Il a été publié une première fois en 1995, dans une version comportant cinq nouvelles puis en 2003 avec treize nouvelles. Certaines nouvelles du recueil ont reçu des prix (Solaris, Rosny, Julia-Verlanger).
L'illustration de la couverture a été réalisée par Alain Brion[1].
Toutes les nouvelles relèvent de la science-fiction et mettent en scène diverses technologies avancées, se concentrant surtout sur leur rapport à l'humain et à l'individu : les raisons pour lesquelles les hommes cherchent à en user, l'effet bénéfique ou néfaste qu'elles ont sur eux, la façon dont leur société s'en accommode… Jardins virtuels met en scène des personnages souvent en proie à des fardeaux divers et variés comme dans Magma-plasma ou dans Dedans-Dehors ; le recueil présente des personnes à la moralité ambiguë qui s'accommodent de la technologie pour leurs méfaits, comme dans L'anniversaire de Caroline, ou qui sont rendus meilleurs par son usage.
La question de l'humain est également un thème important dans cette œuvre : on y retrouve les sujets classiques des Intelligences Artificielles, du corps humain et des modifications qu'il encourt, mais aussi de la nature de l'homme et ce qu'il en reste lorsqu'il s'intègre à la technologie, se repaît d'elle ou s'y retrouve prisonnier. En dehors des rapports entre l'humain et la technologie, s'y côtoient également des nouvelles traitant de l'enfance (In memoriam : Discoveryland) comme de la condition de la femme et de l'érotisme (Carnaval à Lapêtre) : les nouvelles de Sylvie Denis ne s'arrêtent pas au simple aspect futuriste de l'univers qu'elles présentent. Elles sont d'ailleurs fortement ancrées dans notre réalité puisque certaines introductions sont des citations de livres réels, ou que les personnages analysent ou se réfèrent à des événements historiques connus.
À travers ces nouvelles sans lien scénaristique les unes avec les autres (sauf exception), le lecteur retrouve des termes et des concepts similaires voire identiques, qui laissent penser que chacune des histoires se déroule en réalité dans le même univers que les autres, sans nécessairement être géographiquement ou temporellement localisée avec précision dans cet ensemble. Les termes de « Furets », « Cerbères » et « neurocosses » sont ainsi assez communs dans chacun des textes, certains lieux également font office de point de liaison (les nouvelles De Dimbour à Lapêtre et Carnaval à Lapêtre en sont un exemple). L'autrice joue ainsi sur une intertextualité intrinsèque à ses propres œuvres.
Bien que ses textes soient exclusivement francophones, il lui arrive de doter certaines entreprises, certains véhicules… d'un nom anglais.
Jardins virtuels, Paris, Gallimard, coll. « Folio. SF », 2003, pp. 53-72.
Personnages
Narratrice - femme de 60 ans dont le corps a été placé dans un cercueil cybernétique pour punir ses méfaits et dont l'esprit sert maintenant à actionner des systèmes informatiques.
Anne et Luc Fauvet - couple qui ne peut pas concevoir son propre enfant
Caroline - fille de Anne et Luc Fauvet, à l'âge de huit ans
Dr Maury - gère les responsabilités de la femme cybernétique dans l'hôpital
Thèmes
La nouvelle aborde les projections futuristes dans lesquelles les prisonniers sont des machines (qui perdent leurs neurones et comportement biologiques pour des circuits artificiels). Aussi, il est largement question de l'infertilité et l'impossibilité des femmes à avoir un bébé. Les PMA et GPA sont vastement utilisés pour combattre ces problèmes. Des mères porteuses portent les bébés des autres femmes et les fécondations in-vitro sont exploités. Dans ce monde dystopique les gens sont contrôlés, manipulés et leur liberté est limitée.
Résumé
Une femme est une prisonnière cybernétique dans un hôpital à cause d'un méfait qu'elle a commis, un vol de diamants. Accusée pour 30 ans de « service collectif », elle est branché avec des circuits artificielles. Désormais elle contrôle quelques pavillons et parle avec des femmes venues pour concevoir des enfants. Il s'agit d'une époque où la GPA est devenue légale et souvent pratiquée. Un jour la prisonnière rencontre une femme - Anne, qui parmi cinq autres, était la seule de ne pas réussir à concevoir. La narratrice l'aide en contactant les organisations d'adoption mais le couple veut son propre enfant. Enfin, la prisonnière échange la paillette de givre d'Anne et Luc Fauvet contre une autre, et elle leur dit que c'est leur enfant qui naît après. C'est Caroline. Possédant un grand nombre d'aptitudes et de connaissances technologiques, la prisonnière nous aide à découvrir le monde qui l'entoure, à travers l'être qu'elle a créé par plusieurs manipulations des systèmes qu'elle dessert : Caroline.
Jardins virtuels, Paris, Gallimard, coll. « Folio. SF », 2003, pp. 73-104.
Thèmes
La nouvelle aborde les technologies futuristes, comme l'hologramme et la bulle quantique qui permet de créer un trou de ver. La guerre et le conflit social occupent une place importante dans cette nouvelle. Il y a des éléments de l'enfance. Le syndrome de Peter Pan est un thème central de la nouvelle. L'immaturité, la naïveté, la dépendance sont des qualités d'Arielle qui décrivent spécifiquement le modèle de puer aeternus (le « garçon éternel »).
