Depuis plusieurs années, les peintures de Philippe Richard quittent le tableau proprement dit, au profit d’un travail fait de débordements, d’éléments proliférants dans l’espace d’exposition et sur ses murs. À l’origine de ce travail, un projet réalisé en Islande : en 1996, il a largué en mer 180 bouteilles contenant chacune une œuvre sur papier. Intitulé Des mois, des années, il comportait un second volet composé de 77 pièces de bois flottés ramassés sur les plages islandaises et utilisés par l’artiste comme support pour sa peinture. Depuis, un certain nombre de bouteilles s’est échoué sur les côtes de la Norvège, de l’Allemagne et des Îles britanniques. Environ un tiers a déjà été retrouvé.
À la suite de ce projet, Philippe Richard a reconsidéré l’espace pictural aussi bien que l’espace d’exposition. Depuis 1997, les volumes peints, les Variables atmosphériques, les Bords du monde et plus récemment les Linéaires ont été menés parallèlement à un travail plus centré autour de la question du tableau. Philippe Richard considère que ses peintures se situent dans l’espace réel et plus uniquement dans l’espace bidimensionnel du tableau. L’espace d’exposition n’est plus seulement un écrin recevant les œuvres, il participe activement à l’œuvre en train de se faire et en devient le fond, le support actif.
AUTRE PAREIL projet au musée des Beaux-Arts de Dunkerque 2011-2013
«Autre pareil» est une exposition imaginée, conçue et réalisée par lʼartiste Philippe Richard sur une invitation de Aude Cordonnier, directrice du musée des Beaux-Arts et du LAAC à Dunkerque. Lʼidée de Aude Cordonnier était très simple: il sʼagissait de demander à Philippe Richard de poser un regard singulier sur les collections des deux musées et dʼen faire une exposition, lʼartiste installant ou créant des œuvres en contrepoint ou en écho aux œuvres choisies. Le titre «Autre pareil» est librement inspiré du premier poème que Samuel Beckett a écrit en français. Samuel Beckett était par ailleurs le secrétaire de son compatriote James Joyce dont il sera question dans ce projet.
Derrière chaque œuvre, chaque objet, il y a des personnes, des gens qui les ont créés, imaginés, construits, des gens qui les ont utilisés, des gens qui ont été représentés. Philippe Richard a cherché du côté du voyage, de lʼOdyssée, dʼUlysse. Il a entrevu une déambulation particulière, une dérive, transformant lʼespace du musée en un long parcours autant physique que mental, imaginant Stephen Dedalus, personnage principal dʼUlysse de James Joyce zigzaguant, tentant de rentrer chez lui.
Chaque salle est pensée comme un chapitre dʼune histoire non encore écrite. La lecture se veut multiple, adaptée aux intérêts de chacun. Il y a par exemple la présence récurrente des animaux. On les retrouve partout, représentés dans des peintures, sculptés dans des matériaux les plus divers, empaillés. Ils nous surprennent tout comme les œuvres, autres et pareilles.
Outre celle de lʼaltérité, la question principale consiste à chercher une forme. Une forme qui, telle une énigme, en appelle une autre et une autre encore. Aussi, Philippe Richard a entrepris la construction de neuf objets se trouvant dans les neuf salles dʼexposition. Ces œuvres de tailles modestes (des structures cubiques de 60 cm de côté) se retrouvent exposées avec les objets de la collection. Elles fonctionnent comme la solution de lʼénigme, du rébus, de la question. Elles sont à la fois lʼintroduction et la conclusion dʼun chapitre.
La Couleuvre, lieu d’exposition pour l’art contemporain
Philippe Richard est le cofondateur de la Couleuvre[1], un lieu d’exposition pour l’art contemporain situé à Saint-Ouen. La Couleuvre existe depuis 2012. Les expositions fonctionnent sous forme de cartes blanches données à des artistes « commissaires » chargés d’imaginer un projet et d’inviter d’autres artistes à exposer. La Couleuvre essaie aussi de défendre le travail des artistes femmes en proposant des expositions personnelles. Ainsi, des artistes telles que Christelle Familiari, Elsa Tomkowiak, Anne-Marie Cornu ou Margaret Dearing ont pu montrer leur travail. La couleuvre organise aussi des séances de projections de vidéos et de films rares. Les autres membres du collectif sont Frédérique Lucien (cofondatrice), Elina Löwensohn, Olivier Soulerin et Bertrand Mandico.
