Jean-Marie Adé Adiaffi ou Jean-Marie Adiaffi, né à Bettié, le et mort à Abidjan le , est un écrivain, scénariste, cinéaste et critique littéraireivoirien. Il étudie le cinéma à l'IDHEC[1], puis la philosophie à la Sorbonne avant de l'enseigner dans son pays d'origine. Il publie son premier recueil de poèmes, Yalé Sonan, en 1969. Son roman La Carte d'identité (1980), réflexion sur l’aliénation africaine postcoloniale, reçoit le grand prix littéraire d'Afrique noire. Viendront ensuite d'éclairs et de foudre (1980), puis La Galerie infernale (1984), Silence, on développe (1992). Attaché à la modernisation des religions africaines, il est le créateur du terme « bossonisme »[2], néologisme désignant un génie auquel est rendu un culte.
Biographie
Jean-Marie Ade Adiaffi est né, le à Bettié, dans la région d'Abengourou. Ayant perdu très tôt ses parents, il est élevé par Augustin Adépra, son oncle maternel[3]. Il effectue son cycle primaire au village, ses études secondaires à Bingerville, puis émigre en France où il obtient son baccalauréat. Adiaffi s'inscrit à l'IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques)[1], puis effectue un stage à l'OCORA (Office de Coopération Radiophonique) d'où il sort en qualité de réalisateur de télévision et de cinéma.
Revenu à Abidjan pour exercer son métier à la télévision ivoirienne, il n'approuve pas les conditions de travail dans cette structure et retourne en France en 1966 pour préparer sa licence et sa maîtrise de philosophie à la Sorbonne. Il y obtient son CAPES et revient à nouveau en Côte d'Ivoire en 1970, pour enseigner la philosophie dans divers lycées et collèges dont le Lycée classique d'Abidjan.
Son œuvre
Adiaffi entame sa création littéraire en 1969 par la publication de Yale Sonan, puis après plus d'une décennie de silence, reprend sa production en 1980 en publiant La Carte d'identité et d’éclairs et de foudres, un recueil de poèmes. Suivront d'autres recueils de poèmes, mais également plusieurs romans et un essai.[Lesquels ?]
Ainsi, issu d'une formation de réalisateur de cinéma et de télévision, mais également enseignant de philosophie, Jean-Marie Adiaffi s'affirme surtout en littérature, se présentant comme l'un des écrivains ivoiriens les plus talentueux et les plus novateurs[4]. Il présente une « écriture éclatée », le mélange des genres ou le "genre sans genre", comme il se plaisait à qualifier lui-même sa littérature ; d'où le qualificatif de "N'zassa", cette étoffe résultant de l'agencement de plusieurs morceaux de tissu multicolores. Et les mots s'entrechoquent dans cette littérature comme "des éclairs et des foudres", développant les thèmes de la liberté et de l'indépendance. Il use d'un langage virulent où les mots, précieux et triviaux, se mêlent pour constituer ces "coups de pilon dans la gueule des oppresseurs". En un mot, une écriture puissante au service d'un engagement poétique et politique sans borne pour la liberté et la libération des peuples opprimés.
Par ailleurs, l'œuvre de Jean-Marie Adiaffi est un produit des influences multiples. Elle est tributaire en particulier des auteurs présocratiques, surtout Parménide et Héraclite, des symbolistes tels qu'Eluard, Rimbaud et Lautréamont, des auteurs de la Négritude, notamment Césaire. Elle tient également de la culture Agni.
Sous le titre général de "Assonan Attin" (la piste de la libération), cette littérature est axée sur le projet d'une trilogie : le roman, la poésie et le théâtre. Mais seuls deux axes ont été réalisés : le roman avec "La Carte d'identité", "Silence, on développe" et "Les naufragés de l'intelligence", et la poésie comportant deux titres : "La galerie infernale" et "d'éclairs et de foudres". Le troisième recueil devrait porter le titre de "A l'Orée de ma montagne de Kaolin". Toutefois, "Yalé Sonan" et "La légende de l'éléphanteau", un conte pour enfant, publié en 1983, ne font pas partie de cette trilogie.
