Fils d’Étienne Fuzellier, auteur dramatique, scénariste pour la radio et critique de cinéma, Michel Fuzellier fait ses études à Paris au lycée Henri-IV.
Passionné d’animation, il fréquente durant les dernières années du lycée les studios de Paul Grimault et d’Alexandre Alexeïeff. En 1963, il part pour Milan, attiré par le grand ferment créatif qui anime l’Italie de cette époque. Il commence comme animateur à la Cartoons Film (fondée par Pierluigi de Mas), studio d’animation qui produit une grande quantité de films publicitaires, et dei Caroselli (Minerva, Esso et Mondador, entre autres).
L’année suivante, il fonde, avec Paul Casalini et Claudio Casiraghi, le studio Paul Casalini & Co où l’on réalise des Caroselli[1] et des intermèdes publicitaires pour le cinéma et la télévision (Yoga, Stock, Michelin). Il anime à cette époque une séquence du premier long-métrage de Bruno Bozzetto, West and Soda.
Il revient à Paris en 1967 pour effectuer son service militaire à l’ECPA du fort d’Ivry, où il anime des films d’instruction. De retour en Italie, de 1968 à 1974, il collabore à la RAI comme caricaturiste dans le jeu-spectacle Chissà chi lo sa?, une émission de télévision historique de Cino Tortorella (qui fit, entre autres, une émission spéciale en direct pour le débarquement sur la Lune).
Studio Ink
En 1969, avec un groupe d’amis, Libero Gozzini, Giancarlo Carloni, Giovanni Mulazzani, Tomislav Spikic et Juan Ballesta, provenant presque tous du monde de l’animation, auxquels se joindront pour un certain temps Oscar Grillo et Paolo Guidotti, il fonde le Studio Ink[2],[3], un groupe d’artistes très recherchés à l’époque pour leurs illustration (édition et publicité), couvertures de livres, d’hebdomadaires, caricatures politiques dessinées et en volume et films publicitaires (comme Italgas, Caesar, Calinda ou Leacril) qui deviendra un point de référence important pour de nombreux jeunes talents. Les origines artistiques, les styles et les capacités professionnelles différentes permettaient au studio de satisfaire les demandes des clients les plus variés[4],[5].
Il collabore durant cette période avec d’autres studios d’animation : le Studio Orti de Giulio Cingoli comne animateur (Carosello Splugen Brau), la société ERREDIA 70 comme réalisateur de quelques films publicitaires (Pagine Gialle, L’Occhio, Eldorado, Langnese), la Dragon Film avec Oscar Grillo à Londres (pilote pour Bilboe the Hobbit) et Micia Film de Mike Kallay a Munich (Chevron et Dentyne).
Quick Sand Productions
À la fin des années 1970, il décide de se consacrer principalement à l’animation et en 1980 fonde avec l’ami Walter Cavazzuti (connu à la ERREDIA 70), la Quick Sand Productions[6] qui sera pendant vingt ans la référence indiscutée des agences de publicité milanaises (J.Walter Thompson, Mac Cann Erickson, Young & Rubicam, B Communications, TBWA, etc). Il produira pour elles plus de trois cents films publicitaires (campagne pour Mulino Bianco Barilla, Fiat, Danone, Volkswagen, Zoppas, Mondadori, Spontex, Smac, Lipton, Coca Cola, Big Babol, Saclà, Presidenza del Consiglio, Cucina Tedesca, etc.) qui lui ont procuré de nombreux prix aux festivals et aux manifestations nationales et internationales, épaulé par quelques artistes de grand renom en Italie, tels que Tullio Pericoli, Giorgio Forattini, Grazia Nidasio, Federico Maggioni, Guido Scarabotto, Franco Godi, Patrizio Fariselli.
C’est durant ces années qu’il travaille avec Maurizio Nichetti à la réalisation de la première preuve italienne de long-métrage mixte d’animation et d’image réelle dans le film L'amour avec des gants pour lequel il soigne la direction artistique et la réalisation des effets spéciaux. Par la suite, il s’occupe des effets du film Luna e l'altra. Entretemps il réalise les layouts[7] du film L'eroe dei due mondi de Guido Manuli, écrit lui aussi par Nichetti.
En 1994, il gagne le prix Utrecht MTV Europe Animation Competition[8] avec son court-métrage The Horseman[9]. Il se consacrera alors principalement au cinéma (longs métrages et courts métrages en animation).
