Noah Webster

Noah Webster
Noah Webster (avant 1843)
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Député à la Chambre des représentants du Connecticut
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New HavenVoir et modifier les données sur Wikidata
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Mercy Steele (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Rebecca Greenleaf Webster (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Emily Webster Ellsworth (d)
Julia Webster Goodrich (d)
Harriet Webster (d)
Mary Webster (d)
William Greenleaf Webster (d)
Eliza Steele Greenleaf Webster (d)
Louisa Greenleaf Webster (d)
Henry Bradford Greenleaf Webster (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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signature de Noah Webster
Signature
Huile sur toile de 81,3 Ă— 69,9 cm, par James Herring, 1833.

Noah Webster, né le à West Hartford et mort le à New Haven, est un lexicographe, réformateur orthographique d'anglais américain, journaliste, écrivain et éditeur américain.

Il a Ă©tĂ© appelĂ© « Le père de l’éducation et de la scolaritĂ© amĂ©ricaine Â». Ses abĂ©cĂ©daires Ă  couverture bleue, qui ont appris Ă  lire et Ă©crire Ă  cinq gĂ©nĂ©rations de petits AmĂ©ricains, ont rendu l’enseignement primaire moins religieux et plus laĂŻc. Aux États-Unis, son nom est devenu synonyme de « dictionnaire Â», surtout du Webster, paru pour la première fois en 1828 sous le titre An American Dictionary of the English Language[1].

Biographie

La maison de Noah Webster à New Haven, où il a rédigé son American Dictionary of the English Language. Elle a été transposée au musée Henry Ford.

Noah Webster est nĂ© dans une famille originaire du Nord-Est : son père Noah Sr. (1722-1813) descendant du gouverneur du Connecticut John Webster, un fermier et un tisserand, qui possĂ©dait une exploitation de trente-cinq ha, Ă©tait juge de paix et diacre de son Ă©glise congrĂ©gationaliste locale, ainsi que capitaine placĂ© sur la « liste d’alarme Â» de la milice locale. Sa mère Mercy (nĂ©e Steele, morte en 1794) descendait du gouverneur de la colonie de Plymouth, William Bradford. Il avait pour frères Charles (nĂ© en 1762) et Abraham (1751-1831), et pour sĹ“urs, Mercy (1749-1820) et Jerusha (1756-1831).

Inscrit en 1774 à l’université Yale, la seule du Connecticut à l’époque, alors qu’il n’a que seize ans, il étudie avec le président de Yale, le savant Ezra Stiles. Ses quatre ans d’université coïncidant avec la Révolution américaine, les pénuries alimentaires l’obligent à suivre nombre de ses cours dans d’autres villes, comme Glastonbury[2]. Il sert dans la milice du Connecticut. Son père ayant hypothéqué sa ferme pour l’envoyer à Yale, celui-ci dut se débrouiller tout seul et n’eut plus rien à voir avec sa famille[3]. À sa sortie de Yale en 1778, il enseigne à Glastonbury, Hartford et West Hartford. Admis au barreau en 1781, il pratique le droit à partir de 1789. Ayant compris que le droit n’était pas de son goût, il s’essaie à l’enseignement, créant plusieurs petites écoles qui ne rencontreront pas le succès escompté.

Brouillon manuscrit du dictionnaire de Webster.

Le cousin de Noah Webster, le sénateur Daniel Webster soumet la loi sur les droits d’auteur proposée par Noah Webster[4]. La révision statutaire du premier amendement de la loi sur les droits d’auteur des États-Unis, la Loi de 1831, résulte de la pression intensive par Noah Webster et ses agents sur le Congrès des États-Unis[5].

Vision politique

Webster était, de nature, un révolutionnaire qui, cherchant à libérer son pays du joug culturel britannique, voulait la remplacer par une Amérique utopique, débarrassée du luxe et de l’ostentation et championne de la liberté[6]. En 1781, il voyait le nationalisme américain comme supérieur à l’Europe parce que les valeurs américaines étaient supérieures[7].

Webster a consacré son abécédaire et son dictionnaire au fondement intellectuel du nationalisme américain. Ardent défenseur de la nouvelle Constitution en 1787-89, la théorie politique de Webster 2 accordait plus d’importance au développement de la propriété (élément clé du libéralisme) qu’à la vertu (valeur fondamentale du républicanisme américain). C’est l’un des rares Américains à s’être beaucoup attardé sur les théories de Jean-Jacques Rousseau[8].

