Robert Chalmers, 1er Baron Chalmers, né le , mort le , est un Haut-fonctionnaire (Senior civil servant) et administrateur colonial britannique. C’est aussi un indianiste reconnu, spécialisé dans les textes en langue palie et membre de la Pali Text Society.
Robert Chalmers se marie deux fois. Il est le père de trois enfants.
Premier mariage. Il épouse Maud Mary Pigott en 1888. Trois enfants naissent de cette union : une fille, Mabel Chalmers (1889-1960) ; deux fils : Ralph Chalmers(en) (1891-1915) et Robert Chalmers (1894-1915) qui sont respectivement capitaine et lieutenant de l’armée britannique, tous deux morts au combat durant la Première Guerre mondiale, à trois semaines d’intervalle. Il est veuf en 1923[2].
Second mariage. En 1935 il épouse Iris Florence Biles, fille de sir John Biles. Aucun enfant naît de cette union[2].
Carrière
Chalmers suit un double parcours professionnel, l’un au service de la Couronne, l’autre académique.
En 1913, il est nommé 21egouverneur du Ceylan britannique[3], poste qu’il occupe jusqu’en décembre 1915. Cette expérience n’est pas une réussite pour lui, car en juillet 1915, il doit décréter la loi martiale connue sous le nom « Hundred days of terror under British » (Cent jours de terreur durant la période coloniale Britannique), pour réprimer un mouvement populaire opposant les communautés bouddhistes, musulmane et chrétienne, qui jusqu’alors ont toujours cohabité en bonne intelligence. Ce trouble multiculturel aurait été fomenté par de faux moines bouddhistes à la solde de l’Allemagne (nous sommes en pleine Première Guerre mondiale). Chalmers est dépassé par l’ampleur de la situation qu’il gère mal, n’étant pas préparé pour l’affronter. Il a reçu une éducation littéraire, pas militaire. C’est un bain de sang. Il est rappelé en Angleterre, pour s’expliquer devant la Commission royale chargée d’enquêter sur ces évènements, qui renvoient une image négative de l’Empire britannique[4].
Il est fréquemment accusé d'avoir été anti-bouddhiste. Ces accusations sont infondées, car en réalité, avant d’être nommé gouverneur de Ceylan, en 1913, il est un des membres éminents de la Pali Text Society[Note 1]. À ce titre, il avait déjà traduit de nombreux textes bouddhiques en anglais, à partir du pāli, langue qu’il maîtrise parfaitement. Lorsqu’il arrive à Ceylan, sa renommée en tant qu’érudit est fortement appréciée des dignitaires du bouddhisme. Une des premières cérémonies officielles qu’il préside est la remise des prix Vidyodaya Pirivena(en), du nom d’une célèbre université bouddhique de Colombo. Il prononce son discours non pas en anglais, mais en pāli, suscitant ainsi l’admiration des érudits présents[5].
La même année, il devient membre du Conseil privé d'Irlande (Privy Council in Ireland), et réoccupe le poste de Secrétaire permanent du Trésor[Note 2] jusqu’en mars 1919[6],[1].
En 1882, lorsqu’il commence sa carrière de fonctionnaire au Trésor de Sa Majesté, il n’abandonne pas ses études classiques, car il veut parfaire sa connaissance des langues anciennes.
Sous la direction de T.W Rhys Davids, il publie entre 1895 et 1902, la première traduction en anglais du Sutta Pitaka, à partir des textes originaux rédigés en cinghalais, siamois et birman. Cette première version est révisée et enrichie et publiée par la Pali Text Society en 1926-1927 sous le titre « Further Discourses of the Buddha »[5].
Parallèlement il produit son ultime travail d’érudition : une traduction du Sutta Nipāta, publiée en 1932, alors considérée comme étant remarquable par son style et sa précision littéraire[5].
Bilan de sa double carrière
En presque quarante ans, il traduit plus de 2000 textes bouddhiques. Son érudition fait de lui un universitaire reconnu et respecté. Malheureusement, sa compétence dans ce domaine ne lui est d’aucune utilité dans son autre carrière, notamment pour gérer les émeutes de 1915, qui se sont déroulées, ironie du sort, dans l’un des pays où ont été rédigés les textes anciens qu’il a étudiés sans relâche durant la plus grande partie de sa vie[5].
Mort
Son état de santé commence à se dégrader durant l’été 1938. Il meurt le de la même année, sans laisser d’héritier mâle. De ce fait, il est à la fois le premier et le dernier baron Chalmers[12].