À la disparition de son ami Walter Cavazzuti[13] il crée le Studio Fuzellier et travaille comme illustrateur pour l’édition de nombreux livres pour l’enfance et comme freelance pour différentes maisons de production.
Il collabore depuis plusieurs années comme réalisateur avec la Gertie Productions de Franco Serra, où il dirige quatre
courts-métrages pour Ferrero, un spécial TV pour la RAI (Che animale sei?), quelques vidéos pour le Zecchino d'Oro et le pilote de la série en pré-production Sbrain pour la RAI.
En 2012, il réalise une séquence pour le Pinocchio di Enzo D’Alò, avec une technique innovante d’aquarelle animée.
Pour Gertie Productions, il réalise le long métrage Iqbal, histoire d'un enfant qui n'avait pas peur (coproduction italo-française) dont il est l'auteur du scénario, du design et du storyboard.
Il est membre fondateur de l'Associazione Italiana degli Illustratori dont il a été secrétaire et président des prud’hommes. Il est membre fondateur de l’association Cartoon Italia. Il a été président d'ASIFA Italie (Association internationale du film d’animation) de 2008 à 2009.
2018 : Mani Rosse de Francesco Filippi (séquence animée 2D)
2023: Mary e lo spirito di mezzanotte de Enzo d'Alo' (Etudes des decors)
Télévision
1972 : I Wanna Be Where You Are – Réalisation et animation du video d'une chanson pour la série The Jackson Five[14] pour la ABC (épisode 2 de la deuxième série – diffusé le 16/09/72)
1992 : Ciao Ciao – Réalisation et design de la série de mini-spots éducatifs Ciao Ciao[15]
1992 : Passato presente e futuro – Écriture et réalisation du documentaire sur le tri sélectif des déchets pour la région Friuli Venezia Giulia.
2015 : Mention spéciale, Aquila Film Festival - Iqbal, Histoire d’un enfant qui n’avait pas peur
2016 : Premio alla carriera, Cartoon Club Rimini
2016 : Prix Cavalluccio Marino, Festival Giardini di Naxos - Iqbal, Histoire d’un enfant qui n’avait pas peur
2016 : Rencontres du Film des Resistances - Thônes - Iqbal, Histoire d’un enfant qui n’avait pas peur
2016 : Prix spécial "Découverte du jeune public", Festival Klap Klap - Iqbal, Histoire d’un enfant qui n’avait pas peur
2016 : Festival International du Film Francophone - Namur
2017 : Prix Jeune Public du Meilleur Long Metrage, Amnesty International - Iqbal, Histoire d’un enfant qui n’avait pas peur
2017 : Pulcinella Award Best Animated Feature Film, Cartoon on the Bay Torino - Iqbal, Histoire d’un enfant qui n’avait pas peur
2017 : Prix Animation that Matters, Animation Day Cannes - Iqbal, Histoire d’un enfant qui n’avait pas peur
2017 : Semaine du Film - Institut Français - Alger - Iqbal, Histoire d’un enfant qui n’avait pas peur
2018 : Diplôme Honoris Causa, CSC Scuola Nazionale di Cinema Torino
2018 : Animation First au FIAF - New York - Iqbal, Histoire d’un enfant qui n’avait pas peur
2018 : Festival Les Yeux Ouverts - Le Havre - Iqbal, Histoire d’un enfant qui n’avait pas peur
2020 : L'Uzine - Casablanca - Iqbal, Histoire d’un enfant qui n’avait pas peur
Illustration pour l'édition
1968 : La drogue-miracle du Professeur-Kashinawa -Édition Cercle du Livre Economique
1992 : Rufus - Rien est perdu – Texto de Michel Fuzellier - Édition La Joie de Lire - Genève
1993 : Rufus et les vieux papiers – Texto de Michel Fuzellier - Édition La Joie de Lire - Genève
2000 : Ciro il Piccolo- Texte de Giuseppe Carfagno - CartaCanta Editore
2001 : Gord Trot il Mostro – Texte de Giuseppe Carfagno - CartaCanta Editore
2001 : Innamorato Pazzo – Texte de Giuseppe Carfagno - CartaCanta Editore
2001 : Rocco Drillo – Texte de Anna Lazzeri - Editore Sperling & Kupfer
2003 : Opopomoz - Una storia magica – Texte de Furio Scarpelli - Edizioni EL
2003 : Che vita del cavolo la vita del povero diavolo – Texte de Presta et Dose - Edizioni EL