Résumé
Elle le voit. Peter Pan apparaît à sa terrasse un jour sur deux. Arielle est une jeune fille passionnée par le cosmos et qui rêve d'aller sur Mars. Un soir, elle sort de sa maison et parle à son voisin Gari Ianaiev - travaillant dans le champ des projecteurs d'hologrammes virtuels - pour trouver une explication à ces visions étranges de Peter Pan. Il explique que c'est un délire, mais Arielle ne renonce pas et décide de le suivre avec le scooter de sa mère le lendemain. Néanmoins le scooter tombe en panne, et Arielle s'endort... Elle se réveille attaché à une chaise dans un parc abandonné - base des Amis de l'Humanité (une organisation terroriste). Gari est le gardien de leur terminal de bulle quantique qui provoque un trou de ver pour transporter les agents. Un de ses agents vient pour annoncer que les mairies de la ville veulent détruire le parc pour l'utiliser. Le transmetteur de matière est important car le parti anti-européen prépare un coup d’État. Le plan est de mettre Arielle dans la bulle quantique, une douleur la saisit à l'épaule, et elle perd conscience. Gary est contre, mais cependant John Ghatak - l'agent - la prépare. Elle est installée dans la bulle quantique pendant que Gari défend le parc en lançant des canettes de Coca-Cola. Arielle se réveille dans la bulle, John l'informe qu'elle ne pourra jamais retourner dans le monde réel. Elle est calme et accepte son destin, qui est de faire fonctionner la bulle quantique.
Nicolas Boltz : narrateur, garçon de 15 ans vivant dans l'Iceberg
Sonia Velmère : amie et amoureuse de Nicolas
Mère de Nicolas : à l'origine de l'expédition
Père de Nicolas : participe à la démocratie au sein de la communauté
IASD (Intelligence Artificielle Affectée au Développement des Sites désertiques et semi-désertiques) : gère le jardin « glacé » expérimental
Résumé
L’intrigue se déroule dans un futur où le réchauffement climatique est trop avancé pour que l’Occident puisse inverser la tendance. La famille du narrateur, Nicolas Boltz, participe à l’expédition Opération Iceberg Pour l’Afrique dans laquelle des personnes emmènent un iceberg jusqu’en Afrique. La communauté de cinquante dont ils font partie vit à l’intérieur du morceau de glace. Après trois ans de voyage, ils arrivent en Afrique, mais personne ne les attend sur place. Nicolas accompagne alors Sonia explorer les environs, où ils découvrent un hangar géré par l’intelligence artificielle IASD. À l’intérieur se trouve un biotope expérimental, qui met en place un environnement de glace pour voir son effet sur l’homme. Les deux enfants y sont enfermés pendant plusieurs heures, piégé par l'IA, avant d'être secourus, mais, alors que Nicolas décide de ne plus jamais y retourner, la fascination de Sonia pour l’endroit ne fait que grandir.
Elle met fin à ses jours avec des cachets, avant que l’on brûle le bâtiment dans lequel elle était retournée. La famille de Nicolas retourne en Europe, mais il n’oublie jamais son amoureuse. Des années plus tard, il reconduit une nouvelle opération avec plus d’iceberg et, dans celui en tête du cortège, il sculpte une statue de glace pour Sonia.
SF 99 : les meilleurs récits de l'année, Bélial n° (3), .
Jardins Virtuels, Gallimard Folio SF, no 126, .
Thèmes
Ville de Tchernobyl, destination des robots pour se réunir car cette ville est isolée des humains.
L'humanisation des machines qui est décrite tout au long de la nouvelle à travers le personnage du robot SN 11 345 WW.
Le rapport avec réalité, à travers l'évocation des réalités virtuelles ainsi qu'avec l'image du tigre.
Personnages
Thibault : Fils de Hans, il a douze ans, il est brun et a les yeux noirs. Il a une passion pour les machines.
Hans Horsin : Père de Thibault, il a la maladie de Holbek et a besoin d'un exosquelette.
SN 11 345 WW : Robot très intelligent.
Résumé
Hans Horsin est atteint de la maladie de Holbek, il lui reste peu de temps à vivre et, au lieu de mourir branché à une réalité virtuelle, il décide de voyager avec son fils Thibault. Ils sont tous les deux en Sibérie. Le rêve du père est de voir des tigres et ensuite de partir au Japon pour y passer ses derniers jours.
En Sibérie, ils rencontrent un robot appelé SN 11 345 WW qui travaille là-bas et qui leur confirme qu'il y a bien des tigres dans la zone où ils sont. On apprend que les robots sont devenus des machines de plus en plus intelligentes, capables de mentir et de décider pour elles-mêmes[3]. Ces machines veulent se révolter pour devenir autonomes et découvrir l'univers. Pour cela ils préparent une réunion secrète à Tchernobyl.
Lorsque les douleurs de la maladie de Hans deviennent insupportables, il décide de se suicider. Avant de le faire il va voir SN 11 pour lui demander d'accompagner Thibault jusqu'à Vladivostok après son décès. Lors de leur rencontre, Hans croit voir un tigre, mais se rend compte que celui-ci est une image virtuelle créée par SN 11, car le tigre ne laisse aucune trace. Une fois que le robot accepte de rester avec Thibault, Hans se suicide, sans avoir réalisé ses rêves.
Le lendemain matin, Thibault se réveille et apprend que son père s'est suicidé. Il parle de la mort de son père avec SN 11. Pendant leur discussion il voit ce qui semble être un vrai tigre (cette fois il laisse des traces au sol). Ils doivent décider leur prochaine destination, qui aurait dû être Vladivostok. Mais, lorsque SN 11 mentionne la réunion de robots qui aura lieu à Tchernobyl, Thibault décide de le suivre afin de pouvoir accomplir son rêve d'aller dans l'espace.
