La prophétie de saint Malachie ou prophétie des papes est un texte ésotérique, traduit en latin, de type prophétique et eschatologique, que son premier éditeur attribue à Malachie d'Armagh (1094-1148), évêque d'Irlande. Il n'apparaît cependant qu'à la fin du XVIe siècle sous la plume d'Arnold Wion et il est largement considéré que Malachie n'en est pas l'auteur.
Historique
Premier conclave de 1590
Avant même l'apparition de ce texte, des « roues » avec gravures et devises énigmatiques avaient circulé pour influencer les participants à plusieurs conclaves[1].
Date de rédaction et inspiration
La première apparition de la prophétie des papes est due à Arnold Wion en 1590, il la publie dans son Lignum Vitæ en 1595. Aucun des contemporains de Malachie d'Armagh ne mentionne une telle prophétie[2].
Le père jésuiteClaude-François Ménestrier publie en 1689 une Réfutation des prétendues prophéties de saint Malachie, s'interrogeant sur le fait que personne n'a entendu parler de cette prophétie pendant quatre siècles et demi avant son apparition en 1590. Il observe qu'elle ne tient pas compte de tous les antipapes et que les devises antérieures à 1590 sont des jeux de mots précis sur le nom, l'origine ou les armes des papes, tandis que celles postérieures à 1590 ne sont que des évocations du type de règne que les papes vont mener[3].
L'historien Jacques Halbronn fait remarquer que l'un des chapitres du Siracide comporte de nombreux éléments ayant servi pour les dernières devises[4].
Certaines erreurs de copies sont les mêmes que celles des Notices des papes publiées par Onofrio Panvinio en 1557, ce qui conduit à penser que le faussaire qui a écrit la prophétie de Malachie s'est basé sur ce texte pour écrire les devises[2].
Pour O'Brien : « Tout nous porte à penser que l'auteur de la prophétie et celui qui l'a interprétée sont en fait une seule et même personne. Le prétendu interprète, qui savait que saint Nicolas était né à Patara, n'a pas songé que d'autres pouvaient ne pas être au courant de ce fait, et que par conséquent l'explication ne leur apporterait rien. » « Everything leads us to suspect that the author and interpreter of the prophecy is one and the same person. The pretended interpreter who knew that Patare was the birthplace of St. Nicholas forgot that others may not be aware of the fact, and that therefore the explanation would be thrown away on them. »[5].
Importance
Il est généralement admis par les historiens que la prophétie a en fait été créée de toutes pièces à la fin du XVIe siècle. Ni reconnue ni condamnée par l'Église[6], elle est régulièrement évoquée lors des élections pontificales et donne lieu à des spéculations variées notamment à propos de la fin de la papauté ou de la fin du monde[7].
Dernier pape
Pierre le Romain (latin : Petrus romanus) est mentionné à la fin de la prophétie de saint Malachie (ou prophétie des papes).
Selon la chronologie et l'interprétation de ce texte, il serait le dernier pape avant la destruction de Rome et la fin des temps.
Selon les hypothèses, Pierre le Romain est présenté comme le dernier pape (qui pourrait être le pape François[7], élu en 2013).
Papes et antipapes de 1143 à 1595
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O'Brien a affirmé que les papes suivants étaient ceux auxquels la prophétie faisait référence. Le texte original des devises (en gras), du nom du pape et des explications — y compris l'orthographe et la ponctuation — est reproduit dans les lignes bleues (grises pour les antipapes).
La ligne d'en dessous contient la numérotation, une traduction et des commentaires, non présents dans l'édition originale.
Papes et antipapes de 1143 à 1590 (pré-publication)
De la famille Caccianemici. Selon Wion, cette devise fait référence au nom de famille de Lucius II, Caccianemici : en italien, « Cacciare » signifie « expulser » et « nemici » se traduit par « ennemis »[9]. Bien qu'on considère traditionnellement qu'il ait appartenu à cette famille, il est peu vraisemblable que ce soit réellement le cas. De plus, même s'il avait fait partie de cette famille, le surnom Caccianemici est certainement postérieur à sa mort[10].
Toscan, de la ville de Montemagno. Selon Wion, la devise se rapporte à la ville natale d'Eugène III, Montemagno, un village près de Pise[11]. D'autres sources indiquent qu'il est né à Pise, au sein d'une famille modeste[12],[13],[14].
