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Luitpold ou Léopold de Bavière (en allemand : Luitpold von Bayern et en grec moderne : Λεοπόλδος της Βαυαρίας / Leopóldos tis Bavarías), prince puis prince-régent de Bavière, est né le à Wurtzbourg et mort le à Munich. Après avoir été un temps l'héritier du trône de Grèce (1832-1844), il devient régent et héritier du royaume de Bavière (1886-1912). Sa régence est notamment marquée par le recul progressif des intérêts bavarois derrière ceux de l'Empire allemand.
Thérèse de Bavière (1850-1925), princesse de Bavière. C'est une voyageuse, chercheuse en botanique et docteur de plusieurs universités qui laisse son nom attaché à la découverte de nombreuses plantes ;
En 1832, en raison de l'hellénophilie du roi Louis Ier, le traité de Londres donne la couronne de Grèce à son fils cadet, le prince Othon de Bavière, qui, à 17 ans, devient le roi Othon Ier de Grèce. Le traité reconnaît par ailleurs le prince Luitpold, troisième fils du roi, âgé de 11 ans, comme héritier du trône dans l'attente d'une naissance princière dans le foyer d'Othon. Le nouveau roi de Grèce n'ayant pas d'enfant, Luitpold ou son fils Louis semblent promis à lui succéder. Cependant, la Constitution adoptée par la Grèce en 1843 stipule que l'héritier du trône doit professer la religion orthodoxe. Or, ni Luitpold ni aucun des membres de sa Maison n'est prêt à abjurer le catholicisme. Cette situation aboutit à une crise successorale qui débouche sur la déposition d'Othon Ier et de son épouse Amélie d'Oldenbourg en 1862.
En , Luitpold entreprend un grand voyage en Orient d'une durée de quatre mois. Après avoir traversé le Danube (via Galați) et la mer Noire, il arrive le à Constantinople, où il reste trois semaines, jusqu'au . Il séjourne alors à l'ambassade d'Autriche. L'interprète autrichien Theodor Ritter von Schwarzhuber, alors en poste à Constantinople, rédige un rapport de 40 pages sur le séjour de Luitpold dans la capitale ottomane[1].
En 1848, confronté à l'agitation de ses peuples, le roi Louis Ier renvoie sa maîtresseLola Montez, abdique et se retire à Nice. Il y meurt en 1868. Son fils aîné lui succède sous le nom de Maximilien II. Il meurt en 1864, laissant le trône à son fils de 19 ans, qui règne sous le nom de Louis II.
En 1866, la Bavière prend parti pour l'Autriche dans le conflit qui l'oppose à la Prusse et se retrouve dans le camp des vaincus ; après la défaite, Luitpold entreprend de réorganiser l'armée bavaroise selon le modèle prussien[2], tandis que la Prusse impose à la Bavière un traité d'alliance. En vertu de ce traité, en 1870, à la suite de la déclaration de guerre de la France à la Prusse, la Bavière est contrainte de soutenir la Prusse. Le roi Louis II invite ses pairs à proclamer le roi de Prusse victorieux empereur allemand. Luitpold assiste avec son neveu Othon à la proclamation impériale à Versailles, le [3].
Un projet de mariage du jeune roi avec une cousine d'une branche cadette, Sophie-Charlotte en Bavière, ayant fait long feu, il apparaît de plus en plus clair que le souverain restera célibataire et n'aura pas de descendance légitime. Son frère et héritier Othon, devenu fou, est reclus au palais de Fürstenried en 1872.
En 1886, le roi Louis II, neveu de Luitpold, vit de plus en plus éloigné du monde, délaissant ses devoirs politiques et dilapidant les finances publiques dans la construction ruineuse de châteaux pharaoniques. Son frère et successeur, le prince Othon, est lui-même interné depuis 1872.
Le , Louis II est déclaré inapte à régner et interné dans un de ses châteaux ; la régence est alors confiée à Luitpold, héritier du trône après ses deux neveux. Cependant, Louis II est retrouvé mort dans le lac de Starnberg une semaine plus tard et Othon est proclamé roi ; mais lui aussi étant inapte à régner, Luitpold demeure régent[2].