Jardins virtuels, Gallimard (Paris, France), coll. Folio SF no 126, 2003
Thèmes
Les peuples extraterrestres
Le voyage dans le temps
Personnages
Aura Riak : Dormeuse qui se retrouve accidentellement en l’an 3000
Rhys : chef d’équipe et membre de la Cité Intérieure
Laass : membre de l’équipe de Rhys
Lina : membre de l’équipe de Rhys
Tuloz : Enraciné, humain au corps de plante chargé de garder les Nouveaux Territoires
Li-Yo : premier Guide de Rhys, volontaire et engagé dans sa tâche
Lo : Remplaçant de Li-Yo après sa mort, moins concerné par son rôle
Hiérold : époux d’Aura Riak
Lili-la-Tigresse : jeune fille contaminée par des virus hérités de ses ancêtres
Péri : membre de l’équipe de Rhys
Bil : membre de l’équipe de Rhys
Résumé
Aura Riak a choisi, chaque quatre-vingts ans de sombrer dans un sommeil de plusieurs siècles afin de découvrir perpétuellement le futur. Du fait d’un dérèglement de sa machine à voyager dans le temps, elle se réveille en l’an 3000 sans aucun membre de son groupe. Elle fait alors la connaissance de celle qu’elle appelle Lili-la-Tigresse, chef d’un groupe d’enfants victimes de la décadence de la civilisation et privés d’intelligence. C’est lors d’un de leur semblant de conversation que trois jeunes sont capturés par des connaissances de Lili souffrant de la même misère et du manque de facultés intellectuelles. Ces trois enlevés sont Rhys, Lass et Lina venant de la Cité Intérieure et qui désiraient visiter la cité extraterrestre Thirésia. Grâce à leur milleroues, une machine intelligente, ils parviennent à échapper aux enfants primitifs et emmènent avec eux Aura. Elle apprend ainsi que la civilisation a disparu pour laisser place à quelques enclaves. Au fil des siècles, les avancées technologiques ont été telles que les hommes ont abusé des ressources et ont cessé de constituer une société pour se replier sur eux-mêmes. Des conflits ont ainsi vu le jour réduisant à néant l’humanité. En l’an 3000 ne subsistent alors qu’une dizaine d’enclaves rescapées. Rhys et ses camarades vivent au sein de la Cité Intérieure où un Guide fait office de parent jusqu’à leur âge adulte. A la suite de cela, ils deviennent des Citoyens et peuvent pleinement profiter des avantages technologiques du monde subatomique.
Arrivés à Thirésia, ils y trouvent les Guides des adolescents. C’est ainsi qu’ils découvrent que Thirésia est une ville factice créé par les Citoyens afin de stimuler l’imagination des jeunes membres de la Cité Intérieure. Elle est aussi la preuve que les humains n’ont pas trouvé d’extraterrestres avec lesquels ils sont en mesure de communiquer. Avant leur retour, Lina parvient à s’enfuir pour rejoindre les jeunes primitifs des Terres Perdues.
Aura vit maintenant à la Cité Intérieure et parvient à entrer en contact avec son conjoint Hiérold qui était parti à la quête d’extraterrestres par le biais du projet Jonas. Après plusieurs voyages dans le temps, Aura termine ainsi sa balade dans le futur et décide de « cultiver notre jardin », à l’image de Candide, personnage éponyme de Voltaire accepte de se satisfaire des choses simples de la vie après un voyage à travers le monde qui lui a montré les atrocités des êtres humains envers leurs prochains.
Liens externes :
Si Thébaldus rêve…
Parutions
Jardins virtuels, Gallimard Folio SF, no 126,
Thèmes
La téléréalité (la réalité est transformée par les médias)
Iréna : personnage principal, l’histoire est racontée sous son point de vue. Elle est franche et pleine d’imagination. C’est une candidate aux sélections de la Cité des Artistes.
Thébaldus Eos : fameux mécène inconnu du public. Il est le créateur de la Cité des Artistes. Son identité sera connue au cours de la nouvelle.
Claudia Schmidt : surnommée par Irena « la princesse égyptienne ». Elle est poursuivie par des criminels et cherche à disparaitre. C’est pour cette raison qu’elle veut réussir le test de sélection de Thébaldus Eos.
Térich : (surnommé « le beau blond » au début de la nouvelle) journaliste indépendant travaillant pour les Amis de l’Humanité. Il veut absolument interviewer Thébaldus Eos et récolter des informations sur cette mystérieuse cité.
Karine-la-tatouée : candidate aux sélections, nous apprendrons à la fin de la nouvelle qu’elle avait pour intention d’éliminer Claudia.
Jayne Compte : une des juges aux sélections, elle apprendra à Térich et Iréna qui est Thébaldus Eos.
Résumé
Résumé
Des candidats présélectionnés ont pour objectif de réussir les tests de sélection afin de séjourner à Thébaldi pendant un an. Cette ville, surnommée «la cité des Arts », est située dans une Vallée des Alpes et est inaccessible aux étrangers. Personne ne connait l’identité du fondateur de Thébaldi, un prénommé Thébaldus Eos. Les postulants se posent des questions sur ce mystérieux personnage, ne sachant pas s’il est vivant, mort ou bien même s’il existe vraiment. Thébaldus Eos sélectionne des artistes qui exercent leur métier à Thébaldi, ville (possédant le statut d’un État) en marge de la société où tous les artistes résident. Ses frontières sont extrêmement contrôlées et les habitants ne peuvent pas quitter la ville. Les artistes sont filmés par des camérayas à des instants cruciaux de leur vie, qui font l’objet d’émissions diffusés sur les chaînes les plus connues dans le monde. Irena a une imagination débordante et est très observatrice. Dans le SuperTGV en direction de Thébaldi, elle repère toute de suite Claudia, mal à l’aise, qui se démarque des autres postulants par sa posture et son allure. Dans le lieu où résident les candidats, Iréna et Claudia partagent la même chambre. Cette dernière paraît mystérieuse et perturbée. En effet, elle se met à pleurer en découvrant un omtech (I.A faisant le ménage) et ne souhaite pas participer à la soirée de bienvenue. Irena, en revanche, a pour but de perdre sa virginité au plus vite. Durant cette soirée, elle revient accompagnée d’un garçon blond, ivre, qui tente de la « violer ». Claudia arrive à sa rescousse et le fait partir. Iréna est passionnée par la danse. Elle ne souhaite pas suivre un parcours classique comme celui de ses parents ou celui des parcologies. C’est pour cette raison qu’elle veut tenter sa chance en tant qu’artistes à Thébaldi