Né humblement dans la ville de St Albans Référence au lieu de naissance d'Adrien IV, près de St Albans dans le Hertfordshire[15]. Adrien IV fut également évêque d'Albano. Bien que traditionnellement présenté comme le supérieur des chanoines de l'abbaye Saint-Ruf d'Avignon, plusieurs historiens ont depuis établi qu'il appartenait en fait au clergé séculier[16].
Il était cardinal de Saint-Nicolas en prison. Victor IV a été cardinal de San Nicola in Carcere, une basilique romaine dont le nom signifie Saint-Nicolas en prison, de 1138 à 1151[17]. Par ailleurs, soutenu par l'empereur Frédéric Ier, il fit jeter en prison le véritable pape, Alexandre III.
Guido da Crema, cardinal de Sainte-Marie-du-Trastevere Wion intervertit les noms et l'ordre des antipapes Calixte III (Giovanni de Struma) et Pashal III (Guido da Crema). C'est en effet Pascal, et non Calixte, qui est né Guido da Crema et qui a porté le titre de Sainte-Marie-du-Trastevere ; la devise s'applique donc à Pascal III[18].
Antipape. Hongrois de naissance, cardinal-évêque de Tusculum. Comme mentionné ci-dessus, cette devise ne s'applique pas à Pascal III mais à Calixte III qui est peut-être né en Hongrie, ancienne Pannonie[18]. Toutefois, Calixte était cardinal-évêque d'Albano, pas de Tusculum[19].
De la famille Paparoni. Alexandre III est connu pour faire partie de la famille Bandinelli, connue plus tard sous le nom de famille Paparona, dont les armoiries représentaient une oie. Il existe toujours un débat au sujet de l'appartenance d'Alexandre III à cette famille[20].
Lux in oſtio.
Lucius. iij.
Lucenſis Card. Oſtienſis.
10.
La lumière à la porte d'entrée (ou à l'embouchure)
Un cardinal d'Ostie originaire de Lucques. La devise est un jeu de mots sur « Lucius » ou « Lucca » — nom de la ville de Lucques en italien — et « Ostie ». Lucius III fut cardinal-évêque d'Ostie de 1158 à 1181[21].
Sus in cribro.
Vrbanus. iij.
Mediolanenſis, familia cribella, quæ Suem pro armis gerit.
Un Milanais, de la famille Cribella (Crivelli), qui porte un cochon sur ses armoiries. Le nom de famille d'Urbain III Crivelli signifie en italien « crible » ou « tamis ». Les armoiries de sa famille comportaient un crible et deux cochons[22].
Enſis Laurentii.
Gregorius. viij.
Card. S. Laurentii in Lucina, cuius inſignia enſes falcati.
Cardinal de San Lorenzo in Lucina, dont les armoiries sont des épées courbées. Grégoire VIII était cardinal-prêtre de la basilique San Lorenzo in Lucina, et ses armoiries représentaient des épées entrecroisées[23]. De plus, en 1187, dans la bulle pontificaleAudita tremendi[24], il exhorte la chrétienté à reprendre l'épée contre Saladin qui vient de reprendre Jérusalem et appelle à la troisième croisade.
Un Romain, de la maison de Scolari. Cette devise est un jeu de mots sur le nom de famille de Clément III, « scolari » signifiant « élèves » en italien[26].
De la famille Savelli, chanoine de Saint-Jean-de-Latran L'affirmation de Wion selon laquelle Honorius III a été chanoine de la basilique Saint-Jean-de-Latran est contestée par un certain nombre d'historiens[26]. La devise est un jeu de mots sur le nom de la basilique.
De la famille des comtes de Segni, cardinal-évêque d'Ostie. Avant son élection à la papauté, Ugolino dei Conti était cardinal-évêque d'Ostie, et un aigle était représenté sur ses armoiries[29].
Leo Sabinus.
Cœleſtinus iiij.
Mediolanenſis, cuius inſignia Leo, Epiſcopus Card. Sabinus.
Milanais, dont les armes représentent un lion, cardinal-évêque de Sabina. Célestin IV était cardinal-évêque de Sabina[30] et portait un lion sur ses armoiries[31].
Comes Laurentius.
Innocentius iiij.
domo flisca, Comes Lauaniæ, Cardinalis S. Laurentii in Lucina.