2004 : Tre strade e tre grotte – Texte de Stefano Bordiglioni - Edizioni EL
2004 : Anand e la conchiglia magica – Texte de Chitra Banerjee Divakaruni - Einaudi Editore
2004 : Diario di una casa vuota – Texte de Beatrice Masini - Edizioni EL
2005 : Diario allo specchio – Texte de Vanna Cercenà - Edizioni EL
2005 : Mille Cavalli – Texte de Roberto Piumini - Edizioni EL
2007 : I giganti e i Jones – Texte de Julia Donaldson - Edizioni EL
2007 : L’orco che non mangiava i bambini – Texte de Roberto Barbero - Edizioni EL
2007 : Anand e lo specchio del fuoco e del sonno – Texte de Chitra Banerjee Divakaruni - Einaudi Editore
2007 : Storie col motore – Texte de Stefano Bordiglioni - Edizioni EL
2007 à 2011 : Mille anni di Storie - 13 volumes (Storie per ridere, Storie di paura, Storie di animali, Storie di mare, Storie magiche, Storie all’aria aperta, Storie comiche, Storie della buona notte, Storie divertenti, Storie di eroine, Fiabe italiane, Storie di principesse) - Edizioni EL
2011 : Il Bianco e il Rosso – Texte de Stefano Bordiglioni - Edizioni EL
2023 : Il ritorno di Ciro il piccolo dinosauro - Texte de Giuseppe Carfagno - Edizioni Il Ciliegio
Festivals et récompenses publicitaires
1987 : Treviso Cartoon – Prix pour l’animation - Sacla’ – Dall’orto i più bei sapori
1987 : Art Director’s Club – Médaille de bronze - Sacla’ – Dall’orto i più bei sapori
1987 : Annual illustratori – Médaille de bronze - Sacla’ – Dall’orto i più bei sapori
1987 : New York Advertising Festival – Sélection officielle - Sacla’ – Dall’orto i più bei sapori
↑(it) Renata Prevost, « A colpi di matita - Nella galassia degli illustratori », La Repubblica, :
« L’illustration italienne connaît un boom à la fin des années 60. Après la naissance en Amérique du Pushpin Studio de Milton Glazer et les travaux de Edelmann, des groupes de travailleurs firent école dans le monde entier et rendirent fameux de nombreux illustrateurs américains. C’est alors que Libero Gozzini essaya de matérialiser ce “rêve américain” en fondant le studio avec Fuzellier, Ballesta, Carloni, Spikic et Mulazzani. »
↑(it) Roberto di Caro, « Disegnatori con matita e computer », L'espresso, :
« Michel Fuzellier et Libero Gozzini préfèrent la pâte à modeler: les couvertures de “Il Mondo” étaient pleines de leurs sculptures, caricatures de Andreotti, Agnelli, Craxi, Berlinguer. Tomislav Spikic, lui, utilise l’aérographe et fait des planches délicate, un peu surréelles. Le romantique pur du groupe Ink est Giancarlo Carloni. »
↑(it) Till Neuburg, « Alla ricerca dell'immagine perduta », Zoom, no 5, :
« Un groupe d’artistes qui ne sont pas intéressants seulement pour ce qu’ils font mais aussi pour la façon dont le font : c’est à Milan, près des canaux, que travaille quelques jeunes gens en collectif. Leur studio s’appelle « Ink » (de l’anglais «encre ») et sont presque tous ensemble depuis quatre ans […] Bien sûr, chacun fait volontiers certaines choses plutôt que d’autres, éprouve naturellement plus d’enthousiasme pour telle ou telle technique, préfère s’occuper de thèmes qu’il sent plus proches de son caractère. Ainsi, quand un client leur soumet un problème, tous en discutent et décident à qui confier la tâche : selon le style, la technique et le temps disponible. »
↑(it) Mario Serenellini, « Così sfrutto lo spot : Quel legame tra animazione e pubblicità », la Repubblica, :
« Dans le “casting” artistique de la Quick Sand se sont succédé […] des illustrateurs tels que Alarico Gattia, Sergio Toppi, Enzo Mombrini, Emilie Van Hees, Fuzellier lui-même. Les sociétés « animées » par Quick Sand vont de l’Alfa Romeo à Gillette, de la General Motors à Coca Cola, de Manetti & Roberts à Sangemini. Parmi les spots devenus plus populaires, outre celui déjà historique de Fuzellier pour Spontex - avec ses trois éponges “mousquetaires” à l’assaut de la saleté, trois d’Artagnan de latex armés de fleurets et d’espiègles moustaches comme celles de leur auteur - la série préparée par Giorgio Forattini pour le lancement de la Uno Fiat. »
