la notion d'immigration familiale concerne l'ensemble des mouvements migratoires familiaux d'étrangers, aussi bien vers une famille étrangère que vers une famille de Français, contrairement à la notion de regroupement familial qui concerne la migration d'étrangers (enfants, conjoint et (ou) ascendant) venus rejoindre une famille étrangère en France.
Note :
Ces statistiques sont à étudier dans le contexte historique : la population des anciennes colonies françaises avant les indépendances n'était considérée ni comme étrangère, ni comme française.
Nuptialité et mariages mixtes
Chaque année, environ 270 000 mariages sont célébrés en France, dont 8 000 mariages entre étrangers et plus ou moins 45 000 mariages mixtes[2]. De plus, 45 000 mariages sont célébrés à l'étranger, pour la quasi-totalité entre un ressortissant français et un ressortissant étranger, et transcrits sur les registres de l'état civil français. De ce fait, près de 90 000 mariages sur 315 000 (soit plus d'un mariage sur quatre - du moins pour ceux qui sont enregistrés en France) sont des mariages mixtes, et près de 100 000 (soit 30 %) concernent les étrangers.
La moitié des titres de séjour est délivrée à des ressortissants étrangers de conjoints français (surtout l'autorisation dite Vie privée et familiale). 36 000 acquisitions de la nationalité française ont été prononcées au titre du mariage en 2005, 95 % des demandes étant couronnées de succès. Entre 1999 et 2004, la progression de leur nombre a été de 34 %[3].
Entre 1946 et 1960, le taux de natalité de la population étrangère est inférieur à celui des Français, parfois largement (comme en 1954). À cette époque, l'immigration féminine est faible et la population étrangère est en grande partie composée de travailleurs masculins isolés. Les choses changent progressivement dans les années 1960 et surtout 1970. Dès 1971, on comptabilise 71 000 naissances de mère étrangère pour moins de 3,2 millions d'étrangers. À partir de 1974, année marquant la fin officielle de l'immigration de travailleurs, ce sont surtout des femmes (et des enfants) qui immigrent au titre du regroupement familial. Ce phénomène entraîne un rythme soutenu de naissances au sein des diverses composantes de l'immigration et ce, malgré la stagnation - et parfois le recul - du nombre des étrangers (1990-1999), surtout due aux naturalisations. On remarque une forte progression des naissances après 1998-1999, liée à une immigration assez soutenue durant cette période. Celle-ci concerne avant tout celle de conjoints étrangers (immigration familiale).
Les données de l'état-civil font état, pour la France métropolitaine[5] :
d'une légère baisse du nombre de naissances de mère étrangère de 1946 (27 552, soit 3,3 % du nombre total de naissances) à 1955 (19 215 naissances, 2,4 % du total),
suivie d'une assez forte hausse jusqu'en 1982 (86 563 naissances, 10,9 % du total)
puis d'une baisse irrégulière jusqu'en 1997 (69 134, 9,5 %)
et, enfin, d'une nouvelle hausse forte et régulière : (69 134 naissances, 14,7 % du total en 2013.
Pour la France entière[5], les données étaient 72 346 naissances de mère étrangère, soit 9,6 % du total en 1997 et 118 948 naissances, soit 14,7 % du total en 2013[4].
Jusqu'au milieu des années 1970, plus de 90 % des enfants de mère étrangère étaient également de père étranger. Depuis, ce pourcentage a fortement baissé jusqu'à 50,1 % en 2010 et 53,1 % en 2013 : en 2013, 63 125 naissances étaient de père et mère tous deux étrangers, soit 7,8 % du total[4].
Natalité de la population immigrée
Une personne immigrée peut avoir ou non la nationalité française d'où un taux de natalité différent de celui de la population étrangère. Selon l'Insee, 27,3 % des nouveau-nés en métropole en 2010 ont au moins un parent né à l'étranger, dont 23,9 % un parent né hors de l'Union européenne. Environ 11 % des nouveau-nés ont au moins un parent originaire du Maghreb et 6 % au moins un parent originaire d'Afrique subsaharienne. Les parents nés en France comprennent les parents nés dans les collectivités d'outre-mer (COM)[6].
