L’univers à la fois huppé et raffiné dans lequel évoluait Manet à Paris, est remarquablement rendu par ce tableau, qui dépeint un concert donné au jardin des Tuileries et dans lequel le peintre représente des personnes qui lui sont proches.
Le peintre s’est lui-même représenté sous les traits du personnage barbu le plus à gauche de la composition. À sa droite, assis contre le tronc, on reconnait « celui que Rossini appelait le Mozart des Champs-Élysées : Jacques Offenbach[4] ». Quant à son frère, Eugène Manet, le tableau le dépeint légèrement incliné vers la gauche, devisant avec une autre femme.
Histoire
Exécution
Il est possible que Manet ait travaillé d'après photos[1]. Tout ce monde déjeunait chez Tortoni[1], posait chez Nadar, avait ses abonnements aux Italiens et faisait un triomphe aux spectacles espagnols alors mis à la mode par l'empereur Napoléon III à cause de son mariage avec Eugénie de Montijo[2].
Réception critique
Le tableau fut jugé sévèrement par Baudelaire qui n'en parla pas en 1863[5] et il fut vivement attaqué par Paul de Saint-Victor : « Son concert aux Tuileries écorche les yeux comme la musique des foires fait saigner l'oreille[5]. »Hippolyte Babou parle de la « manie de Manet de voir par taches (...) la tache-Baudelaire, la tache-Gautier, la tache-Manet [6]. »
Dans ses cours au Collège de France en 2000, Pierre Bourdieu voit dans ce tableau « une réponse à Baudelaire faisant l’éloge de Constantin Guys et disant « il n'y a pas encore de peintre de la vie moderne ». » Il propose par ailleurs une analyse détaillée de ce tableau dans ce même cours au Collège de France[7].
Postérité
La Musique aux Tuileries est en fait le premier modèle de toutes les peintures impressionnistes et post-impressionnistes qui représentent la vie contemporaine en plein air. Il a inspiré dans les décennies suivantes : Frédéric Bazille, Claude Monet, et Auguste Renoir[5]. Sa postérité fut immense.