Le pont de la Guillotière, dénommé aussi autrefois pont du Rhône est le plus ancien des ponts lyonnais franchissant le Rhône.
Histoire
Premier pont (XIIe siècle)
Ce pont est une des grandes affaires d'aménagement urbain du XIIIe siècle à Lyon.
Entamé à la fin du XIIe siècle, le chantier est financé par des dons, des legs et des offrandes faites à la chapelle édifiée à l'extrémité du pont sur la rive gauche. Achevé en 1183[1], le premier pont (en bois) s'effondre sous le passage des croisés en 1190, peu après le passage de Philippe Auguste et de Richard Cœur de Lion. Affecté par cet accident et la mort d'une partie de sa suite, le roi Richard donne l'autorisation aux religieux chargés de la garde du pont d'aller quêter en Angleterre pour sa réfection[2].
Deuxième pont (XIIIe siècle)
Reconstruit en partie en pierre et en partie en bois, il subit tout le long du siècle de nombreux dégâts et sa construction n'est réellement achevée qu'au début du XIVe siècle[3],[4].
Au XIVe siècle[4], des tours étaient disposées de part et d'autre du pont du côté de la rue de la Barre, un droit de passage ("barrage") ayant été décrété par le roi en 1409[5]. Du côté du faubourg de la Guillotière, une tour munie d'un pont-levis se dressait jusqu'en 1818. Ces bâtiments rendaient le passage difficile sur un pont déjà soumis aux courants rapides du Rhône et aux réparations successives qui lui furent apportées[6].
Troisième pont (XVIe siècle)
À partir de 1558, la Ville de Lyon décide de supprimer le pont en bois et de bâtir un pont en pierre homogène d'une rive à l'autre[7].
Entre les et , trois arches et deux piles du pont sont emportées lors d'une violente crue du Rhône. Les travaux de reconstruction vont durer de à [7].
En 1661, on achève la construction en pierre du pont[7].
Le , le pont est le lieu d'une tragédie, appelée « bousculade du pont de la Guillotière » ou « tumulte du pont du Rhosne ». La vogue de saint Denis à Bron génère un fort flux sur le pont, qui a l'époque à Lyon était le seul pour traverser le Rhône et fermait la nuit, un accrochage entre le carrosse de Catherine de Servient et un charroi bloque le passage sur le pont. La foule s'écrase contre cet obstacle. On dénombre 241 victimes, dont 25 noyés et 216 personnes mortes écrasées contre la barricade[8].
En 1771, la chapelle du Saint-Esprit, édifiée à l'entrée du pont, côté ouest, est démolie. L'année suivante, la construction du quai Monsieur entraine la suppression de deux arches afin d'adoucir la pente de la chaussée entre le pont et la rue de la Barre[7].
Des travaux réalisés sur la rive gauche par Combalot et Cavenne entraînent l'ensevelissement de sept arches, une en 1815, puis six en 1833[7]. En 1859, deux arches sont supprimées afin de construire les quais de la rive gauche[7]. Ceci explique l'anomalie lyonnaise qui fait qu'on appelle place du Pont (place Gabriel-Péri depuis 1947[9]) une place qui est à une centaine de mètres du début du pont.
Lors de la retraite de l'armée allemande en , une arche du pont est dynamitée[7].
Détails sur les anciens ponts
Le pont du Moyen Âge reposait sur une forêt de pieux en chêne, qui ont compliqué le percement du tunnel du métro, dans les années 1980.
Les pierres issues de la démolition de 1952 comportaient des fragments antiques, portant des épitaphes et des dédicaces en latin, provenant de la récupération faite sur les monuments en amont par les bâtisseurs du Moyen Âge[10]. Elles sont conservées au musée gallo-romain de Fourvière.
Le pont actuel (1958)
La décision de démolir l'ancien pont est prise en 1952[7]. Il s'agit de le remplacer par un ouvrage plus large doté d'une structure métallique[11].
La construction commence avant même la démolition de l'ancien pont, qui a lieu en 1953[11].
Le nouveau pont est ouvert à la circulation le [11].
Galerie
Le pont du Rhône au 16e siècle, aujourd’hui pont de la Guillotière.
Le pont et l'Hôtel-Dieu en 1768. Lavis d’encre de Chine de Jean-Jacques de Boissieu.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Amable Audin, Julien Guey et Pierre Wuilleumier, Inscriptions latines découvertes à Lyon dans le pont de La Guillotière, vol. 98e année, coll. « Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres », (lire en ligne), chap. 1, p. 64-69.
Joëlle Burnouf, Jean-Olivier Guilhot, Marie-Odile Mandy et Christian Orcel, Le Pont de la Guillotière : Franchir le Rhône à Lyon, Lyon, Circonscription des antiquités historiques, coll. « Documents d'archéologie en Rhône-Alpes », , 196 p. (ISBN2-906190-09-8, BNF36652237, DOI10.4000/books.alpara.1626)
Jean Pelletier, Ponts et quais de Lyon, Lyon, Éditions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, , 128 p. (ISBN978-2-84147-115-7)
Jacques Gadille (dir.), René Fédou, Henri Hours et Bernard de Vregille, Le diocèse de Lyon, Paris, Éditions Beauchesne, coll. « Histoire des diocèses de France » (no 16), , 350 p. (ISBN2-7010-1066-7, BNF34728148).
M. Labouré, Les heures douloureuses du "Pont du Rosne", Lyon,