Marie-Agnès Gillot est née d'une mère comptable et d'un père kinésithérapeute. Elle abandonne sa vocation première qui était le chant lyrique et commence la danse à l'âge de cinq ans dans les cours de Chantal Ruault[1].
Sa professeure Chantal Ruault décèle en Marie-Agnès Gillot de nombreuses possibilités et lui conseille de passer le concours d'entrée de l'École de Danse de l'Opéra national de Paris. Admise, elle quitte Caen pour Paris à l'âge de neuf ans[2].
Marie-Agnès Gillot rencontre des problèmes de santé durant son cursus. Atteinte d'une double scoliose qui lui laissera une déformation du dos et la fera souffrir durant toutes ses années de danseuse, elle se voit contrainte de porter un corset quotidiennement, en le cachant, pendant 21 heures sur 24 et qu'elle ne quitte que pour danser[3],[4].
Marie-Agnès Gillot intègre le corps de ballet de l’Opéra de Paris en 1989 avec une dispense d'âge[2]. En 1991 Marie-Agnès Gillot est promue quadrille, coryphée en 1992 et sujet en 1994. Elle participe au Concours international de ballet de Varna en 1992, où elle arrive finaliste et participe à la création d'Attentat poétique de Daniel Larrieu.
Marie-Agnès Gillot danse Giselle du chorégraphe suédois Mats Ek en 1993. Cette année elle interprète également une des fées du prologue de La Belle au bois dormant de Rudolf Noureiev lors de la soirée « Jeunes danseurs » à l'Opéra Garnier.
Elle participe à la création du ballet Le Parc d’Angelin Preljocaj et danse Sérénade dans le rôle de l’Ange et Capriccio de Balanchine l’année suivante. En 1996 Gillot participe à la création du Magnificat de John Neumeier et est choisie une fois de plus pour danser une soirée Jeunes danseurs (soirée qui a pour but de mettre en avant des jeunes talents) aux côtés de Karl Paquette pour interpréter : le pas de deux du Corsaire (Marius Petipa), Casse-noisette (Noureiev).
Elle participe en 1998 pour la troisième fois à la soirée Jeunes danseurs, où elle danse le grand pas classique hongrois de Raymonda (Noureiev), So schnell de Dominique Bagouet, Le Sacre du printemps de Vaslav Nijinski et le premier pas de deux dans Vaslav dans la version de John Neumeier. Mais Gillot obtient de rôles comme Myrtha dans Giselle, la maîtresse de Lescaut dans L'Histoire de Manon, la reine des dryades ou la danseuse des rues dans Don Quichotte de Rudolf Noureev. En début d’année, elle reçoit le prix de l’AROP.
Marie-Agnès Gillot est promue première danseuse en 1999, à l’âge de 24 ans. Elle participe la même année à Clavigo, création de Roland Petit pour l’Opéra, dans le rôle de L’Étrangère ainsi que Le concours de Maurice Béjart.
Danseuse étoile
Marie-Agnès Gillot est nommée étoile le , à la suite de la représentation de Signes de Carolyn Carlson. Elle devient la première danseuse à être nommée à l’issue d’une œuvre contemporaine[5].
Depuis cette date elle continue à interpréter les ballets donnés à l'Opéra de Paris comme le Boléro (Maurice Béjart), Le Jeune Homme et la Mort de Roland Petit, Le Fils prodigue de George Balanchine, Le Songe de Médée de Angelin Preljocaj ou Orphée et Eurydice de Pina Bausch qui a été diffusé en direct de l'Opéra Garnier sur Arte le samedi ). Mais en parallèle Marie-Agnès Gillot se lance dans le travail chorégraphique. Sa première création, intitulée « Rares Différences », a lieu en janvier 2007 dans le cadre du festival Suresnes Cités Danse avec la participation de danseurs classiques et hip hop[6]. Cette rencontre entre le hip-hop et la danse contemporaine est appréciée par la presse[7],[8]. Vient ensuite une création pour le Ballet de l'Opéra de Paris en 2012, « Sous apparence », où elle expérimente le langage de la pointe, portée aussi bien par des danseurs que par des danseuses. Les décors de cette œuvre très personnelle[9] sont réalisés par Olivier Mosset[10] et les costumes par Walter Van Beirendonck.
Marie-Agnès Gillot fait ses adieux à l'Opéra de Paris le en dansant l'Orphée et Eurydice chorégraphié par Pina Bausch. À la fin de la représentation, les spectateurs, debout, ont applaudi frénétiquement pendant vingt minutes[13].
Elle participe au concert des Enfoirés 2021.
Style
Marie-Agnès Gillot est une danseuse atypique. Elle ressemble davantage à une nageuse, ses muscles du dos étant très développés, qu'à une danseuse classique à la silhouette filiforme[14].
Elle déclarera à ce sujet « Je ne fais que 1,73 m, mais avec mes bras de singe et mes jambes interminables, on m'en donne beaucoup plus[5] ».
Marie-Agnès Gillot est souvent décrite comme «la danseuse contemporaine» de l'Opéra participant à nombre de créations et de pièces contemporaines mais n'en reste pas moins une danseuse classique pourvue d'une technique d'une rare finesse[15].
C'est également une artiste dotée d'une présence scénique remarquable, appréciée pour ses interprétations sensibles et justes des personnages qu'elle incarne[14],[15].