Journaliste fédéraliste

Prospectus de Webster pour son premier dictionnaire de la langue anglaise intitulé To the Friends of Literature in the United States (Aux amis de la littérature aux États-Unis), 1807-1808.

Webster fait un beau mariage et intègre l’élite d’Hartford. Il aura huit enfants de Rebecca Greenleaf (1766-1847) Ă©pousĂ©e le , Ă  New Haven : Emily Schotten (1790-1861) ; Frances Julianna (1793-1869) ; Harriet (1797-1844) ; Mary (1799-1819) ; William Greenleaf (1801-1869) ; Eliza (1803-1888) Henry (1806-1807) ; Louisa (nĂ©e en 1808).

DĂ©sargentĂ©, Alexander Hamilton lui avance 1500 $, en 1793, pour aller Ă  New York Ă©diter un journal fĂ©dĂ©raliste. Le [9] il fonde le premier quotidien new-yorkais, l’American Minerva (plus tard connue sous le nom de The Commercial Advertiser (en)), qu’il Ă©ditera pendant quatre ans, rĂ©digeant l’équivalent de 20 volumes d’articles et d’éditoriaux. Il a Ă©galement publiĂ© le bihebdomadaire The Herald, A Gazette for the country (connue par la suite sous le nom de The New York Spectator).

Comme porte-parole fĂ©dĂ©raliste, il dĂ©nonça Ă  plusieurs reprises le rĂ©publicains-dĂ©mocrates de Jefferson comme « un soi-disant patriote pusillanime, demi-nĂ© … un fou incurable Â» et « un nouvelliste trompeur … pĂ©dagogue et charlatan. Â» Lorsque son rival fĂ©dĂ©raliste, le pamphlĂ©taire William Cobbett, dit « Peter Porcupine Â», dĂ©clara que les opinions pro-françaises de Webster faisaient de lui « un traitre Ă  la cause du fĂ©dĂ©ralisme Â», l’appelant « un crapaud au service du sans-culottisme Â», « une misĂ©rable prostituĂ©e Â», « un grand fou, un menteur Ă©hontĂ© Â», « une vipère vicieuse Â» et « un pĂ©dant maniaque Â», le maitre consommĂ© du vocabulaire qu’était Webster, en fut affligĂ©. MĂŞme l’utilisation de mots tels que « le peuple Â», « dĂ©mocratie Â» et « Ă©galitĂ© Â» dans un dĂ©bat public le gĂŞnait, car de tels mots Ă©taient des « abstractions mĂ©taphysiques qui soit n’ont pas de sens, ou du moins aucun comprĂ©hensible aux mortels[10]. Â»

Webster Ă©tait partisan de la pensĂ©e française radicale et comptait au nombre des rares AmĂ©ricains admirateurs de Jean-Jacques Rousseau. Lors de l’entrĂ©e en guerre de la France et de la Grande-Bretagne en 1793, il recommanda de rester neutre. Cependant, il condamna le premier ambassadeur de la RĂ©publique française aux États-Unis, le citoyen GenĂŞt lorsqu’il mit en place un parti français Ă  Washington pro-jacobin en s’immisçant dans la politique amĂ©ricaine et en attaquant le prĂ©sident Washington, appelant les autres Ă©diteurs fĂ©dĂ©ralistes Ă  « ignorer d’un commun accord les clubs politiques en ne publiant rien ni pour ni contre eux. Le soleil de la paix dĂ©truira ces plantes Ă  la naissance exotique et forcĂ©e[11] Â»

Webster fut, pendant des décennies, l’un des auteurs les plus prolifiques de la nouvelle nation américaine, publiant des manuels, des essais politiques, un rapport sur les maladies infectieuses, et une quantité remarquable d’articles de journaux pour le parti fédéraliste, à tel point qu’une bibliographie moderne de ses œuvres a requis pas moins de 655 pages. À son retour à New Haven, en 1798, il fut élu député fédéraliste à la Chambre des représentants du Connecticut où il siégea en 1800 et de 1802 à 1807.

Il est enterré au Grove Street Cemetery de New Haven.

