Tirant les enseignements de l'utilisation des prédécesseurs de l'avion[2], les designers et ingénieurs renforcèrent la structure contre les tirs venant du sol, et notamment ceux des canons de la DCA, notamment au niveau des ailes et du cockpit. Ils renforcèrent également les blindages du poste de tir arrière de l'observateur, notamment contre les chasseurs tirant de derrière l'avion. Le train d'atterrissage principal a également été renforcé[2] avec des carénages dépassant des arêtes de voilure.
Le moteur Mikouline a également été protégé par des blindages, tandis que la casserole d'hélice était elle aussi construite de manière à résister aux tirs[2]. L'hélicetripale était construite en métal. Pour permettre une meilleure communication le pilote et son observateur disposaient d'un système propre, similaire à un interphone[2].
C'est dans cette configuration que le prototype a réalisé son vol inaugural le . Les premiers exemplaires de série sortirent d'usine en août 1944. Par rapport à ses prédécesseurs l'Il-10 présentait de nettes améliorations.
Production
En Union soviétique
Une première version a été développée durant la Seconde Guerre mondiale avec un armement interne se composant de deux canons de calibre 23 mm et de deux mitrailleuses de calibre 7,62 mm tirant en position de chasse (c'est-à-dire vers l'avant) et montés dans les ailes. Un canon mobile, servi par l'observateur, d'un calibre de 20 mm protégeait l'avion contre les tirs provenant de l'arrière et du dessus. Cet avion pouvait emporter jusqu'à 500 kg de bombes en points externes. Il pouvait emporter deux armes de 250 kg, ou quatre de 100 kg, ou bien encore six de 50 kg.
En 1946 une seconde version, souvent appelée d'après-guerre[2] avait été créée, les principales modifications se situaient au niveau de son armement. Si les deux canons de 23 mm avaient été conservés, les mitrailleuses avaient disparu, tandis que le canon mobile arrière avait laissé la place à une mitrailleuse de calibre 12,7 mm, ayant une meilleure cadence de tir. Outre la charge de bombes inchangée ces Iliouchine Il-10 pouvaient emporter et tirer quatre roquettesantichars à haute vélocité RS-82[2].
Dès 1950 les Iliouchine Il-10 furent modifiés pour permettre l'emport et le tir de nouvelles roquettes RS-132, des armes dites HEAT au pouvoir de destruction accru.
En 1951 l'avionneur tchécoslovaque Avia entreprit la construction sous licence de l'avion. Il fut alors connu sous la désignation de B-33. Si extérieurement rien ne différenciait les deux avions, c'est au niveau du cockpit qu'il fallait chercher les différences principales. Ainsi les inscriptions en écriture latine[2] avaient fait leur apparition, en lieu et place de celles en alphabet cyrillique, et certains indications avaient également été réécrites, les numéros de série des différentes pièces notamment.
La version tchécoslovaque de l'Il-10U était connue comme CB-33.
En service
S'il ne fut utilisé que durant les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale contre les armées du IIIeReich[2], prouvant notamment son efficacité contre la chasse allemande[4] et notamment les Focke-Wulf Fw 190 de la Luftwaffe.
Contre les forces japonaises les Il-10 furent engagés lors de l'invasion de la Mandchourie en août 1945. Là ils procédèrent principalement à des missions de harcèlements contre les fantassins nippons. Dans la baie de Rasŏn les Il-10 engagèrent certains navires de guerre japonais.
Mais c'est surtout durant la guerre de Corée que les Il-10 furent principalement utilisés au combat[3] tant pour des missions antichars, que pour contrer les forces terrestres américaines, et les navires légers de l'US Navy. Mais ceux que les Occidentaux avaient baptisés Beast (la bête en anglais) étaient devenus des cibles prioritaires pour l'US Air Force et ses chasseurs comme le North American F-86 Sabre. L'Il-10 était notamment vu comme une arme psychologique[2] contre le moral des troupes américaines.
La Chine quant à elle utilisa ses Il-10 et B-33 jusqu'en 1972, devenant ainsi l'ultime pays à retirer du service ses monomoteurs, les remplaçant par des avions de construction indigène Nanchang Q-5.
↑ a et bWilliam Green et Gordon Swanborough (trad. Mira et Alain Bories), Le grand livre des chasseurs : l'encyclopédie illustrée de tous les avions de chasse et tous les détails de leur fabrication [« The complete book of fighters »], Paris, CELIV, , 608 p. (ISBN978-2-86535-302-6, OCLC319871907)
Enzo Angelucci et Paolo Matricardi, Les avions, t. 4 : La Seconde Guerre mondiale - U.S.A., Japon, U.R.S.S., etc..., Elsevier Sequoia, coll. « Multiguide aviation », (ISBN2-8003-0277-1), p. 251.