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Jean Daret né à Bruxelles en 1614 et mort à Aix-en-Provence en 1668 est un peintre et graveur français, originaire des Pays-Bas méridionaux.
Il peint des tableaux à sujets religieux ou mythologiques et grave des eaux-fortes.
Jean Daret, fils de Charles Daret et d'Anne Junon, est né à Bruxelles en 1614[1],[2] où il commence son apprentissage chez le peintre Antoine van Opstal dont le fils Gérard van Opstal sera un sculpteur baroque. Dès 1633 Jean Daret se rend à Paris où son séjour dans cette capitale est confirmé par sa présence au mariage de son cousin Pierre Daret, peintre et graveur.
Vers 1634, il quitte Paris pour se rendre en Italie d'où il rapportera le goût de la Quadratura. Il revient en France vers 1636 et s'installa à Aix-en-Provence. Il s'intègre très vite dans la société de sa ville d'adoption : en effet, seulement trois ans après son arrivée, il se marie le 3 décembre 1639 à la paroisse Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence avec Magdelaine Cabassol, issue d'une ancienne famille consulaire de la ville[3]. Ils auront six enfants dont deux fils, Michel né en 1640 et Jean-Baptiste né en 1649, qui seront élèves de leur père et deviendront des peintres comme lui[4],[JB 1].
En 1648, il devient membre de l'Association de la Sainte Famille de l'Oratoire, ce qui lui permet de fréquenter certains membres influents de sa ville. Il travaille pour le clergé en réalisant les décorations de plusieurs couvents et églises à Aix-en-Provence et aux alentours. Il travaille également pour des particuliers, membres de la noblesse provençale, qui lui commandent des tableaux pour orner leurs chapelles privées ou leurs demeures particulières. Il réalise ainsi non seulement des scènes religieuses mais également des portraits, des scènes mythologiques ou de genre[5]. Comme ses contemporains provençaux Nicolas Mignard et Reynaud Levieux, il ne se spécialise pas dans un seul genre. Jean Daret est alors un peintre de grand renom, surchargé de commandes de tableaux et de décors de plafonds[JJG 1].
Jean Daret est également un graveur qui a été souvent confondu avec son cousin Pierre Daret. Comme beaucoup d'artistes de son époque, il joint à ses talents de peintre et de graveur, une bonne formation d'architecte. Il est ainsi l'architecte de l'hôtel des Covet à Marignane, actuel hôtel de ville. C'est également lui qui réalisa les peintures marouflées commandées par le seigneur de Covet pour cet hôtel. Ces peintures ornent la salle d'apparat et dans la chambre seigneuriale un temps dite « de Mirabeau » à cause des liens de mariage entre le tribun et Émilie de Marignane. Mais son rôle d'architecte se limite à la fourniture des dessins qui sont ensuite confiés à un maître maçon ou à un architecte professionnel : ainsi pour la fontaine de la porte Saint-Louis à Aix-en-Provence, Jean Daret la dessine, Pierre Pavillon la construit et Jacques Fossé la sculpte[JJG 1].
En 1659, Jean Daret ayant des difficultés financières, décide de retourner à Paris où il aurait participé à la décoration du château de Vincennes, travaux aujourd'hui disparus. Le 15 septembre 1663 il est reçu à l'Académie royale de peinture et rentre l'année suivante à Aix-en-Provence[5]. Il reprend des travaux pour les amateurs locaux en particulier pour Pierre Maurel de Pontevès qui lui commande de nombreuses décorations pour son château à Pontevès, toutes actuellement détruites. Enfin son dernier travail sera la décoration du plafond de la chapelle des pénitents blancs de l'Observance que lui confiera Henri de Forbin-Maynier, premier président du Parlement de Provence[JJG 2]. Ce plafond de forme ovale représentait la Résurrection du Christ ; cette œuvre est également détruite[JB 1].
Jean Daret meurt subitement à Aix-en-Provence le 2 octobre 1668. Il est enseveli le lendemain dans l'église Saint-Sauveur d'Aix à l'entrée de la nef du corpus domini et son cœur est placé dans l'église des augustins réformés de Saint-Pierre[JB 2].
