois reprises[12]. Le monarque considère que leur proximité avec Rosemary est suffisante pour refuser sa permission[13]. Une fois Rosemary informée de la décision du roi et de la reine, elle déclare ne jamais avoir voulu épouser le prince de Galles[14].
Malgré tout, les deux jeunes gens restent amis et le prince de Galles est choisi comme parrain du fils aîné de Rosemary[15]. Après la mort de Rosemary en 1930, Thelma Furness, l'une des dernières maîtresses du prince, se souvient qu'en apprenant son décès, celui-ci a été choqué et bouleversé et qu'il a pleuré pour la seule fois qu'elle ait jamais vue[16].
Mariage avec William Ward
Peu après la fin de sa relation avec le prince de Galles, Rosemary est courtisée par William Ward, vicomte Ednam. Le couple se marie le et Rosemary devient alors vicomtesse Ednam[17]. Un fils naît de leur union en et, par la suite, le couple a une fille mort-née et deux autres fils[18]. Le mariage n'est pas heureux, et William a une liaison avec l'aristocrate Venetia Stanley(en). Des rumeurs disent qu'il est le père de sa fille (née en 1923)[19],[20]. D'autres liaisons sont prêtées au vicomte, tandis que Rosemary, pour sa part, est également aperçue en compagnie d'autres hommes, dont le prince de Galles et l'homme politique conservateur Duff Cooper[21].
Quelle que puisse être leur vie privée, la vicomtesse soutient sans réserve la carrière politique de son mari et s'exprime à la fois pour soutenir ses campagnes électorales et pour faire campagne pour l'ensemble du Parti conservateur[22].
Impliquée dès son plus jeune âge dans des activités caritatives, notamment celles de sa mère, la vicomtesse devient, en 1927, présidente de la North Staffordshire Cripples' Aid Society fondée par sa mère en 1900, et lance une campagne de collecte de fonds pour agrandir l'hôpital orthopédique de Hartshill à Stoke-on-Trent[23]. La vicomtesse œuvre à la création d'une maternité à l'hôpital de Burton Road, à Dudley, près de la maison traditionnelle de la famille Ward, Himley Hall(en)[24].
Après la mort de leur fils, le vicomte et la vicomtesse font un séjour prolongé en France, où William contracte la fièvre typhoïde. Alors que son époux est encore convalescent, la vicomtesse doit retourner à Londres pour rencontrer l'architecte chargé de concevoir un jardin commémoratif pour John. Le , elle embarque sur un vol au départ du Touquet, à destination de Croydon. Le vol part par temps clair. Vers 14 h 30, par mauvais temps au-dessus du Kent, l'empennage tombe en panne, provoquant le décrochage de l'avion, puis la rupture de l'aile gauche, et l'écrasement de l'appareil. Tous les passagers tombent de l'avion, par le trou créé par la rupture de l'aile. Le corps de la vicomtesse est retrouvé dans un pré. Une enquête est ouverte le au cours de laquelle la vicomtesse est identifiée par son frère George. Après les identifications formelles, l'enquête est ajournée pour permettre à l'enquête technique du ministère de l'Air de se dérouler[26]. L'enquête reprend le et le jury rend son verdict, « selon lequel les victimes ont trouvé la mort en tombant de l'avion, la cause de l'accident étant inconnue »[27]. La vicomtesse était âgée de 36 ans[24].
Le , une extension de l'hôpital de Hartshill, à Stoke-on-Trent, est officiellement inaugurée par le prince de Galles, sous le nom de Rosemary Ednam Memorial Hospital, en hommage à la vicomtesse[29]. Le foyer de Dudley est baptisé Rosemary Ednam Home en son honneur[30].
↑(en) « Prince Of Wales Opens Ednam Memorial Hospital », Evening Sentinel, no 20921, , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) « New Dudley Home », Birmingham Gazette, no 25785, , p. 10 (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
(en) Sushila Anand, Daisy : the life and loves of the Countess of Warwick, Piatkus Books, (ISBN9780749909772).
(en) Naomi B. Levine, Politics, religion, and love : the story of H.H. Asquith, Venetia Stanley, and Edwin Montagu, based on the life and letters of Edwin Samuel Montagu, New York University Press, (ISBN978-0814750575).
(en) Andrew Morton, Wallis in love : the untold true passion of the Duchess of Windsor, (ISBN978-1782437222).
(en) Michael Thornton, Royal feud : the Queen Mother and the Duchess of Windsor, M. Joseph, (ISBN978-0718126001).
(en) Rachel Trethewey, Before Wallis : Edward VIII's other women, The History Press, , Kindle (ISBN978 0 7509 9019 6).
(en) Ernest J. D. Warrillow, A sociological history of the city of Stoke-on-Trent, Etruscan Publication, .