Si l'on remonte jusqu'aux grands-parents, 40 % des nouveau-nés entre 2006 et 2008 ont au moins un grand-parent né étranger à l’étranger (11 % au moins un grand-parent né dans l'Union Européenne, 16 % au moins un grand-parent né au Maghreb et 13 % au moins un grand-parent né dans une autre région du monde). Parmi eux, 15 % ont quatre grands-parents nés étrangers à l’étranger, 3 % en ont trois, 14 % en ont deux et 8 % ont un seul grand-parent né étranger à l’étranger. Une part importante de ces naissances est donc issue d'unions mixtes. Si l’immigration est de l’Union européenne, pour 75 % des naissances d’un parent immigré ou descendant d’immigré, l’autre parent n’est ni immigré, ni descendant d’immigré ; cette part est de 45 % si elle est d’un pays hors Union européenne[7].
Lieu de naissance des parents
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
% 2010
Les deux parents nés en France
566 447
576 537
601 268
595 286
580 999
575 985
574 687
575 659
590 163
579 515
585 427
578 052
583 600
72,7 %
Un parent né en France, un parent né à l'étranger
101 511
98 687
101 498
102 013
103 930
106 677
110 258
114 090
119 159
119 587
121 845
125 058
129 025
16,1 %
Père né dans un pays de l'UE 27, mère née en France
13 194
12 858
13 060
12 447
11 732
11 442
10 811
10 667
10 455
10 188
9 975
9 526
9 549
1,2 %
Père né hors UE 27, mère née en France
44 891
43 807
45 612
46 459
47 695
49 790
52 244
54 176
56 886
56 626
57 955
60 362
62 478
7,8 %
Père né en France, mère née dans un pays de l'UE 27
13 020
12 647
12 411
11 881
11 439
11 119
10 930
10 827
10 794
10 575
10 562
10 585
10 418
1,3 %
Père né en France, mère née hors UE 27
30 406
29 375
30 415
31 226
33 064
34 326
36 273
38 420
41 024
42 198
43 353
44 585
46 580
5,8 %
Les deux parents nés à l'étranger
70 122
69 567
72 016
73 646
76 701
78 802
82 871
84 606
87 574
86 883
88 772
90 310
89 599
11,2 %
Deux parents nés dans un pays de l'UE 27
6 681
6 157
5 780
5 524
5 159
5 369
5 426
5 372
5 778
5 891
6 276
6 442
6 694
0,8 %
Deux parents nés hors UE 27
60 281
60 636
63 299
65 406
68 788
70 552
74 537
76 348
78 700
78 020
79 405
80 641
79 698
9,9 %
Père né dans un pays de l'UE 27, mère née hors UE 27
1 188
1 047
1 116
1 035
1 038
1 075
1 150
1 100
1 256
1 190
1 226
1 268
1 258
0,2 %
Père né hors UE 27, mère née dans un pays de l'UE 27
1 972
1 727
1 821
1 681
1 716
1 806
1 758
1 786
1 840
1 782
1 865
1 959
1 949
0,2 %
Ensemble des naissances
738 080
744 791
774 782
770 945
761 630
761 464
767 816
774 355
796 896
785 985
796 044
793 420
802 224
100 %
Regroupement familial et immigration familiale
La procédure de regroupement familial recouvre différentes situations. Classiquement il s'agit de la migration de la famille restée au pays (essentiellement des femmes, accompagnées ou non d’enfants) qui rejoint un étranger venu travailler en France, souvent avant l'arrêt de l'immigration de travailleurs en 1974. Mais cette procédure recouvre aussi la venue en France de personnes qui se sont mariées avec un migrant venu lui-même en France dans l'enfance dans le cadre de cette procédure et encore de nationalité étrangère, ou même né en France de parents immigrés et resté malgré tout de nationalité étrangère (en 2004, sur 550 000 étrangers nés en France, il y avait 450 000 mineurs, ce qui implique la continuation actuellement et dans les prochaines années de ce type de migration). De ce fait, cela concerne donc aussi des hommes, venus rejoindre en France leur épouse de nationalité non-française.
L'immigration familiale vers une famille de Français concerne essentiellement des conjoints[8] (on l'appelle dès lors souvent "immigration de conjoints de Français") et résulte le plus souvent soit de mariages d’enfants d’immigrés, nés en France et devenus français, avec un étranger du pays d’origine des parents, soit des mariages d'étrangers avec des Français sans ascendance immigrée récente.
Depuis la fin des années 1990, on constate une augmentation continuelle de l'immigration familiale en France, et ceci concernant tant celle du regroupement familial que celle des conjoints de Français[9].
Évolution de l'immigration familiale
On peut suivre l'évolution de l'immigration familiale depuis 10 ans en France et au sein des principales communautés d'immigrés grâce aux tableaux fournis par l'INED[10].