Éducateur

Noah Webster, l’instituteur de la République, 1886.

Webster avait pris, comme professeur, en aversion les Ă©coles Ă©lĂ©mentaires amĂ©ricaines, qui pouvaient ĂŞtre surpeuplĂ©es, avec jusqu’à soixante-dix enfants de tous âges entassĂ©s dans une pièce unique sans pupitre dont le poĂŞle chauffait trop un cĂ´tĂ© de la classe et pas assez l’autre. Le personnel Ă©tait sous-payĂ© et les manuels scolaires importĂ©s d’Angleterre Ă©taient inadaptĂ©s. Pensant que les AmĂ©ricains devraient s’instruire dans des manuels amĂ©ricains, Webster se mit alors Ă  rĂ©diger le recueil intitulĂ© A Grammatical Institute of the English Language dans le but Ă©tait de fournir une approche typiquement amĂ©ricaine Ă  la formation des enfants. Les trois tomes consistaient en un livre d’orthographe (publiĂ© en 1783), d’un livre de grammaire (1784) et d’un livre de lecture (1785). Son amĂ©lioration la plus importante, selon lui, Ă©tait de sauver « notre langue maternelle Â» des « vocifĂ©rations de pĂ©dantisme Â» entourant la grammaire et la prononciation anglaises. Il se plaignait de ce que l’aristocratie britannique, qui avait corrompu la langue anglaise, en fixant sa propre norme d’orthographe et de prononciation. Webster a rejetĂ© l’idĂ©e que l’étude du grec et du latin devait prĂ©cĂ©der l’étude de la grammaire anglaise, faisant valoir que la norme de la langue amĂ©ricaine Ă©tait « les mĂŞmes principes rĂ©publicains que les constitutions civiles et ecclĂ©siastiques amĂ©ricaines Â», ce qui signifiait que la langue devait ĂŞtre contrĂ´lĂ©e par le peuple dans son ensemble, la souverainetĂ© populaire au sein du gouvernement devant s’accompagner de l’usage populaire dans la langue.

L’abécédaire était organisé de façon à être facile à enseigner aux élèves, en progressant avec l’âge. Suivant en cela sa propre expérience en tant qu’enseignant, Webster pensait que l’abécédaire devait être simple. Il présentait de façon ordonnée les mots avec les règles d’orthographe et de prononciation. Pensant que les élèves apprenaient plus facilement lorsqu’un problème complexe était décomposé en ses éléments constitutifs, il faisait maitriser chaque composant par l’élève avant de passer au suivant[12]. Webster a dit que les enfants passent par des phases distinctes d’apprentissage dans lesquelles ils maitrisent des tâches de plus en plus complexes ou abstraites. Par conséquent, les enseignants ne doivent pas essayer d’apprendre à lire à un enfant de trois ans et qu’il faut attendre l’âge de cinq ans. Il a organisé son abécédaire en conséquence, commençant par l’alphabet avant de couvrir systématiquement les différents sons des voyelles et des consonnes, puis des syllabes, puis des mots simples, puis des mots plus complexes, et enfin des phrases[13].

Statue de 1932 de Webster par Korczak Ziolkowski en face de la bibliothèque publique de West Hartford (Connecticut).

L’abĂ©cĂ©daire s’intitulait Ă  l’origine The First Part of the Grammatical Institute of the English Language. Au cours des 385 parutions de son vivant, le titre fut changĂ© en 1786 en The American Spelling Book, et de nouveau en 1829 en The Elementary Spelling Book. La plupart appelaient tout simplement « l’abĂ©cĂ©daire Ă  couverture bleue Â» le manuel de Webster, qui apprit pendant un siècle, Ă  lire, Ă  Ă©peler et Ă  prononcer l’anglais aux petits AmĂ©ricains. Ce livre, qui fut l’ouvrage amĂ©ricain le plus populaire de son temps, a Ă©galement contribuĂ© Ă  mettre sur pied les concours d’orthographe populaires aux États-Unis. En 1837, il s’était vendu Ă  15 millions d’exemplaires, et Ă  quelque 60 millions d’exemplaires jusqu’en 1890, atteignant la majoritĂ© des jeunes Ă©lèves du premier siècle de la nation amĂ©ricaine. Son droit d’auteur d’un demi-cent par exemplaire lui suffit Ă  soutenir son auteur dans ses autres projets.

