Le Comité de la défense nationale, créé pour diriger les affaires militaires, est également intervenu, à partir de 1998, sur les affaires économiques et politiques. Le poste de président de ce comité était défini par la constitution de 1998 comme le poste administratif le plus élevé du pays, soit l'équivalent de chef de l'État. Le Comité a été présidé de 1993 à 2011 par Kim Jong-il. À la mort de ce dernier, son fils Kim Jong-un lui a succédé. En 2016, le Comité a été remplacé par un nouvel organisme, toujours présidé par Kim Jong-un : la Commission des affaires de l'État. Contrairement au Comité de la défense nationale, qui, tout en intervenant dans les autres domaines, était avant tout un organisme militaire, la Commission a explicitement autorité à la fois sur l'armée, le parti et le gouvernement[5].
Les pouvoirs locaux sont exercés par les assemblées populaires locales et, quand elles ne siègent pas, par les comités populaires locaux. Les représentants des assemblées populaires locales sont élus pour quatre ans à chacun des trois niveaux administratifs : les provinces, les villes et les arrondissements.
En , Kim Jong-il nomme Jang Song-taek au poste de vice-président du Comité de la défense nationale, une position considérée comme la sienne[pas clair]. Jang est déjà considéré comme la deuxième personne la plus puissante en Corée du Nord et sa nomination renforce la probabilité que le troisième fils de Kim, Kim Jong-un, lui succède[7]. Cependant, en , Jang est renvoyé de tous les postes du gouvernement et exécuté par la suite sur l'ordre de Kim Jong-un[8].
En , après le septième congrès du Parti du travail, la constitution de la Corée du Nord est actualisée, renommant le Comité de la défense nationale en Commission des affaires de l'État, et place Kim Jong-un comme président de cette commission[9]. Cela fait de Kim Jong-un le chef d'État officiel[10].
Le gouvernement est confirmé par l'Assemblée populaire suprême qui choisit le Premier ministre qui les vice-Premiers ministres et les ministres du gouvernement. Celui-ci est dominé par le Parti du travail de Corée au pouvoir depuis la création de la Corée du Nord en 1948.
Le Cabinet a maintenant le droit de superviser et de contrôler les comités populaires locaux qui ont le pouvoir sur l'économie et l'administration au niveau local. Le Conseil d'administration de l'État est remplacé par le Cabinet, le comité administratif et économique local est aboli et ses fonctions dans la politique locale ont été transférées aux comités populaires locaux.
Le secrétaire en chef du Parti ne possède plus simultanément le poste de président des comités populaires locaux qui est repris par un ancien président du comité administratif et économique local. Ainsi, les comités populaires locaux sont théoriquement indépendants du parti local et sont sous le contrôle du Cabinet. Le statut des comités populaires locaux en tant qu'organe exécutif local, en principe, est devenu plus élevé qu'auparavant.
Le pouvoir législatif nord-coréen est constitué de l'Assemblée populaire suprême, présentée par la constitution comme « l'organe suprême du pouvoir de la république populaire démocratique de Corée ». Elle est formée de 687 députés élus pour 5 ans : les candidats aux élections législatives sont choisis par le parti au pouvoir[11],[12].
Le système judiciaire de la Corée du Nord est contrôlé par la Cour suprême qui comprend un juge en chef et deux évaluateurs du peuple. Trois juges peuvent être présents dans certains cas[13]. Leurs mandats coïncident avec ceux des membres de l'Assemblée populaire suprême. Tout tribunal de Corée du Nord a la même composition que la Cour centrale. Le système judiciaire est théoriquement tenu responsable devant l'Assemblée populaire suprême et le Présidium de l'Assemblée populaire suprême lorsque le législateur n'est pas en session.
Le système judiciaire ne pratique pas le contrôle juridictionnel. Les forces de sécurité interférent si souvent dans les actions de la magistrature que la conclusion de la plupart des cas est annulée. Des experts étrangers et de nombreux transfuges confirment que ce problème est généralisé[14]. L'ONG Freedom House déclare que la « Corée du Nord n'a pas de système judiciaire indépendant et ne reconnaît pas les droits des individus. [...] Les nouvelles de détentions arbitraires, de « disparitions » et d'exécutions extrajudiciaires sont fréquentes. L'usage de la torture est répandue et brutale[15] ».
La cinquième et actuelle Constitution de la Corée du Nord est approuvée et adoptée en , remplaçant l'ancienne datant de 1998. Le pays y est défini comme une « dictature de la démocratie du peuple » (une formulation qui suit de près le modèle chinois), sous la direction du Parti du travail de Corée. Elle garantit les droits civils et politiques, comme la liberté d'expression, le droit d'élire des fonctionnaires, le droit à un procès équitable et la liberté de religion. Par ailleurs, elle supprime toute référence au communisme et conserve Kim Jong-il comme « chef suprême » en vertu de l'article 100[16],[17].
Le Parti du travail de Corée est organisé selon le système idéologique monolithique et le concept de grand dirigeant, un système et une théorie conçus par Kim Yong-ju et Kim Jong-il. La plus haute instance du Parti du travail de Corée est officiellement le Congrès, qui s'est réuni pour la dernière fois lors du 7e congrès en . Bien que le Parti du travail de Corée soit (en théorie) similaire à l'organisation des autres partis communistes, en pratique, il est beaucoup moins institutionnalisé et sa politique officielle joue un rôle plus important que d'habitude. Des institutions telles que le comité central, le bureau politique exécutif, la commission militaire centrale, le bureau politique et le Présidium ont beaucoup moins de pouvoir que ceux formellement accordés par la charte du parti(en).
(en) Victor Cha, The impossible state: North Korea, past and future, HarperCollins, New York, NY, 2012, 530 p. (ISBN978-0-06-199850-8)
(en) Paul French, North Korea: state of paranoia, Zed Books, London, New York, 2014, 462 p. (ISBN978-1-7803-2947-5)
(en) Andrei Lankov, The real North Korea: life and politics in the failed Stalinist utopia, Oxford University Press, Oxford, New York, 2013, 283 p. (ISBN978-0-19-996429-1)