car « Les spectateurs des parcologies » n’aiment pas tout ce qui provient de la fantaisie ou de la création humaine. Après quelques jours de colocation, Claudia confie son passé peu réjouissant à Iréna. Elle est née dans un bordel d’une mère prostituée et est ensuite embauchée par un riche client comme « bonniche ». Mais ce dernier se fait arrêter par un système judiciaire, Claudia est placée dans une famille d’accueil qui se fait tuer peu de temps après. Elle tente sa chance aujourd’hui à Thébaldi pour pouvoir ainsi disparaitre. Lors de son entretien, Iréna est surprise des questions posées par le juge qui n’ont aucun rapport avec son projet artistique. Celle-ci lui demande son avis au sujet du clonage thérapeutique, de l’intelligence artificielle et l’espace. Iréna n’hésite pas à être franche. Elle déclare que leur société est dominée par les avancées technologiques et ne laisse plus place à la création artistique et à l’imagination de l’homme. Il semblerait que Thébaldus Eos veuillent associer l’art au développement de nouvelles technologies. Lorsqu’Irena revient de son entretien perplexe, elle trouve dans sa chambre Claudia et Terich. Celui-ci l’informe qu’il est un journaliste au service des Amis de l’Humanité. Cette organisation est un réseau composé de personne se battant contre l’ordre régnant. Térich est venu ici dans l’intention d’interviewer Thébaldus Eos et de récolter des informations sur cette mystérieuse ville qui semble cacher des choses. Il pense pouvoir également aider Claudia. Durant la ballade dans la ville de Thébaldi, les trois amis découvrent des araignées transgéniques réparant les vitres d’un ascenseur. Ces araignées sont normalement interdites partout dans le monde. A la pause-déjeuner, Terich a rendez-vous pour entrer en contact avec une personne, censée lui indiquer les démarches à suivre, afin de rencontrer ce fameux Thébaldus Eos. Irena, curieuse, le suit discrètement. Jayne Compte, la juge qui a fait passer l’entretien à Iréna, arrive et leur apprend que Thébaldus Eos n’a jamais existé. En effet, c’est juste le nom d’un groupe de personnes qui s’est réuni afin de réaliser un projet en commun. Ce groupe recherche des « personnes intéressées par l’espace » ou des candidats ayant les capacités de faire avancer les technologies. Cette organisation mène des recherches très poussées (telles que des simulations augmentées) mais les cachent au grand public « comment passe-t-on d’une civilisation où règne le hasard et l’ignorance à une civilisation qui prend son destin en main ? ». Jayne affirme que Claudia est suivie, et conseille aux deux jeunes personnes de ne jamais la laisser seule. Après cette discussion, Térich, Iréna et Claudia assistent à la Winter Party, une fête organisée où l’ambiance de Noël est recréée. Lorsque les résultats des tests sont annoncés les trois amis apprennent qu’ils font partie des 5 % sélectionnés. Or, Térich trouve qu’il y a des incohérences à cette sélection. Il réfléchit et veut partir au plus vite de cette ville car il pense que Thébaldus Eos ont les moyens de leur effacer la mémoire et de les conditionner afin qu’ils ne divulguent aucune information de leur projet. Iréna décide de le suivre mais Claudia préfère rester, car elle se sent en sécurité à Thébaldi. Pendant qu’elle fait diversion, Iréna et Térich s’en vont, mais tout à coup Iréna réalise que Karine-la-tatouée est là pour éliminer Claudia. Au moment où elle s’apprête à l’exécuter, la paume du bras droit de Térich s’ouvre et, à la grande surprise d’Iréna, laisse passer une sorte de sarbacane de métal. La jeune fille, touchée, s’effondre. Les deux amis courent à toute vitesse vers l’entrée. Grâce aux transformations physiques du jeune garçon, ils ouvrent la porte pour sortir de cette ville. Sur le chemin du retour, Térich demande à Iréna pourquoi elle a choisi de le suivre car elle partage certaines idées avec Thébaldus Eos. Iréna lui répond qu’elle ne veut pas travailler avec des personnes qui refusent de diffuser ses découvertes et ses recherches au grand public. Elle juge que rencontrer des personnes, chercher et transmettre des informations est indispensable pour la société, ainsi que « Vivre et chercher à comprendre le réel ».
Au nord de nulle-part, anthologie composée par Dominique Warfa, Groupe Phi, 3e trimestre 1992.
Jardins virtuels, DLM Editions Cyberdreams, la collection, no 1,
Jardins virtuels, Gallimard, Folio SF, no 126,
Thèmes
L'immortalité, à travers les clones d'Elisabeth qui sont comme des images indélébiles d'elle-même à différents âges.
Le choix de son propre avenir avec la décision d'Elisabeth lorsqu'elle décide de partir.
Personnages
Elisabeth : Jeune fille de plus de 13 ans qui n'a pas de mère et qui découvre l'existence de plusieurs clones d'elle, créés par son père.
Bartholomew Cook : Père d'Elisabeth, artiste très connu et riche.
Pénélope : Intelligence artificielle.
Van Vanh : ami de Batholomew.
Résumé
Elisabeth habite avec son père dans une station artificielle qui est en orbite autour de Mars. Lorsque le père d'Elisabeth se trouve enfermé pour des raisons inconnues, la jeune fille découvre une salle dans laquelle il y a des clones d'elle à différents âges. Elle décide de réveiller son clone de 7 ans pour confirmer la présence de souvenirs dans celle-ci. Une fois réveillée, Elisabeth parle avec la petite fille et se rend compte qu'elle a bien les mêmes souvenirs qu'elle. Quand son père découvre qu'Elisabeth est avec un de ses clones, il veut la récupérer afin qu'Elisabeth ne dise pas la vérité aux clones. En échange, elle demande de pouvoir accéder à la mémoire de son père. Son père lui accorde et elle appelle Van Vanh, l'ami de son père, pour qu'il l'aide à visualiser la mémoire. Van Vanh vient l'aider et lui apprend la vérité : Elisabeth n'a jamais eu de mère et c'est Bartholomew qui l'a créée elle et ses clones à partir d'un embryon adopté. Elle apprend aussi qu'il existe d'autres types de clones, et, sous le choc, décide de les réveiller tous. C'est ainsi qu'elle découvre des versions d'elles déformés, mi-humains, mi-phoque, entre autres espèces. Finalement elle décide de partir de chez elle après avoir découvert la réalité sur ses origines.
