Notre-Dame de Lorette est le nom sous lequel la Vierge à l'Enfant est vénérée par les chrétiens lorsqu’il est fait référence à la Sainte Maison de Lorette (couramment nommée La Santa Casa en italien, ou Holy House en anglais), maison supposée réelle où les fidèles croient que Jésus-Christ fut conçu par le Saint-Esprit en la Vierge Marie. Sa fête a été fixée au 10 décembre[1].
Notre-Dame de Lorette évoque donc à un type de représentation de la Vierge à l'Enfant où elle est associée à la Sainte Maison, et ce, dans les différents arts.
Les œuvres d'art s’y référant portent généralement l’un des titres suivant :
Litaniae Lauretanae (Litanies de Lorette)
Madone de Lorette (Madonna di Loreto)
Vierge de Lorette
Transport de la sainte Maison de Lorette (transporto della Santa Casa di Loreto)
Translation de la sainte Maison de Lorette (Traslazione della Santa Casa di Loreto)
Miracle de la sainte Maison de Lorette (Miracolo della Santa Casa di Loreto)
Arts
Musique
Wolfgang Amadeus Mozart a entrepris la visite de la Santa Casa de Loreto en juillet 1770, ce qui lui inspira la composition des Litaniae Lauretanae KV109 en mai 1771 et des Litaniae Lauretanae K195 en mars 1772.
L'icône de Notre-Dame de Lorette, une Vierge à l'Enfant, est reprise à travers les époques par différents artistes :
Représentations de la Madone de Lorette dans la peinture
Dans le seul champ de la peinture, Olivier Maceratesi a recensé[2] au moins deux cents représentations de Madone de Lorette, fresques et tableaux qu’il a classifié selon trois catégories :
Les Madone Maestose (MM), déclinaison représentationnelle de style Roman-byzantin et gothique-byzantin se déployant entre le XIIIe et le XVe siècle.
Les Madone Ecclesiastiche (ME), dont la représentation se fonde sur le récit légendaire de Pier Giorgio Tolomei qui s’étendent sur une période allant de la Renaissance (1472) au Rococo (1743). Les peintres de renom comme Annibale Caracci (le Carrache) en 1605, Pietro Testa en 1633, Domenico Fiasella en 1643 notamment, ont représenté la Vierge de Lorette selon le récit légendaire.
Giambattista Tiepolo représente, entre 1743 et 1745, le transport de la maison dans un tableau ovale conservé à la Gallerie dell'Accademia de Venise[3]. Travail probablement préparatoire à sa fresque la plus monumentale et peut-être la plus géniale, celle du Transport de la sainte Maison pour le plafond de l’église Santa Maria di Nazareth de Venise. Cette dernière sera détruite dans la nuit du par une bombe de l’aviation autrichienne, et remplacé en 1934 par une œuvre d’Ettore Tito.
Des répliques de la Sainte Maison et des édifices religieux en l’honneur de la Madone de Lorette ont été édifiés un peu partout en Italie, mais aussi en Europe. Lorette est une Ville de la Loire, Loretto, une Ville d’Autriche, Loreto est le canton de la province d’Orellana en Équateur et un département du Pérou. L’Ancienne-Lorette, une Ville du Québec, Loretto est un Borough du comté de Cambria en Pennsylvanie aux États-Unis, toutes ses régions, villes ou district ont un lien étroit avec le rayonnement historique de la Santa Casa dans le monde.
En , les troupes napoléoniennes dérobent la statue et les reliques de la Madone de Lorette exposées à l’intérieur de la Santa Casa. À la suite dudit Traité de Tolentino, Un grand nombre des statues en argent du trésor de la Santa Casa sont fondues, des tableaux envoyés à Paris. Une partie des biens dont la statue de la Madone elle-même sera restituée au Vatican en 1801, mais des peintures du Titien, de Bellini, de Guido Reni, de Carracci, Barocci, le Corrège, Andrea del Sarto n’ont jamais regagné la Basilique. Ni même les reliques de la Sainte Vierge, brisées lors du trajet et que Napoléon aurait donné négligemment à Joséphine comme preuve accablante d'une superstition populaire indigne des Lumières.
Au tout début du XIXe siècle, des peintres du mouvement nazaréen réalisent les fresques de plusieurs chapelles de la Basilique de la Santa Casa.
La Santa Casa est victime d'un incendie en 1921. La statue de la Madone est détruite ainsi qu'une grande partie des fresques du XIIIe siècle à l’intérieur de la Santa Casa.
Destruction des fresques du Cesare Maccari, à l'intérieur de la coupole de Loreto.
À l’occasion du Jubilé de l’an 2000, la basilique inférieure ou crypte des Saints Pèlerins, sous la Santa Casa a été remise à jour. La croix processionnelle a été créée par Valeriano Trubbiani et donnée par l’Ordre équestre du Saint Sépulcre de Jérusalem. La porte d’entrée où est représentée l’Annonciation à portes fermées, le Transport de la Sainte Maison et la Vierge lauréate à portes ouvertes, est l’œuvre de Massimo Aranci.
Durant l’année 2019-2020, la coupole a fait l’objet d’une campagne de restauration, tant intérieure qu’extérieure.
En la solennité de la Toussaint, la ville de Lorette (Loreto) est en fête pour l’indiction solennelle de l’Année jubilaire, qui s'est tenue du au . Le Jubilé de Lorette fut initié à l'occasion du centième anniversaire de la proclamation par Benoît XV de Notre-Dame de Lorette comme patronne de tous les aviateurs.
Remparts de Loreto.
Bastion.
Porta Romana.
