L’opération Athéna est la contribution des Forces armées canadiennes à la Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS) lors de la guerre d'Afghanistan. L'opération fut divisée en deux phases : la première se déroula de juillet 2003 à juillet 2005 dans la région de Kaboul et la seconde d'août 2005 à décembre 2011 dans la région de Kandahar. L'objectif global de l'opération était d'améliorer la sécurité et la gouvernance de l'Afghanistan. L'opération Athéna à Kandahar a constitué la plus longue mission de combat de l'histoire des Forces armées canadiennes[1]. Avec près de 40 000 militaires canadiens qui sont passés à un moment ou à un autre dans le pays, souvent plusieurs fois, il s'agit du plus grand déploiement des Forces armées canadiennes depuis la Seconde Guerre mondiale[2].
L'opération militaire en Afghanistan s'inscrivait dans le cadre d'un effort pangouvernemental[6]. En effet, le Canada est l'un des principaux donateurs internationaux en Afghanistan et plusieurs autres ministères y étaient impliqués aux côtés du ministère de la Défense nationale[7].
Rôle
L'objectif de l'opération Athéna était de porter assistance au gouvernement afghan afin de lui permettre de mieux gouverner dans un environnement plus stable[1]. Elle consista à déployer 5 300 soldats canadiens en Afghanistan, au sein d'une coalition formée par une quarantaine de pays[3],[8]. Dans ce cadre, le volet correspondant à la lutte contre les insurgés, et plus largement au maintien et au développement de la sécurité, était pris en charge par la FIAS, dont le Canada était le cinquième pays en termes d'effectif après les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne[8].
L'équipe provinciale de reconstruction (EPR)[N 1] de la province de Kandahâr, l'une des 27 EPR en Afghanistan, était sous la responsabilité canadienne durant la seconde phase de l'opération Athéna. L'EPR de Kandahar comportait des diplomates, des ingénieurs, des policiers, des agents correctionnels et des militaires[9]. Elle servait de représentant du gouvernement afghan auprès des autorités locales de la province[1].
Histoire
L'opération Athéna commença le 17 juillet 2003 dans la région de Kaboul lorsque le brigadier-généralPeter Devlin fut affecté au commandement de la brigade multinationale de la FIAS, le déploiement de troupes commençant effectivement le 19 juillet avec un groupement tactique formé autour du 3e Bataillon du Royal Canadian Regiment[1]. La FIAS devint une coalition dirigée par l'OTAN le 11 août 2003[10]. Le même jour, le major-généralAndrew Leslie fut nommé commandant adjoint de la FIAS[1]. L'ambassade canadienne à Kaboul fut également ouverte en août 2003[11]. Le rôle principal de la FIAS en 2003 était d'établir et de maintenir la sécurité à Kaboul alors que la nouvelle constitution était rédigée par la Loya Jirga marquant la fin du régime taliban[1],[3]. Le 9 février 2004, le lieutenant-généralRick Hillier fut nommé commandant de la FIAS[1]. À cette date, les effectifs canadiens représentaient 40 % de la FIAS[3]. L'année 2004 fut marquée par les premières élections démocratiques en Afghanistan le 9 octobre 2004, dont la FIAS avait la charge d'assurer le bon déroulement[1].
En 2005, les efforts de la FIAS commencèrent à s'étendre à l'extérieur de Kaboul. La seconde phase de l'opération Athéna commença avec le déploiement d'un groupement tactique formé autour du 2e Bataillon du Royal Canadian Regiment à Kandahar en août 2005. Celui-ci forma la Force opérationnelle - Kandahar en prenant la relève de la force opérationnelle américaine déployée dans cette région dans le cadre de l'opération Enduring Freedom[1],[12]. Ainsi, les Forces canadiennes jouèrent un rôle important dans l'une des régions les plus dangereuses de l'Afghanistan[13]. Cette seconde phase constitua la première participation des Forces canadiennes à une opération outre-mer en tant que composante d'un déploiement pangouvernemental[1].
En effet, en 2006, les objectifs globaux principaux des opérations de la FIAS furent définis dans un pacte pour l'Afghanistan(en). Ceux-ci comprenaient la sécurité, la gouvernance, la primauté du droit, les droits de la personne et le développement économique[1],[14],[15]. Afin de mener à bien ces objectifs, le gouvernement canadien décida d'inclure des éléments civils dans le déploiement à Kandahar ; ceux-ci incluaient entre autres des diplomates, des agents correctionnels et des agents de développement[1]. La majorité du personnel civil de l'opération Athéna faisait partie de l'équipe provinciale de reconstruction établie au camp Nathan Smith près de Kandahar ; le Canada en avait pris la responsabilité en août 2005[1],[9]. Le ministre de la Défense nationale avait annoncé, en février 2005, l'augmentation de l'effectif militaire en Afghanistan de 600 à 1 100 soldats pour l'établissement de l'EPR à Kandahar[16]. Le Canada a également fourni du personnel médical tant militaire que civil à l'hôpital de rôle 3 de l'aérodrome de Kandahar, un hôpital effectuant des chirurgies, de février 2006 à décembre 2011 ainsi que son équipe de commandement de février 2006 à août 2008[1],[17].
De mai à novembre 2006, le Canada pris le commandement de la brigade multinationale du Commandement du Sud[13]. En septembre 2006, se déroula l'opération Medusa dans le cadre de la deuxième bataille de Panjwaye qui vit les Forces canadiennes mener une offensive importante contre les talibans[13]. Le 1er Bataillon du Royal Canadian Regiment fournissait la majorité des troupes pour cette opération. Douze soldats canadiens furent tués au cours de cette bataille, la plus meurtrière pour le Canada depuis la guerre de Corée, et 512 talibans furent tués et 136 capturés[18].
