João Domingos Bomtempo est le sixième des dix enfants d'un musicien d'origine italienne, Francesco Saverio Bomtempo, hautboïste à l'Orchestre royal de la cour à Lisbonne et Mariana da Silva († 1838)[1]. Son père est son premier professeur. Il lui enseigne son instrument, le piano et le contrepoint. Il poursuit ses études musicales à la Fraternité Sainte-Cécile où il est petit soprano et peut-être au Séminaire patriarcal de Lisbonne[2] et en 1792, il est toujours chanteur à la chapelle royale.
Après la mort de son père le , il lui succède au poste de premier hautbois, le , avec un salaire identique. Il abandonne le poste en 1801, lorsqu'il s'installe à Paris pour s'y perfectionner. Contrairement à ses collègues musiciens contemporains, il n'a pas d'ambition pour l'opéra. À partir de 1804, il y commence une carrière de pianiste virtuose à la Salle Olympique sous la direction de Kreuzer (concert du ). Il publie ses premières œuvres chez Leduc et sont joués son premier concerto () et sa première symphonie ( avec le troisième concerto pour piano), salués par Le publiciste, le Journal général de la France et le Courrier de l’Europe[3]. En revanche le Allgemeine musikalische Zeitung en 1810[4], critique son « jeu de bras »[1],[5]. Après son dernier concert en France, le , avec son quatrième concerto et de nouveau sa première symphonie, la presse le salue encore :
« Il suffit d'avoir entendu sa première symphonie pour le mettre déjà au rang des plus célèbres compositeurs. »
— Journal général de la France, 17 janvier 1810.
Il poursuit sa carrière à Londres, où il s'établit à l'automne la même année, en raison de la situation politique et du revers militaire au Portugal de Napoléon[3]. Il y retrouve d'autres collègues pianistes, dont John Field et Muzio Clementi rencontrés à Paris dès 1802. Ce dernier, avec lequel il se lie d'amitié, sera l'éditeur de sa musique outre-Manche[2] (une dizaine d'œuvres, dont une méthode de piano en 1816). Il lui dédie ses trois sonates opus 9[1] (1811).
En 1811, il retourne au Portugal, mais effectue plusieurs voyages à Londres (1816 et 1819) et Paris (1818–1820) — époque où il compose sa messe de requiem — avant de se fixer à Lisbonne en 1820. Il fonde en , une Société philharmonique (Sociedade Filarmónica), destinée à promouvoir la musique de son temps, tels Haydn, Mozart et Beethoven et ses propres compositions et où, lors de concerts publics, se retrouve la bonne société[1],[3]. L'activité en est troublée par la période du mouvement Vilafrancada et se poursuit irrégulièrement jusqu'à l'avènement du régime absolutiste en 1828 ; puis la société est dissoute.
Après avoir vécu cinq années au consulat de Russie sous la protection du consul, à partir de 1833 avec le retour des libéraux, il est professeur de la jeune Marie II et il est décoré de l'ordre du Christ. Le , est fondé le conservatoire de Lisbonne, sur le modèle parisien (destiné à remplacer le vieux Séminaire patriarcal créé en 1713). Il y enseigne le piano et en est le premier directeur, jusqu'à la fin de sa vie[2].
Il se marie en , avec Maria das Dores Almeida, avec qui il a un fils, Fernando Maria Bomtempo, né le et dont le roi Fernando et la reine sont parrains.
Œuvres (sélection)
En tant que compositeur João Domingos Bomtempo laisse des pièces pour piano — influencées par Muzio Clementi[2] — (dont onze sonates), de la musique de chambre, des œuvres pour orchestre (dont quatre concertos pour piano imprimés et deux symphonies), ainsi que des œuvres chorales et un opéra inachevé. Son requiem dédié à la mémoire de Luís de Camões, est sans doute son œuvre maîtresse et la plus connue de ses compositions.
n° 5 en ut majeur op. 13 « sonate facile » (Londres 1811, Clementi) dédiée par Bomtempo à « ses élèves ».
n° 6 en la bémol majeur op. 15 n° 1
n° 7 en sol mineur op. 15 n° 2
n° 8 en sol majeur op. 18 n° 1
n° 9 en fa mineur op. 18 n° 2
n° 10 en mi bémol majeur op. 18 n° 3
n° 11 en mi bémol majeur op. 20
Autres pièces : Variações sobre o 'Minueto Afandangado' (Fandango et variations) op. 4 ; Variações sobre um tema de Paesiello 'Nel cor piú non mi sento' (Introduction, cinq variations et fantaisie sur un air favori de Paisiello) op. 6 ; Capricho e Variações sobre o 'God Save The King' (Capriccio et variations sur « God Save the King ») en mi bémol majeur op. 8 ; Fantaisie en ut mineur op. 14 ; Ária Popular com Variações (Variations sur un chant populaire français) op. 15 n° 3 ; 12 études op. 19 ; Fantasia e Variações sobre a Ária de Mozart (Fantaisie et variations sur un thème de 'Die Zauberflöte' ) en sol mineur op. 21 ; Ária da Ópera 'Alessandro in Efeso' composta e arranjada para Piano (Variations sur un thème de 'Alessandro in Efeso' ) en si bémol majeur op. 22 ; Variations sur un thème de 'La Donna del Lago' de Rossini en mi mineur ; Valse.
