Louis Martin-Chauffier commence des études de médecine puis, après la mort de son père[4], passe le concours de l’École nationale des chartes, où il est reçu en 1915. Pendant la Première Guerre mondiale, il est cependant mobilisé comme médecin auxiliaire. Il reprend sa scolarité en 1919 et devient archiviste paléographe en 1921, année de son mariage avec Simone Duval[5]. Il est alors nommé bibliothécaire à la bibliothèque Mazarine, puis à Florence (1923-1927)[4].
L'entre-deux-guerres
Dès 1922, il fait paraître son premier roman, La Fissure. Durant les années 1920, Louis Martin-Chauffier écrit quatre romans avant d’abandonner ce genre auquel il ne reviendra qu’en 1950.
Il collabore aussi à la maison d’édition Au sans pareil, où il publie des auteurs d'avant-garde comme Blaise Cendrars, rédigeant une présentation de Philippe Soupault en annexe d’Histoire d'un Blanc, ou signant la préface d’Aspects de la biographie d’André Maurois. Il effectue également des traductions de classiques (Aristophane, Dante, etc.) pour des éditions illustrées de luxe ; dans les années 1930, il entreprend la première édition des œuvres complètes d'André Gide (1932-1939), et travaille pendant plus de quinze ans à une étude de Chateaubriand, publiée en 1943 sous le titre Chateaubriand ou l'obsession de la pureté. Il s'occupe de Luce Vigo, fille du cinéaste Jean Vigo et de sa femme morts prématurément. Il préface en 1935 les œuvres complètes de La Rochefoucauld dans la bibliothèque de la Pléiade.
Il a aussi une activité de journaliste : tout en étant bibliothécaire, il donne des articles à diverses revues, en particulier à la Revue critique des idées et des livres, proche de l'Action française, puis devient chroniqueur religieux au Figaro.
Par la suite, il est rédacteur en chef de divers hebdomadaires, orientés nettement à gauche, comme Lu, Vu, puis Vendredi. En 1938, il devient directeur littéraire de Match et éditorialiste à Paris-Soir.
La Seconde Guerre mondiale
En 1940, il part en zone libre avec l’équipe de son journal. Il entre dans la Résistance, devenant rédacteur en chef d’un des plus importants journaux clandestins, Libération en 1942. En , il est arrêté par la Gestapo et envoyé en camp de concentration, d’abord à Neuengamme puis à Bergen-Belsen[6]. À la Libération, il est délégué à l'Assemblée consultative provisoire (juillet-) au titre des prisonniers et déportés, puis il poursuit sa carrière de journaliste et continue à faire vivre le journal sorti de la clandestinité : il est directeur littéraire de Libération, le quotidien dirigé par Emmanuel d'Astier de la Vigerie.
L'après-guerre
Il travaille ensuite pour divers quotidiens et hebdomadaires : chef du service étranger du Parisien libéré, chroniqueur littéraire à Paris-Presse et à Paris Match, directeur de la rédaction de Fémina-Illustration.
Communiste convaincu et admirateur sans limite de l'URSS en laquelle il ne voit que le vainqueur de la guerre, il est cité en 1949 comme témoin par Les Lettres françaises pour témoigner contre Victor Kravchenko[7]que la revue communiste accuse d'être « traitre », « escroc », « ivrogne », « désinformateur », affirmant plus fondamentalement que « Kravchenko est un traître. Kravchenko est un agent américain. Cela a été dit, redit, prouvé, établi », pour avoir dénoncé dans son livre J'ai choisi la liberté la collectivisation forcée, les purges et le goulag[8].
Ardent défenseur de l'épuration politique de l'après-guerre, il intervient dans Le Figaro littéraire pour répondre à Jean Paulhan, auteur en 1952 d'un essai publié aux Éditions de Minuit sous le titre "Lettre aux directeurs de la Résistance"[9]. Dans cet ouvrage, Jean Paulhan y dénonçait le fait que l'intelligentsia communiste française prenait prétexte du passé avéré ou supposé de certains intellectuels, pour écarter tous ceux qui ne suivaient pas leur ligne politique.
En 1967, il écrit dans sa préface à l'ouvrage collectif la déportation[10], qu'il faut lutter, sans haine ni violence, contre l’oubli du passé[5].
Durant la guerre d'Algérie, il participe activement à une « Commission internationale sur le système concentrationnaire », qui, en 1957 (époque de la bataille d'Alger), mène sur place une enquête sur le système répressif établi par l'armée française[11].
Une salle de réunion de l'Institut de France à Paris porte son nom.
Principales œuvres
L’Affaire des évêques simoniaques bretons et l’érection de Dol en métropole (848-850), thèse de l’École des chartes, 1921.
Correspondances apocryphes, Mme de Vandeul et Diderot, Choderlos de Laclos, Flaubert, Barbey d'Aurevilly, Marcel Proust, Anatole France..., 1923 (préface de Pierre Benoit)
↑Par décret en date du 27 novembre 1969, Louis Marie Jean Martin, né le à Vannes, est autorisé à s'appeler Martin-Chauffier. Encyclopédie des changements de noms, période 1963-1982, par Emmanuel Ratier, Faits & Documents,1995, page 222.