Cet article propose un portrait de l'ancienne région du Limousin à travers ses représentants et traditions politiques. Le Limousin est avant 2016 et son intégration à la région Nouvelle-Aquitaine, l'une des 22 régions métropolitaines en France, composée de trois départements que sont la Corrèze, la Creuse et la Haute-Vienne.
Portrait politique
Traditions politiques
La région a été marquée par des mouvements de révolte et d'expression populaires (expérience de la Commune de Limoges en 1871, Grèves ouvrières de Limoges en 1905, Résistance du Maquis du Limousin) et un syndicalisme actif (création de la CGT à Limoges en 1895) qui lui donnent une coloration politique encore visible aujourd'hui en filigrane, largement orientée à gauche, en particulier l'ouest de la région, quand l'est rural et plus montagneux est plus orienté à droite.
Les événements historiques et sociaux sont largement mobilisés dans le discours mémoriel, identitaire et politique régional, notamment autour des notions de « terre », de « martyre » et de « résistance »[1],[2],[3]. Le Limousin renvoie communément une image de région de conquêtes, résistances et expérimentations sociales[4] et de fortes solidarités de classes et de destins, certainement motivées par l'isolement et la dépréciation du territoire.
Il s'agit ainsi d'une des rares régions de France métropolitaine à avoir toujours majoritairement voté à gauche tout au long de la Cinquième République, étant la seule à avoir été toujours dirigée par une majorité de gauche au Conseil régional. Le Parti socialiste y occupe une position hégémonique, en dépit de bons scores de la droite républicaine sous l'influence de Jacques Chirac, député de Corrèze puis président de la République, et de la gauche radicale (« communisme rural » typique des régions déchristianisées de l'ouest du Massif central[5]), notamment sur le plateau de Millevaches et communisme urbain dans les anciens pôles industriels ouvriers que sont Limoges, Tulle ou Saint-Junien. Le destin présidentiel de François Hollande, également élu corrézien, a considérablement mais ponctuellement amoindri l'influence de la droite républicaine en Limousin, qui conserve des fiefs, en Haute-Corrèze et en Creuse notamment, voire en conquiert au gré des difficultés rencontrées par la gauche à l'échelle nationale.
Région peu réputée pour sa dévotion, le Limousin entretient néanmoins un rapport particulier et étroit aux croyances populaires dont les avatars de la chrétienté peuvent être des supports (ici une bonne fontaine à Courbefy, Haute-Vienne).
Le théâtre de l'Union de Limoges (Haute-Vienne), héritage de la tradition des coopératives ouvrières de la « Rome du Socialisme ».
Avec Tulle (Corrèze), Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) est un des lieux marqueurs de la mémoire collective et institutionnelle du Limousin, largement mobilisé dans les discours politiques notamment.
L'implantation politique en Limousin de Jacques Chirac, élu corrézien pendant trente ans, a largement influencé les comportements électoraux en Corrèze.
Terre de gauche, la « vague bleue » consécutive à la réélection de Jacques Chirac 2002 avait entraîné l'élection de 4 députés de droite (UMP) contre seulement 2 en 1997. Le « ressac rose » de 2007 permet à 2 de ces circonscriptions (les mêmes qu'en 1997), de repasser à gauche. La réduction du nombre de députés à 6 et la victoire de la gauche à l'élection présidentielle en 2012 occasionnant la disparition de la circonscription de Haute-Corrèze, dite « Chiraquie », et la défaite de Jean Auclair en Creuse, permet au Limousin d'être seulement représenté par des élus socialistes.
↑* Mémoire Ouvrière en Limousin, Utopies en Limousin. De Boussac à Tarnac, histoires d'autres possibles, Les Ardents Éditeurs, 2014.
↑Dominique Danthieux, « Le communisme rural en Limousin : de l’héritage protestataire à la résistance sociale (de la fin du 19e siècle aux années 1960) », Ruralia, en ligne, 16/17 | 2005, mis en ligne le 01 janvier 2009, consulté le 11 novembre 2014.
Dominique Danthieux, Le département rouge - République, socialisme et communisme en Haute-Vienne (1895-1940), Limoges, PULIM, 2005.
Mémoire Ouvrière en Limousin, Utopies en Limousin. De Boussac à Tarnac, histoires d'autres possibles, Les Ardents Éditeurs, 2014.
Éric Moratille, Contribution à l'analyse du comportement politique en Limousin - Le cas des cantons de Bugeat et de Treignac (1870-1989), Limoges, PULIM, 2009.
Robert Savy, Émergence d'une région : le cas du Limousin (1986-2004), Éditions L'Harmattan, 2010.
Jean Tricard, Philippe Grandcoing, Robert Chanaud (dir.), Le Limousin, pays et identités. Enquêtes d'histoire (de l'Antiquité au XXIe siècle), Limoges, Pulim, 2006, 579 p.