Il est d'abord comte de Ténare, destiné à l'état ecclésiastique et est pourvu de l'abbaye de la Bussière[2].
Après la disparition sans descendance de son frère aîné Louis Chalon du Blé (-) au cours de l'expédition de Candie le 20 août 1669, Nicolas Chalon du Blé devient Marquis d'Huxelles. Il abandonne l'état ecclésiastique et reprend toutes les charges de capitaine et gouverneur de la ville et citadelle de Chalon-sur-Saône, précédemment détenues par son frère. Il les garde jusqu'au mois précédant sa mort[2].
Nicolas Chalon du Blé appartient au clan des Le Tellier. Protégé de Louvois, il accomplit grâce à lui une carrière militaire et politique de premier plan[3].
Il soutient d'abord le siège contre les Impériaux mais doit capituler le 8 septembre 1689, à la dernière extrémité[4]. À son retour à Paris, il est publiquement hué . Il conserve cependant la faveur de Louvois et du roi et est nommé pour commander en Alsace en . Il sert ensuite en Allemagne sous les ordres des maréchaux de Lorges et de Choiseul en 1693, par exemple lors de la prise de Heidelberg. En 1694, il est créé directeur général de l'infanterie[2].
Au début de la Guerre de Succession d'Espagne, il ne participe pas à des offensives. En 1702, il est sous les ordres du maréchal de Catinat. il reçoit le bâton de maréchal de France en 1703 et se démet de sa direction générale de l'infanterie[2].
Huxelles n'est pas seulement un combattant de terrain. Consulté par Louis XIV, il participe aussi à la stratégie de cabinet[6].
Le diplomate et le politique
Diplomate de Louis XIV et membre de la polysynodie
Avec l'abbé de Polignac, plus tard cardinal, Huxelles est envoyé par Louis XIV comme plénipotentaire aux conférences préliminaires de paix de Gertruydenberg (). Ils doivent partir incognito et s'ennuient beaucoup lors de ces longues négocations[7]. Ces pourparlers de paix sont finalement rompus par Louis XIV à la fin du mois de juillet suivant. Huxelles représente encore le roi lors de la négociation de la paix d'Utrecht en 1713[8].
En 1713, il devient gouverneur général d'Alsace et gouverneur de Strasbourg en 1715[2], mais il est retenu à Paris par ses fonctions au Conseil des Affaires étrangères. Il reste gouverneur d'Alsace en titre jusqu'à sa mort en 1730, mais dans les faits, comme Huxelles ne réside pas en Alsace, c'est le comte du Bourg qui y commande, avant de succéder à Huxelles comme gouverneur en 1730[4].
En fait, Huxelles est rapidement marginalisé. En effet, le Régent décide lui-même des grandes orientations diplomatiques et n'y associe pas pleinement le Conseil des affaires étrangères. Ainsi, ce n'est pas au Conseil des Affaires étrangères qu'il confie les négociations qui aboutissent d'abord à la signature de la Triple Alliance le , puis de la Quadruple Alliance le , mais à son fidèle secrétaire, Dubois. Il faut souligner qu'il s'agit d'une volte-face totale : la France s'allie avec les Provinces-Unies, la Grande-Bretagne et le Saint-Empire contre l'Espagne de Philippe V[9].
Huxelles, représentant de "la vieille Cour", est attaché à l'alliance espagnole et farouchement opposé à l 'alliance anglaise. Il se tient au courant, par les ambassadeurs, de l'avancée des discussions. Au sein de la polysynodie, il devient ainsi un des opposants politiques du Régent. Il utilise le réseau des ambassadeurs pour contester la politique étrangère menée par Dubois[9], qui entretient des relations privilégiées avec le Régent et passe par-dessus son autorité. Très rapidement, les relations entre les deux hommes se tendent et le Régent tarde à arbitrer[10].
