À partir d'août 1944, l'Armée rouge est à 200 km d'Auschwitz. Les autorités nazies envisagent alors la liquidation du camp en cas de nouvelles victoires soviétiques, ainsi que cela avait déjà été fait pour les autres centres d'extermination situés plus à l'Est.
Aussi longtemps que cela a été possible, les Nazis ont continué l'extermination dans les chambres à gaz. Ils ne mettent fin aux travaux d'agrandissement d'Auschwitz (camp souche et Birkenau) qu'à la fin de l'année 1944. Les travaux d'extension de certains des camps auxiliaires continuent pratiquement jusqu'à la libération.
Liquidation du camp par les nazis
Ce n'est qu'en novembre 1944 que les trois crématoires restant en activité sont dynamités (le crématoire IV était déjà inutilisable depuis octobre à la suite de la révolte du Sonderkommando).
Avant cela, les Nazis entreprennent de détruire et d'effacer les traces des crimes commis. Ils prennent soin d'assassiner la plupart des témoins oculaires du génocide et particulièrement les Juifs qui avaient travaillé dans les crématoires. Ils font nettoyer et recouvrir de terre par des déportés les fosses contenant des cendres de victimes. Ils brûlent les listes des Juifs exterminés, une partie des dossiers et de la documentation, en deux temps : d'abord entre juillet et septembre 1944 pour les listes de transports (Zuganglisten-FP) conservées au bureau de la direction politique, puis en janvier 1945 avant l'évacuation du camp. Cette destruction fut partielle : une commission spéciale soviétique a pu retrouver et réunir, après la libération du camp, un important volume de documents épargnés, notamment 90 000 actes de décès émis d'août à décembre 1943 ainsi que les archives de la Bauleitung, l'administration centrale chargée de la construction (ces archives ont été restituées au Musée d'Auschwitz en 1991-1992). Mais de nombreux documents sont manquants : ce sont en particulier les listes de transport des convois d'Europe occidentale, les registres (Totenbücher) à l'exception de ceux du camp des Tziganes, les listes marquées « SB » (pour Sonderbehandlung, « traitement spécial ») des personnes sélectionnées pour les chambres à gaz, les rapports sur les arrivées et les sélections, les listes de transferts, la plupart des rapports des blocks ainsi que les archives des sous-camps et des entreprises employant les déportés.
Après l'été 1944, le camp se dépeuple progressivement. Les détenus évacués sont soit employés dans des usines d'armement situées plus à l'intérieur du Reich (principalement des Polonais et Soviétiques), soit, dans le cadre des marches de la mort et des transports de la mort, conduits vers d'autres camps de concentration. La marche de la mort d'Auschwitz à Wodzisław Śląski, endurée par des détenus épuisés, sans manger ou presque, dans un froid glacial, est responsable de plusieurs dizaines de milliers de morts. Le a lieu le dernier appel général. Y sont présents 67 000 déportés dont 31 800 à Auschwitz I et II et 35 100 dans les camps auxiliaires dépendant de Monowitz.
Déroulement
Le camp d'Auschwitz est libéré par la 100e division (général Krassavine) de la 60e armée du front de Voronej de l'Armée rouge, renommé « Premier front d'Ukraine » après la libération de l'Ukraine, le .
Les camps souches d'Auschwitz I et Auschwitz II - Birkenau sont libérés par ces soldats dans le cadre d'une offensive sur la rive gauche de la Vistule. Ils y pénètrent vers 15 heures à la suite de combats qui font 66 morts parmi les Soviétiques. 7 000 déportés, maintenus dans le camp, survécurent jusqu'à la libération. Les soldats soviétiques ont découvert sur place environ 600 corps de détenus, exécutés par les SS pendant l'évacuation du camp ou morts d'épuisement.
Documentation visuelle
Les Soviétiques ont à cœur de filmer la libération du camp d'Auschwitz, afin d'alimenter la propagande staliniste en valorisant l'Armée rouge. Mais la lumière et le manque de pellicule entravent la prise de vues à l'arrivée sur le camp, ce qui oblige à reporter le tournage de certaines scènes. De plus, les images filmées ne reflètent pas la réalité. En effet, certains passages ont été filmés plusieurs semaines après les événements. Des détenus en bonne santé sont amenés du camp de Majdanek pour poser derrière les barbelés et des femmes des villages environnants sont payées pour être filmées dans les baraquements du camp[1].