Issu d'une famille bourgeoise de Dijon[1], Marc Antoine Baudot naît à Liernolles (Allier), le . Il est le fils de Jean-Marie Baudot, fermier du domaine de la Forest de Viry[2],[1], propriété noble[1], et de Claudine Deshaires[2]. Son parrain est Marc-Antoine Durand, docteur en médecine, procureur du roi et syndic de la ville de Paray-le-Monial ; il exerce une grande influence sur lui et l'incite à embrasser la carrière médicale[1].
En septembre, Marc Antoine Baudot est réélu député de la Saône-et-Loire, le septième sur onze, à la Convention nationale[6].
Il siège sur les bancs de la Montagne. Dès octobre 1792, il appuie la proposition de mettre en accusation le général Arthur Dillon, qu'il accuse d'avoir « offert la paix à ces brigands qui ont si cruellement, et contre toutes les lois de la guerre, bombardé Thionville »[7].
Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution[8]. En avril 1793, il est absent lors de la mise en accusation de Jean-Paul Marat. En mai, il est également absent lors du scrutin sur le rétablissement de la Commission des Douze.
Début septembre, Baudot est envoyé en mission dans les départements de l'Ariège et de la Haute-Garonne[13]. Le 8 octobre, il écrit de Toulouse avec son collègue Chaudron-Rousseau pour demander au Comité de Salut public quel conduite tenir face aux commissaires du Conseil exécutif : « Certains commissaires du Conseil exécutif et les agents du Comité de salut public entravent notre marche, rivalisent de pouvoirs avec nous et nous font naître mille difficultés que vous devez expliquer pour le salut de la chose publique et l'uniformité des mesures qu'il faut prendre pour l'opérer. Un agent du Comité de salut public peut-il se dire notre adjoint ? »[14] Le 21 du même mois, il écrit, avec ses collègues Chaudron-Rousseau, Ysabeau et Jean-Lambert Tallien que « les commissaires du Conseil exécutif, presque tous les intrigants, et ceux que vous avez envoyés dans le Midi, prennent le titre de représentants du peuple et se conduisent avec une insolence sans égale »[15]. L'historien Michel Biard, spécialiste de la Convention nationale et des représentants en mission, estime que cette dualité contribue à la désorganisation[16].
Le 19 brumairean II (), il prend avec Lémane un arrêté qui affirme : « Les phrases longues appartiennent aux monarchistes, le laconisme est le propre de la République. Dix lignes suffisent pour chaque objet de pétition : ceux qui en écriront davantage seront suspectés de vouloir mettre des longueurs à la Révolution »[19].
Le 6 frimairean II (), il écrit au Journal des Hommes libres, pour témoigner de sa déception devant l'attitude des juifs d'Alsace et de la région bordelaise :
« La race juive, mise à l'égale des bêtes de somme par les tyrans de l'ancien régime, aurait dû sans doute se dévouer tout entière à la cause de la liberté qui les rend aux droits de l'homme. Il n'en est cependant rien. Les juifs nous ont trahis dans plusieurs petites villes et villages du côté de Wissembourg. On serait en peine pour en compter dix reconnus patriotes dans les départements du Haut et Bas-Rhin... Partout ils mettent la cupidité à la place de l'amour de la patrie et leurs ridicules superstitions à la place de la raison... Ne serait-il pas convenant de s'occuper d'une régénération guillotinière à leur égard[20],[21],[22] ? »
À Paris avec Lacoste le 25 nivôsean II (), il retourne aux armées peu après. Le 8 pluviôse (27 janvier), les deux hommes prennent à Strasbourg un arrêté réclamant à la population 30 000 souliers et 3 000 manteaux, dans un souci permanent d'approvisionner les troupes. Le 21 ventôse (11 mars), Baudot est encore à Metz[23].
Pendant les Cent-Jours, il accepte un poste de lieutenant de police extraordinaire à Morlaix[1].