Musique de chambre
Bomtempo est un adepte de la formation piano et cordes et plus particulièrement pour le quintette. Il laisse onze œuvres pour cette formation, dont deux partitions inachevées.
Concertos pour piano : n° 1 en mi bémol majeur op. 2 ; n° 2 en fa mineur op. 3 ; n° 3 en sol mineur op. 7 ; n° 4 en ré majeur op. 12 ; n° 5 en ut majeur op.24 (2ème mouvement, orchestration : César Viana & Finale reconstruction : César Viana)
Symphonies : n° 1 en mi bémol majeur op. 11 (créée à Paris en 1809, jouée à Londres l'année suivante) ; n° 2 en ré majeur (1835) ;
Pièces diverses : Ouverture en ut mineur ; Fantaisie pour piano ; Divertimento pour piano.
Avec voix
Cantates : Hino lusitano (Hymne lusitanien) op. 10 ; À Paz da Europa (À la paix en Europe) op. 17 ;
Requiem, à memória de Camões en ut mineur, op. 23 (1818, éd. Leduc) création, Paris 1819.
Elementos de Música e Método de tocar Piano Forte ; com exercícios de todos os géneros, seis lições progressivas, trinta prelúdios em todos os tons, e doze estudos, obra composta e oferecida à nação portuguesa, por J.D. Bomtempo. Soit : Éléments de la musique et méthode de jeu du piano-forte ; avec des exercices de toutes sortes, six leçons progressives, trente préludes dans toutes les nuances et douze études, une œuvre composée et offerte à la nation portugaise.
Discographie
Messe de requiem - Ana Pusar-Jerič, soprano ; Heidi Reiss, alto ; Christian Vogel, ténor ; Hermann Christian Polster, basse ; Chœur et orchestre de la radio de Berlin, dir. Heinz Rögner (1-, Portugalsom / Berlin Classics) (OCLC42845220)
Concertos pour piano nos 2 et 4 - Nella Maíssa, piano ; Orchestre symphonique de Nuremberg, dir. Klauspeter Seibel (15-, Portugalsom) (OCLC46638897)
Concertos pour piano nos 1 et 3 - Nella Maíssa, piano ; Orchestre symphonique de Nuremberg, dir. Klauspeter Seibel (22/, Portugalsom) (OCLC24107682)
Concerto pour piano no 5 - Mathias Trapp, piano ; Musica Portuguesa Do Sec. XIX, dir. Cesar Viana (juillet 1998, BMG Classics 7432 1 611 492)
Requiem - Angela Maria Blasi, soprano ; Liliana Bizineche-Eisinger, mezzo-soprano ; Reinaldo Macias, ténor ; Michel Brodard, basse ; Chœur Gulbenkian et Orchestre Gulbenkian, dir. Michel Corboz (14-, Virgin / Erato) (OCLC1020518918 et 898474566)
Symphonies nos 1 et 2 - Nouvelle philharmonie Portugaise, dir. Alvara Cassuto (1996, Movieplay)
Sonates pour piano op. 5, 15 no 2 et 18 no 2 - Gabriela Canavilhas, piano (23-, Portugalsom SP 4187) (OCLC52534581)
↑Lire aussi en [1823] : « Dans l’ensemble, la musique de Bomtempo n'est pas, bien entendu, sans mérite, un fait également reconnu par les connaisseurs, même si ici et là cela rappelle Mozart, entre autres. ».
Joseph Scherpereel, João Domingos Bomtempo : musicien portugais (XIXe siècle) : témoignages inédits de sa célébrité pendant son premier séjour (1801-1810), Paris, Centre culturel C. Gulbenkian-Portugal, coll. « Présences portugaises en France », , 86 p. (OCLC35727171, BNF35763717)
(pt) Jorge (Israel Ortiz) Vergara, Análise crítica do “Elementos de Música e Método de Forte-Piano Op. 19” de João Domingos Bomtempo na perspectiva da música historicamente informada, Université de Rio de Janeiro, , 153 p. (lire en ligne)