Le bossonisme
Jean-Marie Adiaffi est aussi l'inventeur du concept du bossonisme – de bosson, génie en agni – présenté comme « la religion des Africains »[5],[2]. Pour ADIAFFI, la colonisation a commencé par le spirituel (l'action des missionnaires), la libération doit donc se réaliser par le spirituel. Le bossonisme, autre nom de l'animisme – terme qu'il récusait – apparaît alors comme une théorie de la revalorisation de la « spiritualité africaine ». Ce concept constitue également pour Adiaffi une « théologie de libération africaine »[6].
Publications
1969 : Yale Sonan, Paris, Promotion et Edition (poésie) ;
1992 : Silence, on développe, Ivry sur Seine/Dakar, Nouvelles Du Sud, (roman) ; (ISBN2879310059)
1996 : Lire Henri Konan Bédié, Le rêve de la graine, Abidjan, Neter (essai) ;
2000 : Les naufragés de l'intelligence, Abidjan, CEDA (roman).
Autres productions
Filmographie
1993 : Au nom du Christ. Réalisation : Roger Gnoan M'Bala ; Production : Amka Films Productions, S.A. Jean-Marie Adiaffi est associé à ce film en qualité de scénariste ;
1997 : Une couleur café. Réalisation : Henri Duparc ; Production : Amka Films Productions, S.A. Jean-Marie Adiaffi est associé à ce film en qualité d'acteur ;
2000 : Adanggaman. Réalisation : Roger Gnoan M'Bala ; Production : Tiziana Soudani. Jean-Marie Adiaffi est associé à ce film en qualité de scénariste.
Discographie
2000 : Fleuve atlantique, une compilation alliant musique et poésie. Jean-Marie Adiaffi est associé à cette œuvre en qualité de musicien et écrivain.
Spectacles
2000 : Mélédouman, le prince sans nom. Une œuvre théâtrale de Philippe Auger, mise en scène par Philippe Adrien avec Fortune Bateza, d'après La Carte d'identité de Jean-Marie Adiaffi.
↑Madeleine Borgomano, Jean-Marie Adiaffi : romancier et poète ivoirien , Québec français, Numéro 64, décembre 1986, p. 20-22. [(fr) [1] (page consultée le 10 janvier 2013)]
↑Véronique Duchesne, Le Bossonisme ou comment être « moderne et de religion africaine », Présence africaine, Numéro 161/162, 2000, p. 299-314. [(fr) [2] (page consultée le 10 janvier 2013)]
↑[(fr) Le bossonisme (page consultée le 10 janvier 2013)]
↑Grand prix littéraire de l'Afrique noire. Liste des lauréats, [lire en ligne], consulté le 14 avril 2016
↑Germain-Arsène Kadi, Le champ littéraire africain depuis 1960: Roman, écrivains et société ivoiriens, L'Harmattan, avril 2010, p. 80.
Rangira Béatrice Gallimore, L'œuvre romanesque de Jean-Marie Adiaffi : le mariage du mythe et de l'histoire, fondement d'un récit pluriel, Paris, France : L'Harmattan, 1996 ;
Bernard Ascal et al, Poètes de la négritude 50 ans – les indépendances, Vincennes : EPM, 2010 ;
Pascal Éblin Fobah, Introduction à une poétique et une stylistique de la poésie africaine, Paris, L'Harmattan, 2012 ;
Daniel Delas et Danielle Deltel, Voix nouvelles du roman africain, Paris, Universite Paris X, 1994 ;
Germain Kouassi, Le phénomène de l'appropriation linguistique et esthétique en littérature africaine de langue française: le cas des écrivains ivoiriens : Dadie, Kourouma et Adiaffi, Paris, Publibook, 2007 ;
Marie-Ange Somdah, Identités postcoloniales et discours dans les cultures francophones, Paris,L'Harmattan, 2003 ;
Christiane Chaulet Achour, avec la collaboration de Corinne Blanchaud, « Adiaffi, Jean-Marie Adé », dans Dictionnaire des écrivains francophones classiques : Afrique subsaharienne, Caraïbe, Maghreb, Machrek, Océan Indien, H. Champion, Paris, 2010, p. 19-22 (ISBN978-2-7453-2126-8) ;
Carlos Alvarado-Larroucau, "Jean-Marie Adiaffi et sa carte d’identité. Une identité à chercher et à défendre", Philanthropie (revue d'étudiants africains et africanistes de La Sorbonne). Paris : ADEAS, n.º 3, .