Le tableau suivant reprend les chiffres de l'immigration permanente légale (les admissions au séjour) des migrants ayant obtenu un premier titre de séjour d'une validité d'au moins un an. L'immigration clandestine n'est donc pas comptabilisée. L'année est celle de l'obtention du titre de séjour en question et nullement celle de l'arrivée réelle en France. Beaucoup d'immigrants sont arrivés lors d'une année précédente, parfois clandestinement, et se sont trouvés un certain temps en séjour irrégulier ; dans ce cas, c'est l'année de la régularisation qui compte.
Motif d'admission
Années
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Total Immigration
119.564
106.180
105.986
127.432
155.879
145.120
160.428
182.694
205.708
215.397
210.075
207.561
Mineurs (1)
15.407
10.939
10.229
10.327
16.149
15.359
14.840
16.001
17.443
17.881
19.330
16.589
Famille d'étrangers (2)
12.007
9.685
9.696
10.674
12.885
16.060
17.232
18.362
22.103
25.023
26.065
26.540
Famille de Français (3)
14.024
14.485
14.138
15.314
20.128
24.582
31.018
37.467
44.645
57.686
54.791
53.697
Regr. familial (1+2)
27.414
20.624
19.925
21.001
29.034
31.419
32.072
34.363
39.546
42.904
45.395
43.129
Immigration familiale (1+2+3)
41.438
35.109
34.063
36.315
49.162
56.001
63.090
71.830
84.191
100.590
100.186
96.826
Étudiants
29.517
27.790
28.070
28.386
32.188
36.745
44.631
50.553
55.757
52.786
43.323
40.218
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
(1) La catégorie des mineurs comprend les mineurs du regroupement familial (y compris les ressortissants de l'EEE) et les enfants de mère réfugiée.
(2) La catégorie « famille d'étranger » reprend les ascendants et (surtout) les conjoints d'étrangers venus les rejoindre en France.
(3) La catégorie « famille de Français » consiste essentiellement en étrangers rejoignant un conjoint de nationalité française résidant en France.
La catégorie des étudiants est mentionnée à titre purement informatif.
Le tableau nous montre que si, de 1994 à 2004, le volume de la migration due au regroupement familial d'étrangers progresse de 65 %, celui de l'immigration des « familles de Français » progresse de pas moins de 290 %, soit un quasi-quadruplement en dix ans. Au total, les migrations familiales, qui comptaient en 1994 pour un peu plus d'un tiers de l'immigration permanente en France, participent en 2003 et 2004 pour près de la moitié à l'immigration globale. Donc, l'immigration familiale connaît une hausse importante en valeur abolue mais aussi en poids relatif. Elle est très nettement devenue le motif d'admission principal des étrangers en France.
Immigration familiale du Maghreb et de la Turquie
Pour approfondir la composition de cette immigration familiale, il est utile d'étudier l'évolution de la migration familiale maghrébine et turque, au sein de cet ensemble.
Immigration familiale des trois pays du Maghreb et de la Turquie
Pays
Années
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Imm. France
119.564
106.180
105.986
127.432
155.879
145.120
160.428
182.694
205.708
215.397
210.075
207.561
Maroc
Mineurs
2.910
1.735
1.587
1.509
2.954
2.908
3.118
3.328
4.080
3.507
3.505
2.663
Famille d'étranger
2.504
1.597
1.623
1.349
2.742
3.705
4.204
4.382
5.350
5.333
4.998
4.758
Famille de Français
1.255
1.704
1.663
2.677
3.085
4.220
6.097
7.472
8.729
10.437
10.088
8.996
Immigration familiale
6.669
5.036
4.873
5.535
8.781
10.833
13.419
15.182
18.159
19.277
18.591
16.417
Algérie
Mineurs
1.259
1.119
1.385
1.509
3.088
2.218
1.967
1.991
2.493
2.493
2.492
1.955
Famille d'étranger
1.257
1.091
1.116
1.349
1.557
1.756
1.782
2.335
3.444
4.791
5.353
5.284
Famille de Français
3.485
2.576
2.058
2.677
3.214
3.350
3.482
5.482
7.812
16.177
14.997
14.243
Immigration familiale
6.001
4.786
4.659
5.835
7.859
7.324
7.231
9.808
13.749
23.461
22.842
21.482
Tunisie
Mineurs
499
344
394
398
751
822
878
964
1.246
1.625
1.622
1.228
Famille d'étranger
620
362
385
485
538
675
914
1.032
1.453
1.679
1.703
1.818
Famille de Français
607
747
761
887
1.137
1.477
2.385
3.212
3.652
4.591
3.866
