Les débats s'ouvrent le , une première loi est adoptée par le Parlement le 18 décembre 1981, mais la censure partielle du texte par le Conseil constitutionnel le 16 janvier 1982 conduit à sa non-promulgation. Une seconde loi, présentée le 20 janvier[1], est finalement promulguée le [2].
Le Parlement adopte une première loi le , malgré un rejet du Sénat acquis à l'opposition[3]. Le texte visait à nationaliser les cinq premiers groupes industriels français, trente-neuf banques et deux compagnies financières.
L'opposition de droite (RPR et UDF) n'hésite pas à utiliser la tactique de l'obstruction parlementaire, en déposant près de 1 400 amendements[3]. Charles Millon est l'un des opposants les plus farouches au projet, qui publie en 1984 L'Extravagante Histoire des nationalisations[3].
Saisi par l'opposition, qui se bat pour une indemnisation plus forte des entreprises qui seront nationalisées, le Conseil constitutionnel, dans sa décision no 81-132 du , censure les articles 4, 6, 13-1, 16, 18, 30 et 32 du texte, qui concernaient les mécanismes d'évaluation de la valeur des entreprises à nationaliser, afin de les indemniser, arguant l'inviolabilité du droit de propriété[4]. Il invoque la volonté du peuple qui, « par le référendum du 5 mai 1946 a rejeté une Déclaration des droits comportant notamment l’énoncé de principes différents de ceux proclamés en 1789 par les articles 2 et 17 » et a, en revanche, « par les référendums du 13 octobre 1946 et du 28 septembre 1958, approuvé des textes conférant valeur constitutionnelle aux principes et droits proclamés en 1789 ».
Le texte est retiré et une nouvelle version est ensuite adoptée et promulguée le 11 février 1982 et paraît au Journal Officiel le 13 février 1982. Pour les sociétés cotées en Bourse, la valeur d'échange des actions est égale à la moyenne des cours d'octobre 1980 à mars 1981, majorée de 14% pour tenir compte de l'inflation[5].
Entreprises concernées
Les entreprises concernées sont indemnisées à hauteur de 39 milliards de francs. La loi concerne les secteurs et entreprises suivantes[2] :
Selon J.-F. Bocquillon et M. Mariage, les partisans des nationalisations bancaires les présentent comme une solution aux problèmes suivants[6] :
Pour garantir le remboursement des sommes prêtées, les banques préfèrent prêter à des personnes solvables qu'à celles qui sont dans le besoin. A ces dernières, les banques ne prêtent pas, ou peu.
La loi du 11 février 1982 ne concerne que les institutions financières qui réalisent leurs opérations de dépôt et de crédit à vue et/ou à courtterme et qui ont leur direction générale sur le territoire français. Sont donc exclus de cette stratégie tous les établissements financiers qui réalisent des opérations sur le moyen et le long terme et/ou qui sont des succursales de banques étrangères. De plus, le montant des dépôts، dans l'hexagone, doit être égal ou dépasser l'équivalent de un milliard de francs français au début de 1981 et détenu par des personnes résidentes en France[6].
↑Elisabeth Vessilier, « Aspects financiers des nationalisations », Revue économique, vol. 34, no 3, , p. 466–495 (DOI10.3406/reco.1983.408727, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bJ.-F. Bocquillon et M. Mariage, Économie générale : première G, Paris, Bordas, , 212 p. (ISBN2-04-018961-0), p. 115