Lentement, Ă©dition par Ă©dition, Webster changea l’orthographe des mots, pour les amĂ©ricaniser, prĂ©fĂ©rant le « s Â» au « c Â» dans defense, changeant le « -re Â» en « -er Â», comme dans center ou theater, ne conservant qu’un « l Â» dans traveler. Ayant conservĂ©, Ă  l’origine, le « u Â» de mots comme colour ou favour, il y renonça dans ses Ă©ditions ultĂ©rieures. Il modifia Ă©galement tongue en toung, mais cette innovation se solda par un Ă©chec[14]. La troisième partie de son Grammatical Institute (1785) Ă©tait un livre de lecture destinĂ© Ă  Ă©lever l’esprit et « diffuser les principes de la vertu et du patriotisme[15] : « Dans le choix des extraits, expliqua-t-il, je n’ai pas omis de considĂ©rer l’intĂ©rĂŞt politique de l’AmĂ©rique. Plusieurs de ces adresses magistrales au Congrès, rĂ©digĂ©es au dĂ©but de la rĂ©cente RĂ©volution, contiennent de tels sentiments nobles, justes et indĂ©pendants de libertĂ© et de patriotisme, que je ne puis m’empĂŞcher de vouloir les transplanter dans le sein de la gĂ©nĂ©ration montante. Â»

Les élèves avaient droit à la ration habituelle de Plutarque, Shakespeare, Swift et Addison, ainsi qu’à des auteurs américains comme Vision of Columbus de Joel Barlow, Conquest of Canaan de Timothy Dwight, et le poème M’Fingal de John Trumbull. Webster a également inclus des extraits de The Crisis de Tom Paine et un essai de Thomas Day appelant à l’abolition de l’esclavage en accord avec la Déclaration d’Indépendance.

IntĂ©gralement laĂŻque, l’abĂ©cĂ©daire de Webster ne faisait aucune mention de Dieu, de la Bible, ou des Ă©vènements sacrĂ©s et se terminait par deux pages de dates importantes de l’histoire amĂ©ricaine, Ă  commencer par Christophe Colomb en 1492 pour se terminer avec la bataille de Yorktown en 1781. « Affectons les choses sacrĂ©es Ă  des fins sacrĂ©es Â» a Ă©crit Webster[16] Ă€ partir de 1840 la popularitĂ© des ouvrages de Webster commença, Ă  son tour, Ă  dĂ©cliner au profit du McGuffey Eclectic Readers de William Holmes McGuffey, qui s’est vendu Ă  plus de 120 millions d’exemplaires.

Lexicographe

Timbre américain de 4 cents représentant Noah Webster, 1958.

En 1806, Webster publia son premier dictionnaire, A Compendious Dictionary of the English Language. En 1807, il s’attèle au labeur, qui devait lui prendre vingt-sept ans à compléter, de compilation de An American Dictionary of the English Language, un dictionnaire intégral et exhaustif. Webster apprit, afin d’évaluer l’étymologie des mots, vingt-six langues, dont le vieil anglais (anglo-saxon), l’allemand, le grec, le latin, l’italien, l’espagnol, le français, l’hébreu, l’arabe et le sanskrit. Comme les Américains utilisaient, selon les différentes régions du pays, des langues différentes, épelant, prononçant et utilisant différemment les mots anglais, Webster ambitionnait de normaliser leur langue.

Webster a terminé son dictionnaire au cours de son année à l’étranger en 1825 à Paris et à l’université de Cambridge. Âgé de soixante-dix ans, il publia en 1828 son dictionnaire, qui contenait soixante-dix mille mots, dont douze mille auparavant inconnus des dictionnaires. Jugeant, en tant que réformateur de l’orthographe, les règles de l’orthographe anglaise inutilement complexes, l’orthographe anglo-américaine, où color remplaçait colour, wagon remplaçait waggon, et centre était imprimé center, était introduite. Des termes américains, absents des dictionnaires anglais, comme skunk et squash, étaient également ajoutés.

Ce premier dictionnaire, qui a acquis Ă  son auteur une place d’honneur dans l’histoire de l’anglais amĂ©ricain, ne se vendit pourtant, en son temps, qu’à 2 500 exemplaires. Webster fut, pour pouvoir faire paraitre une deuxième Ă©dition, obligĂ© d’hypothĂ©quer sa maison et il fut, Ă  partir de ce moment, en proie aux dettes pour le restant de ses jours.