3.652
Immigration familiale
1.726
1.453
1.540
1.770
2.426
2.974
4.177
5.208
6.351
7.895
7.191
6.698
Total Maghreb
Imm. Totale
23.029
18.432
18.747
27.286
36.138
33.553
40.953
51.526
63.107
68.040
65.694
59.853
Mineurs
4.668
3.198
3.366
3.582
6.793
5.948
5.963
6.283
7.819
7.625
7.619
5.845
Famille d'étranger
4.381
3.050
3.124
3.918
4.837
6.136
6.900
7.749
10.247
11.803
12.054
11.861
Famille de Français
5.347
5.027
4.482
5.530
7.436
9.047
11.964
16.166
20.193
31.205
28.951
26.890
Immigration familiale
14.396
11.275
10.972
13.030
19.066
21.131
24.827
30.198
38.259
50.633
48.624
44.596
Turquie
Imm. totale
4.456
3.337
3.165
4.543
5.723
5.153
5.814
6.219
7.706
7.545
7.701
8.342
Mineurs
1.359
941
662
811
1.020
892
1.071
933
1.092
1.226
1.281
1.229
Famille d'étranger
1.615
1.157
1.219
1.499
1.654
1.784
1.734
1.780
2.010
1.750
1.590
2.102
Famille de Français
258
352
382
525
1.056
1.449
1.750
2.115
2.973
2.906
2.812
2.834
Immigration familiale
3.232
2.450
2.263
2.835
3.730
4.125
4.555
4.828
6.075
5.882
5.683
6.165
Total des 4 pays
(Immigration familiale)
17.628
13.745
13.335
15.865
22.796
25.256
29.382
35.026
44.334
56.515
54.307
50.761
Total en France
(Immigration familiale)
41.438
35.109
34.063
36.315
49.162
56.001
63.090
71.830
84.191
100.590
100.186
92.860
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Après avoir connu une pause vers 1995-1996, l'immigration familiale de ces quatre pays a repris de plus belle. Elle a même parfois explosé (comme la Tunisie et l'Algérie de 1997 à 2003 ou encore les "conjoints de Français" turcs et tunisiens tout au long de la période). Ces pays représentent, au cours des dernières décennies, les plus gros contributeurs de tradition musulmane à l'immigration en France. Les chiffres de 2004 et 2005 montrent cependant une légère régression par rapport à ceux de 2003.
Pour chacun de ces pays, soulignons la montée impressionnante de la catégorie « famille de
Français », constituée essentiellement d'époux et épouses de citoyens et citoyennes de nationalité française.
L'immigration turque s'est montrée moins dynamique que l'immigration maghrébine, sans doute à la suite de la faiblesse des liens historiques et culturels entre les deux pays. Mais alors qu'en 1994, elle était principalement constituée de membres de familles d'étrangers (regroupement familial), en 2004 elle apparait principalement liée aux mariages entre conjoints turcs et français. La raison en est que la formation en France de la communauté turque s'est faite plus tardivement que les communautés maghrébine (années 1970). Les enfants nés en France dans les premières familles turques immigrées n'avaient pas encore atteint l'âge pour contracter mariage en 1994. Dix années plus tard, c'est chose faite dans bien des cas, et beaucoup de ces ex-jeunes turcs devenus français par acquisition se choisissent désormais un conjoint dans le pays d'origine de leurs parents. L'autre cause importante est la forte hausse de mariages entre femmes françaises et hommes turcs, mise en relief par l'important déséquilibre des sexes au niveau de la catégorie « famille de Français ». Il est à noter qu'en 2004, l'immigration familiale représentait 74 % de l'immigration turque totale, exactement le même pourcentage qu'au sein de l'immigration maghrébine.
Au total, l'immigration familiale des « quatre pays », qui comptait pour moins de 40 % de l'immigration familiale totale en France en 1996, avait quadruplé en huit ans et représentait 54 % de celle-ci en 2004.
Concernant le nombre de familles impliquées (soit reconstituées, soit nouvellement créées), on peut prendre une base minimale de 80 % d'époux(ses) dans la catégorie « famille d'étranger » (le reste étant constitué d'ascendants), et de 80 % d'époux(ses) dans celle de « famille de Français » [11]. Ce qui signifierait, pour ces « quatre pays » au moins 35 000 familles concernées en 2004, et vraisemblablement plus. Rappelons qu'en 2003, il y avait eu un total de 275 963 mariages en France (remariages inclus)[12], et 278 600 en 2004[13].