Huxelles entre au Conseil de Régence le 19 mars 1718[2]. Il sème les embûches afin de retarder le renversement des alliances. Après la signature de la Quadruple Alliance le , il n'accepte de la ratifier que sur injonction du Régent. Cette opposition, de plus en plus ouverte, du maréchal d'Huxelles et d'autres membres éminents des Conseils à la politique étrangère du Régent est une des causes de la chute de la polysynodie. Le , le Conseil des affaires étrangères est supprimé par une simple lettre du Régent à son président, Huxelles[9]. Le même jour, l'abbé Guillaume Dubois devient secrétaire d'État des Affaires étrangères[10].
Homosexuel (mot anachronique au XVIIIe siècle[14]) notoire, le maréchal d'Huxelles aime la compagnie de beaux laquais et de jeunes officiers. Saint-Simon, emporté par ses habituelles phrases énumératives[15], le décrit ainsi[14] :
« … paresseux, voluptueux à l'excès en toutes sortes de commodités, de chère exquise, grande, journalière, en choix de compagnie, en débauches grecques, dont il ne prenoit pas la peine de se cacher et accrochoit de jeunes officiers qu'il adomestiquoit, outre de jeunes valets très bien faits, et cela, sans voile, à l'armée et à Strasbourg. »
Il meurt célibataire à Paris le 10 avril 1730[2]. Dans son testament, il demande à être enseveli sans cérémonie et effectue des legs importants à ses domestiques[16]. Il semble pourtant avoir été l'amant de Mme de Ferriol, sœur d'Alexandrine et du cardinal de Tencin, et mère des comtes d'Argental et de Pont-de-Veyle, si l'on en croit Sainte-Beuve (Portraits Littéraires, Paris, Laffont 1993, Mademoiselle Aïssé, p. 799-800.)
Notes et références
↑Charles Frostin, Les Pontchartrain, ministres de Louis XIV : Alliances et réseau d'influence sous l'Ancien Régime, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 597 p. (ISBN978-2-7535-3211-3, lire en ligne)
↑ abcdefghij et kPinard, Chronologie historique-militaire, contenant l'histoire de la création de toutes les charges, dignités et grades militaires supérieurs, de toutes les personnes qui les ont possédés... des troupes de la maison du Roi., t. 3 : Suite des maréchaux de France, les grands maîtres de l'artillerie, les colonels généraux ..., Paris, Claude Hérissant, (lire en ligne), p. 136-140
↑ a et bJean-Philippe Cénat, Louvois. Le double de Louis XIV, Paris, Tallandier, , 512 p. (ISBN979-10-210-0715-4)
↑ ab et cGuillaume Lasconjarias, Un air de majesté. Gouverneurs et commandants dans l'Est de la France au XVIIIe siècle, Paris, CTHS, coll. « Histoire » (no 40), , 378 p. (ISBN978-2-7355-0701-6), p. 343
↑Frédéric Tiberghien, Versailles, le chantier de Louis XIV 1662-1715, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 155), (1re éd. 2002) (ISBN2-262-02547-9)
↑Jean-Philippe Cénat, Le roi stratège. Louis XIV et la direction de la guerre 1661-1715, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 386 p. (ISBN978-2-7535-1093-7)
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↑Michel Antoine, Le Conseil du roi sous le règne de Louis XV, Paris-Genève, Droz, coll. « Mémoires et documents publiés par la Société de l'École des Chartes » (no 19), , 666 p.
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↑Simon Surreaux, Servir le roi. Vie et mort des maréchaux de France au XVIIIe siècle, Paris, Vendémiaire, , 220 p. (ISBN978-2-36358-284-3)
Bibliographie
Sources datant de l'Ancien Régime
Relation du siège de Grave en 1674 et de celui de Mayence en 1689, Paris, Jombert, (lire en ligne)
Pinard, Chronologie historique-militaire, contenant l'histoire de la création de toutes les charges, dignités et grades militaires supérieurs, de toutes les personnes qui les ont possédés... des troupes de la maison du Roi., t. 3 : Suite des maréchaux de France, les grands maîtres de l'artillerie, les colonels généraux ..., Paris, Claude Hérissant, (lire en ligne), p. 136-140
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