Accueil critique
« J’ai remonté Daphnis et Chloé en 1990, pour le spectacle de l’École de danse. Le rôle principal était confié à Marie Agnès Gillot, toute jeune fille de 15 ans, qui entrera cette même année dans le ballet. Elle avait déjà la technique et l’abattage qui lui permettent aujourd’hui de tout danser, classique et contemporain, mais pas encore la présence qu’elle dégage aujourd’hui. Il y avait alors en elle une faille de fragilité qui en faisait la Daphnis idéale, bien que brune ! »
— Claude Bessy, directrice de l’école de danse du ballet de l’Opéra de Paris[16]
« Elle a dansé pour moi le concours où elle était formidable et ça fait des années que je dis : "nommez-la étoile, c'est la meilleure que vous ayez et, enfin, ils se sont décidés" »
Avant de faire ses adieux à l'Opéra en 2018, elle multipliait déjà ses activités en dehors, par des engagements, une présence dans le domaine de la mode et des interventions dans des spectacles[6]
En 2015, elle est un des visages de la campagne publicitaire de la marque Céline (collection printemps/été), réalisée par le photographe allemand Juergen Teller et la styliste Phoebe Philo et qui réunit trois personnalités : Joan Didion, une écrivaine américaine de 80 ans[26], Freja Lawrence, un jeune mannequin britannique, et Marie-Agnès Gillot[27].
La même année elle collabore avec Daniel Askin sur Pointe, un court-métrage réalisé dans le cadre du projet MOVEment du magazine britannique AnOther. Jefferson Hack, à l'origine du projet le présente ainsi : « il y a toujours eu, historiquement, un dialogue entre la danse et la mode, notamment parce que ce sont deux formes d'art qui ont toujours repoussé leurs propres limites, mais aussi parce qu'elles ont toutes les deux un rapport au corps humain. Nous sommes dans l'ère de la vidéo, et je voulais donc créer un projet qui unisse le meilleur de la danse et de la mode, pour une série de performances artistiques sous forme de films, réalisées spécifiquement pour ce format, et non pas pour la scène, pour une fois »[28] Dans Pointe Marie-Agnès Gillot danse sur sa propre chorégraphie dans un costume d'Alexander McQueen, face au batteur George Barnett.
En 2017, elle participe au spectacle Petit éloge de la nuit adapté et mis en scène par Gérald Garutti, interprété par Pierre Richard, d'après le texte d'Ingrid Astier. Marie-Agnès Gillot y apparaît à travers cinq films réalisés par Gérald Garutti, dans lesquelles elle danse en interprétant la nuit. Le spectacle est présenté à Paris au Théâtre du Rond-Point et tourné trois saisons en France (Théâtre de l’Union - CDN de Limoges, Le Phénix Scène Nationale de Valenciennes, Théâtre des Célestins à Lyon), en Suisse, en Belgique et au Luxembourg. Il est repris en juin 2019 à La Scala Paris.
Sous l'impulsion de Brigitte Lefèvre, elle crée Magma en 2019, avec le danseur de flamenco Andrès Marin, le chorégraphe Christian Rizzo et les musiciens Bruno Chevillon et Didier Ambact. Cette pièce est jouée au festival de danse Cannes - Côte d'Azur France et au théâtre national de Chaillot en 2020 avant de partir en tournée.[1]
Elle est également la marraine l'association «La Chaîne de l'Espoir» pour venir en aide aux enfants hospitalisés[32].
Le , journée mondiale de lutte contre le sida, elle s'est produite aux côtés de Blanca Li, à la maison Jean-Paul Gaultier. dans un spectacle au profit du projet ICCARRE[33],[34].
Elle participe également en 2016 à la tournée du spectacle des Enfoirés en faveur des Restos du Cœur, un spectacle intitulé "Au rendez-vous des Enfoirés", où elle danse notamment sur le titre Jour 1 de Louane. Elle a depuis participé à chacun des spectacles des Enfoirés.
Vie privée
Marie-Agnès Gillot a un fils, Paul, né en 2013[1].
Répertoire
William Forsythe : In the middle Somewhat Elevated, Woundwork 1, The vertiginous thrill of exactitude, Approximate, Pas./parts
George Balanchine : Concerto barocco, Apollon Musagète (rôle de Terpsichore), Jewels Rubis et Diamants, Sérénade, Liebeslieder Waltzer, Agon, Symphonie en ut, Les Quatre tempéraments (rôle de Colérique),Le Fils prodigue
Rudolf Noureiev : Lac des cygnes, Don Quichotte (rôle de Kitri), La Bayadère (rôle de Nikiya), Raymonda, La Belle au Bois Dormant, Cendrillon
↑Julie Falcoz, « Marie-Agnès Gillot, l'étoile libre de l'Opéra », Figaro Madame, 08 août 2017 : « Ce handicap m’a donné la rage de réussir. À partir de là, j’ai été systématiquement première à toutes mes auditions. J’aurais certainement réussi sans ce handicap, mais il m’a donné une endurance et une ténacité que peu de danseurs connaissent si jeunes. »
↑Carine Bizet, « La romancière Joan Didion, nouveau visage de Céline », Le Monde.fr, (ISSN1950-6244, /m-styles/article/2015/01/09/la-romanciere-joan-didion-nouveau-visage-de-celine_4552992_4497319.html, consulté le )