Dans son rapport annuel de 2004, la DPM souligne le fait que 8 000 actes de mariages entre Français(e) et étranger(ère)s ont été transcrits en Algérie, 8 000 au Maroc et 3 000 en Tunisie, pour l'année 2004. Concernant la Turquie, on en a compté 2 700. Pour chacun de ces quatre pays, la progression annuelle moyenne sur la période 1995-2004 dépassait 17 %, contre 2,6 % pour le reste du monde[14].
Répartition par âge et sexe
Pays
Groupes d'âges des immigrants maghrébins et turcs en 2004
Tous groupes
de 0 à 17
de 18 à 19
de 20 à 24
de 25 à 29
de 30 à 34
de 35 à 39
de 40 à 49
de 50 à 59
+ de 60
Algérie
2.493
464
3.597
7.488
6.167
4.019
3.387
1.493
2.737
31.845
-- hommes
1.268
202
1.436
4.403
4.074
2.432
1.883
586
1.795
18.079
-- femmes
1.225
262
2.161
3.085
2.093
1.587
1.504
907
942
13.766
Maroc
3.505
1.940
4.852
4.609
3.459
2.174
1.712
753
1.012
24.016
-- hommes
1.907
968
2.076
2.655
2.103
1.117
668
197
560
12.251
-- femmes
1.598
972
2.776
1.954
1.356
1.057
1.044
556
452
11.765
Tunisie
1.622
462
2.016
2.539
1.436
706
595
234
227
9.837
-- hommes
872
244
1.158
1.770
1.072
460
294
57
108
6.035
-- femmes
750
218
858
769
364
246
301
177
119
3.802
Maghreb
7.620
2.866
10.465
14.636
11.062
6.899
5.694
2.480
3.976
65.698
-- hommes
4.047
1.414
4.670
8.828
7.249
4.009
2.845
840
2.463
36.365
-- femmes
3.573
1.452
5.795
5.808
3.813
2.890
2.849
1.640
1.513
29.333
Turquie
1.282
413
2.089
1.767
934
520
514
109
74
7.702
-- hommes
728
130
1.095
1.327
676
353
291
46
28
4.674
-- femmes
554
283
994
440
258
167
223
63
46
3.028
La population immigrée turque présente deux caractéristiques très nettes : d'abord, la surmasculinité importante (voir ci-après) ; ensuite, l'extrême jeunesse de la population féminine. Sur 3 028 immigrantes de l'année 2004, 2 529 avaient moins de 35 ans, soit 83,5 % d'entre elles. Les femmes de 18 à 35 ans représentaient quant à elles 65 % de l'ensemble. Ce dernier record n'est dépassé que par les femmes originaires d'Afrique subsaharienne.
Surmasculinité des immigrants tunisiens et turcs
On constate une proportion élevée d'hommes au sein de la catégorie « famille de Français », tant au sein de l'immigration tunisienne que turque. Pour ce dernier pays, des études ont démontré qu'une grande partie des mariages entre Turcs et Françaises concernaient une femme française sans aucune ascendance liée à l'immigration[15].
Surmasculinité des « familles de Français » tunisiens et turcs :
Pays
Sexe
Années
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Turquie
Hommes
1.250
1.553
2.134
2.079
1.958
1.965
Femmes
501
561
839
828
854
870
Tunisie
Hommes
1.889
2.575
2.951
3.682
2.850
2.636
Femmes
496
636
701
909
1.017
1.016
Algérie
Hommes
1.917
3.109
4.460
9.945
8.699
8.002
Femmes
1.565
2.373
3.352
6.232
6.297
6.241
Maroc
Hommes
3.489
4.417
4.941
6.015
5.401
4.679
Femmes
2.608
3.055
3.788
4.421
4.687
4.317
Alors que l'immigration de type « famille de Français » [16],[11] est assez équilibrée du point de vue des sexes au sein de l'immigration marocaine et algérienne, la forte surmasculinité parmi les migrants tunisiens et turcs est particulièrement frappante.
Immigration familiale déclarée de l'Europe hors Turquie
Trois exemples typiques : d'une part, le Portugal et le Royaume-Uni dont l'immigration, déjà ancienne, est bien représentative de celles des anciens pays de l'Union européenne du sud et du nord (Europe dite "des 15") ; et d'autre part, l'immigration russe, fort récente et typique de celles des pays d'Europe de l'est.
Les ressortissants des pays de l'espace Schengen bénéficient de la liberté de circulation entre les États, et n'ont plus l'obligation de déclarer leurs mouvements depuis 2004 : c'est le cas du Portugal et du Royaume-Uni, mais pas de la Russie.