Fontaine des pèlerins de Carlo Maderno.
Chapelle française de la Basilique de Loreto.
Sarcophage marmoréen de la Sainte Maison.
Salle du Pomarancio.
Œuvres recensées dans la Basilique de Lorette
En 1765, le graveur et dessinateur Charles-Nicolas Cochin, dont l’œil était d’une grande finesse, en atteste la comparaison des deux exemplaires de l’Annonciation du Baroche, recense à l’intérieur de la Basilique les œuvres suivantes[4] :
Peintures
Selon toute vraisemblance, les toiles de Lorenzo Lotto conservées au Louvre (Le Christ et la femme adultère ainsi que l'Adoration de l'Enfant Jésus avec la Vierge Marie et Joseph, Élisabeth et Joachim et trois Anges) ont été exposées dans la Sainte Maison.
La Sainte Famille, avec trois anges, le petit saint Jean, sainte Élisabeth et saint Zacharie
Le Christ et la Femme adultère.
De supposées répliques plus tardives sont demeurées dans la Basilique après une probable acquisition par Louis XIV avant 1683 et un certain M. de La Feuille en 1671. La réplique du Christ et de la femme adultère est aujourd'hui conservée au musée des Beaux-Arts de Nantes à la suite des spoliations napoléoniennes.
Un tableau du Pomarancio dans La Chapelle saint Charles.
Une immaculée conception de Bellini ( ? probablement Filippo) et une Nativité de la Vierge de Giovanni Battista della Marca (Giovanni.Batt. di Monte Nuovo).
Selon Romain Colomb dans son journal d’un voyage en Italie[7], figuraient, dans la Sacristie de la Santa Casa, les tableaux du Scidone (probablement Bartolomeo Schedoni), du Corrège et d’Andrea Del Sarto, ainsi que celui attribué au Guido Reni (le Guide) toujours présent aujourd’hui dans l’Atrium de la Sacristie.
Un certain Antoine Claude Pasquin dit Valéry parle de la présence dans la Basilique de la Santa Casa, dans son récit de voyage historique et littéraire, d’une femme adultère peinte par Titien. Mais le style du Titien alors proche de celui de Giorgione a probablement été confondu avec celui de Lorenzo Lotto.
Pour le Jubilé 2020, le San Rocco de Lorenzo Lotto anciennement exposé dans le musée du Palais apostolique attenant a intégré la Basilique.
Fresques de Pellegrino Aretusi (ou Pellegrino da Modena) pour l’Autel de saint Jean Baptiste.
Fresque de Cristoforo Roncalli dit le Pomarancio pour l’intérieur de la coupole (détruite presque totalement, quelques fragments sont conservés dans le Musée pontifical de la sainte Maison) et les Histoires de la Vie de la Vierge, 1606-1610 pour la salle du Trésor.
Détail. Conversion de saint Paul, Luca Signorelli, Sacristie de la Cure.
Lunette de San Matteo, en terracotta invetriata pour la porte de la sacristie du même nom, 1481.
Lunette de San Luca, en terracotta invetriata pour le porte de la sacristie du même nom, 1481
Lunette de San Giovanni, en terracotta invetriata pour la porte de la sacristie homonyme, 1481 (perdue, aujourd'hui copie en plâtre).
Lunette de San Marco, en terracotta invetriata pour la porte de la sacristie homonyme, 1481 (perdue, aujourd'hui copie en plâtre).
Fiole de la fin XVIe - début XVIIe siècle à l'effigie de la Madone de Lorette
Enseigne se référant au pèlerinage en la Sainte Maison de Lorette
Exemples de gravures et xylogravures du XVIe au XXe siècle
Statue de la Madone de Lorette avec saintes reliques telle que dessinée en 1797 pendant les spoliations napoléoniennes. Le dessin relativement peu réaliste ne laisse pas penser qu’il puisse s’agir d’une statue du Trecento ou du Quattrocento.
Gravure représentant la statue de la Madone de Loreto en 1898, et conforme à une photographie de 1913 de la statue par Edward Hutton. Ce qui atteste que la statue emportée par Napoléon n’est plus la même que celle exposée avant l’incendie de 1921.
La cheminée François Ier du musée de Cluny
Le photographe français Louis Parnard (1840-1893) a photographié à la fin du XIXe siècle une cheminée renaissance datant de François Ier du musée de Cluny dont le bas-relief supérieur représente deux épisodes de la sainte Maison de Lorette : sa translation depuis Nazareth et son installation sur la colline de Lorette. Elle témoigne de l’importance du culte de la Madone de Lorette dans la France du XVIe siècle. Le musée de Cluny ne recense plus cet objet sur son site, remplacé semble-t-il par une cheminée non historiée du Mans.
↑Olivier Maceratesi, Les Peintures de la Madone de Lorette et du Transport de la Sainte Maison - Deuxième Tentative d'inventaire iconographique, Paris, compte d'auteur, 2020/2021, 80 pages
↑Charles Nicolas Cochin, Voyage en Italie ou recueil de notes sur les ouvrages de peinture et de sculpture qu’on voit dans les principales villes d’Italie. Nouvelle édition., Lausanne, Jean Pierre Heubach, (lire en ligne)
↑(it) Conte Carlo Cesare Malvasia, Felsina Pittrice : Vite de’Pittori Bolognesi, Volume I., Bologne, Guido All'Ancora, , 414 pages (lire en ligne), p.359.
↑Traité de la peinture et de la Sculpture par Mrs Richardson, père & fils. Tome III, Amsterdam, chez Herman Uytwerf, , 759pages, p.629