En 1840, la deuxième édition du Dictionnaire en deux volumes voyait le jour, et, quelques jours après avoir terminé la révision d’un supplément à la deuxième édition, Noah Webster s’éteignait, alors que restaient encore méconnus beaucoup de ses efforts pour ce dictionnaire.

Page de titre du Dictionary of the English Language de Webster, vers 1830-1840.

Abolitionniste

Webster a contribuĂ© Ă  fonder la Connecticut Society for the Abolition of Slavery en 1791[17], mais Ă  partir des annĂ©es 1830, il se mit Ă  rejeter le ton nouveau des abolitionnistes qui traitaient Ă©galement de pĂ©cheurs les AmĂ©ricains tolĂ©rant l’esclavage. Il mit en garde sa fille, en 1837, contre son soutien fervent de la cause abolitionniste, Ă©crivant que « l’esclavage est un grand pĂ©chĂ© et une calamitĂ© gĂ©nĂ©rale, mais ce n’est pas notre pĂ©chĂ©, bien qu’il puisse s’avĂ©rer constituer une terrible catastrophe pour nous dans le Nord. Mais nous ne pouvons pas lĂ©galement interfĂ©rer avec le Sud sur ce sujet Â», ajoutant que « Venir prĂŞcher dans le Nord et perturber ainsi notre paix, alors que nous ne pouvons rien faire sur le plan lĂ©gal sur cet objet, est, Ă  mon avis, hautement criminel et les prĂ©dicateurs de l’abolitionnisme mĂ©ritent la prison. "

Lettre de Webster Ă  sa fille Eliza, 1837, la mettant en garde contre les Ă©cueils du mouvement abolitionniste.

Penseur pessimiste

Tombe de Webster au Grove Street Cemetery de New Haven.

Avec l’âge, Webster est passĂ©, dans les annĂ©es 1820, du rĂ©volutionnaire optimiste des annĂ©es 1780 au critique pessimiste de l’homme et de la sociĂ©tĂ©[18]. PlutĂ´t libre penseur dans sa jeunesse, Webster qui s’était converti, en 1808, Ă  l’orthodoxie calviniste, finit par devenir un fervent congrĂ©gationaliste prĂŞchant la nĂ©cessitĂ© de christianiser la nation[19]. De plus en plus autoritaire et Ă©litiste, il s’opposa Ă  la tendance dominante de la dĂ©mocratie jacksonienne. ConsidĂ©rant la langue comme un outil pour contrĂ´ler les pensĂ©es indisciplinĂ©es, l’American Dictionary de Webster souligne les vertus du contrĂ´le social des passions de l’homme et de l’individualisme, la soumission Ă  l’autoritĂ©, et la crainte de Dieu comme nĂ©cessaires au maintien de l’ordre social amĂ©ricain. Son American Dictionary de 1828 contient le plus grand nombre de dĂ©finitions bibliques de n’importe quel ouvrage de rĂ©fĂ©rence. Webster, qui considĂ©rait l’éducation comme « inutile sans la Bible Â», a publiĂ©, en 1833, sa propre Ă©dition de la Bible appelĂ©e la Common Version. Ă€ l’aide de la Bible du roi Jacques comme base et en consultant les versions hĂ©braĂŻque et grecque, ainsi que divers autres versions et commentaires, Webster a corrigĂ© la grammaire de la Bible du roi Jacques, remplaçant les mots obsolètes et Ă©liminant les mots et les phrases pouvant ĂŞtre considĂ©rĂ©s comme choquants.

Culture populaire

Noah Webster est, pour les AmĂ©ricains, mĂŞme les moins Ă©duquĂ©s, l'incarnation de l'Ă©rudition, comme en France Pierre Larousse. Il n'en fallait pas plus pour que le rĂ©alisateur et humoriste Tex Avery le « mette en boĂ®te Â» sans mĂ©chancetĂ© dans un "cartoon" atypique intitulĂ© Symphony in slang (La Symphonie argotique) : un quidam se prĂ©sente Ă  la porte du paradis, devant Saint Pierre et entreprend de raconter sa vie...mais il s'exprime en Slang, l'argot amĂ©ricain.