Immigration familiale de l'Europe hors Turquie, du Portugal, du Royaume-Uni et de la Russie
Années
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Immigration France
119.564
106.180
105.986
127.432
155.879
145.120
160.428
182.694
205.708
215.397
210.075
Europe
Imm. totale
56.760
52.343
51.047
49.689
53.599
56.042
56.098
57.791
59.274
60.252
56.890
dont Mineurs
5.138
4.008
3.657
3.282
3.635
3.533
3.580
3.802
3.900
4.128
5.370
Famille d'étranger
4.280
4.076
3.989
3.569
3.673
3.991
4.177
4.422
4.525
4.905
4.700
Famille de Français
4.167
4.238
4.196
4.184
4.309
4.558
4.920
4.995
5.182
5.358
4.597
Immigration familiale
13.585
12.322
11.842
11.035
11.517
12.082
12.677
13.219
13.607
14.391
14.667
Portugal
Imm. totale
9.124
8.442
7.522
6.327
5.899
5.657
6.530
6.736
6.601
7.791
ND
dont Mineurs
1.245
1.032
843
617
540
493
571
609
619
888
ND
Famille d'étranger
1.847
1.621
1.504
1.171
977
860
950
1.011
882
1.105
ND
Famille de Français
333
343
302
306
272
257
232
202
182
182
ND
Imm. familiale
3.425
2.996
2.649
2.094
1.789
1.610
1.753
1.822
1.683
2.175
ND
Roy.Uni
Imm. totale
9.267
8.077
8.021
7.500
7.712
7.437
7.850
8.335
9.444
10.834
ND
dont Mineurs
710
542
634
507
559
463
533
657
654
764
ND
Famille d'étranger
440
447
525
484
491
508
607
675
863
908
ND
Famille de Français
459
417
381
397
336
291
369
370
351
357
ND
Imm. familiale
1.609
1.406
1.540
1.388
1.386
1.262
1.509
1.702
1.868
2.029
ND
Russie
Imm. totale
1.046
1.003
1.040
1.026
1.220
1.574
1.827
2.078
2.495
3.222
4.148
dont Mineurs
92
49
44
67
91
92
98
103
229
347
591
Famille d'étranger
29
27
32
36
55
84
112
116
145
166
198
Famille de Français
177
200
212
186
287
406
476
562
618
732
743
Imm. familiale
298
276
288
289
433
582
686
781
992
1.245
1.532
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Il apparait que l'immigration d'origine européenne stagne tout au long de ces dix années, et ne comporte qu'une part minimale (20 à 25 %) d'immigration de type familial. Cependant, des différences importantes s'observent au niveau des composantes occidentales et orientales de la migration. Le dynamisme de la récente immigration russe en est le témoin, celle-ci quadruplant en dix ans.
L'immigration familiale d'origine subsaharienne
Pays
Type
Années
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Immigration Afrique
Imm. totale
34.748
28.610
29.343
46.614
64.884
54.007
64.181
78.754
94.317
101.657
100.567
dont Mineurs
6.174
4.184
4.184
4.432
9.246
8.151
7.652
8.145
9.958
9.934
9.903
Famille d'étranger
5.096
3.549
3.610
4.581
6.150
8.296
9.133
10.000
13.029
15.177
15.945
Famille de Français
7.416
7.370
6.871
7.961
11.101
13.987
18.469
24.073
29.562
42.158
40.130
Immigration familiale
18.686
15.103
14.655
16.974
26.497
30.434
35.254
42.218
52.549
67.269
65.978
dont Maghreb
Imm. totale
23.029
18.432
18.747
27.286
36.138
33.553
40.953
51.526
63.107
68.040
65.694
Immigration familiale
14.396
11.275
10.972
13.030
19.066
21.131
24.827
30.198
38.259
50.633
48.624
Afrique subsaharienne
Imm. totale
11.719
10.178
10.596
19.328
28.746
20.454
23.228
27.228
31.210
33.617
34.873
Mineurs
1.506
986
818
850
2.453
2.203
1.689
1.862
2.139
2.309
2.284
Famille d'étranger
715
499
486
663
1.313
2.160
2.233
2.251
2.782
3.374
3.891
Famille de Français
2.069
2.343
2.389
2.431
3.665
4.940
6.505
7.907
9.369
10.953
11.179
Immigration familiale
4.290
3.828
3.683
3.944
7.431
9.303
10.427
12.020
14.290
16.636
17.354
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Répartition par âge
L'INED nous fournit une ventilation par pays et par groupe d'âges, mais aussi par sexe de l'immigration étrangère durant l'année 2004[17].
