La Revista Blanca est une revuelibertaire publiée à Madrid de 1898 à 1905 et à Barcelone du au .
Revue de sociologie, d'art et de science, créée par Federico Urales (Joan Montseny) et Soledad Gustavo (Teresa Mañé), ils seront rejoints par leur fille Federica Montseny pour la deuxième période.
Historique
Fondée pour amplifier la campagne pour la révision du procès de Montjuich[1], La Revista Blanca va rapidement compter comme collaborateurs les plus brillants penseurs du mouvement libertaire espagnol, mais aussi international.
Elle constitue un cas unique dans l’histoire de la presse libertaire espagnole. Par son caractère d’entreprise familiale, d’abord, par sa longévité, ensuite, puisqu’elle couvre, en deux époques, la période allant de 1898 à 1905, puis de 1923 à 1936[2].
Première période (1898-1905)
Né du couple formé par Federico Urales et Soledad Gustavo, le projet d’éditer La Revista Blanca – dont le titre est directement hérité de La Revue Blanche parisienne (1891-1903) – répond au besoin de donner vie à l’idée libertaire en contournant la loi du interdisant toute propagande anarchiste. Le biais choisi est celui d’une revue de haut niveau où peuvent s’exprimer l’intelligentsia d’avant-garde et les « intellectuels » de sensibilité libertaire. Cultivant cette connivence, la revue constitue l’un des rares cas de rapprochement de la sphère intellectuelle avec le mouvement libertaire. De ce fait, elle demeure en marge des préoccupations ouvrières sans toucher le lectorat populaire[2].
Bien que le tirage atteint les 8000 exemplaires, la revue suspend sa publication à la suite de dissensions internes, des collaborateurs réguliers reprochant les conceptions dirigistes du couple Urales-Gustavo[2].
Deuxième période (1923-1936)
Dix-huit ans plus tard et pour une seconde époque, l’expérience de La Revista Blanca reprend, toujours sous les auspices du couple fondateur, mais augmenté, de la forte présence de leur fille Federica Montseny, alors âgée de dix-huit ans[2].
À partir du , La Revista Blanca publie un supplément hebdomadaire qui prend ensuite son autonomie sous le titre de Tierra y Libertad à partir du [4].
Un autre supplément, publié le , donne naissance à l'hebdomadaire satirique El Luchador (Le Lutteur), dirigé par Federico Urales qui publiera 122 numéros[5].
La revue publie également de la littérature populaire anarchiste : plusieurs centaines de titres vendus en moyenne à 15000 exemplaires. Deux collections sont créées : La Novela Ideal (Le roman idéal), parlant d'antimilitarisme, d'entraide, d'amour libre[6] (1925-1937) et La Novela Libre (1929-1937)[7].
Selon l'historien Jacques Maurice : « Trois militants libertaires de renom, Federico Urales, Soledad Gustavo et leur fille Federica Montseny, mettent leur plume et leur sens commercial au service de l'idéal qu'ils professent en créant la collection de romans « brefs » (32 p.), La Novela Ideal : plus de six cents titres entre 1925 et 1935. Le père et la fille, qui figurent parmi les huit collaborateurs permanents, en écriront 136 à eux deux. La collection a aussi bénéficié de 159 auteurs occasionnels. »[8]
(ca) Domingo Martínez, Federico Urales y « La Revista Blanca ». La cultura como instrumento transformador, Página abierta, no 182, , Ateneu Llibertari Estel Negre, texte intégral.
(es) Javier del Valle-Inclán Alsina, Biografía de la Revista Blanca (1898-1905), Barcelone, Editorial Sintra, 2008.
(es) Revista Blanca, Els Anarquistes educadors del poble : « La Revista blanca », 1898-1905 / introducció i selecció de textos, préface Federica Montseny, Barcelone, Curial, 1977, (BNF36674015).
(es) María Dolores Sáiz et María Cruz Seoane, Historia del periodismo en España, vol. 3 : El Siglo XX: 1898-1936, Alianza, .