Monument à la République

Monument à la République
Vue générale du monument.
Artiste
• Sculpteur : Léopold Morice
• Architecte : François-Charles Morice
Date
1883
Type
Bronze, pierre
Technique
Dimensions (Diam × H)
13 × 25 m
Localisation
Protection
Coordonnées
Carte

Le Monument à la République, dit aussi Statue de la République, est un ensemble statuaire monumental, œuvre de Léopold Morice. Inaugurée en 1883 sur la place de la République à Paris, en France, elle représente une allégorie de la République.

Description du monument

Généralités

Le monument s'élève au centre de la place de la République, exactement au point de rencontre des 3e, 10e et 11e arrondissements, à peu près dans le prolongement de la rue du Temple (au sud-ouest) et de la rue du Faubourg-du-Temple (au nord-est).

L'œuvre est constituée d'une allégorie de la République en bronze de 9,5 m de hauteur, érigée sur un piédestal en pierre de 15,5 m de haut et environ 13 m de diamètre au niveau du sol[1]. Le piédestal comporte trois statues en pierre, allégories de La Liberté, de L'Égalité et de La Fraternité. Sous ces statues, tout autour du piédestal, un ensemble de douze haut-reliefs en bronze représente des dates marquantes de la République française. Une statue de lion en bronze, symbolisant Le Suffrage universel, est placée au pied de la statue, sur quelques marches.

Au niveau du sol, le monument est entouré d'un bassin cylindrique, d'environ 1 m de large, ajouté en 2013.

Statue de la République

La statue de Marianne.

Le sommet du piédestal est occupé par une statue en bronze, haute de 9,5 m, symbolisant la République ou Marianne. Elle est représentée debout, vêtue d'une toge et ceinte d'un baudrier sur lequel est fixée une épée. Elle est coiffée à la fois du bonnet phrygien, symbole de liberté, et d'une couronne végétale.

Dans sa main droite, la statue porte un rameau d'olivier, symbole de paix. Sa main gauche repose sur une tablette portant l'inscription « Droits de l'Homme ».

L'intégralité des fontes en bronze furent réalisées par la fonderie d'art Thiébaut Frères[2],[3],[4] en 1883.

Piédestal

Le piédestal sur lequel repose la République, en pierre, mesure 15,5 m de hauteur. Il est l'œuvre de l'architecte François-Charles Morice, le frère de Léopold, et est constitué de deux parties cylindriques distinctes : une partie inférieure, d'environ 4 m de haut et plus large, et une partie supérieure, plus étroite mais plus haute. Cette colonne, qui sert directement de piédestal à la République, est ornée sous les pieds de celle-ci, successivement, d'une guirlande de bronze qui en fait le tour, des armoiries de Paris et de l'inscription « À la gloire de la République Française - La ville de Paris - 1883 ».

La colonne sert de dossier à trois statues en pierre, chacune allégorie d'un terme de la devise Liberté, Égalité, Fraternité :

  • La Liberté est assise à senestre de La République. Elle porte un flambeau dans la main gauche, tandis que sa main droite est posée sur son genou, tenant une chaîne brisée[5]. En arrière-plan, un chêne est sculpté en relief dans la colonne.
  • L'Égalité, assise à dextre, tient dans sa main droite le drapeau de la République, dont la hampe est marquée des initiales « R.F. », et dans la gauche un niveau de charpentier, symbole d'égalité.
  • La Fraternité est un groupe relié, orienté dos à la République. La Fraternité est représentée par une femme posant son regard bienveillant sur deux enfants en train de lire un livre, allégories de la Connaissance. Une gerbe de blé et un bouquet évoquent l'abondance.

Deux médaillons marqués « Labor » (le travail) et « Pax » (la paix), ornés de faisceaux de licteur, se trouvent respectivement entre La Liberté et La Fraternité, et entre La Fraternité et L'Égalité.

Hauts-reliefs

Le piédestal de pierre est ceint de douze hauts-reliefs en bronze, œuvres de Léopold Morice[6], reliés par des rosaces, disposés à la hauteur du regard des passants. Ils constituent une chronologie d'événements marquant l'histoire de la République française, entre 1789 et 1880 :

Image Date Événement
Serment du Jeu de paume
Prise de la Bastille
Nuit du 4 août 1789
Fête de la Fédération
Proclamation de « la Patrie en danger »
Bataille de Valmy
Proclamation de l'abolition de la royauté
13 prairial an II
Bataille du 13 prairial an II
Trois Glorieuses
Adoption du suffrage universel masculin[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13]. Le processus s'étale en fait sur les séances du et du , où le principe du suffrage universel est accepté, puis du où le décret est adopté[14].