Pays
Groupes d'âges des immigrants africains en 2004
Tous groupes
de 0 à 17
de 18 à 19
de 20 à 24
de 25 à 29
de 30 à 34
de 35 à 39
de 40 à 49
de 50 à 59
+ de 60
Afrique
9.902
4.591
16.769
22.362
17.835
11.460
9.376
3.447
4.825
100.567
-- hommes
5.188
2.219
7.588
12.299
10.592
6.596
5.012
1.271
2.788
53.553
-- femmes
4.714
2.372
9.181
10.063
7.243
4.864
4.364
2.176
2.037
47.014
Maghreb
7.620
2.866
10.465
14.636
11.062
6.899
5.694
2.480
3.976
65.698
-- hommes
4.047
1.414
4.670
8.828
7.249
4.009
2.845
840
2.463
36.365
-- femmes
3.573
1.452
5.795
5.808
3.813
2.890
2.849
1.640
1.513
29.333
Afrique subsaharienne
2.282
1.725
6.304
7.726
6.773
4.561
3.682
967
849
34.869
-- hommes
1.141
805
2.918
3.471
3.343
2.587
2.167
431
325
17.188
-- femmes
1.141
920
3.386
4.255
3.430
1.974
1.515
536
524
17.681
La population féminine immigrée d'origine subsaharienne se caractérise par son extrême jeunesse ; c'est la population immigrée la plus jeune de France. Les femmes de 18 à 34 ans constituent 67,8 % du total de l'effectif féminin, alors qu'elles ne forment « que » 57,5 % des immigrantes maghrébines.
Répartition par sexe
On constate une proportion élevée de femmes au sein de la catégorie « famille de Français » parmi les immigrés des principaux pays d'Afrique noire de tradition non ou peu musulmane. Par contre c'est l'inverse au Mali.
Répartition par sexe des « familles de Français » de quelques pays d'Afrique noire :
Pays
Sexe
Années
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
Cameroun
Hommes
55
84
132
186
269
362
472
507
566
Femmes
172
286
415
709
958
1.147
1.344
1.514
1.676
Côte-d'Ivoire
Hommes
85
147
197
269
361
474
592
612
591
Femmes
163
288
409
587
746
918
1.128
1.192
1.168
Madagascar
Hommes
43
50
71
96
112
125
154
143
n c
Femmes
292
384
140
641
684
768
808
719
759
Congo
Hommes
59
114
167
186
258
313
332
323
327
Femmes
89
115
183
209
294
477
522
518
609
Mali
Hommes
38
56
107
157
191
283
408
457
532
Femmes
47
94
140
134
162
165
265
279
329
Un excédent de femmes apparaît nettement pour le Cameroun, la Côte-d'Ivoire et Madagascar. Il s'agit, en partie, d'une arrivée de femmes ou de filles d'hommes naturalisés parmi ces communautés étrangères qui, actuellement, font venir du pays leur femme ou une femme en vue de fonder une famille. Mais cela n'explique pas tout. En faisant le compte, il y a désormais une arrivée de femmes en surnombre : ce sont essentiellement des femmes épousant un Français sans lien récent avec l'immigration et résidant en France. Ce phénomène a été souligné notamment en Bretagne et dans les Pays de la Loire[18]. On remarque particulièrement la croissance très rapide et continue de la migration des femmes du Cameroun et de la Côte d'Ivoire. Pour le Mali, c'est plutôt d'un excédent d'hommes qu'il s'agit ces dernières années, ce en quoi le pays rejoint la moyenne des pays de tradition musulmane.
Ce nombre de femmes excédentaire se traduit par un plus grand nombre de mères de nouveau-nés que de pères de nouveau-nés. Ainsi pour l'année 2006, nous avons les chiffres de naissances suivants :
Nationalité du parent
Nombre de ressortissants au 1-1-2005
Naissances en 2006
Nombre de nouvelles mères
Nombre de nouveaux pères
Camerounaise
34 000
2 243
1 397
Ivoirienne
38 000
2 485
1 949
Malgache
* N.C.
898
456
Congolaise
42 000
4 152
3 664
Malienne
57 000
3 232
3 454
N.C. = non connu. Les estimations de 2005 concernant le nombre de Malgaches en France n'ont pas été publiés par l'INSEE. À titre d'information, en , on avait recensé 28 272 immigrés malgaches, dont seulement 9 871 avaient conservé leur nationalité d'origine, les autres étant devenus Français[19].