En 2007, un rapport d'examen de mi-mandat de la mission canadienne en Afghanistan a été rédigé sous la direction de John Manley. À la suite de ce rapport, des renforts ont été demandés à la FIAS et fournis par les Américains afin d'amener la Force opérationnelle - Kandahar à la taille d'une brigade et une escadre aérienne a été créée et déployée afin de fournir du transport par hélicoptères et des aéronefs sans pilote[1],[19]. De plus, le commandement de l'équipe provinciale de reconstruction a été transféré aux autorités civiles et la position de représentant du Canada à Kandahar a été créée[1],[20],[9],[21]. L'escadre aérienne commença ses opérations le 6 décembre 2008 et était connue sous le nom de « Force opérationnelle Silver Dart » en Afghanistan[19].
En 2008, le Canada entreprit la réparation du barrage Dahla sur la rivière Arghandab[22]. Le barrage avait été construit dans les années 1950 et n'a été que peu entretenu depuis, entraînant des pénuries d'eau pour la population de la province de Kandahâr et nuisant à la production agricole[23]. Un pont en béton armé a été construit pour remplacer le pont suspendu afin de permettre à la machinerie lourde d'accéder au barrage. Le projet de construction du barrage fournissait plus de 2 000 emplois en juin 2010[22]. Le projet de 50 millions de dollars est géré par les firmes SNC-Lavalin et Hydrosult[22]. En août 2010, la responsabilité de la sécurité et de la gestion du camp Nathan Smith a été remise aux États-Unis, mais les responsabilités civiles des programmes de développement demeurèrent au Canada jusqu'à l'été 2011[1].
Le 7 juillet 2011, lors de la rotation 10 à Kandahar, la zone de responsabilité des Forces canadiennes dans la province de Kandahâr a été transmise à l'Armée de terre des États-Unis marquant ainsi la fin de la mission de combat des Forces canadiennes en Afghanistan[1]. L'escadre aérienne a mis fin à ses activités le 18 août 2011[1],[19]. La rotation 11 portait le nom de Force opérationnelle de transition de la mission (FOTM)[24]. Elle avait pour rôle de clore les activités des Forces canadiennes à l'aérodrome de Kandahar[1]. Le commandant de la FOTM, le brigadier-général Charles Lamarre, fut le dernier militaire canadien à quitter la région de Kandahar le 15 décembre 2011, marquant la fin officielle de l'opération Athéna et la fin de l'engagement du Canada en tant que combattant en Afghanistan[13],[25]. Cependant, avec la fin de l'opération Athéna commença l'opération Attention dans la région de Kaboul qui correspond à la contribution des Forces canadiennes à la mission de formation de l'OTAN en Afghanistan (MFO-A)[26].
Depuis le début de l'engagement en 2002, 162 Canadiens, dont 158 militaires des Forces canadiennes, perdirent la vie en Afghanistan[27]. Au total, 635 membres des Forces canadiennes ont été blessés au combat et 138 ont été tués au combat en Afghanistan entre avril 2002 et décembre 2011[28].
Rotations
Les groupements tactiques formés autour d'un bataillon d'infanterierégulier effectuaient des rotations normalement d'une durée de six mois en Afghanistan.
↑Les EPR ont pour but d'aider le gouvernement afghan à reconstruire le pays grâce à des projets de développement, à étendre son autorité et à fournir des services aux citoyens.
↑Conseil de sécurité des Nations unies, Résolution 1386 (2001), document consulté en ligne le 4 janvier 2012
↑Le terme « pangouvernmental » est utilisé au Canada comme adjectif pour qualifier ce qui est entrepris par plus d'un gouvernement et plus d'un ministère.
↑Projets de développement sur le site de l'engagement du Canada en Afghanistan, page consultée le 8 janvier 2011
↑ a et bL'engagement du Canada, Radio-Canada, 31 octobre 2008, page consultée le 12 janvier 2012
↑(en) History« Copie archivée » (version du sur Internet Archive) sur le site de la Force internationale d'assistance à la sécurité en Afghanistan, page consultée le 4 janvier 2012
↑(en) Conférence internationale sur le développement de l'Afghanistan à Londres, The Afghanistan Compact, 1er février 2006, document consulté en ligne le 4 janvier 2012
↑Le pacte pour l'Afghanistan sur le site de l'engagement du Canada en Afghanistan, page consultée le 5 janvier 2012
(en) Chris Wattie, Contact Charlie : the Canadian Army, the taliban and the battle that saved Afghanistan, Toronto (Ontario), Key Porter Books, .
(en) Christie Blatchford, Fifteen days : stories of bravery, friendship, life and death from Inside the new Canadian Army, Toronto (Ontario), Doubleday, .
(en) Lee Windsor et David Charters, Kandahar Tour : The Turning Point in Canada's Afghan Mission, Wiley, , 316 p. (ISBN978-0-470-15761-9).
(en) Rusty Bradley, Lions of Kandahar : the story of a fight against all odds, New York, Bantham Books, .
(en) Ryan Flavelle, The Patrol : Seven Days in the Life of a Canadian Soldier in Afghanistan, HaperCollins Canada, , 272 p. (ISBN978-1-4434-0719-9, lire en ligne).
(en) Sean Michael Maloney, Fighting for Afghanistan : a rogue historian at war, Annapolis (Maryland), Naval Institute Press, .
Liens externes
Opération Athéna sur le site du Commandement de la Force expéditionnaire du Canada
La version du 23 octobre 2012 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.