↑(it) Victor Togliani, Funzioni non verbali, Gilgamesh Edizioni, :
« C’est de Michel Fuzellier, qui s’occupait de storyboarder tout le film, que j’ai appris à utiliser pour mes croquis les Caran d’Ache, comme faisaient déjà les animateurs de chez Disney, au lieu des crayons de graphite traditionnels. Les croquis faits avec cette technique sont plus doux et d’un meilleur effet […] Michel, qui est aussi un grand animateur et décorateur (La gabbanelle e il gatto, Momo) et créateur de “characters” extraordinaires pour la publicité, préparait le story avec les cadrages justes, modifiant au besoin la perspective du décor que j’avais dessiné d’un point de vue d’ensemble assez central […] un travail immensément utile pour les dessinateurs des décors définitifs qui n’auraient pas eu assez de temps pour reconstruire les vues sous tous les angles nécessaires »
↑(it) « Fuzellier primo a Utrecht », Grafica & Disegno, no 22, :
« Une bonne nouvelle du monde de la créativité italienne : Michel Fuzellier s’est adjugé le premier prix au stade final des films MTV Europe sur “States of dependence” qui s’est tenu au Festival d’Utrecht. Fuzellier avait prèsenté le film d’animation The Horseman. »
↑(it) Patrizia Canova et Silvia Colombo, « Momo alla conquista del tempo », sur sas.bg.it : « Réalisé avec la technique artisanale qui caractérise les travaux précédents de l’auteur, Momo doit beaucoup de son charme à la qualité du dessin (entièrement réalisé à la main) et aux décors de Michel Fuzellier (inspirés par les œuvres de Escher, Dali et Magritte. Au niveau visuel l’opposition des deux conceptions du monde est rendue par la couleur d’abord (la grisaille qui éteint les couleurs éclatantes du monde d’avant l’arrivée des messieurs au cigare) et puis par le trait du dessin (les hommes gris ont des visages anguleux et cassés comparés aux douces rondeurs des êtres humains) »
↑(it) « Les “Jackson five”, une aventure musicale mise en image dans un dessin animé. », sur sabrinacarbone.wordpress.com, : « Le directeur de l’animation des Jackson five était Bob Balser, expert en vidéos musicaux qui avait codirigé le film Yellow Submarine sur les musiques des Beatles. Il dit : « C’était une production de Hollywood faite à Londres avec un goût européen ». Balser avait engagé des studios dans toute l’Europe pour travailler sur les deux chansons qui étaient présentées dans chaque épisode. « J’étais assisté par les meilleurs artistes. Je leur disais seulement, par exemple “cette chanson est sur la thématique du cirque”, et ils partaient sur ce thème. A part cela, ils étaient complètement libres de mettre en jeu leur fantaisie, et ce qu’ils réalisaient était réjouissant. C’est cette stratégie qui a rendu la série des Jackson Five si populaire en termes d’audience ». »
« Honneur aux vainqueurs, donc: le Grand prix Treviso ’92 est allé à Michel Fuzellier et à Walter Cavazzuti, deux noms désormais célèbres de l’animation italienne, unis sous la sigle Quick Sand de Milan après une longue file d’expériences diverses sur les terrains de la publicité, de l’illustration et du film animé. Fuzellier e Cavazzuti ont conquis le Grand Prix avec un produit “éducatif” (c’est un fait unique) écrit par Grazia Nidasio, l’auteure de Valentina Melaverde et de Stefi sur le ‘’Corriere dei Piccoli’’. Comin’Up Ciao Ciao est une collection de saynètes rapides (à peine huit secondes chacune ; on en prévoit 200, dont la moitié déjà réalisée) qui invitent les enfants à avoir un rapport serein avec l’environnement, les animaux, l’alimentation, les grands-parents, la signalisation routière, le sport. »