Lactarius sanguifluus, le Lactaire sanguin, est une espèce de champignonsbasidiomycètes de la famille des Russulaceae. Il est caractérisé par son latex de couleur rouge vineux exsudé à la blessure, particularité lui valant son nom, ainsi que son inféodation stricte aux Pins. Il fait partie d'un groupe de Lactaires à latex orangé ou rougeâtre assez ressemblants et souvent confondus entre eux par les cueilleurs. Poussant en abondance dans le sud de l'Europe, c'est un comestible apprécié, particulièrement dans la cuisine catalane.
Taxonomie
Le nom correct complet (avec auteur) de ce taxon est Lactarius sanguifluus (Paulet) Fr.[1].
L'espèce a été initialement classée dans le genre Hypophyllum sous le basionymeHypophyllum sanguifluum Paulet[1].
Le champignon est décrit pour la première fois en 1811 par le mycologue français Jean-Jacques Paulet sous le nom Hypophyllum sanguifluum[2]. Il est ensuite transféré dans le genreLactarius par Elias Magnus Fries dans son traité de 1838 Epicrisis Systematis Mycologici[3]. En 1892, Otto Kuntze le place dans le genre Lactifluus[4], considéré jusqu'en 2010 comme synonyme de Lactarius. L'illustration de l'espèce type par Paulet en 1811 ne représentant pas la morphologie typique du champignon, un épitype a été désigné en 2005[5].
Étymologie
Son épithète spécifiquesanguifluus (du latinsanguis, « sang », et fluus, « écoulement »[6]), fait réfèrence à la couleur de son latex à la blessure.
Noms vulgaires et vernaculaires
Le champignon doit son nom commun de « Lactaire sanguin[7] » au lait rouge vineux qu'il sécrète à la coupure. Il est également appelé simplement « Sanguin », ou encore « Catalan »[8]. Dans la publication originale de l'espèce en 1811, Paulet le cite sous le nom français de « Rougillon des Toulouzains »[2]. Le nom de "sanguin" est cependant souvent utilisé abusivement pour désigner L. deliciosus, ce qui favorise les confusions, ce nom ne devrait revenir qu'à l'espèce ici présente, Lactarius sanguifluus[9].
Description du sporophore
Le Lactaire sanguin est un champignon dont le sporophore présente un pied et un chapeau. Le pied est central. Sous le chapeau, l'hyménophore est constitué de lames.
Le chapeau est convexe avec une dépression centrale et mesure entre 5 et 12 cm de diamètre[8]. Sa surface est lisse et un peu visqueuse et les marges sont courbées vers le bas. Il est chamois rosâtre à orangé, parfois avec des taches grisâtres ou gris-vert pâle, surtout là où la surface a été meurtrie.
L'hyménophore est constitué de lamesadnées ou légèrement décurrentes. Elles sont typiquement rose vineux pâle, avec une marge chamois rose pâle[10].
Son stipe est cylindrique et mesure de 2 à 5 cm de haut pour 1 à 3 cm d'épaisseur[8]. Sa surface lisse est beige rosâtre à gris rosâtre, parfois avec quelques fossettes (scrobicules) orange rougeâtre à brun-vineux.
La chair varie de ferme à fragile. Elle est tendre et vineuse dans le pied, rouge brique sous la cuticule du chapeau, ou rouge brunâtre juste au-dessus des lames. Sa saveur varie de douce à légèrement amère, et elle n'a aucune odeur significative[10].
Le lactaire sanguin est un excellent comestible, considéré par certains auteurs comme le meilleur des lactaires[8].
Le rovellò (en Catalogne)[21], le pignen (en Provence)[22] et le sanguinello (en Romagne)[23] ont une place importante dans les traditions culinaires du Sud de l'Europe. On le consomme frais, notamment badigeonné d'huile d'olive et passé au grill avec une persillade[8], ou à la poêle dans du beurre avec une goutte de rhum brun et un peu de crème fraîche[24]. Il est également séché ou mis en conserve[22].
Confusions possibles
Tout comme le L. deliciosus, le Lactaire sanguin est souvent confondu avec d'autres espèces de Lactaires à lait orangé ou rougeâtre de la section Deliciosi, de sécurité alimentaire identique, mais de valeur culinaire variable selon l'espèce. Il se confond avec les espèces suivantes :
Guillaume Eyssartier et Pierre Roux, L'indispensable guide du cueilleur de champignons, Belin, , 355 p.
(en) Jacob Heilmann-Clausen, Annemieke Verbeken et Jan Vesterholt, The genus Lactarius, The Danish Mycological Society, , 287 p. (ISBN87-983581-4-6 et 978-87-983581-4-5, OCLC40692593).
(en) Jorinde Nuytinck et Annemieke Verbeken, « Morphology and taxonomy of the European species in Lactarius sect. Deliciosi (Russulales) », Mycotaxon, vol. 92, , p. 125–168 (lire en ligne).
↑(en) T. N. Lakhanpal, R. P. Bhatt et Kamaraja Kaisth, « Lactarius sanguifluus Fr. – an edible mushroom new to India », Current Science, vol. 56, no 3, , p. 148–149.
↑(de) H. Dörfelt, T. T. Kiet et A. Berg, « Neue Makromyceten-Kollektionen von Vietnam und deren systematische undökogeographische Bedeutung », Feddes Repertorium, vol. 115, no 12, , p. 164–177 (ISSN0014-8962 et 1522-239X, DOI10.1002/fedr.200311034, lire en ligne, consulté le ).
↑(zh) Xianghua Wang, « A taxonomic study on some commercial species in the genus Lactarius (Agaricales) from Yunnan Province, China », Acta Botanica Yunnanica, vol. 22, no 4, , p. 419–427.
↑(en) L. Jalink, M. Nauta et R. S. Enzlin, « Lactarius sanguifluus new for Netherlands and other nice things », Coolia, vol. 40, no 3, , p. 188–190.
↑(nl) Annemieke Verbeken et R. Walleyn, « Orange-green milk cap in Belgium », AMK Mededelingen, vol. 2, , p. 37–44.
↑(en) Nick Kalogeropoulos, Amalia E. Yanni, Georgios Koutrotsios et Maria Aloupi, « Bioactive microconstituents and antioxidant properties of wild edible mushrooms from the island of Lesvos, Greece », Food and Chemical Toxicology, vol. 55, , p. 378–385 (DOI10.1016/j.fct.2013.01.010, lire en ligne, consulté le ).
↑(it) Graziano Pozzetto, La cucina e i prodotti della Valmarecchia : Da Santarcangelo di Romagna a Casteldelci, Rimini, Panozzo Editore, , 472 p. (ISBN978-88-7472-248-8, lire en ligne)