Son premier livre, La Bibliothèque d'un amateur (Gallimard, 1979), est dédié à Louis-René des Forêts dont l'influence, peu après , dans les années 1970 et 1980, a été aussi déterminante pour lui que sa formation universitaire sous la direction de Gérard Genette. Ses livres suivants paraissent chez Fata Morgana, Champ Vallon et Farrago, sous son nom ou sous des pseudonymes. Parallèlement, il publie dans de nombreuses revues littéraires : Les Cahiers du chemin, La N.R.f., Le Promeneur, Recueil et Le Nouveau Recueil, La Revue littéraire… Son dernier roman, Une biographie autorisée, écrit « en collaboration avec Yves Savigny », paraît chez P.O.L en 2010.
À l’exception de Voyage sentimental, où le romancier raconte son voyage en Suisse à la rencontre du père de sa compagne, un Russe blanc émigré[9],[10], et de Louis-René des Forêts, roman, extraits d'un journal intime consacrés à l'auteur du Bavard, tous les livres de Jean-Benoît Puech ont pour personnage principal un écrivain fictif, Benjamin Jordane (1947-1994). En collaboration avec d’autres éditeurs de son invention (Stefan Prager, Yves Savigny, Michel Lhéritier…), J.-B. Puech établit, annote et commente des écrits de Jordane : notes de lecture[11],[12], journal (sur Pierre-Alain Delancourt, son maître en littérature[13]), nombreuses nouvelles[14],[15],[16], juvenilia, pièce de théâtre pour enfants, chapitres d’un roman inachevé, larges extraits de la correspondance sentimentale et littéraire[17]. Dans ses derniers ouvrages, J.-B. Puech se consacre à la biographie de Jordane et à son iconographie[18]. Avec la collaboration d'Yves Savigny, il écrit une vie de l'écrivain[19] et organise une exposition intitulée Jordane et son temps[20]. Il publie depuis lors un Bulletin de l'association des amis de Benjamin Jordane[21].
On a vu dans cette œuvre la poursuite, par la fiction, de la réflexion du chercheur en « sociologie des représentations » sur le personnage de l’Auteur et sur ses mythologies[22],[23]. On y a vu aussi des pastiches de romans d’aventures[24], à la manière de Marcel Schwob[25], de Fernand Fleuret[26] ou de Louis Chadourne[27]. Plus récemment, on s’est intéressé chez J.-B. Puech à la peinture réaliste de deux familles françaises du siècle dernier, représentatives de mentalités et de milieux opposés, si bien qu’un même ensemble, reçu à l’origine comme relativement formaliste[28], est aujourd’hui reconsidéré pour son contenu psychologique et social[29].
Œuvres
La Bibliothèque d’un amateur, Gallimard, coll. « Le Chemin », .
Voyage sentimental (ill. Pierre Joubert), Fata Morgana, .
Du vivant de l’auteur, Champ Vallon, coll. « Recueil », .
Benjamin Jordane, L'Apprentissage du roman, Champ Vallon, coll. « Recueil », .
Benjamin Jordane, Toute ressemblance…, Champ Vallon, coll. « Recueil », .
Benjamin Jordane, une vie littéraire (ill. Pierre Le-Tan), Champ Vallon, coll. « Détours / Cahiers Benjamin Jordane » (no 1), (dir., avec Yves Savigny).
Yves Savigny, Une biographie autorisée, P.O.L, [30].
Jordane intime (dir., avec Yves Savigny, catalogue de l'exposition présentée à l'issue du colloque « Présence de Jean-Benoît Puech »), Paris, éditions Orchampt, (ISBN978-2-9541069-0-8).
Le Roman d'un lecteur (frontispice Pierre Le-Tan), P.O.L, .
Fonds de miroirs suivi de Maurice Blanchot tel que je l'ai connu, Champ Vallon, .
Orléans de ma jeunesse (ill. François Souvay), Le Guépin, .
Jordane et son temps (1947-1994) : Catalogue de l'exposition de la bibliothèque de l'université de Bourgogne (ill. Pierre Le-Tan et Diane de Bournazel, notices de Jean-Benoît Puech et Yves Savigny), Paris, P.O.L, , 220 p. (ISBN978-2-8180-4234-2).
Une adolescence en Touraine (ill. François Souvay), Le Guépin, .
Hors commerce, Fata Morgana, 2017.
Moonfleet 1947, Fata Morgana, .