Les chiffres sont assez clairs. Pour le Cameroun et Madagascar, la migration beaucoup plus importantes de femmes que d'hommes occasionne presque deux fois plus de femmes que d'hommes parents de nouveau-nés en 2006. Pour la Côte-d'Ivoire ce sont 20 % de mères excédentaires et pour le Congo environ 12 %. Et cela implique un important pourcentage d'unions mixtes franco-africaines entre femme africaine et homme français, au moins pour les communautés camerounaise, malgache et ivoirienne. Pour le Congo, les chiffres sont moins flagrants, mais impliquent un certain nombre d'union entre Africaines et Français non liés au pays de leur compagne. Par contre pour le Mali, la situation est inverse, mais le faible écart entre pères et mères de cette nationalité ne permet de tirer aucune conclusion.
Notons enfin que sur 796.000 naissances enregistrées en 2006 en France, ce phénomène d'enfants nés d'unions mixtes franco-africaines reste encore marginal.
Naissances de mère étrangère originaire d'Afrique subsaharienne
Les immigrés natifs d’Afrique subsaharienne étaient au nombre de 570 000 à la mi-2004 (en augmentation de 45 % par rapport à 1999) et de 582 000 au . Parmi eux, sept sur dix viennent d’un pays anciennement sous administration française[20]. Quant aux étrangers originaires de ces mêmes pays, ils étaient 276 387 au , mineurs non compris[21] (187.749 en Île-de-France[22], début 1999, mineurs inclus).
Le tableau ci-dessus nous montre la progression impressionnante des naissances de mères originaires de l'Afrique subsaharienne. Alors qu'en 1977, celles-ci constituaient à peine 5 % du total des naissances de mère étrangère, ce pourcentage était passé à 24 % en 2006.
Pour le nombre des immigrés et étrangers en 1999, sources : INED[26] et Migration Information Source[27]
Les acquisitions de nationalité
Ces dernières années, on note une forte augmentation des acquisitions de nationalité. La DPM (Direction de la population et des migrations) souligne que de 92 000 en 1995, le nombre d’étrangers acquérant la nationalité française est passé à 150 000 en 2000, avant de redescendre à 128 000 en 2002, comme en 2001[28]. Le délai moyen d’instruction des demandes atteignait alors 16 mois. Un plan d’action portant notamment sur la simplification des procédures a été mis en œuvre en . Il a permis de réduire très fortement la masse des dossiers en attente à la sous-direction des naturalisations de la DPM et de ramener à un mois le délai d’instruction des dossiers.
Le nombre des nouveaux Français par acquisition s’est élevé à 145 000 en 2003, 168 800 en 2004 et 154 827 en 2005[29]. La baisse de 2005 est due à la chute de 37 % des acquisitions de la nationalité par mariage. Cela s'explique - tout du moins en partie - par un renforcement des délais légaux depuis 2003 (loi du ), visant à lutter contre l'acquisition frauduleuse de la nationalité par des mariages de complaisance[30],[31]. Notons qu'en 2004, la France était le premier pays d’Europe pour le nombre de naturalisations en valeur absolue. En valeur relative par contre, les trois pays en tête du classement en 2002 étaient l'Autriche (36 400 acquisitions pour 8,3 millions d'habitants), la Belgique (33 800 acquisitions pour 10,4 millions) et les Pays-Bas (45 300 acquisitions pour 16,3 millions) [32].
Depuis la fin des années 1990, les acquisitions de la nationalité française par décret représentent plus de la moitié de l’ensemble (60,2 % en 2004) et se composent essentiellement de naturalisations (dans 88,1 % des cas en 2004). Dans le même temps, les acquisitions à la suite d'un mariage ne cessent d’augmenter : 34 440 en 2004 contre 18 121 en 1995 et 26 056 en 2000. Au contraire, le nombre des déclarations anticipées de mineurs d'âge est resté stable autour de 30 000 acquisitions par an, entre 2002 et 2004.
En 2004, sur six nouveaux Français, trois étaient originaires du Maghreb, un provenait d’un autre pays africain et un autre d’Asie (de Turquie le plus souvent). Au total plus de 80 % des acquisitions concernait une personne originaire d'Afrique ou d'Asie.
Depuis 2002, les acquisitions de nationalité par des personnes originaires de l'ancienne URSS et du continent américain augmentent fortement. La DPM confirme que l’augmentation est plus mesurée pour les ressortissants de l’Union européenne et pour ceux du Sud-Est asiatique, dont les effectifs restent très en deçà de leur niveau de la fin des années 1980.