Entamée avec l'édification de la Bibliothèque nationale de France dans les années 1990, cette opération d'urbanisme, la plus importante à Paris depuis Italie 13 et le Front-de-Seine, s'est poursuivie avec la construction d'immeubles d'habitation et de bureaux. L'axe principal de Paris Rive Gauche est la nouvelle avenue de France et l’avenue Pierre-Mendès-France qui longent ou surplombent les voies ferrées. Ce secteur neuf de la capitale, qui doit recouvrir les voies ferrées, est surélevé par rapport à la Seine d'un côté et aux parties anciennes environnantes des quartiers où il est implanté (par exemple, la rue du Chevaleret) de l'autre.
La ZAC Paris Rive Gauche comporte huit secteurs opérationnels pour chacun desquels les prescriptions urbaines et architecturales sont établies par une équipe dirigée par un architecte coordonnateur :
Un neuvième secteur serait l'axe de l'avenue de France, traitée de manière homogène sur ses 2,5 km de longueur par Jean-Michel Wilmotte. L’opération d'urbanisme est de type ZAC (zone d'aménagement concerté). Son champ d'action est divisé en cinq secteurs :
le secteur Tolbiac (architecte coordonnateur : Roland Schweitzer), du boulevard Vincent-Auriol à la rue de Tolbiac : l’édifice-phare de ce secteur est la Bibliothèque nationale de France, entourée par des logements, des bureaux et des équipements de loisir (cinémas, restaurants). Ce secteur est en grande partie terminé, sauf pour ce qui est de la couverture des voies ferrées, en cours de réalisation.
Au début des années 1990, cette zone était occupée par des terrains industriels dont certains étaient désaffectés, entre autres Les Frigos, anciens entrepôts frigorifiques de la SNCF reconvertis en ateliers d'artistes, des installations ferroviaires, dont la Gare de Paris-Tolbiac spécialisée dans le service auto-train en direction du Sud-Ouest de la France jusqu'en 2001, ainsi que par quelques immeubles d'habitation.
Le Conseil de Paris a approuvé en 1991[3] le plan d'aménagement de zone de la ZAC « Seine Rive Gauche » (renommée officiellement « Paris Rive Gauche » en 1996), qui est le dernier grand projet urbain initié par Jacques Chirac, comme maire de Paris.
Les premiers logements sont livrés en 1996. La même année, la Bibliothèque nationale de France et le pont Charles-de-Gaulle entrent en service. Les premiers commerces ouvrent en 1997. Puis c'est l'arrivée de la ligne 14 de métro et des premières entreprises (1998), le démarrage des travaux dans la partie sud (2000), le premier tronçon de l'avenue de France est construit (2001), le collège Thomas-Mann (2002), la Cité de l'Image et du Son MK2 (Jean-Michel Wilmotte et Frédéric Namur, 2003). Dans les années qui suivent, de nombreux immeubles de bureaux entrent en fonction.
Le , une poutre en béton de 400 tonnes du chantier s'effondre dans la nuit sur les voies de la ligne C du RER d'Île-de-France dans le secteur Tolbiac[4],[5].
En 2022, un rapport de la chambre régionale des comptes fait une analyse de l'avancée des travaux et réévalue le coût global à 1,4 milliard d'euros[3]. Une nouvelle échéance de fin des travaux est estimée probable pour 2032, soit une quarantaine d'années[3].
Quelques-uns des projets
Réhabilitation de la gare d'Austerlitz
La gare de Paris-Austerlitz, étant la seule gare parisienne capable de supporter une augmentation importante de trafic, fait depuis 2011 l'objet d'un vaste projet de réhabilitation, préalable à une éventuelle arrivée d'une future ligne à grande vitesse[6],[7]. L'implantation d'un parc entre la gare et l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière est aussi à l'état de projet pour combler cet espace[8].
Les tours Duo
Situés à l’angle de la rue Bruneseau et du boulevard du Général-d'Armée-Jean-Simon, deux édifices emblématiques formant un grand V, l'un de 180 m et l’autre de 122 m de haut, composent le programme « Duo », conçu par les Ateliers Jean Nouvel et porté par les partenaires investisseurs québécois Ivanhoé Cambridge / Hines. Cette réalisation est dédiée aux bureaux et activités, aux commerces et à un hôtel[9]. Les travaux débutent en 2017[10], et se terminent en 2021[11].