Liens externes :
De Dimbour à Lapêtre
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations contenues dans cette section proviennent du site NooSFere[5].
Parutions
Jardins virtuels, DLM, Coll. Cyberdreams, 1995
Jardins virtuels, Gallimard, Coll. Folio SF no 126, 2003
Diane : clone-origine, professeur dans le Centre éducatif de Dimbour
France : mémo-clone de Diane, journaliste
Camille : mémo-clone de Diane, mannequin pour Orbit Models
Sandra Beck : mécanicienne pour CyberMech
Janine, médecin du Centre éducatif, amie de Diane
Ian Miguel Stephan Pétrovitch, fondateur de Dimbour et des mémo-clones
Mère de Diane
Résumé
Diane a deux mémo-clones : Camille et France, avec qui elle partage ses souvenirs en se branchant régulièrement à une petite boîte noire. Une fois à l'intérieur, un jardin sublime se révèle. C'est l'endroit où se retrouvent les trois jeunes femmes pour discuter. Mais Diane ne s'est pas branchée depuis plusieurs semaines et avec la destruction de Dimbour, l'habitat artificiel sur lequel elle vivait et travaillait, elle se sent perdue. L'arrivée de sa mère chez elle n'arrange rien ; elles n'ont rien à se dire. Il reste Sandra Beck, la belle mécanicienne qui vient pour réparer le laboratoire de l'habitat condamné...
Camille et France n'ont plus de nouvelles de leur clone-origine pendant dix mois. Son absence leur pèse, elles se sentent incomplètes. Pour ces raisons, elles demandent à Ian Miguel Stephan Pétrovitch, le fondateur de Dimbour, de leur créer un nouveau clone proche de l'original. Il refuse d'abord à cause de la situation politique, mais finalement il revient sur sa décision. Alors, Alice rejoint le jardin, en même temps que Diane, venue dire au revoir.
Liens externes :
Carnaval à Lapêtre
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations contenues dans cette section proviennent du site Noosfère[6].
Parutions
Cosmic erotica, anthologie composée par Jean-Marc Ligny, J'ai lu Millénaires [6025], 2000.
Jardins virtuels, Gallimard, Coll. Folio SF no 126, 2003.
Lorik : petit-ami de Mira, travaille chez Lapêtre Propre
Dyris : fille d'un propriétaire d'une importante entreprise de bioingénieurie, en Centrafrique Unie, sur Terre
Dr Firh Detros
Gary : ex-compagnon de Mira
Résumé
Mira a de nouveau été désignée pour jouer le rôle de la Courtisane pendant le carnaval de Lapêtre. Mais alors qu’elle cherche un ou une remplaçante chez un ancien professeur, elle rencontre Dyris. Celle-ci lui demande de l’aider, car en plus d’être surveillée par son père et promise à un mari contre son gré, elle a été excisée quand elle n’était encore qu’un embryon. Elle voudrait retrouver un sexe « normal ». Mira accepte de l’aider et, avec l’appui de son petit-ami Lorik, ils l’emmènent chez le docteur Firh Detros pour une opération. Tout se passe bien. Puis, pour la libérer définitivement de l’emprise de son père, Mira imagine un stratagème. Dyris joue le rôle de la Courtisane pendant le Carnaval, ce qui la rend impossible à détecter parce que le costume modifie son image infrarouge. Lorik, lui, endosse son schéma cérébral et ainsi, lorsqu’il saute d’une balustrade, on pense qu’il s’agit de Dyris. Mais la vérité est qu’il a sauté sur une terrasse en dessous et que c’est le corps d’une danseuse inconnue qui est disposé à la place. Un ami falsifie le dossier d’autopsie. Dyris est libre.
Étoiles vives no 1 [anthologie composée par Gilles Dumay] Orion/Étoiles vive Sciences Fiction, 1997.
Jardins virtuels, Gallimard, Coll. Folio SF no 126, 2003.
Thèmes abordés
Cette nouvelle reprend le schéma de science-fiction classique d'une équipe d'aventuriers interstellaires, des chasseurs de primes, mais en montrant plutôt leurs déboires et doutes que leurs réussites. Les scènes d'actions sont très modérées, au profit d'une description élaborée des moyens technologiques et du train de vie futuriste des personnages. Le thème du corps artificiel est très présent : un corps organique acheté et habité par une IA (dit un cybride), un corps cloné pour remettre à un autre la responsabilité de sa carrière, un corps modifiable à volonté qui s'éloigne et revient à l'humain constamment... Les personnages principaux eux-mêmes révèlent au fil du roman des particularités technologiques intégrées à leur être : des nanomachines, des tentacules tirant des projectiles et piratant des systèmes, des mémoires additionnelles... Le tout dans un univers où ces avancées technologiques sont monnaie courante et où il est possible de fuir la réalité par le biais d’œuf en métal immergeant l'utilisateur dans la musique et les fantaisies, ou d'univers fabriqués sur mesure. Ces innovations n'occupent cependant qu'une place très secondaire dans la nouvelle, laissant plutôt s'exprimer les raisons pouvant expliquer leur utilisation. Sylvie Denis montre des personnages effrayés par le vide de leur existence et qui cherchent donc à le fuir, en s'enfermant dans une fantaisie, en déléguant les fardeaux quotidiens ou en explorant des voies censées permettre un renouveau illimité, tout cela en usant de progrès technologiques et humains. Si certaines de ces avancées enferment et étouffent, l'autrice viendra à montrer que d'autres peuvent guérir et émerveiller.
Personnages
Johannes Epstein : propriétaire et capitaine du Scary Monster et légende vivante de l'exploration, en proie depuis quelque temps à des difficultés financières et mentales. Sa devise est « Seule l'action sauve ».
