L'œuvre est constituée d'une allégorie de la République en bronze de 9,5 m de hauteur, érigée sur un piédestal en pierre de 15,5 m de haut et environ 13 m de diamètre au niveau du sol[1]. Le piédestal comporte trois statues en pierre, allégories de La Liberté, de L'Égalité et de La Fraternité. Sous ces statues, tout autour du piédestal, un ensemble de douze haut-reliefs en bronze représente des dates marquantes de la République française. Une statue de lion en bronze, symbolisant Le Suffrage universel, est placée au pied de la statue, sur quelques marches.
Au niveau du sol, le monument est entouré d'un bassin cylindrique, d'environ 1 m de large, ajouté en 2013.
Statue de la République
Le sommet du piédestal est occupé par une statue en bronze, haute de 9,5 m, symbolisant la République ou Marianne. Elle est représentée debout, vêtue d'une toge et ceinte d'un baudrier sur lequel est fixée une épée. Elle est coiffée à la fois du bonnet phrygien, symbole de liberté, et d'une couronne végétale.
Dans sa main droite, la statue porte un rameau d'olivier, symbole de paix. Sa main gauche repose sur une tablette portant l'inscription « Droits de l'Homme ».
Le piédestal sur lequel repose la République, en pierre, mesure 15,5 m de hauteur. Il est l'œuvre de l'architecte François-Charles Morice, le frère de Léopold, et est constitué de deux parties cylindriques distinctes : une partie inférieure, d'environ 4 m de haut et plus large, et une partie supérieure, plus étroite mais plus haute. Cette colonne, qui sert directement de piédestal à la République, est ornée sous les pieds de celle-ci, successivement, d'une guirlande de bronze qui en fait le tour, des armoiries de Paris et de l'inscription « À la gloire de la République Française - La ville de Paris - 1883 ».
La colonne sert de dossier à trois statues en pierre, chacune allégorie d'un terme de la devise Liberté, Égalité, Fraternité :
La Liberté est assise à senestre de La République. Elle porte un flambeau dans la main gauche, tandis que sa main droite est posée sur son genou, tenant une chaîne brisée[5]. En arrière-plan, un chêne est sculpté en relief dans la colonne.
L'Égalité, assise à dextre, tient dans sa main droite le drapeau de la République, dont la hampe est marquée des initiales « R.F. », et dans la gauche un niveau de charpentier, symbole d'égalité.
La Fraternité est un groupe relié, orienté dos à la République. La Fraternité est représentée par une femme posant son regard bienveillant sur deux enfants en train de lire un livre, allégories de la Connaissance. Une gerbe de blé et un bouquet évoquent l'abondance.
Deux médaillons marqués « Labor » (le travail) et « Pax » (la paix), ornés de faisceaux de licteur, se trouvent respectivement entre La Liberté et La Fraternité, et entre La Fraternité et L'Égalité.
La Liberté
L'Égalité
La Fraternité
Hauts-reliefs
Le piédestal de pierre est ceint de douze hauts-reliefs en bronze, œuvres de Léopold Morice[6], reliés par des rosaces, disposés à la hauteur du regard des passants. Ils constituent une chronologie d'événements marquant l'histoire de la République française, entre 1789 et 1880 :
L'œuvre est parfois supposée représenter l'abolition de l'esclavage[15], par confusion avec le décret du Gouvernement provisoire en date du qui institua une « commission pour préparer, dans le plus bref délai, l'acte d'émancipation immédiate dans toutes les colonies de la République » et qui nomma Victor Schœlcher son président ; mais le décret qui institua réellement l'abolition de l'esclavage date du .
Au niveau du sol, un lion en bronze de 3 m de hauteur ajoute sa force à celle du suffrage universel (entendu à l'époque comme uniquement masculin), représenté par une urne en bronze.
En 1878, le conseil municipal de Paris, à majorité radicale, propose l'érection d'un monument à la République dans l'est parisien ; la commande est effectuée en 1879. Quelques années après la Commune, l'administration de Paris est essentiellement du ressort du préfet de la Seine, nommé par le gouvernement français ; le conseil de Paris tente de marquer son indépendance en demandant une République munie d'un bonnet phrygien, malgré l'interdiction officielle d'une telle représentation[16]. Le concours est remporté par les frères Morice, Léopold pour la statuaire et Charles pour le socle. Le projet de Jules Dalou, arrivé second, est néanmoins commandé par la ville de Paris pour la réalisation d'un monument érigé sur l'actuelle place de la Nation, Le Triomphe de la République, inauguré en 1899 et fondue par la fonderie d'art Thiébaut Frères[17],[18].
En 1889, six ans après l'inauguration, la place est renommée place de la République. La statue est alors entourée par quatre grands porte-oriflammes de 25 m de haut au socle en bronze. Ceux-ci sont retirés en 1988 car ils risquaient de s'effondrer en cas de fortes tempêtes[22].
La rénovation de la place, en 2013, entoure le socle du monument d'un bassin cylindrique.
↑C'est une représentation inverse de celle de la statue de la Liberté d'Auguste Bartholdi, contemporaine, qui tient son flambeau dans la main droite et qui foule la chaîne brisée de ses pieds.
↑Préfecture du département de la Seine, Inventaire général des œuvres d'art appartenant à la ville de Paris : Édifices civils, vol. 2, Paris, Imprimerie centrale des chemins de fer A. Chaix et Cie, , p. 614.
↑Pierre Pinon (dir.), Les Traversées de Paris : Deux siècles de révolutions dans la ville (paru à l'occasion de l'exposition-spectacle La Traversée de Paris, 14 juillet-31 décembre 1989, à la Grande arche de La Défense), Éditions du Moniteur, , 203 p. (ISBN2-281-19029-3), p. 120.
↑Marc Bayard, L'histoire de l'art et le comparatisme : Les horizons du détour (actes du colloque Pour un comparatisme en histoire de l'art ? Les enjeux méthodologiques du comparatisme en histoire de l'art à la Villa Médicis, 23-25 novembre 2005, organisé par l'Académie de France à Rome), Paris, Somogy Éditions d'art, coll. « Collection d'histoire de l'art de l'Académie de France à Rome » (no 8), , 325 p. (ISBN978-2-7572-0084-1), p. 216.
↑Claire Barbillon, « Ut sculptura poesis : La sculpture comme écriture, une métaphore féconde au XIXe siècle », dans Dominique Vaugeois (dir.) et Ivanne Rialland (dir.), L'écrivain et le spécialiste : Écrire sur les arts plastiques au XIXe et au XXe siècles (actes du colloque à la Maison de la recherche de l'Université Paris-Sorbonne, 22-23 janvier 2009), Paris, Classiques Garnier, coll. « Rencontres » (no 8), , 330 p. (ISBN978-2-8124-0127-5), p. 155–174 (174).
↑Neil McWilliam, « Lieux de mémoire, sites de contestation : Le monument public comme enjeu politique de 1880 à 1914 », dans
Ségolène Le Men (dir.) et Aline Magnien (dir.), La Statuaire publique au XIXe siècle (actes des journées d'études sur la statuaire publique au XIXe siècle à l'Université Paris X-Nanterre, 16 et 17 novembre 2000), Paris, Monum / Éditions du Patrimoine, coll. « Idées et débats », , 217 p. (ISBN2-85822-804-3), p. 104–115 (105).