Travaux et publications
Il serait difficile d’établir une liste exhaustive des quelque 2000 textes bouddhiques traduits par Chalmers. Ils ont été publiés par la Pali Text Society et le Journal of the Royal Asiatic Society (JRAS). Quelques références sont données ci-après, ainsi que celles de deux textes qui ne sont pas des traductions[13].
(en) « The Lineage of The Proud King (Le Lignage du Roi Fier) », Journal of the Royal Asiatic Society, (ISSN0035-869X).
(en) « Majjhima Nikaya : 84.The Madhura Sutta concerning Caste (Le Madhura Sutta concernant le système des Castes) », Journal of the Royal Asiatic Society, , p. 341-366 (26 pages) (ISSN0035-869X, lire en ligne, consulté le ).
(en) « Letter from Robert Chalmers (Lettre de Robert Chalmers) », Journal of the Royal Asiatic Society, (ISSN0035-869X, lire en ligne, consulté le ).
(en) « Majjhima Nikaya : 123. « Acchariyabbhuta-suttam », The Nativity of the Buddha (La Nativité du Bouddha) », Cambridge University Press et aussi Journal of the Royal Asiatic Society, , p. 751-771 (21pages) (ISSN0035-869X, lire en ligne, consulté le ).
(en) « The Jains (Les Jaïns) », Journal of the Royal Asiatic Society, (ISSN0035-869X).
(en) « The Tathāgata (Le Tathāgata) », Journal of the Royal Asiatic Society et Cambridge University Press, , p. 103-115 (13 pages) (ISSN0035-869X, lire en ligne, consulté le ).
(en) « The King of Siam's Edition of the Pāli Tipiṭaka (L'édition du Tipitaka Pāli du roi de Siam) », Journal of the Royal Asiatic Society, , p. 1-10 (10 pages) (ISSN0035-869X, lire en ligne, consulté le ).
Ouvrages
(en) Further dialogues of the Buddha, textes of the Majjhima-nikâya (Autres dialogues du Bouddha, textes du Majjhima Nikaya), Londres, H.S. Milford(en)Oxford University Press, Collection : Sacred books of the Buddhists no 5 et 6, 1926-1927. Et aussi chez Sri Satguru Publications, Delhi, 2 volumes, Collection Bibliotheca Indo-Buddhica no 44-45, 1988. [1].Consulté le .
(en) Buddha’s Teachings being the Sutta-nipāta or Discourse-Collection, Delhi, Inde, chez Motilal Barnasidass Publishers, 1932 (réimprimé en 1997), 300 p., (ISBN8120813553 et 9788120813557), [lire en ligne (page consultée le 27-7-2021)].
(en) A history of currency in the British colonies (Une histoire de la monnaie dans les colonies britanniques), Londres, Printed for Her Majesty’s Stationery Office, by Eyre & Spottiswoode (Imprimé pour le Service papeterie de sa Majesté, par Eyre & Spottiswoode(en), , 496 p. (lire en ligne)
(en) Sir Thomas Heath et P.E. Mathason, « Lord Chalmers, 1858-1938 », From the proceedings of the British Academy, Londres, Humphrey Milford, British Academy, Amen House, vol. XXV, , p. 26 (lire en ligne, consulté le )[Note 4].
Notes et références
Notes
↑Les liens de Robert Chalmers avec la Pali Text Society sont précisés dans la section suivante.
↑Il a déjà assumé la fonction de Secrétaire permanent du Trésor de 1911 à 1913 (voir précédemment).
↑À propos de la mention « From the proceedings of the British Academy »: il s’agit d’un résumé biographique enregistré par le service administratif de la British Academy, concernant une personne qui a eu des liens avec l’académie. C’est R. Chalmers qui a rédigé celui de T.W. Rhys Davids, mort l’année précédente.
↑À propos de la mention « From the proceedings of the British Academy (Extrait des minutes de la British Academy) »: il s’agit d’un résumé biographique enregistré par le service administratif de la British Academy, concernant une personne qui a eu des liens avec l’académie. Ce sont T.Heath et P.E. Mathason rédigèrent celui de R.Chalmers, mort en 1938.
↑(en) Janaka Perera, « Hundred days of terror under British (Cent jours de terreur durant la période coloniale Britannique) », Sri Lanka Guardian, (lire en ligne, consulté le ).
↑Les 547 Sutta du Jātaka en 6 volumes (1895-1907), traduits par : R.Chalmers, E.B Cowell, H.T. Francis, R.A. Neil, W.H.D. Rouse, lire en ligne: Jataka - volume I, vol. II, vol. III, vol. IV, vol. V, vol. VI. (consulté le ).