Le manoir est situé au hameau d'Inthéville, un peu en retrait de la côte, à 1,1 kilomètre au nord-est de l'église Saint-Martin de Fermanville, dans le département français de la Manche.
Historique
Le manoir d'Inthéville — représentatif des grandes exploitations agricoles seigneuriales du Nord-Cotentin — construit de la fin du XVe au XVIe siècle par la famille de Pirou a probablement remplacé un château plus ancien, avec maladrerie, (XIIe siècle ?) siège de la seigneurie de Fermanville[1], lui même construit pour remplacer le Castel de la Mondrée, un château situé à l'extrémité ouest de l'anse de la Mondrée et qui aurait été détruit par la mer en 900[2],[3]. Le seul vestige de l'édifice primitif est la chapelle du XIIe siècle[1], dédiée à saint Étienne et sainte Madeleine.
Le corps de logis actuel date de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, bâti sous l'impulsion de la famille de Pirou, seigneurs de Fermanville depuis le début du XIVe siècle[4].
Fermanville passe ensuite dans le patrimoine de la famille Davy à la suite du mariage de Françoise de Pirou, fille de Catherine, avec Louis Davy, sieur de Sorthosville[1]. Pierre Davy, premier marquis d'Amfreville, réside à la Cour d'Inthéville dont il ferme la cour sur ses trois côtés par des bâtiments d'exploitation en 1643[5]. Ses fils s'illustreront dans la marine de Louis XIV, notamment Charles-François Davy d'Amfreville, lieutenant général des armées navales du Roi[5].
En 1739, le mariage d'Anne Davy, nièce de Charles-François, est célébré dans la chapelle d'Inthéville[6]. Celle-ci est saccagée par les gardes nationaux de Saint-Pierre-Église pendant la Révolution française[7]. Jacques-Marie d'Avice (1753 - Valognes 1806)[note 1], seigneur de Fermanville, sera arrêté le , et échappera à la guillotine par la chute de Robespierre[8].
La façade principale du corps de logis est réaménagée au cours du XIXe siècle, afin d'ordonner les fenêtres[5].
À la fin du XXe siècle, le manoir a été brièvement aménagé en gîte de France.
Description
La Cour d'Inthéville, dont les bâtiments les plus anciens dateraient de la Renaissance[9] (fin du XVIe siècle)[10], construits en granite rose de Fermanville, forme une cour carrée fermée : le corps de logis côté est, les bâtiments d'exploitation côtés nord, ouest et sud. L'accès à la cour s'effectue à travers la bâtiment ouest, au moyen de deux grandes portes cintrées.
Le corps de logis est un bâtiment d'environ 28 mètres de long sur 9 mètres de large. Il comporte deux étages et son toit — à l'origine entièrement couvert de schiste bleu — est incliné à environ 45°. Les sept fenêtres de la façade principale sont régulièrement ordonnées, résultat d'un réaménagement du XIXe siècle. Côté cour, une aile presque carrée au toit pyramidal est jointe au bâtiment principal par une tour octogonale au toit pointu, servant d'escalier[5]. Côté jardin, la façade a gardé son style original du XVe siècle, dont une fenêtre Renaissance aux moulures prismatiques[4]. Les vastes caves auraient été le débouché d'un tunnel menant au château de Saint-Pierre-Église[5].
Les communs aveugles vers l'extérieur comportent une charetterie à trois arches délimitées par des colonnes en granit légèrement rosé taillées au carré. Au-dessus, deux des trois lucarnes sont surmontées par des frontons en arrondis dans lesquels sont sculptées de larges coquilles Saint-Jacques.
La chapelle Sainte-Madeleine datant du XIIe siècle est accolée au nord du manoir. Elle comporte des éléments de styles roman, gothique et Renaissance[2], et est percée d'une belle fenêtre ogivale.
À l'angle nord-est se trouve une tour circulaire, possible vestige d'une précédente enceinte[4].
Protection aux monuments historiques
Les façades et les toitures du logis et de l'ensemble des communs, y compris la charretterie et la tour de défense nord-est et la chapelle en totalité sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du [11].
Liste des possesseurs de la terre et du fief de Fermanville
↑ a et bRené Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN978-2-35458-036-0), p. 197.
↑Edmond Thin, « Promenade archéologique de Maupertus à Cosqueville », Vikland, la revue du Cotentin, no 5, avril-mai-juin 2013, p. 15 (ISSN0224-7992).
↑Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN978-2-913920-38-5), p. 138.