En attendant la construction de la primatiale (c'est-à-dire l'actuelle cathédrale), une église provisionnelle a été érigée sur le site qu'occupe actuellement l'église Saint-Sébastien de Nancy. Une seconde église provisionnelle a été construite dans le quartier actuel de la cathédrale, entre la rue des Chanoines et la rue Montesquieu, car le quartier de Saint-Sébastien commençait à devenir étroit pour loger les chanoines.
La construction de l'actuel édifice n'a commencé qu'en 1703 sous le règne du duc Léopold, et fut poursuivie par le roi Stanislas. Insatisfait par l'existence d'un simple chapitre primatial dans son duché, le duc Léopold propose diplomatiqueemnt en 1717 la création d'un évêché à Saint-Dié. Malgré l'appui du pape, le régent de France, bien que beau-frère du duc, s'opposa fermement à la création d'un évêché Lorrain (1721). La première messe y fut célébrée le .
Avec la mort du roi Stanislas et la réunion définitive de la Lorraine à la France, plus aucune barrière politique n'empêchait — enfin — la création d'un évêché à Nancy. Le très grand diocèse de Toul fut démembré pour former les trois diocèses de Toul (à l'aire géographique fortement réduite), de Nancy et de Saint-Dié, tous suffragants de l'archevêché de Trèves. Le nouveau diocèse de Nancy prit comme cathédrale la primatiale de Lorraine à Nancy. L'évêque de Nancy cumule depuis le titre de primat de Lorraine.
Alors que Charles Martial Lavigerie, évêque de Nancy, venait d'être désigné archevêque d'Alger, la cathédrale reçut en outre, du pape Pie IX en 1867, comme privilège les « indulgences des Stations qui se gagnent dans les diverses basiliques de Rome »[3], ce que rappelle une grande plaque de marbre à l'entrée de l'édifice.
Le plan intérieur est en forme de croix latine. Dans sa largeur, il comprend une nef, deux collatéraux et deux bas-côtés comprenant chacun trois chapelles. La nef est composée d'une demi-travée où se trouve l'orgue, de deux travées complètes, d'un transept surmonté en son centre d'une coupole, d'une quatrième travée qui va de la coupole aux sacristies et d'une abside semi-circulaire qui atteint les murs extérieurs des sacristies (avec saillie sur rue).
La nef mesure 60 mètres de longueur pour un peu moins de 14 mètres de large. L'ensemble de la cathédrale est d'ordre corinthien. Dans la nef, des anges sculptés présentent des attributs symboliques de la Vierge Marie. Le maître-autel de marbre polychrome est de 1763. Il est entouré de stalles dessinées par Boffrand, dont la principale porte le chiffre du primat Charles-Joseph de Lorraine.
L'édifice est typiquement classique et d'une assez grande sobriété : le décor sculpté se limite aux colonnes. En revanche, à la croisée du transept, une coupole est décorée d'une fresque dédiée à la « gloire céleste » exécutée par un artiste nancéien, Claude Jacquart, entre 1723 et 1727. Deux des chapelles latérales sont ornées de grilles de Jean Lamour réalisées entre 1751 et 1755 peu de temps avant qu'il ne forge celles de la place Stanislas toute proche, les autres chapelles sont fermées par des grilles réalisées par son élève François Jeanmaire en 1759.
La façade présente un équilibre classique avec au sommet du corps central, un frontispice (le projet initial prévoyait d'élever un dôme ce qui explique un écartement plus important que la normale entre les deux tours). Les deux corps latéraux sont coiffés de deux tours de base carrée, surmontées de pavillons octogonaux et recouverts de dômes et lanternons que Victor Hugo baptisa les « poivrières Pompadour »[4].
Parmi les œuvres de Claude Charles actuellement classées monument historique au titre d'objets[5] quatre d'entre elles se trouvent dans la cathédrale :
Dans la chapelle Saint-Joseph se trouve une toile attribuée à Claude Deruet : La Crucifixion[6], dans la chapelle du Sacré-Cœur, un Sacré-Cœur peint par Jean Girardet, dans la chapelle à droite de l'abside, une Assomption de Jean Girardet et dans la chapelle à gauche de l'abside, une Apothéose de saint Sigisbert de Lejeune, (1776).
Culte de Saint-Sigisbert
Bien que la cathédrale soit consacrée à Notre-Dame de l'Annonciation, un culte particulier est rendu à saint Sigisbert, roi d'Austrasie, dont les reliques, qui étaient conservées à la cathédrale dans la niche du chœur et étaient restées intactes depuis mille ans, furent profanées à la Révolution et remplacées, sous l'Empire, par une statue de la Vierge à l'Enfant de 1669 due à César Bagard. Une statue du roi-saint orne la façade, une chapelle latérale lui est dédiée, et les deux tableaux du chœur dépeignent l'un son couronnement, l'autre le souverain servant les pauvres. La chapelle absidiale de gauche est ornée d'un autre tableau de saint Sigisbert représentant son apothéose.
Quelques reliques, notamment une côte, ont échappé à la destruction lors de la Révolution. Un nouveau reliquaire en bois doré et couronné, pour rappeler la dignité royale de saint Sigisbert, a reçu ces dernières. Il est actuellement exposé dans une des chapelles latérales de la cathédrale.