S'avouant incapable de le comprendre, le saint portier du paradis s'en va chercher Noah Webster (qui poursuit paisiblement dans les cieux ses travaux d'encyclopédiste).

Rien n'y fait, le grand Webster lui-même ne comprend goutte aux péripéties et aux déboires racontés en argot par l'infortuné quidam.

Le ressort comique vient de ce que Tex Avery s'amuse Ă  illustrer les expressions argotiques en les prenant au pied de la lettre : Ainsi par exemple un sĂ©jour en prison est commentĂ© par la phrase « I did a stretch in the jug Â» (« j'ai passĂ© quelque temps en prison Â») et est illustrĂ© par le narrateur s'Ă©tirant (verbe to stretch) dans une gigantesque cruche (jug) de verre posĂ©e dans une cellule de prison (jug en slang)[20].

Notes et références

  1. ↑ Dictionnaire américain de la langue anglaise
  2. ↑ (en) [1]
  3. ↑ Richard Rollins, The Long Journey of Noah Webster, 1980, p. 19.
  4. ↑ (en) « An Exhibit Commemorating the 250th Anniversary of Noah Webster’s Birth, October 16, 1758 Â», Amherst College. (consultĂ© le )
  5. ↑ (en) Copyright Act (1831), Primary Sources on Copyright (1450-1900), eds L. Bently & M. Kretschmer
  6. ↑ Rollins, p. 24.
  7. ↑ Ellis, p. 170.
  8. ↑ Rollins, chap. 2.
  9. ↑ John Howe, Language and Political Meaning, Univ of Massachusetts Press, 30 sept. 2009
  10. ↑ Ellis, p. 201.
  11. ↑ Ellis, p. 199, p. 206.
  12. ↑ Ellis fait valoir que Webster a anticipé certaines des concepts actuellement associés à la théorie du développement cognitif de Piaget.
  13. ↑ Ellis, p. 174.
  14. ↑ Scudder 1881, p. 245-252.
  15. ↑ Harry Redcay Warfel, Noah Webster, schoolmaster to America, 1966, p. 86.
  16. ↑ Selon Ellis, ceci constitue le dĂ©but de la construction du catĂ©chisme laĂŻc de l’État-nation. Il s’agit de la première apparition de l’éducation civique dans les manuels scolaires amĂ©ricains. « En ce sens, l’abĂ©cĂ©daire de Webster peut ĂŞtre considĂ©rĂ© comme le successeur laĂŻque du New England Primer avec ses injonctions explicitement bibliques. Â» Ellis, p. 175.
  17. ↑ (en) Noah Webster and the First American Dictionary, Luisanna Fodde Melis, Rosen Publishing Group, New York, 2005
  18. ↑ Rollins, 1980.
  19. ↑ Snyder, 1990.
  20. ↑ (en-US) « Tex Avery - Symphony in Slang (1951) par Tex Avery Cartoon - Dailymotion Â», sur Dailymotion, (consultĂ© le )

Bibliographie

  • (en) Joseph J. Ellis, After the Revolution: Profiles of Early American Culture 1979. chapter 6, interpretive essay
  • (en) David Micklethwait, Noah Webster and the American Dictionary, 2005
  • (en) John S. Morgan, Noah Webster (1975), popular biography
  • (en) C. Louise Nelson, « Neglect of Economic Education in Webster's 'Blue-Backed Speller' Â», American Economist, Vol. 39, 1995
  • (en) Richard Rollins, The Long Journey of Noah Webster (1980) (ISBN 0-8122-7778-3)
  • (en) Harlow Giles Unger, Noah Webster: The Life and Times of an American Patriot (1998), scholarly biography
  • (en) Harry R. Warfel, Noah Webster : Schoolmaster to America, 1936, standard biography

Sources principales

  • (en) Homer D. Babbidge, Jr., ed., Noah Webster: On Being American (1967), selections from his writings
  • (en) Harry R. Warfel, ed., Letters of Noah Webster (1953),
  • (en) Noah Webster, The American Spelling Book: Containing the Rudiments of the English Language for the Use of Schools in the United States by Noah Webster (1999 reprint)
  • (en) Noah Webster, On the education of youth in America (mis en ligne par www.thefederalistpapers.org)

Sources

Liens externes