De la maison Flisca (Fieschi), comte de Lavagna, cardinal de San Lorenzo in Lucina. Wion explique que la devise fait référence au père d'Innocent IV, le comte de Lavagna, et à son titre de cardinal-prêtre de la basilique San Lorenzo in Lucina[31]
Du pays de France, de Troyes en Champagne, Patriarche de Jérusalem. La devise fait référence au lieu de naissance d'Urbain IV, Troyes en Champagne, ainsi qu'à son titre de Patriarche de Jerusalem[32].
Dont le blason représente un aigle tenant un dragon dans ses serres. Les armes de Clément IV représentent un aigle tenant un dragon dans ses serres[33].
Anguinus uir.
Gregorius. x.
Mediolanenſis, Familia vicecomitum, quæ anguẽ pro inſigni gerit.
Un Milanais, de la famille Visconti, qui porte un serpent sur ses armoiries. Le blason de la famille Visconti représente un serpent en train de dévorer un enfant mâle. Les sources divergent quant au fait que Grégoire X ait repris les armes de sa famille comme armoiries papales[34].
Un Français, de l'ordre des prédicateurs. Innocent V naît dans les États de Savoie, actuellement le Sud-Est de la France, et fut professeur au collège de Sorbonne[35].
Ottobono, de la famille Fieschi, des comtes de Lavagna. La famille Fieschi règne sur le comté de Lavagna. La devise comporte également un jeu de mots sur le prénom d'Adrien V, Ottobono[36].
Anciennement Jean Pierre, cardinal-évêque de Tusculum. Jean XXI a reçu comme nom de baptême le prénom de saint Pierre, qui était pêcheur. Il a également été cardinal-évêque de Tusculum[37].
Roſa compoſita.
Nicolaus. iii.
Familia Vrſina, quæ roſam in inſigni gerit, dictus compoſitus.
De la famille Ursina (Orsini), dont les armoiries portent une rose. Nicolas III, membre de la famille Orsini, reprend comme armoiries papales les armes de sa famille, à peine modifiées, avec une rose sur le chef de son blason[37].
Ex teloneo liliacei Martini.
Martinus. iiii.
cuius inſignia lilia, canonicus, & theſaurarius S. Martini Turonen[sis].
Dont les armes sont des lys, chanoine et trésorier de Saint-Martin de Tours. Martin IV était chanoine et trésorier de Saint-Martin de Tours, en France[38]. Toutefois, l'assertion de Wion concernant les fleurs de lys des armoiries de Simon de Brion est incorrecte[39].
De la famille Sabella (Savelli), ses armes représentent un rose portée par des lions. Les armoiries d'Honorius IV — celles de la famille Savelli dont il est issu — représentent au chef du blason une rose et deux lions[40].
Un Picénien, originaire d'Asculum (Ascoli). Cette devise est vraisemblablement un obscur jeu de mots sur le lieu de naissance de Nicolas IV, Ascoli, dans le Picenum[40].
Appelé Pierre de Morrone, un ermite. Avant son élection, Célestin V était un moine ermite (eremita, littéralement un habitant de l'eremus, le désert)[42].
Ex undarũ bn̑dictione.
Bonifacius. viii.
Vocatus prius Benedictus, Caetanus, cuius inſignia undæ.
Anciennement nommé Benoît, de Gaeta, dont les armes portent des vagues. Les armes de Boniface VIII sont traversées par « une jumelle ondée d'azur », deux lignes de vagues parallèles. La devise constitue également un jeu de mots sur le lieu de naissance de Boniface VIII — il a vu le jour à Gaeta, ville maritime du Latium — et sur son prénom — Benedetto signifie également béni[43].
Concionator patereus.
Benedictus. xi.
qui uocabatur Frater Nicolaus, ordinis Prædicatorum.
Un Français, de la famille Ossa, fils d'un cordonnier. Le nom de famille de Jean XXII était Duèze ou d'Euse, le second pouvant être traduit en latin par « Ossa » (littéralement « des os »), le nom que Wion mentionne. La croyance populaire qui veut qu'Arnaud Duèze — le père de Jean XXII — ait été cordonnier ne s'appuie sur aucun élément tangible[47] : il était banquier.
Coruus ſchiſmaticus.
Nicolaus V.
qui uocabatur F. Petrus de corbario, contra Ioannem XXII. Antipapa Minorita.
Il était appelé Frère Pierre de Corbarium (Corvaro), l'antipape franciscain opposé à Jean XXII. La devise est un jeu de mots qui fait référence au nom de famille de Pietro di Corvaro[48].
Père abbé du monastère de la source froide. Benoît XII était le supérieur de l'abbaye Sainte-Marie de Fontfroide, littéralement « la source froide »[49].