L'œuvre est parfois supposée représenter l'abolition de l'esclavage[15], par confusion avec le décret du Gouvernement provisoire en date du qui institua une « commission pour préparer, dans le plus bref délai, l'acte d'émancipation immédiate dans toutes les colonies de la République » et qui nomma Victor Schœlcher son président ; mais le décret qui institua réellement l'abolition de l'esclavage date du .

Proclamation de la République
Première fête nationale

Lion

Le Lion.

Au niveau du sol, un lion en bronze de 3 m de hauteur ajoute sa force à celle du suffrage universel (entendu à l'époque comme uniquement masculin), représenté par une urne en bronze.

Historique

Alfred Roll, Le , inauguration du Monument à la République (1882), Paris, Petit Palais.
Mémorial improvisé sur le Monument à la République à la suite des attentats de janvier 2015.

Avant son ouverture, la place de la République correspond au bastion de la porte du Temple dans l'enceinte de Charles V. Elle prend sa forme actuelle au cours du XIXe siècle, particulièrement à la suite des travaux d'urbanisme d'Haussmann sous le Second Empire. En 1811, elle est ornée de la fontaine du Château d'eau, œuvre de Pierre-Simon Girard, et prend le nom de place du Château-d'Eau. Cette fontaine est déplacée à La Villette en 1875 (sur l'actuelle place de la Fontaine-aux-Lions) et remplacée par une deuxième fontaine du Château d'eau, plus grande et réalisée par Gabriel Davioud.

La Troisième République est proclamée en 1870, succédant au Second Empire.

En 1878, le conseil municipal de Paris, à majorité radicale, propose l'érection d'un monument à la République dans l'est parisien ; la commande est effectuée en 1879. Quelques années après la Commune, l'administration de Paris est essentiellement du ressort du préfet de la Seine, nommé par le gouvernement français ; le conseil de Paris tente de marquer son indépendance en demandant une République munie d'un bonnet phrygien, malgré l'interdiction officielle d'une telle représentation[16]. Le concours est remporté par les frères Morice, Léopold pour la statuaire et Charles pour le socle. Le projet de Jules Dalou, arrivé second, est néanmoins commandé par la ville de Paris pour la réalisation d'un monument érigé sur l'actuelle place de la Nation, Le Triomphe de la République, inauguré en 1899 et fondue par la fonderie d'art Thiébaut Frères[17],[18].

La nouvelle statue remplace la fontaine du Château d'eau, réinstallée place Félix-Éboué. Le , un modèle en plâtre du monument est inauguré sur la place. Un tableau d'Alfred Roll, achevé en 1882, commémore cette inauguration[19]. Le monument définitif en bronze, également fondue par la fonderie Thiébaut Frères[17], est inauguré trois ans plus tard, le [20],[21].

En 1889, six ans après l'inauguration, la place est renommée place de la République. La statue est alors entourée par quatre grands porte-oriflammes de 25 m de haut au socle en bronze. Ceux-ci sont retirés en 1988 car ils risquaient de s'effondrer en cas de fortes tempêtes[22].

La rénovation de la place, en 2013, entoure le socle du monument d'un bassin cylindrique.

À la suite des attentats de janvier et novembre 2015 à Paris, le monument fait office de mémorial où divers objets sont disposés[23]. Recouvert de graffitis pendant Nuit debout et les manifestations contre la loi Travail, il est vidé et nettoyé en [24].

Le , l'intégralité du monument est inscrit aux titres des monuments historiques[25].

