Cet article concerne le terme générique. Pour l'application du concept à la médecine, voir Preuve empirique en médecine.
Preuve empirique, données ou connaissance, aussi appelée expérience des sens, est un terme collectif pour désigner la connaissance ou les sources de la connaissance acquise au moyen des sens, en particulier par l'observation et l'expérimentation[1]. Le terme vient du mot grec ancien pour expérience, ἐμπειρία (empeiría).
Une preuve empirique est une information qui justifie une croyance dans la vérité ou la fausseté d'une allégation. Du point de vue empiriste, on ne peut prétendre avoir une connaissance que lorsque l'on dispose d'une véritable croyance fondée sur des preuves empiriques. Ceci s'oppose au point de vue rationaliste selon lequel la raison ou la seule réflexion est considérée comme une preuve de la vérité ou de la fausseté de certaines propositions[2]. Les sens sont la principale source de preuves empiriques. Bien que d'autres sources de données, telles que la mémoire et le témoignage d'autres, remontent finalement à une expérience sensorielle donnée, elles sont considérées comme secondaires, ou indirectes[2].
Dans une autre acception, la preuve empirique peut être synonyme de résultat d'une expérience. En ce sens, un résultat empirique est une confirmation unifiée[Quoi ?]. Dans ce contexte, le terme « semi-empirique » est utilisé pour qualifier les méthodes théoriques qui utilisent, en partie, des axiomes de base ou des lois scientifiques postulées et des résultats expérimentaux. Ces méthodes sont opposés aux méthodes théorique ab initio, méthodes qui sont purement déductives et fondées sur des principes premiers.
Les affirmations et arguments qui dépendent de preuves empiriques sont souvent qualifiés d'a posteriori (« à la suite de l'expérience ») par opposition à a priori (« qui la précède »). La connaissance ou justification a priori est indépendante de l'expérience (par exemple « Tous les célibataires ne sont pas mariés »), alors que la connaissance ou la justification a posteriori dépend de l'expérience ou de preuves empiriques (par exemple « Certains célibataires sont très heureux »). La notion de distinction entre a priori et a posteriori comme équivalent à la distinction entre connaissances empiriques et non empiriques provient de la Critique de la Raison pure de Kant[3].
Le point de vue positiviste standard de l'information acquise de manière empirique est que l'observation, l'expérience, et l'expérimentation servent d'arbitres neutres entre théories concurrentes. Cependant, depuis les années 1960, une critique persistante souvent associée à Thomas Kuhn[4] fait valoir que ces méthodes sont influencées par les croyances et les expériences antérieures. Par conséquent, on ne peut s'attendre à ce que deux scientifiques lors d'une observation, d'une expérience ou d'une expérimentation sur un même événement fassent les mêmes observations neutres de théorie[pas clair]. Le rôle de l'observation comme arbitre indépendant d'une théorie peut ne pas être possible. La dépendance à la théorie de l'observation signifie que, même s'il existait des méthodes d'inférence et d'interprétation convenues, les scientifiques pourraient encore être en désaccord sur la nature des données empiriques[5].
(en) Alexander Bird, « Thomas Kuhn », dans Edward N. Zalta (dir.), Stanford Encyclopedia of Philosophy, (lire en ligne)
(en) Edward Craig, A posteriori (The Shorter Routledge Encyclopedia of Philosophy), Routledge, , 1077 p. (ISBN978-0-415-32495-3)
(en) Richard Feldman, « Evidence », dans Robert Audi, The Cambridge Dictionary of Philosophy, Cambridge, UK, Cambridge University Press, , 2e éd. (1re éd. 1999) (ISBN978-0521637220), p. 293–294
(en) Joseph P. Pickett, « Empirical », dans The American Heritage Dictionary of the English Language, Houghton Mifflin, , 5e éd. (ISBN978-0-547-04101-8)