Évêque d'Arras, dont les armoiries sont des roses. Clément VI fut évêque d'Arras (en latin, Episcopus Attrebatensis) et il y avait six roses sur les armoiries papales[50].
De mõtibus Pãmachii.
Innocentius VI.
Cardinalis SS. Ioannis & Pauli. T. Panmachii, cuius inſignia ſex montes erant.
Cardinal de Saint-Jean-et-Saint-Paul, Titulus de Pammachus, dont les armes représentent six montagnes. Innocent VI était cardinal-prêtre de la basilique Santi Giovanni e Paolo, fondée par Pammaque. Wion et Panvinio décrivent ses armes comme représentant six montagnes[51].
Nonce apostolique auprès des Visconti de Milan. Urbain V était français[52]. Wion indique qu'il fut nonce apostolique auprès des Visconti de Milan[53].
Nouus de uirgine forti.
Gregorius XI.
qui uocabatur Petrus Belfortis, Cardinalis S. Mariæ nouæ.
Appelé Belfortis (Beaufort), cardinal de Sainte-Marie-la-Nouvelle. La devise fait référence à la fois au nom de famille de Grégoire XI et à son titre de cardinal de Santa Maria Nuova[54].
Decruce Apoſtolica. [sic]
Clemens VII.
qui fuit Preſbyter Cardinalis SS. XII. Apoſtolorũ cuius inſignia Crux.
Qui était cardinal-prêtre des Saints-Apôtres, dont les armes étaient une croix. Les armoiries de Clément VII représentent une croix, et il était cardinal-prêtre des Saints-Apôtres[55].
Luna Coſmedina.
Benedictus XIII.
antea Petrus de Luna, Diaconus Cardinalis S. Mariæ in Coſmedin.
Natif de Naples, né dans un lieu appelé l'Enfer. Le nom de famille d'Urbain VI était Prignano, et il était né dans un quartier de Naples, appelé Inferno (l'Enfer). La devise est un double jeu de mots sur ces faits[57].
Cubus de mixtione.
Bonifacius. IX.
familia tomacella à Genua Liguriæ orta, cuius inſignia Cubi.
De la famille Tomacelli, qui vient de Gênes en Ligurie, dont les armes étaient des cubes. Les armoiries de Boniface IX comportent une bande en damier[58]. Aucune source ne confirme les liens entre Boniface IX et la ville de Gênes en Ligurie.
De meliore ſydere.
Innocentius. VII.
uocatus Coſmatus de melioratis Sulmonenſis, cuius inſignia ſydus.
Appelé Cosimo de Migliorati de Sulmona, dont les armes représentent une étoile. La devise est un jeu de mots basé sur le nom d'Innoncent VII, « meilleur » (melior), et sur ses armoiries, sur lesquelles est représentée une étoile filante[58]. L'explication donne bien le lieu de naissance d'Innocent VII, Sulmona, ville italienne des Abruzzes.
Un Vénitien, commendataire de l'église de Negroponte. Grégoire XII est né à Venise — d'où le terme marin, ici dans le sens qui vient de la mer. Il était également commendataire de Chalcis, ville alors appelée Negroponte (en français : Négrepont)[59].
Un Grec, archevêque de Milan, dont les armes sont un soleil. On trouve un soleil sur les armes d'Alexandre V, la forme ondulée des rayons peut expliquer la référence au fouet[60],[61]. Il est archevêque de Milan de 1402 à 1409.
Ceruus Sirenæ.
Ioannes XXIII.
Diaconus Cardinalis S. Euſtachii, qui cum ceruo depingitur, Bononiæ legatus, Neapolitanus.
Cardinal-diacre de Saint-Eustache, qui est représenté avec un cerf, légat de Bologne, un napolitain. Jean XXIII était cardinal-diacre de Saint-Eustache dont la basilique est dédiée à Eustache de Rome souvent représenté avec un cerf. Jean XXIII est originaire de Naples, ville autrefois symbolisée par les sirènes de l'Odyssée, et a été légat de Bologne[60].
Corona ueli aurei.
Martinus V.
familia colonna, Diaconus Cardinalis S. Georgii ad uelum aureum.
De la famille Colonna, cardinal-diacre de San Giorgio in Velabro. La devise est une référence à la famille de Martin V, la famille Colonna, dont les armoiries représentent une colonne surmontée d'une couronne, et à son titre cardinalice de San Giorgio in Velabro, qu'on peut traduire par « Saint Georges du Voile d'or »[62],[63]
Lupa Cœleſtina.
