Office central SS pour l'économie et l'administration

Office central SS pour l'économie et l'administration
Le Reichsführer Heinrich Himmler inspecte des travaux en bâtiment qui furent réalisés par des prisonniers en travaux forcés en 1940.
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DEST, Kommandantur (d), Standortverwaltung (d), Schutzhaftlagerführung (d), Institute for Typhus and Virus Research, Buchenwald (d), Inspection des camps de concentrationVoir et modifier les données sur Wikidata
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L’Office central SS pour l'économie et l'administration, en allemand SS-Wirtschafts-Verwaltungshauptamt (WVHA) est une institution créée par le régime nazi et chargée de la gestion des finances, de l'intendance et des opérations commerciales de la SS. Il dirigeait également les camps de concentration nazis et joua un rôle déterminant dans l'organisation du travail forcé et dans l'extermination des Juifs d'Europe.

Population concentrationnaire et travail forcé

À l'origine, le travail des déportés dans les camps de concentration nazis n'a pas de réelle visée productive ou économique. Certes, des détenus peuvent être affectés à la construction de baraquements, à la cuisine ou à des corvées de fonctionnement du camp, mais les travaux forcés sont surtout composés de tâches inutiles, répétitives et abrutissantes destinées à briser le physique et le moral des déportés. Le cours de la guerre amène les autorités allemandes, et notamment la Direction de la SS pour le Reich (Reichsleitung-SS) à évoluer. À partir de 1937-1938, la Kripo et la Gestapo, qui organisent les arrestations, prennent en compte les capacités de travail des futurs détenus lors des procédures d'internement. Le choix des sites concentrationnaires commence à prendre en compte des considérations économiques. Enfin, en 1938-1939, la Reichsleitung-SS organise, sous l'impulsion d'Oswald Pohl, une véritable activité économique fondée sur l'exploitation directe (création d'entreprises) et indirecte (mise à disposition de déportés) de la main-d'œuvre concentrationnaire[1].

Organisation

Oswald Ludwig Pohl (30 juin 1892-7 juin 1951), SS Obergruppenführer et général de la Waffen-SS. A la tête du WVHA, Pohl a été l'architecte du système d'exploitation de la main-d'œuvre concentrationnaire au profit de l'effort de guerre nazi. Lors du procès de Nuremberg, il a été condamné à mort, puis exécuté.

L'organisation du travail forcé à visée économique sous le régime nazi doit beaucoup à Oswald Pohl, un protégé de Himmler arrivé rapidement aux sommets de l'État-SS avec le grade d'SS-Obergruppenführer. Pour lui, l'intérêt de la détention est purement économique : l'exploitation de la main-d'œuvre concentrationnaire prime sur toute autre considération. Par décret du 20 avril 1939, son bureau est élevé au rang d'Office central d'administration et d'économie (Hauptamt verwaltung und Wirtschaft ou HVW). Le même décret lui confie également la direction de l'Office central budget et bâtiment ( Hauptamt Haushalt und bauten ou HHB) au ministère de l'Intérieur.

Le 1er février 1942, la fusion des deux bureaux (HVW et HHB), donne naissance à l'Office central d'administration économique de la SS, le SS-WVHA. À partir de ce moment, la gestion des camps de concentration est profondément modifiée et ceux-ci se transforment en véritables entreprises de location de main-d'œuvre.

Otto Georg Thierack, alors ministre de la Justice, résume la philosophie du régime par l'expression « Vernichtung durch arbeit » (l'extermination par le travail).

« ... la guerre a manifestement changé la structure des camps de concentration et modifié fondamentalement leurs tâches à l’égard de l’utilisation des détenus. La garde des détenus pour les seules raisons de sûreté, de redressement ou de prévention, n’est plus au premier plan. Le centre de gravité s’est maintenant déplacé vers le côté économique. Il faut mobiliser la main-d'œuvre détenue d’abord pour les tâches de la guerre… Le commandant du camp est seul responsable du travail effectué par les travailleurs, ce travail doit être, au vrai sens du mot, épuisant, pour qu’on puisse atteindre le maximum de rendement… Le temps de travail n’est pas limité, la durée dépend de l’organisation du travail dans le camp et est déterminée par le commandant du camp seul. [...] Tout ce qui pourrait abréger la durée du travail (temps de repas, appel, etc.) doit être réduit au strict minimum. Les déplacements et les pauses de midi, de quelque durée que ce soit ayant pour seul but le repas sont interdits. »

— Oswald Pohl, chef de l’Office central économique et administratif.

