Le titre de primat de Lorraine fut créé en 1602 par le pape Clément VIII comme substitut au siège épiscopal dont Charles III de Lorraine avait fait la demande pour Nancy, la capitale de ses duchés.
Ce souhait, formulé en vain par Charles III, relevait à la fois de la politique (ne plus dépendre de l'évêque de Toul, sous « contrôle » français, et donc pouvoir nommer lui-même l'évêque de son duché) et du prestige. Cette démarche était fondée, à la vue de l'immensité territoriale du diocèse de Toul, mais le cardinal d'Ossat qui représentait les intérêts de la France à Rome fit, avec succès, tout son possible pour faire échouer cette demande.
En 1602, le pape dota finalement Nancy d'un primat et d'un chapitre primatial. Sans être évêque, le Primat de Lorraine en avait les attributs symboliques. Sur les terres du duché de Lorraine, Il exerçait le pouvoir épiscopal et avait préséance sur l’évêque. À défaut de cathédrale, Nancy allait voir se construire une primatiale.
La donne changea au XVIIIe siècle avec le départ de la dynastie de Lorraine et l'arrivée de Stanislas, roi déchu de Pologne. Le rattachement de la Lorraine à la France n'était plus qu'une question de temps. Il fut effectif en 1766, à la mort de Stanislas. Plus rien ne s'opposait alors à la création d'un évêché à Nancy. Ce fut chose faite en 1777. Dès lors, le nouvel évêque cumula la charge honorifique de primat.
L'actuel primat de Lorraine est Pierre-Yves Michel, évêque de Nancy et de Toul.
Privilèges
Le primat de Lorraine avait le privilège de porter les ornements extérieurs d'un évêque : mitre, crosse, croix pectorale, anneau, etc.
En outre, il avait préséance sur l'évêque de Toul, Metz et Verdun dans les limites du duché de Lorraine et il y exerçait les droits épiscopaux de justice et de contrôle [1].
À ce sujet, Georges Aulbery écrit en 1616 : « Sa Sainteté [...] luy le Primat de Lorraine a accordé l'usage & port de mitre, du baston pastoral, des gans, de l'anneau, de la moussette, du chapeau, & de tous autres habits & ornements Pontificaux, tant en celebrant la messe en son Eglise Primatiale qu'en toutes autres despendantes & annexées en icelle, comme aussy aux processions & autres actes & Ceremonies Ecclesiastiques publicques & privées. Celebrer la Messe & faire tous autres Offices divins Pontificalement, & avec les droits & privileges episcopaux, comme aussi apres les Messes & tous autres Offices Ecclesiastiques faire & departir la benediction episcopale sur le Peuple. Et en outre reconcilier toutes Eglises, Chapelles, Oratoires, Cimetieres & autres lieux qui seroient pollus & contaminez. Dabondant ledit Primat a toute preeminence, & Iuridiction Ecclesiastique tant sur les autres Dignitez que Chanoines, Predendez, & tous autres Ministres tant de la dite Primatiale, que des autres Eglises y annexées ... »[2]
De nos jours, le titre de primat de Lorraine figure toujours sur le papier à entête de l'évêque de Nancy. Par ailleurs, ses armoiries sont timbrées d'un chapeau de sinople à quatre (et non trois) rangs de houppes, du fait de son titre primatial. Les règles héraldiques auraient voulu qu'il y ait cinq rangs.
obligé de quitter son diocèse à la Révolution, il refuse toutefois de quitter son trône épiscopal et reste évêque de Nancy en titre jusqu'en 1817, date à laquelle il devient archevêque de Sens
est obligé de quitter son évêché pour des raisons politiques (Napoléon le nomme à l'archevêché de Florence, sans l'accord de Pie VII). Revient en 1814.
évêque nommé et administrateur épiscopal. Placé par le pouvoir napoléonien sans l'accord du pape, il ne reçoit pas d'investiture canonique et rend à Mgr d'Osmond son siège lorsque l'aventure florentine prend fin pour ce dernier.
coadjuteur de Mgr de Forbin-Janson, il gère de facto le diocèse lors du départ précipité de ce dernier, pour raisons politiques, en 1830. Il ne devient évêque de Nancy qu'en 1844, à la mort de Mgr de Forbin-Janson, mais en exerçait dans les faits tous les pouvoirs et prérogatives depuis quatorze ans. Quitte Nancy pour devenir archevêque de Bourges
Dom Calmet, Histoire de Lorraine, tome VII, p. CLXXIX « Des Primats de la Primatiale de Nancy », 1757.
Nicolas Durival, Description de la Lorrain et du Barrois, tome second, Nancy : Veuve Leclerc, 1779, p. 15.
Henri Lepage, La ville de Nancy et ses environs, guide du voyageur, Nancy : Peiffer, 1844, p.142.
Jean Cayon, Histoire physique, civile, morale et politique de Nancy, ancienne capitale de la Lorraine, depuis son originie jusqu'à nos jours, Nancy : Cayon-Liébault, 1846, p.247.
Références
↑Augustin Calmet, Histoire ecclésiastique et civile de Lorraine, Volume 2, Nancy, , 1460 p., p. 41
↑AULBERY (Georges), Histoire de la vie de St Sigisbert roy d’Austrasie duquel le corps sainct se voit entier à Nancy. Contenant une succincte description de la Lorraine et de la Ville de Nancy, capitale de ce duché, Nancy : aux frais de l’autheur, 1616, p.169-170.
↑Durival l'aîné, Description de la Lorraine et du Barrois, tome II, Nancy : impr. Veuve Leclerc, 1779, p.15.