Eugenius. IIII.
Venetus, canonicus antea regularis Cœleſtinus, & Epiſcopus Senẽſis.
Un Vénitien, ancien chanoine des Célestins, évêque de Sienne. Si Eugène IV est bien né à Venise, et s'il a effectivement été évêque de Sienne de 1407 à 1409[64]— dont l'emblème est une louve, il n'a jamais appartenu à l'ordre des Célestins, mais bien à celui des augustins[65].
Amator Crucis.
Felix. V.
qui uocabatur Amadæus Dux Sabaudiæ, inſignia Crux.
Qui était appelé Amédée, duc de Savoie, ses armes étaient une croix. La devise est une référence au prénom de Félix V, Amadeus — en latin Amadeus, « celui qui aime Dieu » — ainsi qu'aux armoiries de Savoie, qui représentent une croix. Félix V les utilise comme armes papales[64].
Un Lunensi[66] de Sarzana, né de parents modestes. Nicolas V naît à Sarzana, dans le diocèse de Luni dont le nom ancien était Luna[67]. Son père, médecin mais peu fortuné, meurt durant son adolescence.
Un Espagnol, dont les armes portent un bœuf paissant. Les armoiries de Calixte III — celles de la famille Borgia — représentent un bœuf en train de paître[67]. Il est le premier des trois papes Borgia[68].
De Capra & Albergo.
Pius. II.
Senenſis, qui fuit à Secretis Cardinalibus Capranico & Albergato.
Originaire de Sienne, qui fut secrétaire des cardinaux Capranica et Albergati. Pie II fut effectivement secrétaire des cardinaux Capranica et Albergati avant son élection, et la devise est un jeu de mots sur le nom de ces cardinaux[69]. En outre, il est né à Corsignano, dans la république de Sienne.
De cervo et leone.
Paulus. II.
Venetus, qui fuit Commendatarius eccleſiæ Ceruienſis, & Cardinalis tituli S. Marci.
Originaire de Venise, qui fut commendataire de l'église de Cervie et cardinal du titre de Saint-Marc. Paul II fut évêque de Cervie ainsi que cardinal de Saint-Marc, dont le symbole est le lion[69].
Fils de pêcheur, franciscain. Sixte IV est effectivement fils de pêcheur et franciscain, ordre mineur[70]. Le texte latin pose un double problème : * de sémantique (minoritus n'existe pas : on dit minoratus - diminué, inférieur) * d'accord selon le genre (le nom masculin pescator appelle l'adjectif minoritus, ou plutôt minoratus). Minorita (pour minorata) semble donc plutôt un adjectif substantivé au neutre pluriel signifiant les choses diminuées. Mais l'absence de mot de liaison pose problème.
Præcursor Siciliæ.
Innocentius. VIII.
qui uocabatur Ioãnes Baptiſta, & uixit in curia Alfonſi regis Siciliæ.
Nommé Jean-Baptiste, et ayant vécu à la cour d'Alphonse, roi de Sicile. Le nom de naissance du pape Innocent VIII est Jean-Baptiste, nom du précurseur du Christ. De plus, il passa sa jeunesse à la cour de Naples[71].
Bos Albanus in portu.
Alexander. VI.
Epiſcopus Cardinalis Albanus & Portuenſis, cuius inſignia Bos.
Cardinal d'Albano et Porto, dont les armes sont un bœuf. Cardinal-évêque d'Albano et Porto (signifiant port), les armes de sa famille représentent un bœuf[71].
Siennois, de la famille Piccolomini. Pie III est issu de la famille siennoise Piccolomini dont le nom est formé des racines piccolo (« petit ») et uomini (« homme »)[72].
Fils de Laurent de Médicis et élève d'Ange Politien. Saint Laurent, père de Léon X, fut martyrisé sur un gril en 258 ; et son fils fut éduqué par Ange Politien[73].
Florentin de la maison des Médicis, dont les armes sont formés de boules et de lys. Ses armes représentent six boules, dont l'une comporte trois lys. Le mot malade figurant dans la devise est un jeu de mots sur le nom Médicis (« Medicean » ; « médecin »)[75].
Hiacynthus medicorum.
Paulus. III.
Farneſius, qui lilia pro inſignibus geſtat, & Card. fuit SS. Coſme, & Damiani.
