Armes représentant sur l'écu un animal héraldique, le taureau, et sur l'orle les huit flammes, éléments symboliques de l'élaboration légendaire familiale, ralliant à la fois valeur personnelle et légitimité lignagère des Borgia.
La famille Borgia, italianisation du nom catalan Borja, est une famille originaire du royaume de Valence (couronne d'Aragon), qui a exercé une grande influence politique dans l’Italie du XVe et XVIe siècles. Cette dynastie aragonaisede Naples qui a régné pendant un siècle sur Rome, fournit deux papes, plusieurs cardinaux, des militaires, tous princes de la Renaissance, dont quelques-uns acquièrent une fâcheuse renommée, et sont à l'origine d'une légende noire construite par l'Église dès le XVIe siècle.
Plusieurs membres de la famille Borgia pâtissent ainsi d'une sinistre réputation en partie forgée par leurs ennemis politiques qui les accusent pêle-mêle d'empoisonnements, de fratricides, de simonie, d'incestes, de luxure, d'acédie… Cette légende, qui contribue à faire des Borgia le symbole de la décadence de l'Église catholique romaine à la Renaissance italienne, doit cependant être nuancée. Au contraire de son arrière-grand-père le pape Alexandre VI, la vie édifiante de saint François Borgia, supérieur général des Jésuites, apparaît de son côté très vite comme un modèle de vertu, de sagesse et de piété.
Histoire
Origines
Les Borgia trouvent probablement leur origine dans la ville de Borja en Aragon, toponyme qui vient de borg, « tour » en arabe, et est devenu au XIIe siècle un patronyme d'où est issu leur nom. La longue élaboration légendaire familiale, initiée par Rodrigo de Borja, futur pape Alexandre VI, préfère oublier cette étymologie et s'en forger une plus honorable, celle de boarius, le « taureau » présent sur leurs armoiries[1]. Ce taureau symbolise, à partir d'un rapport métonymique, la puissance et la fécondité, tandis que Alonso de Borja, futur pape Calixte III fait rajouter sur le bord de l'écu un orle chargé de huit flammes représentant les huit chevaliers Borgia qui, selon la légende familiale, auraient accompagné le roi d'AragonJacques Ier lors de la conquête du royaume de Valence en 1238[2],[3].
Plusieurs membres de cette famille parfaitement inconnue au XIIIe siècle, quittent la cité de Borja à cette époque, afin de participer à la Reconquista de la ville de Xàtiva (royaume de Valence), où ils s'établissent une fois celle-ci prise[4]. Roi héréditaire de Sicile, le protecteur des Borgia, Alphonse d'Aragon, est fasciné par la civilisation de la Péninsule. Il dispute la Sardaigne aux Génois, puis se lance à la conquête du royaume de Naples où il demeure sans discontinuer de 1442 jusqu'à sa mort. Pour gérer ce royaume, il fait appel à Alonso de Borja, juriste confirmé. Naples étant de jure sous l'égide de la Papauté, son suzerain l'envoie prêter allégeance devant le pape Eugène IV ; ce dernier loue les talents de diplomate d'Alonso de Borja et l'élève au rang de cardinal en . Il voit son nom latinisé en Alfonso Borgia par la bulle du pape Martin V et trouve en Italie un terrain digne des ambitions et des mérites de sa famille[5].
La légende familiale des Borgia recherchera une légitimation plus ancienne et plus prestigieuse en se rattachant à une descendance prestigieuse remontant jusqu'au XIe siècle, notamment à Ramire Ier d'Aragon[6] et à Pedro de Atarés(es), seigneur féodal de Borja au XIIe siècle, mais les documents historiques montrent que leur notoriété date de leur fulgurante ascension romaine au milieu du XVe siècle[1].
Roderic Llançol i de Borja, neveu de Calixte III le rejoint en Italie où il prend le nom de Rodrigo Borgia. Il devient pape sous le nom d'Alexandre VI de 1492 à 1503. De sa relation avec Vannozza Cattanei naitront plusieurs enfants naturels :
Rodrigo de Borja Llançol de Romani, capitaine des gardes du pape, frère du cardinal Juan de Borja Llançol de Romani et d'Angela de Borja Llançol de Romani ;
Angela de Borja Llançol de Romani, suivante de Lucrèce Borgia, sœur de Juan de Borja Llançol de Romaní et de Rodrigo de Borja Llançol de Romani ;
Louise Borgia (1500 – 1553), duchesse de Valence (France);
Girolamo Borgia, fils illégitime de César Borgia, marié à Isabelle duchesse de Carpi et auteur de la branche des Borgia-Sulpizi, connu pour être aussi violent et instable que son père.
• Cinzia Luisa Maria Muci dei Conti di Corsano Randazzo Borgia, Comtesse Muci Borgia (1985);
Autre Branche
Les principaux descendants des Borgia
Légende noire
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Les Borgia connaissent « les affres d'une légende noire solidement construite[7] », véhiculée dès le XVIe siècle par l'Église. Les figures sur lesquelles s'appuie cette légende ne manquent pas, avec notamment le pape Calixte III qui nomme cardinal et vice-chancelier son neveu Rodrigue, le futur pape Alexandre VI, ouvrant ce que les historiens de la papauté ont appelé « l'âge du népotisme institutionnalisé » appelé à se prolonger jusqu'au XVIIe siècle[8], ou Lucrèce Borgia dont la pièce éponyme de Victor Hugo fait un réceptacle de tous les vices[7].
La Chimère d'or des Borgia de Juliette Benzoni, Éditions Plon, 2011.
Bandes dessinées
Une série en quatre albums, Borgia, écrite par Alejandro Jodorowsky et dessinée par Milo Manara, raconte de manière romancée la vie d'Alexandre VI et de sa progéniture :