Contrairement aux souverains qui l'ont précédé, Luitpold adopte un style de gouvernement largement représentatif et se tient généralement très en retrait des décisions politiques, de sorte que le gouvernement et le Parlement gagnent en puissance[4]. Luitpold laisse la gestion du royaume en grande partie à ses ministres libéraux et favorables à l'Empire, sous la présidence de Johann von Lutz (jusqu'en 1890), Friedrich Krafft von Crailsheim (jusqu'en 1903) puis Clemens von Podewils-Dürniz(en) (jusqu'en 1912). Ainsi, Luitpold, bien que catholique lui-même, soutient également l'attitude anticléricale de Johann von Lutz et l'hostilité du gouvernement bavarois à l'égard de l'Église et du catholicisme politique[5], ce qui le conduit en 1890 à empêcher la tenue d'un congrès catholique à Munich[6].
En 1900, son petit-fils aîné, le prince Rupprecht de Bavière, épouse une cousine de la branche cadette, Marie Gabrielle en Bavière, sœur de la reine Élisabeth de Belgique. En 1901, le prince-régent devient arrière-grand-père d'un petit garçon qui reçoit son prénom et qui est appelé à ceindre un jour la couronne bavaroise. Après une fille, la princesse Irmingard en 1902 (qui meurt au berceau en 1903 après avoir contracté la diphtérie), en 1905, naît un second garçon. Le nourrisson reçoit le prénom de son oncle, le futur Albert Ier de Belgique. En 1906, la princesse accouche d'une fille mort-née et en 1909, naît un troisième garçon, le prince Rodolphe.
En 1902, le Landtag refuse d'accorder au prince-régent les 100 000 marks qu'il avait réclamés pour l'achat d'œuvres d'art. Cette opposition parlementaire suscite la controverse dans tout l'Empire, au point que l'empereur Guillaume II propose à Luitpold de lui verser la somme non allouée et s'indigne de « l'ingratitude sordide » des députés bavarois. Bien que le régent décline la proposition, la colère se fait encore plus forte au Parlement en raison de l'ingérence impériale[5]. Néanmoins, Luitpold accepte tout à fait l'intégration croissante de la Bavière dans l'Empire et ne s'oppose que sur les questions de centralisation dans le domaine militaire, généralement sans succès[5].
Le , le petit prince Rodolphe, âgé de 3 ans, meurt victime du diabète sucré. La princesse Marie-Gabrielle meurt en octobre de la même année à l'âge de 34 ans. Le prince-régent les suit dans la tombe le à l'âge de 91 ans. Toute la noblesse européenne se réunit à Munich pour ses funérailles. Il est inhumé dans la crypte de l'église des Théatins, dans le caveau familial des Wittelsbach[9].
Décorations
Parmi les nombreuses décorations qu'il arbore, Luitpold est chevalier de l'ordre de la Toison d'or.
Luitpold, le vieux prince régent Tuteur de deux royautés folles Sanglote-t-il en y songeant Quand vacillent les lucioles Mouches dorées de la Saint-Jean
(de) Hermann Rumschöttel et Ulrike Leutheusser, Prinzregent Luitpold von Bayern, Allitera Verlag, (ISBN3869063343).
(de) Hans-Peter Baum, « Prinzregent Luitpold von Bayern (1821-1912) und die Stadt Würzburg », dans Ulrich Wagner (dir.), Geschichte der Stadt Würzburg, vol. III/1 : Vom Übergang an Bayern bis zum 21. Jahrhundert, Stuttgart, Theiss, (ISBN978-3-8062-1478-9), p. 173-176.
Notes et références
↑(de) Klaus Kreiser, « Drei Wochen Istanbul : Das Tagebuch von Prinz Luitpolds Besuch im Jahre 1846 », dans Yavuz Köse (dir.), Şehrâyîn : Die Welt der Osmanen, die Osmanen in der Welt. Wahrnehmungen, Begegnungen und Abgrenzungen (Festschrift Hans Georg Majer), Wiesbaden, , p. 337-349.
↑(de) Theodor Toeche-Mittler, Die Kaiserproklamation in Versailles am 18. Januar 1871 mit einem Verzeichniß der Festtheilnehmer, Berlin, Ernst Siegfried Mittler und Sohn, .