Farnèse, qui porte des lis dans ses armes, et cardinal de Saints Côme et Damien. Ses armes représentent des lis bleus, ou hyacinthes, et il fut cardinal de saint Côme et saint Damien, deux médecins martyrs[76]. En outre, l'histoire d'Alexandre Farnèse est liée à celles des papes qui l'ont précédé Léon X et Clément VII, tous deux de la famille Médicis[77].
dont les armes étaient un cerf et du grain, mais insignifiant, qui ne fut que peu de temps pape. On retrouve sur les armes de Marcel II un cerf et le grain ; « insignifiant », parce qu'il ne fut pape que quelques jours[78].
originaire de Bologne, cité célèbre dans les annales de l'Église romaine et souvent appelée à défendre la Papauté. Ce pape envoya en outre des troupes aux ligueurs de France, seul fait important de son pontificat très court.
de la famille romaine des Aldobrandini (Romulus fut le fondateur de Rome), dont les armes représentaient une série de croix attachées les unes aux autres et qui rappelle la croix du pontife romain à plusieurs croisillons. En outre, c'est sous son pontificat que fut achevé le dôme de la basilique Saint-Pierre, coiffé d'une croix dorée[81].
Notes et références
↑Roger Duguet, Autour de la Tiare : Essai sur les prophéties concernant la succession des Papes, Sorlot
↑Rudolf Hüls, Kardinäle, Klerus und Kirchen Roms: 1049–1130, Bibliothek des Deutschen Historischen Instituts in Rom. Max Niemeyer Verlag. Tübingen 1977, p. 201 (ISBN978-3-484-80071-7).
↑(it) Agostino Paravicini Bagliani, Cardinali di curia e « familiae »nalizie dal 1227 al 1254, Padoue, Antenore, coll. « Italia sacra », , 611 p., 2 volumes in-8o.
↑O'Brien note ceci : « Tout nous porte à penser que l'auteur de la prophétie et celui qui l'a interprété sont en fait une seule et même personne. Le prétendu interprète, qui savait que saint Nicolas était né à Patara, n'a pas songé au fait que d'autres pouvaient ne pas être au courant de ce fait, et que par conséquent l'explication ne leur apporterait rien. » « Everything leads us to suspect that the author and interpreter of the prophecy is one and the same person. The pretended interpreter who knew that Patare was the birthplace of St. Nicholas forgot that others may not be aware of the fact, and that therefore the explanation would be thrown away on them. » O'Brien 1880, p. 47.
↑Jean-Charles de Fontbrune, Histoire et prophétie des papes, Éditions du Rocher, 1984, pp. 200-201.
↑Jean-Charles de Fontbrune, Histoire et prophétie des papes, Éditions du Rocher, 1984, pp. 208.
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Ouvrage d'Arnold Wion
(la) Arnold Wion, (la) Lignum vitæ, Ornamentum et decus Ecclesiæ : Texte original des prophéties, Venise, (lire en ligne), p. 307-311.
Ouvrages traitant de la prophétie
Michel Gorgeu. Remarques sur les Souverains Pontifes romains qui ont tenu le Saint Siège depuis Célestin II jusqu'à maintenant, avec leurs armes blasonnées en taille douce. Au sujet de la prophétie qui se voit sous le nom de Saint Malachie, Archevesque d'Armach, Primat d'Irlande … Par Michel Gorgeu, Parisien, de l'Ordre des Frères Minimes. Abbeville, par Laurens Maurry le jeune, imprimeur et libraire à Rouen. 1659. In-4°, (ff 6), 123 et 128 pages.
J. Van der Moere, La Fausseté des soi-disantes [sic] prophéties d'Orval, de St. Malachie, et de Blois, Gand, 1872.
François Cucherat, La Prophétie de la succession des Papes, Grenoble, imprimerie de E. Dardelet, 1873.
(en) M.J. O'Brien, An historical and critical account of the so-called Prophecy of St. Malachy, regarding the succession of the popes, Dublin, M.H. Gill & Son, (lire en ligne).
Joseph Maître, La prophétie des papes attribuée à S. Malachie : étude critique par l'abbé Joseph Maître, Beaune, G. Loireau, , lire en ligne sur Gallica.
Joseph Maitre, Les Papes et la Papauté : de 1143 à la fin au monde, d'après la prophétie attribuée à saint Malachie, 1902.
René Thibaut, La mystérieuse prophétie des Papes, Faculté de Philosophie et Lettres, Namur, 1951.