Fils de Jean Moussinac, chef de gare aux chemins de fer départementaux, Léon Moussinac naît au domicile de celui-ci : la gare de Laroche-Migennes. Il poursuit ses études jusqu'à la licence de droit, contraint de travailler par ailleurs après la mort de son père en 1907.
Appartenant à la classe 1910, il doit passer huit ans sous les drapeaux et fait la guerre en première ligne ; il épouse Jeanne Lods en 1916. Il écrit en 1919 son premier article pour la revue Le Film que dirige Louis Delluc, son ami d'enfance qu'il connut à Paris sur les bancs du lycée Charlemagne et avec lequel il a été l'un des premiers théoriciens et critiques indépendants en France. Rendu à la vie civile, il devient critique de films à la revue Mercure de France, puis au quotidien L'Humanité à partir de 1923 où il tient une rubrique hebdomadaire.
Ses travaux théoriques et historiques, réunis pour la première fois en 1925 dans son essai Naissance du Cinéma, ont précédé, à l'exception des travaux de Louis Delluc, tous les ouvrages consacrés au cinéma ; il est possible qu'il ait ainsi influencé ses amis Eisenstein, Béla Balázs et Vsevolod Poudovkine.
Grâce à son action au sein du mouvement associatif Ciné-Club de France, le film Le Cuirassé Potemkine est projeté pour la première fois le à Paris, dans la salle de l’Artistic, louée pour un après-midi. Il fonde peu après avec son ami Jean Lods le « premier ciné-club de masse » — selon l'expression de Georges Sadoul — Les Amis de Spartacus, qui organise des projections au Casino de Grenelle avant d'être interdit après six mois d'existence par le préfet de police Jean Chiappe.
En , il reprend le magazine Regards, créé en 1932, avant d'en confier les rênes à son ami Pierre Unik.
Arrêté en pour « propagande communiste », il est interné au camp de Gurs. En , il est transféré avec un groupe de 85 détenus à la prison militaire de Nontron[5],[6]. Léon Moussinac est finalement jugé et acquitté en . Il entre ensuite au sein des mouvements de la Résistance.
Il est directeur de l'IDHEC de 1947 à 1949 et de l'École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD) de 1946 à 1959. En 1947, Les Statues de sel heurta le conformisme moral et esthétique de son parti et selon Pierre Daix, Jean Jérôme lui a reproché « sa complaisance pour les aventures scabreuses », en décidant de le boycotter par les organisations du parti[7].
Le 16 avril 1950, pour le 50e anniversaire de Maurice Thorez, il écrit la chanson Fils du peuple, sur une musique de Roger Désormière, enregistrée au Chant du Monde et publiée dans L'Humanité-Dimanche[7]. Dans ses mémoires de 1976, Pierre Daix a prétendu qu’il aurait "tenté de se suicider" huit mois après[8], ce que "les éditeurs ne confirment pas"[9], après avoir été critiqué en deux lignes dans L'Humanité pour avoir « composé avec la ligne du parti ». Il avait publié dans le numéro du de ce journal un article exaltant l’œuvre et l’engagement de Picasso qui exposait alors à la Maison de la Pensée française un choix personnel de ses sculptures[9]. Au même moment, Auguste Lecœur a publié deux articles dans L'Humanité, le 30 novembre et le 8 décembre, intitulés « Le peintre à son créneau », titre emprunté au peintre André Fougeron[9], en préparation de l'exposition itinérante "Au pays des mines". Le deuxième reproche en deux lignes[9] à Moussinac d'avoir écrit qu’il ne faut pas confondre le sujet d’un tableau et son contenu[9] et Moussinac s'en est ému dans son journal le 8 décembre[8].
Le Radeau de la Méduse (Journal d'un prisonnier politique, 1940-1941), Paris, Éditions Hier et Aujourd'hui, 1945 - rééd. Aden Éditions, Bruxelles, 2009
Les Statues de sel, nouvelles, Éditions Hier et Aujourd'hui, 1947
Traité de la mise en scène, Massin et Cie, 1948
Le théâtre, des origines à nos jours, Amiot-Dumont, 1957
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Léon Moussinac a joué dans quelques films :
↑Nicole Racine, « L'Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires (A.E.A.R.). La revue Commune et la lutte idéologique contre le fascisme (1935/1936) », dans Le mouvement social, janvier-mars 1966, no 54, p. 29-47.
↑ a et bNotice "Léon Moussinac" (signée par Nicole Racine), Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier (le Maitron), éditions de l'Atelier, 2008 [1]
↑ a et b"Croisements et contrebande" par Pierre Daix Aragon, dans "La parole ou l'énigme" coordonné par Daniel Bougnoux aux Éditions de la Bibliothèque publique d’information en 2005 [2]
↑ abcd et eFrançois Albera, "Léon Moussinac, Journal des 60 ans. 19 janvier 1950" – 19 janvier 1951, Paris, École nationale supérieure des Arts décoratifs, 2019 [3]
Georges Sadoul, préface à L'âge ingrat du cinéma, Paris, Éditeurs français réunis, 1967.
Marie-Cécile Bouju, Léon Moussinac, éditeur engagé (1935-1939), Annales des amis de Louis Aragon et Elsa Triolet, 2007, no 9.
Christophe Gauthier, La passion du cinéma : cinéphiles, ciné-clubs et salles spécialisées à Paris de 1920 à 1929, Paris, Association française de recherche sur l'histoire du cinéma : École des chartes, 1999.
Valérie Vignaux (coordination avec la collaboration de François Albera), Un intellectuel communiste et Léon Moussinac, critique et théoricien des arts, Paris, Association française de recherche sur l'histoire du cinéma, 2 volumes (études et anthologie), 2014 [présentation en ligne sur afrhc.fr]
Nicole Racine, "L'Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires (A.E.A.R.). La revue Commune et la lutte idéologique contre le fascisme (1935/1936)", Le mouvement social, janvier-, no 54, p. 29-47.