L'exil
Après un premier exil sous la Restauration, il revient en France pendant les Cent-Jours. Baudot est emprisonné pendant la terreur blanche. La Seconde Restauration le bannit en , à la suite de la loi contre les régicides ; il passe en Suisse, où il est mal reçu[18]. Après une pérégrination de six semaines pour trouver chaque jour un asile pour dormir, un médecin de Lausanne le prend sous sa protection et lui trouve une retraite à Avenches dans une maison dédiée aux aliénés. Il se retire ensuite à Bruxelles et à Liège, où il fréquente ses anciens collègues conventionnels, mais se moque des anciens dignitaires impériaux, qu'il appelle les « magnats », comme Sieyès et Cambacérès[1].
En 1811, la famille d'Edgar Quinet s'installe à Charolles, où elle se lie d'amitié avec Baudot. L'historien décrira plus tard sa rencontre avec l'ancien conventionnel :
« Jamais il ne parlait de la Révolution. C'était là aussi un sujet interdit, soit qu'il craignit de ne pas être compris, soit que lui-même fut importuné de ce souvenir. Je l'entendis pourtant dire un mot qui me frappa : "D'autres hommes ont la fièvre pendant vingt-quatre heures ! Moi, Madame, je l'ai eue pendant dix ans". Quelle pouvait être cette fièvre ? Ce mystère m'attirait. Car le silence profond gardé sur les grands évènements par ceux même qui les avaient faits était alors un des traits de la France. Si j'interrogeais, on me répondait tout bas par le mot de Terreur. Je supposais alors des histoires effroyables ; mais en rencontrant le lendemain sur l'escalier cette même figure si gracieuse, si souriante, si charmante, la plus aimable peut-être que j'ai vue, je ne savais plus que penser. »
À sa mort, ce dernier lègue ses mémoires à l'historien, qui n'en reçoit le manuscrit qu'en 1863, alors qu'il est en exil dans le canton de Vaud et qu'il a pratiquement achevé son histoire de La Révolution ; il en intègre des passages dans son texte. Puis, en 1893, sa veuve publie les Notes historiques avec une préface de sa main symboliquement datée du . Cet ouvrage comporte de nombreux portraits, satiriques (Sieyès), indulgents (Barère, David), ou animés par une émotion républicaine (Romme, Goujon, Soubrany, qu'il appelle « les derniers des Romains »[1]). Il expose son mépris pour les femmes engagées politiquement dans la Révolution[27] et son admiration, pour les raisons inverses, pour les femmes des États-Unis d’Amérique[28].
↑Michel Biard, « La « Convention ambulante ». Un rempart au despotisme du pouvoir exécutif ? », Annales historiques de la Révolution française, no 332, , p. 55–70 (ISSN0003-4436, DOI10.4000/ahrf.823, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bM. Prevost et Roman d'Amat, Dictionnaire de Biographie française : 6. Baudot (Marc-Antoine), p. 864
↑"Il faut que les femmes soient femmes et qu’elles ne se fassent point chefs de parti dans les discussions qui doivent se terminer par le glaive, puisqu’elles ne peuvent pas le porter." InNotes historiques, pp. 110-111.
↑"En Amérique, la femme semble occuper son véritable rang dans l’ordre social. (…) Retirée dans les limites sacrées de sa sphère, elle y est à l’abri de la corruption qui naît d’un commerce trop fréquent avec le monde." In Notes historiques, p. 285.
Françoise Brunel et Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, coll. « Quadrige », , « Baudot Marc-Antoine », p. 98-99.
Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, vol. 1, Paris, Edgar Bourloton, 1889-1891 (lire en ligne), p. 204.
Paul Montarlot, Mémoires de la Société éduenne des lettres, sciences et arts, vol. 32, Autun, Imprimerie Dejussieu père et fils, (lire en ligne), « Les députés de Saône-et-Loire aux assemblées de la Révolution », p. 245-246.
Antoine Trimoulier, Marc-Antoine Baudot, un missionnaire de 93 : son rôle politique, ses missions, ses mémoires ou notes historiques, Dorbon aîné, , 157 p.
Sergio Luzzatto, Mémoire de la Terreur, Lyon, Presses universitaires, 1991..
Anne de Mathan, Girondins jusqu'au tombeau, une révolte bordelaise dans la Révolution, Bordeaux, Éditions Sud-Ouest, 2004, 317 p. (ISBN287901543X)