Jean Daret travaille à la décoration de plusieurs hôtels particuliers ou de château d'Aix-en-Provence et de la région provençale. Il travaille souvent en collaboration avec Pierre Pavillon qui se consacre à l'architecture et lui à la peinture.
L'hôtel Maurel de Pontevès, également appelé hôtel d'Espagnet, est un hôtel particulier situé au 38, cours Mirabeau à Aix-en-Provence, où se trouve actuellement le siège du tribunal de commerce. Il a été édifié à partir de 1648 par Pierre Maurel de Pontevès, surnommé le « Crésus provençal » qui avait acheté un terrain situé dans les anciens prés de l'archevêché en bordure desquels devait être tracé le Cours[6]. La façade de ce bâtiment dont l'architecte est Pierre Pavillon, se caractérise par la présence de deux colosses de pierre encadrant la porte d'entrée et soutenant un balcon. Cette disposition est inspirée des leçons émiliennes du palais Davia Bargellini de Bologne[CH 1]. Il se pourrait que Daret qui était retourné dans cette dernière ville vers 1660 et avait donc connu ce tout récent palais, ait suggéré à Pavillon de reprendre pour l'hôtel du cours le parti du portail à atlantes qui était si brillamment traité en Émilie[JJG 3]. Pour la décoration des plafonds et des murs, Pierre Maurel fait appel à Jean Daret qui est à cette époque le peintre aixois le plus renommé. Par suite de remaniements ultérieurs, ces décorations ont disparu[JJG 3].
Pierre Maurel qui avait épousé en troisièmes noces Diane de Pontevès achète à son neveu par alliance François de Pontevès la terre et la viguerie de Barjols (Var)[7]. Les décors de la galerie et ceux de la chapelle avec un concert d'anges ont été commencés par Jean Daret et terminés par ses deux fils. Ils ont totalement disparu, le château n'étant plus qu'une ruine[8].
L'hôtel de Châteaurenard est situé à Aix-en-Provence au 19, rue Gaston-de-Saporta, ancienne rue de La Grande-Horloge. Cet hôtel est entièrement reconstruit en 1651 par Jean-François d'Aimar-d'Albi, baron de Châteaurenard, conseiller au parlement[9]. C'est de la collaboration entre Pierre Pavillon et Jean Daret que se réalise ici le plus pur chef-d'œuvre de peinture décorative du premier baroque aixois[CH 2]. Cet hôtel est sans doute le premier construit par Pavillon sur ses propres plans[JJG 4]. Le décor en trompe-l'œil de l'escalier qui fait la célébrité de l'ouvrage est typiquement italien et Daret y montre explicitement sa formation bolonaise. Le peintre dilate l'espace créé par l'architecte. Le sujet du décor est l’Immortalité de la Vertu[10].
L'escalier est éclairé au sud par deux fenêtres donnant sur la cour intérieure. Les trois côtés de la pièce et le plafond sont entièrement recouverts par le trompe-l'œil. Au départ de l'escalier le peintre a représenté dans une niche une statue en marbre blanc d'empereur romain. Un peu plus haut est représenté un laquais écartant une tenture rouge. Les contemporains virent dans ce portrait celui d'un des serviteurs du propriétaire[CH 3].
Sur le deuxième mur est représentée une colonnade dorique ouvrant sur un jardin. La peinture du troisième mur présente une fenêtre à rideau rouge avec une statue du roi Salomon. Dans la voussure des grisailles représentent différents bustes et des figures allégoriques.
Louis XIV fut logé dans cet hôtel lorsqu'il vint en Provence pour réprimer les incidents qui se multipliaient à Marseille à l'instigation de Gaspard de Glandevès de Niozelles[CH 4]. La tradition veut que le roi ait été particulièrement frappé de la beauté et de la nouveauté de ce décor ; il aurait posté des gardes pour empêcher les courtisans d'en abîmer la peinture à leur passage[JJG 5] et a invité Jean Daret à participer à la décoration des pavillons du château de Vincennes[11].
Une rue d'Aix-en-Provence porte son nom[21].
Une exposition consacrée au peintre est organisée au musée Granet à l'été 2024[22].
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