Lettre à Heinrich Himmler, 30 avril 1942.

(Document R129 numéro RF 348 - Archives du procès de Nuremberg)

Armements, équipements, bases sous-marines, chantiers navals, mines, chimie, pétrochimie, fortifications, construction, déblaiement, déminage... tous les secteurs de l'effort de guerre accèdent, à travers des contrats passés avec la SS, à cette main-d’œuvre gratuite, corvéable, renouvelable et interchangeable, mise à la disposition de l’économie de guerre du Reich[2].

Structure

Le WVHA compte cinq départements principaux :

  • Amtsgruppe A, Administration des troupes : Affaires juridiques et financières, dirigé par August Frank
  • Amtsgruppe B, Économie des troupes : Approvisionnement et équipement, dirigé par Georg Lörner
  • Amtsgruppe C, Construction : Constructions et travaux, dirigé par Hans Kammler
  • Amtsgruppe D, Camps de concentration, dirigé par (Richard Glücks). Anton Kaindl y est chef du bureau IV, avant d'être nommé commandant du camp de Sachsenhausen en 1942[Note 1].
  • Amtsgruppe W, Affaires économiques, dirigé par Oswald Pohl

Le WVHA est également impliqué dans de nombreuses opérations commerciales, qui font suite à des initiatives remontant au milieu des années 1930. Y comptent des individus tel que Friedrich Engelke (1900-1981, Hanovre), responsable à Paris[3].

L'exploitation économique de la Shoah

Le WVHA, en collaboration avec le ministre de l'Économie Walther Funk, supervise les aspects financiers de la Shoah. Sous sa responsabilité, les déportés sont dépouillés de tous leurs objets de valeur : montres, bijoux, lunettes, argent en espèces et même dents en or arrachées aux cadavres. Les objets sont envoyés à la Reichsbank afin d'alimenter les finances de la SS[4]. Même les cheveux des déportées sont commercialisés pour être transformés en feutre[5]. Entre et , 76 convois du WVHA arrivent à Berlin.

En 1947, lors du procès Pohl à Nuremberg, l'importance des activités du WVHA, qui ont brassé des millions de Reichsmark, est mise en évidence, notamment sur la base des notes échangées entre Odilo Globocnik et Heinrich Himmler[4].

Notes et références

Notes

  1. Ce département compte notamment Hermann Pook (de) chargé de l'or dentaire récupéré sur les prisonniers dans les camps de concentration.

Références

  1. Michel Fabréguet, « Une entreprise concentrationnaire SS. La société des terres et pierres allemandes (1938-1945) », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 54, no 1,‎ , p. 51–60 (DOI 10.3406/xxs.1997.3630, lire en ligne, consulté le )
  2. « Economie de guerre : Contribution de Neuengamme », sur Neuengamme (consulté le )
  3. Hervé Bentégeat et Patrick Bonazza, « Ombres et lumière », Le Point,‎ (lire en ligne).
  4. a et b « Nuremberg Trial Proceedings Volume 20, Day 195, Aug 5 1946 »
  5. Betty Truck et Robert-Paul Truck, Médecins de la honte: La vérité sur les expériences médicales pratiquées à Auschwitz, (Presses de la Cité) réédition numérique FeniXX, (ISBN 978-2-258-18687-3, lire en ligne)
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « WVHA » (voir la liste des auteurs).

Annexes

Bibliographie

  • (de) Jan Erik Schulte, Zwangsarbeit und Vernichtung: Das Wirtschaftsimperium der SS. Oswald Pohl und das SS-Wirtschafts-Verwaltungshauptamt 1933–1945, F. Schöningh, , 555 p.
  • (de) Frank Flechtmann, « Das SS-Führungshauptamt in der Kaiserallee 188 », in Arbeitskreis Wilmersdorf (éds), Wilmersdorf Ansichten, 2003, p.170–207

Articles connexes