Une résine échangeuse d'ions est une résine ou un polymère agissant comme milieu permettant l'échange d'ions. Il s'agit d'une structure de support, ou matrice, qui se présente le plus souvent sous la forme de microbilles insolubles de 0,25 à 0,5mm de diamètre, de couleur blanche à jaune pâle, produites à partir de composés organiques polymérisés. Ces microbilles sont généralement poreuses, d'où une surface spécifique élevée, répartie à la fois à la surface et à l'intérieur de chaque microbille. Il existe plusieurs types de résines échangeuses d'ions, la plupart des résines commerciales étant constituées de poly(sulfonate de styrène)[1] (PSS).
La plupart des résines échangeuses d'ions courantes reposent sur du polystyrèneréticulé. Les sites d'échanges des ions se forment après polymérisation. De plus, dans le cas du polystyrène, la réticulation est réalisée par copolymérisation du styrène avec quelques pourcents de divinylbenzène. La réticulation a pour effet de réduire à la fois la capacité et la vitesse d'échange des ions mais accroît leur résistance mécanique. La taille des billes influence également les paramètres des résines : plus ces billes sont petites, plus leur surface extérieure est élevée ; des billes trop petites peuvent cependant augmenter significativement la perte de charge dans les procédés en colonne[2].
Outre les microbilles, les résines échangeuses d'ions peuvent également être produites sous forme de membranes. Ces membranes échangeuses d'ions peuvent être traversées par des ions mais pas par l'eau, ce qui est utile par exemple pour l'électrodialyse.
Il existe quatre types de résines échangeuses d'ions, distinguées par les groupes fonctionnels qu'elles portent :
La plupart des résines échangeuses d'ions sont des résines anioniques ou des résines cationiques. Les premières se lient aux ions chargés négativement tandis que les secondes se lient aux ions chargés positivement.
Les résines anioniques peuvent être fortement ou faiblementbasiques. Les résines anioniques fortement basiques conservent leur charge négative dans un grand intervalle de pH tandis que les résines anioniques faiblement basiques sont neutralisées à pH élevé (fortement basique) car elles y sont déprotonées. Elles présentent cependant une très bonne stabilité mécanique et chimique, ainsi qu'une vitesse d'échange ionique élevée, ce qui les rend bien adaptées aux sels organiques. La régénération des résines anioniques fait généralement intervenir une solution fortement basique, une solution d'hydroxyde de sodium par exemple. Le régénérant circule à travers la résine et évacue les anions qui lui sont liés, ce qui restaure sa capacité d'échange ionique.
Applications
Adoucissement de l'eau
L'adoucissement de l'eau utilise des résines échangeuses de cations qui remplacent les cations de magnésium Mg2+ et de calcium Ca2+ par des cations de sodium Na+. Ces derniers occupent initialement des sites actifs de la résine et sont déplacés par les cations Mg2+ et Ca2+ de la solution aqueuse, qui se fixent sur la résine en libérant les cations Na+. Il est possible de régénérer la résine en la nettoyant avec une solution riche en cations Na+, qui déplacent alors les cations Mg2+ et Ca2+ qu'elle a fixés ; ce peut être une solution de chlorure de sodium concentré[3].
La purification de l'eau consiste à élminer les cations toxiques ou dangereux tels ceux de cuivre Cu2+, de plomb Pb2+ ou de cadmium Cd2+ pour les remplacer par des cations présents naturellement dans l'eau tels ceux de sodium Na+ ou de potassium K+. Le chlore ou les contaminants organiques sont généralement éliminés à l'aide d'un filtre charbon actif mélangé à de la résine plutôt qu'avec une résine seule, cette dernière n'étant généralement pas assez efficace dans cet usage — les résines échangeuses d'ions magnétiques (MIEX) sont cependant capables d'éliminer la matière organique naturelle[4]. Les résines de purification de l'eau domestiques ne sont généralement pas régénérées : elles sont jetées après usage.
Les microbilles échangeuses d'ions sont également un élément essentiel de l'extraction de l'uranium par lixiviation in situ. La récupération in situ implique l'extraction par des forages d'eau uranifère dont la teneur en octaoxyde de triuranium U3O8 peut ne pas dépasser 300 ppm (0,03 %)[10]. La solution d'uranium extraite est ensuite filtrée à travers les microbilles de résine qui, grâce au processus d'échange d'ions, retiennent l'uranium de la solution[11]. Ces microbilles chargées d'uranium sont ensuite transportées vers une usine de traitement, où l'U3O8 est séparé pour produire le yellowcake, avant d'être réutilisées après régénération pour reprendre l'extraction de l'uranium. D'autres éléments peuvent être extraits des solutions uranifères, notamment des terres rares[12].
Les procédés par échanges d'ions permettent également de séparer d'autres éléments chimiques aux propriétés semblables, comme le zirconium et l'hafnium[13], qui se trouvent également être utiles pour l'industrie nucléaire. Le zirconium présente une section efficace d'absorption des neutrons, aussi bien thermiques que rapides, particulièrement faible, ce qui rend différentes formulations de zircaloy intéressantes pour le conditionnement du combustible nucléaire[14], tandis que la section efficace de l'hafnium est au contraire plutôt élevée, ce qui, associé à de bonnes propriétés en environnement radioactif, le rend intéressant pour les barres de contrôle[15].
Des résines échangeuses d'ions peuvent également être utilisées comme excipients dans certaines formulations pour comprimés, gélules, pâtes et suspensions, où elles peuvent améliorer le goût, prolonger la libération du médicament, accroître la biodisponibilité ou encore stabiliser les substances actives.
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