Paul Kaba Thiéba commence ensuite son parcours professionnel dans la finance à la Caisse des dépôts et consignations, toujours en France, avant de venir à Dakar, en 1993, pour travailler à la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), dont son père a été l'un des dirigeants. En septembre 1998, il est nommé chef du service des changes à la BCEAO. Entre et , il est directeur adjoint des opérations financières. En , il obtient le poste de directeur des opérations financières qu'il occupe jusqu'en . Entre et , il est conseiller du directeur du département des affaires générales puis à partir de , conseiller du directeur général des opérations[3].
Politique
Entre et sa nomination comme chef du gouvernement, Paul Kaba Thiéba rentre au Burkina Faso, à 54 ans, et y devient administrateur délégué du fonds de stabilité financière de l'Union monétaire ouest-africaine[3]. Fin , un an après le soulèvement populaire qui provoque le départ de Blaise Compaoré, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) du président Roch Marc Christian Kaboré remporte les élections générales[4]. Il est nommé Premier ministre le et met en place son équipe gouvernementale[5],[6]. Paul Kaba Thiéba est alors un inconnu du grand public, sa nomination se base sur son profil d'économiste, afin de lutter contre les problèmes économiques et sociaux du Burkina Faso[7].
La question sécuritaire rapidement s'impose au nouveau gouvernement, avec un attentat à Ouagadougou mené par Al-Qaïda au Maghreb islamique, qui provoque 30 morts et 150 blessés, un peu plus d'une semaine après la nomination du nouveau gouvernement[7]. Le terrorisme reste alors un problème récurrent tout au long des mandats de Premier ministre de Thiéba, avec un autre attentat de Ouagadougou le , et des prises d'otages régulières commises par des djihadistes que les forces de sécurité burkinabés ne parviennent pas à enrayer[7]. La dernière sous le mandat de Thiéba a lieu trois jours avant sa démission, le , avec l'assassinat d'un ressortissant canadien et l'enlèvement de six autres[7]. De plus, les tensions ethniques et représailles aux attaques djihadistes entraînent des violences supplémentaires, comme lors du Massacre de Yirgou, où le meurtre de six civils mossis par des djihadistes peuls, le , entraîne des représailles de la part de miliciens mossis qui massacrent 43 civils peuls le .
Le , le gouvernement est remanié[8]. Le nouveau gouvernement est confronté à une atmosphère de fronde sociale et plusieurs mouvements sociaux[7]. Cela provient du chômage massif, notamment au sein de la jeunesse qui représente trois-quarts de la population du Burkina Faso, et du mécontentement au sein des services publics[7].
Le , Paul Kaba Thiéba annonce sa démission et celle de son gouvernement, sans en expliquer les raisons[7]. Le président Kaboré l'accepte, tout en exprimant « toute sa reconnaissance au Premier ministre et à l'ensemble de ses ministres pour leur engagement au service de la nation[7] ». Si aucune explication n'est donnée, sa démission survient une semaine après le limogeage du chef d'état-major général des armées, alors que l'opposition réclame depuis plusieurs mois la démission de plusieurs ministres[7]. De plus, le président Kaboré voudrait donner « un second souffle » au gouvernement afin de pouvoir faire face aux mouvements sociaux dans les services publics[7].