Rosie Bartholdi : fille d'un riche homme d'affaires, qui a été ramenée chez elle par l'équipage du Scary Monster après sa fugue. Elle semble entretenir à l'égard du groupe une certaine rancœur.
Barthold Bartholdi : directeur et propriétaire de la chaîne Canal-Luna.
Billie : cuisinière du Scary Monster, aux origines africaines.
Zilm et Yorl : deux jumeaux gardes du corps et membres de l'équipage du Scary Monster.
Farid Orléans : navigateur du Scary Monster, ami et collègue de longue date de Johannes Epstein.
Malaï : Cybride (une IA ayant acheté un corps organique) et homme commercial.
Zoni Irokawa : agent de Peter Tansfield.
Peter Tansfield : compositeur à succès ayant subi un accident de monorail suspect il y a quelque temps. Il demande les services de l'équipage du Scary Monster.
Peter Tansfield III : clone de Peter Tansfield réalisé afin de reprendre pour lui sa carrière musicale sans avoir connu le poids de la dépression et de la célébrité. Lui-même voudra changer de corps et deviendra un magma-plasma, un organisme pouvant adopter n'importe quelle forme.
Résumé
Résumé
En guise de prélude, Johannes Epstein et son équipage complètent l'une de leurs missions, qui consistait à ramener Rosie Bartholdi à son père après que celle-ci ait fugué. Une fois cela fait, ils se rendent dans la Bande Extérieure, au-delà de l'orbite de Mars, se reposer dans un lieu de loisir.
L'équipage du Scary Monster demeure alors dans l'attente de recevoir une mission. Cependant, leur capitaine s'enferme dans un œuf de métal en refusant de parler à qui que ce soit, préférant écouter de la musique en continu et consommer des drogues diverses. Leur situation devient précaire, le manque d'argent se faisant ressentir et des problèmes techniques les obligeant à se mettre à la recherche d'une nouvelle interface visuelle, élément essentiel de navigation dont leur navire se trouvera bientôt dépourvu. Malgré cela, Johannes refuse d'accepter des contrats ou même de rencontrer les intermédiaires lui étant envoyés.
Farid Orléans, le navigateur du groupe, rencontre dans un bar le cybride Malaï, une intelligence artificielle dans un corps organique, afin d'acheter auprès de lui une interface visuelle ITT 45. Mais il ne peut promettre d'honorer le contrat en raison de l'apathie perpétuelle de sa capitaine, qui les empêche de gagner leur pain. Au courant des déboires de l'équipage, Malaï propose un nouvel emploi à Farid, puisqu'il cherche un navigateur humain doté de qualités de négociateur pour établir une route commerciale jusqu'aux planètes troyennes ; une proposition qu'il ne peut s'empêcher de considérer malgré ses réticences à trahir son amie et capitaine de longue date.
Une nouvelle occasion se présente lorsque l'équipage reçoit un message de Zoni Irokawa, l'agent de Peter Tansfield, un musicien à succès très apprécié de Johannes souhaitant les rencontrer pour leur confier une mission. Pour faire sortir Johannes de sa transe, Farid suspend les paiements du droit de garage qui permettait à leur vaisseau de rester amarré dans une alvéole privée. Son plan réussit, cet événement suffisant à faire émerger Johannes de son repaire pour aller les confronter. Elle accepte d'aller rencontrer le musicien dans un lieu public, mais la réaction des collègues de Faarid laisse entendre qu'ils seraient prêts à démissionner si l'affaire est infructueuse ou provient d'un imposteur.
Une fois sur le lieu du rendez-vous, Johannes et Farid discutent de la nouvelle direction artistique et des changements constatés chez le musicien, la capitaine soutenant qu'il s'est cloné lui-même pour confier à son double la responsabilité de sa carrière. Lorsqu'ils le rencontrent dans un restaurant, Peter Tansfield confirme cette dernière théorie et explique qu'il s'est fait cloner car il ne parvenait plus à supporter la pression médiatique de sa profession, l'accident de monorail dont il a été victime étant un coup monté pour dissimuler l'opération de clonage. L'opération fut un succès, ou en partie, puisque son dernier album ne démarre pas très bien. Avant qu'il ne puisse expliquer en quoi cela a un rapport avec la mission qu'il souhaite leur confier, les trois individus sont interrompus par Rosie Bartholdi, qui les enlève après les avoir endormi à l'aide d'une substance.
Ils s'éveillent prisonniers dans un espace confiné. Le produit injecté par Rosie n'a pas pu être neutralisé par les nanomachines intégrées à leur organisme, ce qui indique que la responsable a eu accès pour cette opération à des fonds et moyens importants et surtout illicites. Johannes et Farid utilisent leurs moyens technologiques pour tromper les capteurs de leur prison et l'obliger à s'ouvrir, permettant leur échappée. Ils forcent le passage à travers diverses équipes de garde jusqu'à être récupérés par une navette du Scary Monster. Poursuivis, Johannes ordonne un saut dans l'hyperespace, malgré les réticences de Farid. Effectivement, leur stratégie échoue et ils se trouvent piégés dans l'espace de Tölde, où la matière finit toujours par se désagréger.
Peter Tansfield finit d'expliquer la mission qu'il voulait confier à Johannes : son clone en est arrivé au même point que lui et souhaite se créer lui aussi un double, pour pouvoir prolonger son existence sous une autre forme. Mais il est dans l'impossibilité de payer dans les temps ce qu'il doit pour l'opération, réalisée par l'entreprise GenCellCorp, et doit donc être protégé. Pendant ce temps, Farid apprend que les autres membres de l'équipage du Scary Monster ont eux aussi reçu des propositions d'emploi et songent à les accepter. Ils reçoivent alors une communication d'un vaisseau extérieur leur proposant de l'aide ; il s'agit d'un message de Malaï, le cybride que Farid avait rencontré plus tôt. Celui-ci accepte de les remorquer hors de danger si Farid et ses collègues travaillent gratuitement pour lui. Johannes arrive sur ces entrefaites, ayant entendu la discussion.