Benjamin Jordane (édition de Stéphane Prager et Jean-Benoît Puech), La Mission Coupelle, Fata Morgana, , 56 p. (ISBN978-2-37792-061-7).
Benjamin Jordane et Jean-Benoît Puech (éd.), Atlantis Terrace, suivi de Atlantide disparue, par José Fortera, Fata Morgana, , 80 p. (ISBN978-2-37792-169-0).
Bibliographie critique
Ne figurent ci-dessous que les titres parus en volume ou revue et après la publication, en 2016, de la bibliographie – complète à de rares exceptions près[31] – qu'on trouvera dans Les Mondes de Jean-Benoît Puech[32].
Collectifs
Pierre Lecœur (dir.) et Dominique Rabaté (dir.), Les Mondes de Jean-Benoît Puech, Paris, Classiques Garnier, coll. « Rencontres (no 131) / Littératures des XXe et XXIe siècles (no 20) », , 258 p. (ISBN978-2-8124-3893-6, présentation en ligne).
Jan Baetens, « Jean-Benoît Puech, Cinq matinées du Jordane Club », La Revue générale, Presses de l'université de Louvain, no 4, , p. 242-245.
Charles Coustille, « La Thèse-œuvre de Jean-Benoît Puech », dans Antithèses : Mallarmé, Péguy, Paulhan, Céline, Barthes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des idées », , 312 p. (ISBN978-2-07-275590-3), p. 265-270.
…
Maxime Decout, Pouvoirs de l'imposture, Paris, Minuit, coll. « Paradoxe », , passim.
Jean-François Duclos, « Jordane et son temps », The French Review, Johns Hopkins University Press, vol. 92, no 2, , p. 274.
Alessandro Grosso, « Le Risque de représailles : Jean-Benoît Puech et Éric Chevillard face aux répercussions interpersonnelles de l’écriture », Cahiers de littérature française, no 22 « Déclinaisons du risque : Pour une archéologie des imaginaires littéraires des XXe et XXIe siècles », , p. 147 (présentation en ligne).
Pierre Lecœur, « Jean-Benoît Puech et Yves Savigny, Jordane et son temps, 1947-1994 », La Revue littéraire, no 69, , p. 200-204.
Michel Marmin, « Jean-Benoît Puech : Le Retour à Moonfleet », dans Cinéphilie vagabonde, Paris, Pierre-Guillaume de Roux, (ISBN978-2-36371-344-5), p. 184-188.
Michel Marmin, « Jean-Benoît Puech », dans Vagabondages littéraires, Toulouse, Auda Isarn, (ISBN978-2-493721-07-5), p. 197-201
David Martens, « Une muséographie de la vraie vie vécue : Quand Jean-Benoît Puech expose Benjamin Jordane », L'Esprit créateur : The International Quarterly of French and Francophone Studies, Johns Hopkins University, vol. 61, no 2, , p. 111-128.
Jochen Mecke, « Sous le signe du faux : Œuvres fictives, suppositions d'auteur et palinodies chez Jean-Benoît Puech », dans Jochen Mecke (dir.) et Anne-Sophie Donnarieix (dir.), Littératures du faux, Berlin, Peter Lang, , p. 181-199.
Laurent Nunez, « Louis-René des Forêts, roman, Puech », dans L'Énigme des premières phrases, Grasset, coll. « Le Courage », (ISBN978-2-246-86151-5), p. 177-190.
Dominique Rabaté, Désirs de disparaître : Une traversée du roman contemporain, Québec, Tangence éditeur, coll. « Confluences », , p. 38-40 et 42-45.
Dominique Rabaté, La Passion de l'impossible : Une histoire du récit au XXe siècle, Paris, Corti, coll. « Les Essais », , 256 p. (ISBN978-2-7143-1201-3), p. 100, 145-146 et 238.
Dominique Rabaté, « Incrédulité et mystification : Réflexions sur Segalen, des Forêts et Puech », Littérature, Armand Colin, no 202, , p. 12-23 (résumé).
Justine Scarlaken, « Clément Coupèges, nouveau double littéraire de Jean-Benoît Puech ? (La Préparation du mariage) », Diacritik, (lire en ligne).
Justine Scarlaken, « Jean-Benoît Puech : Vrai faussaire ou faux auteur ? », Les Chantiers de la création, no 14, (lire en ligne).
Françoise Simonet-Tenant, Dictionnaire de l'autobiographie : Les Écritures de soi de langue française, Paris, Honoré Champion, , 848 p. (ISBN978-2-7453-4510-3, présentation en ligne), p. 646-648.