Notes et références

  1. « La République se dévoile » [archive du ], Mairie du 3e arrondissement de Paris.
  2. « Statue de la République – Place de la République – Paris », sur e-monumen.net (consulté le )
  3. « Monument de la République -12 hauts-reliefs – Place de la République – Paris », sur e-monumen.net (consulté le )
  4. « Parisienne Curieuse: Une République … bien plantée », sur anetcha-parisienne.blogspot.fr (consulté le )
  5. C'est une représentation inverse de celle de la statue de la Liberté d'Auguste Bartholdi, contemporaine, qui tient son flambeau dans la main droite et qui foule la chaîne brisée de ses pieds.
  6. Parfois attribués par erreur à Jules Dalou.
  7. Préfecture du département de la Seine, Inventaire général des œuvres d'art appartenant à la ville de Paris : Édifices civils, vol. 2, Paris, Imprimerie centrale des chemins de fer A. Chaix et Cie, , p. 614.
  8. Paul Planat, Encyclopédie de l'architecture et de la construction, vol. 3, t. 2, Paris, Librairie de La Construction moderne, 1888-1892, p. 401.
  9. Pierre Pinon (dir.), Les Traversées de Paris : Deux siècles de révolutions dans la ville (paru à l'occasion de l'exposition-spectacle La Traversée de Paris, 14 juillet-31 décembre 1989, à la Grande arche de La Défense), Éditions du Moniteur, , 203 p. (ISBN 2-281-19029-3), p. 120.
  10. Maurice Agulhon, « À propos de la Révolution française : Réflexions sur l'événement exemplaire », Mélanges de l'École française de Rome : Italie et Méditerranée, vol. 104, no 1,‎ , p. 183–190 (185) (DOI 10.3406/mefr.1992.4207).
  11. Marc Bayard, L'histoire de l'art et le comparatisme : Les horizons du détour (actes du colloque Pour un comparatisme en histoire de l'art ? Les enjeux méthodologiques du comparatisme en histoire de l'art à la Villa Médicis, 23-25 novembre 2005, organisé par l'Académie de France à Rome), Paris, Somogy Éditions d'art, coll. « Collection d'histoire de l'art de l'Académie de France à Rome » (no 8), , 325 p. (ISBN 978-2-7572-0084-1), p. 216.
  12. Claire Barbillon, « Ut sculptura poesis : La sculpture comme écriture, une métaphore féconde au XIXe siècle », dans Dominique Vaugeois (dir.) et Ivanne Rialland (dir.), L'écrivain et le spécialiste : Écrire sur les arts plastiques au XIXe et au XXe siècles (actes du colloque à la Maison de la recherche de l'Université Paris-Sorbonne, 22-23 janvier 2009), Paris, Classiques Garnier, coll. « Rencontres » (no 8), , 330 p. (ISBN 978-2-8124-0127-5), p. 155–174 (174).
  13. « La République – Paris, 11e arr. », sur e-monumen.net.
  14. Alain Garrigou, « Le brouillon du suffrage universel : Archéologie du décret du 5 mars 1848 », Genèses, vol. 6, no 1,‎ , p. 161–178 (166 et 168) (DOI 10.3406/genes.1991.1100).
  15. Best 2006, p. 311–312.
  16. Neil McWilliam, « Lieux de mémoire, sites de contestation : Le monument public comme enjeu politique de 1880 à 1914 », dans Ségolène Le Men (dir.) et Aline Magnien (dir.), La Statuaire publique au XIXe siècle (actes des journées d'études sur la statuaire publique au XIXe siècle à l'Université Paris X-Nanterre, 16 et 17 novembre 2000), Paris, Monum / Éditions du Patrimoine, coll. « Idées et débats », , 217 p. (ISBN 2-85822-804-3), p. 104–115 (105).
  17. a et b « Histoire | "THIEBAUT FRÈRES" », sur www.thiebautfreres.com (consulté le ).
  18. « Le Triomphe de la République », Petit Palais.
  19. « Le 14 juillet 1880, inauguration du monument à la République », Petit Palais.
  20. Le Petit Journal, (lire en ligne).
  21. L’Intransigeant, (lire en ligne).
  22. « Projet d'aménagement de la place de la République », Atelier parisien d'urbanisme, p. 13.
  23. Geoffroy Clavel, « Comment la Place de la République s'est forgé en un an et plusieurs attaques meurtrières un statut d'exception », sur Le Huffington Post, (consulté le ).
  24. Léa Stassinet, « A Paris, la place de la République retrouve son visage d'avant Charlie », sur leJDD.fr, (consulté le ).
  25. « Monument à la République », notice no PA75030005, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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