Une fois en sûreté dans le vaisseau de Malaï, elle leur donne raison dans leur volonté de la quitter, mais leur demande de rester au moins jusqu'à ce qu'ils aient aidé Peter. Ce dernier explique alors que son clone a décidé de devenir un magma-plasma, une enveloppe somatique très résistante pouvant adopter l'apparence de son choix. L'équipage est amené auprès de l'astéroïde où réside leur cible, dans lequel Johannes va s'introduire. Elle se retrouve ainsi à l'intérieur du magma-plasma, qui entame une discussion très sereine avec elle. Il lui permet par le biais d'un écran de voir ce qui se passe à l'extérieur, et lui fait la démonstration de ses capacités de métamorphoses. Dehors, par la force et l'intimidation, Malaï et Farid triomphent du vaisseau de Rosie et de la GenCellCorp, contrainte d'accorder à leur client un délai de payement supplémentaire.
Après une période de doute sur la marche à suivre et sur la façon dont son équipage s'est séparé d'elle, Johannes se laisse convaincre par Peter Tansfield, qui lui propose de vivre chez et en lui. Le calme et la sensualité du magma-plasma l'apaisent, et elle finit sur la conclusion que, si c'est l'action qui sauve, c'est l'extase qui guérit.
Privés de futur [anthologie composée par Gilles Dumay & Francis Mizio] Le Bélial'/Bifrost & Orion/Étoiles vive, 2000.
Jardins virtuels, Gallimard, Coll. Folio SF no 126, 2003.
Thèmes
Paradigme Party explore comme son nom l'indique les différences de paradigmes qui peuvent exister vis-à-vis des avancées technologiques présentées couramment dans la science-fiction : entre Peter et Johannes sur le corps humain transformé, entre les différentes IA voulant ou s'émanciper ou rester proches de leur rôle premier d'auxiliaires pour les humains, mais aussi entre les Naturels et les Transformés, ceux qui rejettent le progrès technologique et ceux qui l'embrassent. La nouvelle aborde ainsi l'histoire séparant notre siècle et celui dans lequel se trouvent les personnages : comment sont émergées de notre société actuelle les créations de Sylvie Denis. Ces réflexions portent donc aussi sur le passé de son univers, notre présent donc, particulièrement pour tout ce qui touche au XXe siècle et ses tensions ; elles concernent également l'esprit humain, vecteur lui aussi de virus idéologiques pouvant se transmettre par l'enseignement, et conclut sur le fait que toute création humaine portera un peu de ses créateurs en elle-même.
Personnages
Johannes Epstein : Ancienne chasseresse de prime de renommée et capitaine du Scary Monster, une vie qu'elle a laissé derrière elle comme son équipage pour rester avec son compagnon.
Peter Tansfield : Compositeur et musicien à succès ayant adopté la forme d'un magma-plasma, une forme de vie capable de prendre l'apparence de son choix en toutes circonstances, pour innover dans la musique. Compagnon de Johannes Epstein.
Farid Orléans : Ancien équipier de Johannes Epstein et employé de Malaï.
Malaï : Intelligence artificielle rencontrée précédemment par l'équipage du Scary Monster et pour qui Farid Orlénas travaille aujourd'hui.
Uulat et Turh : Filles-clones de Malaï, avec qui elles ont formé une société employant du personnel humain.
Sirna O'Malley : Employée sur la station minière contrôlée par Malaï, Uulat et Turh ; elle favorise cette dernière intelligence artificielle.
Zilm et Yorl : Deux jumeaux gardes du corps et anciens membres de l'équipage du Scary Monster, travaillant aujourd'hui pour Malaï.
Résumé
Résumé
La nouvelle débute par une citation du texte La méthode I., la Nature de la nature par Edgar Morin portant sur les paradigmes, puis par la citation suivante "Les théories détruisent les faits." du livre The Collapse of Chaos: Discovering Simplicity in a Complex World par Jack Cohen & Ian Stewart.
Après leurs ébats, Johannes Epstein et Peter Tansfield se posent chacun des questions concernant leurs sentiments véritables pour l'autre : la première aimerait avoir un corps à serrer après l'acte, le second se lasse d'explorer toujours le corps fixe et inchangé de sa partenaire... Cette dernière est alors contactée par Farid Orléans, son ancien coéquipier, qui travaille maintenant pour l'intelligence artificielle Malaï, ainsi que ses deux filles-clones Uulat et Turh. Il a repéré chez ses collègues un comportement inhabituel et inquiétant : ils se sont divisés en caste selon leur allégeance envers l'une ou l'autre des I.A., et s'absorbent dans leur travail au point de ne plus vouloir rentrer chez leurs proches, quitter le complexe minier ou trouver un autre travail à la fin de leur contrat. Malgré le fait que Peter soit en train de préparer son premier concert, Johannes accepte de lui apporter son aide dans cette enquête.
Farid montre l'étendue du problème à Johannes en lui faisant visiter son lieu de travail, comparant cette nouvelle effervescence à un phénomène sectaire : les employés se réunissent en trois clans s'ignorant généralement,ayant chacun leurs marques d'appartenances, leurs opinions et parfois même traits de personnalité, calquées sur celle d'une des trois IA détentrices du complexe. Tous deux débattent de l'existence et de la nature des mèmes, ou paradigmes, une vision du monde qui se transmet telle un virus, littéralement ou par l'enseignement, l'endoctrinement. Le sujet du XXe siècle et de ses tragédies est abordé : les mèmes seraient une façon d'empêcher l'explosion de microcultures destructives comme il advint à l'époque, mais aussi d'imposer à l'esprit humain des frontières et communautés de croyances, de philosophies... sans lesquelles il serait trop fragile et ne pourrait pas comprendre le monde qui l'entoure. Il est question de l'opposition entre Naturels, ceux qui estiment que les technologies sont une transgression de la nature, et les Transformés, ceux qui en usent en estimant que la création fait partie de la nature humaine ; et des répercussions historiques qu'eurent cette séparation, poussant les Transformés à se tourner vers l'exploration spatiale.