François Souvay, « Trois essais sur la fiction », Nunc, no 40, , p. 102-106.
François Souvay, « Jordane et son temps, 1947-1994 (catalogue de l'exposition de la bibliothèque de l'université de Bourgogne) », Europe, nos 1063-1064, , p. 386-388.
François Souvay, « La Mission Coupelle », Europe, nos 1094-1095-1096, , p. 333-335.
François Souvay, « Jean-Benoît Puech, La Préparation du mariage, P.O.L, 2021 », Europe, , p. 335-336.
François Souvay, « Revue Critique, no 899 « Jean-Benoît Puech, un roman national ? » », Europe, vol. 100, no 1121-1122 « Georges Bataille Jean-Luc Steinmetz », , p. 368-369.
François Souvay, « Cinq matinées du Jordane Club », Europe, no 1127, , p. 327-328.
François Souvay, « Jean-Benoît Puech, Démentis », Europe, no 1128, , p. 351-352.
François Souvay, « Jean-Benoît Puech, Fonds de miroirs II », Europe, , p. 337-338.
Jean-Pierre Sueur, « Une adolescence en Touraine, par Jean-Benoît Puech », blog de l'auteur, (lire en ligne, consulté le ).
Jean-Pierre Sueur, « La Préparation du mariage, par Jean-Benoît Puech », La Lettre électronique de Jean-Pierre Sueur, sénateur du Loiret, no 828, (lire en ligne, consulté le ).
Alix Tubman-Mary, « Jean-Benoît Puech ou la Traversée du miroir : Du lecteur fasciné au lecteur averti », dans Antonia Zagamé (dir.) et Émilie Pézard (dir.), Le Personnage romanesque au miroir du lecteur : Procédés et formes de l'identification, Presses universitaires de Rennes, coll. « La Licorne », (ISBN978-2-7535-9874-4), p. 272-287.
Entretiens
Jean-Benoît Puech (postface David Martens), Par quatre chemins : Entretiens, Les Impressions nouvelles, coll. « For intérieur », (ISBN978-2-87449-110-8, présentation en ligne).
Jean-Benoît Puech, « Entretien avec Dominique Rabaté au Lieu unique, Nantes, », dans Les Mondes de Jean-Benoît Puech, (présentation en ligne), p. 207-232.
Pierre Lecœur, « Entretien avec Jean-Benoît Puech », La Revue littéraire, no 77, , p. 73-88.
…
Jean-Benoît Puech, « Vie du mensonge et vérité du roman : Propos recueillis par Jochen Mecke(de) », Revue critique de fixxion contemporaine, no 22, , p. 159-181 (lire en ligne).
Alessandro Grosso et Jean-Benoît Puech, « L'Auteur comme personnage : Entretien avec Jean-Benoît Puech », Cahiers de littérature française, no 20 « Biomythologies contemporaines d'auteur », , p. 13-31 (présentation en ligne).
« Dans la vie réelle, une autre forme de fiction est à l'œuvre », entretien réalisé le avec Marc Cerisuelo et Dominique Rabaté, dans « Jean-Benoît Puech, un roman national ? », Critique, no 899, .
« L'auteur et son double », propos recueillis par Jochen Mecke, dans Littératures du faux, Peter Lang, 2023, p. 269-280.
« Mort ou vif, l'auteur était d'abord une œuvre », entretien avec Jean-Benoît Puech, recueilli par Jean-Didier Wagneur, Libération, 25-, p. 32-33.
Vidéos
Une biographie autorisée, Orléans, librairie Les Temps Modernes, , 4:20 [voir en ligne].
La Supposition d'auteur (à propos d'Yves Savigny et de Benjamin Jordane), Orléans, librairie Les Temps Modernes, , 6:58 [voir en ligne].
Jordane en trois mots, 1 et 2 [à propos d'Une biographie autorisée], Orléans, librairie Les Temps Modernes, , 11:41 [voir en ligne].
…
Jordane en trois mots, 3 (La Fabulation) [à propos d'Une biographie autorisée], Orléans, librairie Les Temps Modernes, , 6:46 [voir en ligne].
Le Réel et le Symbolique [à propos d'Une biographie autorisée], Orléans, librairie Les Temps Modernes, , 1:43 [voir en ligne].
Un roman à clé, oui, mais [à propos d'Une biographie autorisée], Orléans, librairie Les Temps Modernes, , 7:45 [voir en ligne].