Projet d'implantation du tribunal de grande instance de Paris
L'implantation du tribunal de grande instance de Paris dans la ZAC Paris Rive Gauche avait été envisagé. L’État souhaitait qu'il occupe la Halle Freyssinet, le long de la rue du Chevaleret, tandis que la ville de Paris, à la suite d'une mobilisation des habitants emmenés par l'association TAM-TAM, privilégiait un autre emplacement, dans le secteur appelé Masséna Bruneseau, entre le boulevard des Maréchaux et le périphérique. Finalement, aucun accord n'a été possible et le tribunal de grande instance a été implanté dans une tour, le Tribunal de Paris, dans la ZAC Clichy-Batignolles.
Patrimoine
Même si l'opération relève en de nombreux endroits de la table rase, Paris Rive Gauche conserve des marques de son passé industriel. Certains bâtiments sont conservés. D'autres risquent de disparaître ou d'être en grande partie modifiés afin d'être intégrés dans l’opération d'aménagement et ses environs.
Les Frigos : ancienne Gare frigorifique de Paris-Ivry (1919-1971), puis anciens entrepôts frigorifiques de la CEGF (Compagnie des Entrepôts et Gares Frigorifiques, racheté en 1994 par Frigoscandia) situés le long de la rue de Tolbiac. Ils sont occupés par des dizaines d'artistes depuis le début des années 1980. L'immeuble est reconnaissable aux fresques qui couvrent sa façade.
Les Grands Moulins de Paris : situés le long de la Seine dans le quartier de la Gare, ils ont été endommagés par un incendie mais ont été restaurés et intégrés dans l'université Paris-Diderot devenue Université de Paris[12]. Ils accueillent une bibliothèque universitaire, une cafétéria, des locaux d'enseignement et des bureaux (ouverture partielle en )[12].
la halle aux farines voisine est depuis un bâtiment d'enseignement (amphithéâtres, salles de travaux dirigés et de travaux pratiques) de cette université (architecte Nicolas Michelin).
La Halle Freyssinet, Station F : vaste halle en béton armé à trois travées jouxtant les voies ferrées d'Austerlitz, elle a été exploitée par le Sernam (Service national des messageries) jusqu'en 2006. Elle resta à l'abandon jusqu'au jour où sa réhabilitation fut envisagée, lorsque l'État décida d'implanter le nouveau TGI dans ce secteur. Le projet fut abandonné et la SNCF a loué la Halle à une société d’événementiel pour une durée de 5 ans. Celle-ci a effectué quelques travaux de rénovation sommaires afin de conserver le bâtiment en assez bon état pour accueillir le public. La halle a été inscrite au titre des monuments historiques le . En 2017 ouvre un incubateur numérique nommé Station F après le rachat de l'édifice par Xavier Niel, avec le soutien de la Mairie de Paris[13].
↑Luc Le Chatelier, « Paris Rive Gauche, un quartier qui cache bien ses dessous », Télérama, (lire en ligne)
↑ ab et cEmeline Cazi et Denis Cosnard, « L’aménagement de la ZAC Paris Rive gauche coûtera au moins 1,4 milliard à la ville », Le Monde, (lire en ligne)
↑« SNCF : une poutre de 400 tonnes s'effondre sur les rails du RER », France Bleu, (lire en ligne)
↑« RER C: une poutre en béton s’effondre sur les voies, le trafic interrompu sur la ligne », BFM TV, (lire en ligne)
↑« Les tours Duo à Paris, dans le 13e, futur siège de Natixis », Les Échos, (lire en ligne)
↑Emeline Cazi et Rafaël Yaghobzadeh, « A l’ombre des tours Duo, censées reconnecter Paris et sa banlieue », Le Monde, (lire en ligne)
↑ a et bGrégoire Allix, « Paris-Rive gauche : un nouveau Quartier latin », Le Monde, (lire en ligne)
↑Audrey Fournier, « La Halle Freyssinet, futur vaisseau amiral de l'innovation à la française », Le Monde, (lire en ligne).
Annexes
Bibliographie
Elsa Vivant et François Ascher (directeur de thèse), Le rôle des pratiques culturelles off dans les dynamiques urbaines (Thèse pour obtenir le grade de Docteur de l'Université Paris 8 - discipline : urbanisme, aménagement et études urbaines), Paris, Université Paris 8 - Vincennes Saint-Denis, , 421 p. (lire en ligne [PDF]), chap. 2 (« Vers l'instrumentalisation de la culture off dans les politiques urbaines ? »), p. 105-144 (II Les Frigos : de la résistance à la négociation).
Coup fourré rue des Frigos, Yves Tenret et Alain Amariglio, Éditions de la Différence, coll. « Noire », 2016, 314 p. (ISBN978-2-7291-2261-4).