Ils rencontrent alors Malaï, qui confie à Farid la mission de retrouver l'équipe Alpha, portée disparue. Johannes va ensuite la questionner sur le comportement étrange des employés, mais se heurte à la méconnaissance naturelle dont fait preuve l'IA à l'égard des humains, chez qui elle échoue à déceler quoi que ce soit d'anormal. Elle donne cependant à l'enquêtrice l'autorisation de poursuivre ses investigations sur toute la station. En sortant, Johannes est témoin d'une altercation entre Sirna O'Malley de Turh, cherchant à fuir le système solaire, et des partisans de Malaï, bien établie dans les astéroïdes troyens et cherchant à garder le contact avec ses origines. Elle demande à la femme de la suivre.
Johannes va interroger ensuite Uulat, en se servant du cas de Sirna O'Malley débattant contre un partisan de Uulat comme exemple pour illustrer ses propos, mais se heurte cette fois-ci encore à l'incompréhension de l'IA. Entre temps, elle reçoit de Peter des informations qu'elle lui avait demandé de chercher sur Malaï, puis retrouve les jumeaux Zilm et Yorl avec des prélèvements effectués dans l'air, dans l'eau et dans les systèmes de connexions publics des habitats de chacune des IA. Tous ont donné des résultats différents, indiquant la présence de trois nanovecteurs compromettant différents dans les milieux étudiés. Ils se rendent ensuite auprès du noyau central de Tuhr, déplacé dans les astéroïdes.
Ils y retrouvent Farid, annonçant que la situation concernant l'équipe Alpha n'était qu'une erreur. Il les mène jusqu'à Tuhr qui les reçoit, espérant expliquer ses motivations : elle souhaite s'émanciper et quitter le système solaire, usant à ses propres fins de nanovecteurs conçus à l'origine par Malaï, qui ont maintenant affecté Farid. Johannes et les jumeaux l'assomment, et l'enquêtrice expose alors ses conclusions : Tuhr et Uulat n'ont jamais existé et ne sont que des personnalités empruntées par Malaï. Elle menace d'user du Scary Monster pour détruire l'un des trois noyaux composant l'intelligence artificielle, ce qui la contraint à la soumission. Elle explique alors avoir eu besoin d'employés humains pour préparer son départ définitif et que l'expérience des nanovecteurs n'était qu'un simple procédé ironique pour réduire les humains en automates. Johannes révèle alors que même l'IA ne peut tout connaître de sa propre personne, et lui apprend que son concepteur originel, un certain Petrus Shawn, a été condamné pour avoir créé plusieurs machines dangereuses ; il aura transmis à sa création intelligente la haine de l'humanité. La révélation plonge l'IA dans le mutisme, et elle n'oppose aucune résistance quand les autorités viennent l'arrêter.
Johannes retrouve Peter, qui a repris forme humaine, juste avant son premier concert et lui résume la fin de l'aventure. Farid a pu être sauvé des nanovecteurs, mais une grande partie des employés ne pourront retrouver leur état normal. Le musicien a compris par cette expérience que Johannes, contrairement à lui, n'acceptera pas de devenir une magma-plasma, car elle a besoin d'interagir avec le réel, d'élaborer des théories, des compression de faits comme elle les décrit. L'exploratrice de son côté apprécie que Peter garde forme humaine, et tous deux s'embrassent.
Liens externes :
Nirvana, mode d'emploi
Parutions
Aventures Lointaines, anthologie composée par Gilles Dumay, Denoël « Présence du Futur », no 629, 2000
Jardins virtuels, Gallimard (Paris, France), coll. Folio SF no 126, 2003
Thèmes
Le rêve
La science
Personnages
Stéphane Rozin : infographiste et conjoint de Célia Bureau-Bassant
Célia Bureau-Bassant : chercheuse en neurobiologie et conjointe de Stéphane
Alice Bassant : défunte tante de Célia, journaliste passionnée de cinéma
Kate Bureau-Bassant : sœur aînée de Célia
Gérald Duvernier : second époux de Kate
Émilie : fille de Kate Bureau-Bassant
Norman Gallen : collègue de Célia
Résumé
Le , Stéphane, après s’être recueilli sur la tombe de sa mère fait la connaissance de Célia Bureau-Bassant qui décorait le diorama funéraire de sa tante. Cette adolescente était très proche de sa tante qui lui a insufflé une passion pour le cinéma. Elle sera ainsi marquée par un film de science-fiction, « le film » dont elle collectionnera tous les objets dérivés. Ses notes montrent que ce film est l’odyssée de cinq jeunes garçons doués de pouvoirs spéciaux et qui sont entraînés par un protecteur de la galaxie. Elle voue aussi une forte attirance envers la perspective pour l’être humain de revivre ses plus anciens souvenirs sur une longue durée. Ceci la motivera à devenir une chercheuse en neurobiologie et elle ira vivre à San Francisco avec Stéphane qui lui, est devenu graphiste. C’est grâce aux connaissances de Célia que la maladie de Maid-Maezel est assez tôt diagnostiquée chez sa nièce Émilie, la fille de sa sœur aînée Kate. Cette maladie se manifeste par une perte de souvenirs et l’incapacité d’en créer et elle touche les plus jeunes, conduisant au bout de quelques mois à la mort. À l’annonce de cette maladie, Kate et son époux refusent de donner foi aux propos de Célia mais Kate finit par se rendre compte de la véracité du diagnostic de sa sœur et Émilie commence à suivre un traitement. C’est durant cette période que Célia tente une expérience qui la fera sombrer dans une boucle continuelle où elle revit le même souvenir. La lettre laissée à son conjoint Stéphane ainsi que son journal intime montrent que l’état dans lequel elle plonge est un but qu’elle s’est fixée depuis son enfance. Pour elle, le plus important est de délaisser la réalité au profit des rêves.