Les éditions d’artistes, RAUO, depuis 2007
Depuis 2007, Philippe Richard fabrique régulièrement des livres d’artiste dans son atelier sous le nom de RAUO[2]. Il se joue des divers codes du livre d’artiste, reprenant des formes existantes devenant autant d’hommage ou commentaires vis-à-vis du modèle revisité. Le livre est envisagé comme un espace autonome, fragment d’une pensée visuelle en perpétuel mouvement.
Les trois dernières parutions : Fiascos, 2015 (25 exemplaires), Yveto, donc, vaut Constantinople, 2015 (750 exemplaires), Epidémental, 2014 (500 exemplaires).
Friville Éditions
Philippe Richard a participé à la création de Friville Éditions[3], une association consacrée à l’édition de « catalogue d’artiste » en compagnie des artistes Dominique De Beir, Denis Pondruel et Vincent Côme. Depuis, l’artiste Catherine Larré, et l’architecte Jean-François Provost, puis, plus récemment Francine Petit, ont rejoint les quatre membres fondateurs. Parmi les projets éditoriaux, plusieurs collections ont vu le jour, dont les « Blocs » et depuis peu les « Atmosphères de transformation papier » faisant suite aux expériences d’invitation et d’accrochage autour du processus de création.
Principales expositions
2016
Dé-faire, ART SEQUANA, galerie 65 de l'ESADHaR, Le Havre
2015
Refaire surface, galerie Municipale Jean Collet, Vitry-sur-Seine
événements certains, galerie Bernard Jordan, Paris
Laumeier (38° 32′ 56.45″ N / 90° 24′ 54.56″), Laumeier Sculpture Park, Saint-Louis, Missouri, USA
Bibliographie
Livres ou catalogues d’expositions
Théorie et pratique des arts, L'œuvre picturale au-delà des limites inhérentes à la vue, Publications de l'Université de Provence, texte de Jean-Claude Le Gouic, fr, 2007, Aix-en-Provence, 380 pages, (ISBN978-2-85399-667-9), collection arts
Hibrid, Regards croisés sur la peinture en France, Éditions des Riaux,texte de Karim Gaddhab, fr, 2007
Plaquette : "Philippe Richard", Painting outside the Lines, Laumeier Sculpture Park, texte de Kim Humphries, en, 2006, Saint-Louis, 6 pages, (ISBN978-0-940337-16-9)
Catalogue : Antipersonnelle, La valse des châssis, L'H du Siège, texte de Pierre Giquel, fr/en, de, 2006, Valenciennes et Nanterre, 48 pages, (ISBN2-913681-30-1)
L'art contemporain en France, Flammarion, textes de Richard Leydier et Catherine Millet, fr, 2005, nouvelle édition
Catalogue : Philippe Richard, le bord du monde n'existe pas, La peinture, à la limite, Red District, texte de Karim Gaddhab, fr/en, , Marseille, 24 pages, (ISBN2-84502-007-4)
Catalogue: Peintures françaises, Fratelli Palombi Editori, texte de Alfred Pacquement, fr/ it, 1997, 2008 Villa Medicis, Rome, 92 pages
Articles de presse et revues
Le Midi Loisirs: " À Nîmes, la peinture de Philippe Richard sort du tableau", texte de Stéphane Céri, fr, , |no 160
La Gazette: "Philippe Richard: disques, lignes et débordements", texte de Hélène Fabre, fr, du 18 au , no 485
magazine internet: "L'abstraction garde le sens des réalités", Poptronics, texte de Marion Daniel, fr,
STL Today: "Laumeier exhibition", Visual Art, texte de David Bonetti, en,