Ordinations épiscopales
Depuis le concordat de 1801, les ordinations épiscopales suivantes ont eu lieu à la cathédrale de Nancy :
Construit par Nicolas Dupont entre 1756 et 1763, le grand orgue a été agrandi par Jean-François Vautrin (1814), reconstruit par Aristide Cavaillé-Coll (1861) puis transformé par la manufacture Haerpfer-Erman en 1965.
Il a fait l'objet d'importants travaux d'entretien en 2012, réalisés par Laurent Plet et Bertrand Cattiaux. De 2021 à 2024, l'orgue fait l'objet d'une grande restauration, afin de lui restituer son état historique lors de sa restauration par Cavaillé-Coll et en y intégrant des améliorations techniques qui favorisent une nouvelle esthétique sonore : toute la partie instrumentale — soit 4 200 tuyaux — sont démontés, transportés, rénovés et rassemblés. Les buffets sont quant à eux nettoyés et traités[7]. Les organistes titulaires sont Johann Vexo (depuis 2009) et Guillaume Beaudoin (depuis 2014).
Les cloches
Les neuf cloches encore en place sont réparties dans les deux tours : les cinq plus petites dans la tour est (à gauche en regardant la cathédrale de face), les quatre plus grosses dans la tour ouest :
#
Nom
Note
Diamètre
Hauteur
Tour
Fondeur
Année
1
Catherine
si2
1,55m
1,25m
Ouest
Jean II Queyrat, Nancy
1742
2
Sigisberte
do3
1,40m
1,21m
Ouest
J. Goussel Jeune, Metz
1867
3
Charlotte
ré3
1,25m
1,10m
Ouest
Goussel, Breuvannes
1807
4
inconnu
mi3
1,17m
1,03m
Ouest
Thuillie Fils, Nancy
1827
5
inconnu
fa3
1,09m
0,91m
Est
F. La Chaussée, Nancy
1760
6
inconnu
sol3
0,88m
0,73m
Est
Ch. Martin, Nancy
1897
7
inconnu
si3
0,73m
0,59m
Est
Ch. Martin, Nancy
1897
8
inconnu
mi4
0,55m
0,51m
Est
F. La Chaussée, Nancy
1756
9
inconnu
fa4
0,49m
0,40m
Est
F. La Chaussée, Nancy
1756
Les deux beffrois sur lesquels reposent les cloches sont en bois. Le beffroi des six plus petites cloches est daté de 1994. Celui des plus grosses cloches est certainement d'origine mais a dû être raboté à l'emplacement de la cloche 4 de façon à laisser suffisamment de place à cette cloche et à la cloche 3 pour sonner dans la même travée. Les cloches sont suspendues à 3 m du sol[8].
↑Thibaut Laplace, « Les cloches de la cathédrale Notre-Dame-de-l'Annonciation de Nancy », catholique-nancy.fr, (lire en ligne [PDF]).
↑Avers de la croix de chapitre des chanoines de Nancy, en vermeil et émail, 61 × 73 mm de diamètre, fabrication de l'orfèvre Daubrée à Nancy, France, 2e moitié du XIXe siècle. Étienne Martin, Les croix de chapitre à Nancy et à Toul, évolution du costume canonial nancéien, Paris, Histoire et curiosités - éditions phaléristiques, 2010, 128 p.
Annexes
Bibliographie
Dom Augustin Calmet, « Saint-Nicolas-de-Port : plan, élévation », dans Histoire ecclésiastique et civile de Lorraine, qui comprend ce qui s'est passé de plus mémorable dans l'archevêché de Trèves, et dans les évêchés de Metz, Toul et Verdun, depuis l'entrée de Jules César dans les Gaules jusqu'à la mort de Charles V, duc de Lorraine, arrivée en 1690, chez Jean-Baptiste Cusson, Nancy, tome 3, 1728, planches X et XI (lire en ligne).
Abbé Pierre-Étienne Guillaume, Histoire du diocèse de Toul et de celui de Nancy depuis l'établissement du christianisme chez les Leuci jusqu'à nos jours, Thomas et Pierron, Nancy, 1867, tome 5, p. 1-17(lire en ligne).
Edgard Auguin, Monographie de la cathédrale de Nancy, depuis sa fondation jusqu'à l'époque actuelle, Berger-Levrault et Cie libraires éditeurs, Nancy, 1882 (lire en ligne).
Émile Badel, La cathédrale-primatiale de Nancy, Société d'impression typographique, Nancy, 1934 (lire en ligne).
Pierre Simonin, « La cathédrale de Nancy : Jules Hardouin-Mansart et la genèse d'une grande église classique », dans Le Pays lorrain, 51e année, 1970, p. 107-138(lire en ligne).
Marianne Barrucand, « Le trésor de saint Gauzelin à la cathédrale de Nancy », dans Le Pays lorrain, 63e année, 1982, p. 89-106(lire en ligne).
Pierre Simonin, « Nancy, cathédrale Notre-Dame-de-l'Annonciation », dans Congrès archéologique de France. 164e session. Nancy et Lorraine méridionale. 2006, Société française d'archéologie, Paris, 2008, p. 93-98 (ISBN978-2-901837-32-9).
Étienne Martin et Pierre-Hippolyte Pénet, « D'une châsse à l'autre, les tribulations de saint Sigisbert, patron de la ville de Nancy », Le Pays lorrain, décembre 2017, p. 323-336.