Une scène de famille [à propos d'Une biographie autorisée], Orléans, librairie Les Temps Modernes, , 8:31 [voir en ligne].
Dialogue avec Jean-Benoît Puech, entretien conduit par David Collin, médiathèque Astrolabe, Melun, IUFM de l'académie de Créteil, 2011, 36:20 [voir en ligne].
Quand un écrivain se multiplie, IUFM de l'académie de Montpellier, , 11:22 [voir en ligne].
↑Cahier Louis-René des Forêts, Le temps qu’il fait, 1991.
↑L'Auteur comme œuvre (l'auteur, ses masques, son personnage, sa légende), sous la direction de Nathalie Lavialle et Jean-Benoît Puech, Presses universitaires d'Orléans, avril 2000, (ISBN2-913454-05-4).
↑Supercheries épistolaires, Revue de l’Aire, Champion, 2002.
↑Jordane revisité ; Benjamin Jordane, une vie littéraire : cahier iconographique avec un portrait de Jordane par Pierre Le-Tan, et des portraits de ses compagnes par Jean-Claude Fourneau.
↑Galerie Marc-Ernest Fourneau, rue d'Ochampt, à Paris, puis université de Bourgogne, à Dijon.
↑Les cinq premiers numéros ont été édités en recueil aux éditions Fata Morgana.
↑Dominique Rabaté, « Le Biographique et ses légendes », Fabula.org, 31 janvier 2001, sur Nathalie Lavialle et Jean-Benoît Puech, op. cit..
↑Jan Baetens, les études citées dans la bibliographie ; Maryse Aubut, « J.-B. Puech est-il un auteur sans œuvre ? », Analyses ; Laurent Nunez, Les Écrivains contre l’écriture, dédié à J.-B. Puech, Corti, 2006.
↑« Il est frappant de constater combien, chez ces expérimentateurs de la forme, Lahougue, Ollier, auxquels on ajouterait Puech dont il a été question plus haut, s’affirme une nostalgie du romanesque le plus traditionnel : celui de Jules Verne, de Stevenson, de Gaston Leroux, des bandes dessinées et films d’aventure, où l’étrange se manifeste et fascine. Ces fictions qui ont bercé leur jeunesse, ces écrivains cherchent non seulement à les reproduire, mais à en retrouver les jeux d’illusion dans les fictions borgésiennes auxquelles ils se livrent. » Viart et Vercier, op. cit.
↑Alexandre Gefen dédie « à Benjamin Jordane » une étude consacrée à Schwob (op. cit.).
↑Une étude de Dominique Rabaté également consacrée à Marcel Schwob, dans Marcel Schwob d’hier et d’aujourd’hui (Champ Vallon, 2002), et une autre consacrée à Fernand Fleuret, dans la postface à Jim Click (Farrago, 2002), sont dédiées à J.-B. Puech.
↑Thierry Fourneau, dans sa postface au Maître du navire (Farrago, 2004) consacrée au roman d’aventures, fait référence à l’œuvre de Benjamin Jordane.
↑Voir Viart et Vercier, op. cit. ; Jan Baetens, « Un auteur à contraintes atypique », op. cit.
↑Voir Pierre-François Levay, op. cit. : « …une interrogation inquiète portant sur le jeu social et sa mécanique secrète » ; ou François Souvay, op. cit. : « La vie de Jordane est marquée par la différence de milieu entre ses parents : un père simple officier, une mère de sang noble, deux clans opposés. D’où la difficulté de trouver sa place, qui passe par un triple reniement du père, voire par un questionnement sur le droit d’aînesse (emprunts à l’Histoire sainte, lecture d’enfance). »
↑Jan Baetens, « Le sujet s'évite : Jean-Benoît Puech », dans Jan Baetens (éd.) et Dominique Viart (éd.), Écritures contemporaines, t. 2 : États du roman contemporain, Lettres modernes Minard, , p. 191-201. Jan Baetens, « Qui trouve, cherche : Notes sur Jean-Benoît Puech, Benjamin Jordane, Stefan Prager et les autres », dans Jan Herman (dir.) et Fernand Hallyn (dir.), Le Topos du manuscrit trouvé : Hommages à Christian Angelet, Louvain et Paris, Peeters, coll. « Bibliothèque de l’information grammaticale » (no 40), , 588 p. (ISBN978-9042907201), p. 483-488.
↑Thierry Fourneau, « Bibliographie », p. 233-242 [lire en ligne (page consultée le 23 février 2018)].