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L’histoire de Saint-Christophe-et-Niévès commence globalement vers 1500 avec l'arrivée de navigateurs européens, lorsque, lors de son deuxième voyage, Christophe Colomb note en 1493 avoir aperçu l'ensemble, sans débarquer, et nomme la plus grande, en son honneur, « San Cristóbal ».
La grande île était nommée par les indigènes « Liamaiga »[1],[2].
Les colons français nomment la grande île « Saint-Christophe » et les Anglais « Saint-Christopher » ou plus récemment sous le diminutif de « Saint-Kitts ».
Les colons anglais nomment « Nevis » par phonétique à partir de son nom espagnol « Nieves », ce qui donne Niévès en français.
La dénomination anglaise courante est Saint Kitts and Nevis.
Bien que situées à un peu plus de trois kilomètres l’une de l’autre, les deux îles de Saint-Christophe et Niévès sont largement reconnues comme entité séparée jusqu'à leur union forcée au XIXe siècle.
Près de 3000 ans av. J.-C., des populations pré-agricoles et pré-céramiques migrent vers le sud depuis l'archipel de la Floride et arrivent sur les îles de Saint-Christophe et de Niévès. Ces chasseurs-cueilleurs ont été considérés à tort pendant des années comme étant les Ciboneys, une tribu amérindienne de Cuba, mais des preuves archéologiques ont prouvé qu'ils étaient en réalité un groupe tout simplement nommé "Archaïque". En quelques centaines d'années, cette population archaïque disparaît.
Les populations saladoïdes sont remplacés vers 800 par les Igneri(en), membres de la tribu des Arawaks, qui ont suivi le même chemin depuis l'Orénoque.
Les Igneri sont un peuple épris de paix et très religieux. Ils peuplent densément les deux îles, culminant à une population estimée de 5 000 personnes.
L'arrivée des guerriers kalinagos, autour de 1300, chasse rapidement les Igneri des deux îles en les forçant à migrer plus au nord, vers les Grandes Antilles.
Période Kalinago (1300-1626)
Les Kalinago (Caraïbe, Karib) nomment les deux îles Liamuiga (île fertile) pour Saint-Christophe et Oualie (terre des belles eaux) pour Niévès. Les îles de Liamuiga et Oualie marquent l'avancée la plus septentrionale des Kalinago en termes de résidence permanente, et il est probable que ces derniers auraient réussi à occuper tout l'archipel des Petites Antilles sans l'arrivée des Européens. Les deux îles sont les principales bases utilisées par les Kalinago pour attaquer les populations Tainos orientales des îles Vierges et de Porto Rico et sont aussi d'une importance cruciale pour les routes commerciales kalinagos vers le Nord.
Période coloniale européenne (1500c-1983)
Arrivée des premiers Européens (1493-1550c)
Les premiers Européens à découvrir les îles Liamuiga et Oualie sont les Espagnols en 1493, lors du second voyage de Christophe Colomb. Colomb nomme Liamuiga Sant-Jago (Saint-Jacques), cependant, une mauvaise interprétation des cartes par les explorateurs espagnols qui ont suivi lui ont finalement attribué le nom de San Cristobal (Saint-Christophe), un nom appliqué à l'origine à l'île de Saba située vingt miles au nord. Oualie est baptisée Nuestra Señora de las Nieves (« Notre-Dame des Neiges » en espagnol), parce que la couronne de nuages blancs qui couvre habituellement le sommet de son pic volcanique a rappelé aux Espagnols l'ancien miracle catholique de Notre-Dame des Neiges.
Cette première tentative non-espagnole de colonisation des Antilles est éphémère, puisque, quelques mois après sa fondation, la ville est pillée par les Espagnols et tous les habitants sont expulsés. Les restes de l'un des bâtiments est maintenant le sous-sol de la maison principale dans le Golden Lemon Hôtel.
Tentatives d'implantation (1600-1623)
Il faut attendre 1607 pour voir à nouveau un Européen aborder ces îles, lorsque le capitaine John Smith de Jamestown, en route pour fonder la première colonie réussie en Virginie, s'arrête à Niévès pendant cinq jours . Smith documente les nombreuses sources chaudes de l'île, dont les eaux avaient des capacités curatives remarquables contre les affections de la peau et la mauvaise santé.
Au début du XVIIe siècle, un capitaine de la marine anglaise, Sir Thomas Warner, met les voiles avec un équipage en vue de fonder une colonie sur la côte de Guyane.
Sa colonie étant un échec du fait de la maladie qui ravage son équipage, des conditions météorologiques inhabituelles, et des raids des Caraïbes, un ami de Warner lui suggère d'essayer de coloniser l'une des îles des Petites Antilles à cause de leurs conditions plus favorables.
En 1623, Warner abandonne donc son poste en Guyane et navigue vers le nord à travers l'archipel des Petites Antilles.
Après vérification de chaque île, il décide que Saint-Christophe se révèle être le site le mieux adapté pour établir une colonie anglaise, en raison de sa position centrale stratégique idéale pour l'expansion, la présence d'une population indigène sympathique, un sol fertile, de l'eau douce en abondance, et d'importants gisements de sel.
Il débarque sur l'île avec sa famille et fait la paix avec les populations kalinagos locales, dont le chef est Ouboutou Tegremante.
Warner retourne ensuite en Angleterre pour recueillir davantage d'hommes afin d'établir officiellement une colonie sur l'île.
On peut ajouter, que l'ile est sur la trajectoire la plus courte en venant d'Europe, ce qui compte tenu des conditions de navigation à voile du 17e siècle, représentera un avantage certain pour son développement et un choix stratégique majeur du capitaine Warner.
En 1624, Thomas Warner revient sur l'île et établit la colonie de Saint-Christopher, la première colonie anglaise dans les Caraïbes. Les colons fondent une ville portuaire à Old Road, juste en dessous du village-capitale du chef kalinago Tegremante.
En 1625, le flibustier normand Pierre Belain d'Esnambuc quitte la France dans l'espoir d'établir une colonie sur une île des Antilles, après avoir entendu parler du succès des Anglais sur Saint-Christophe.
Lancé à la poursuite d’un galion espagnol de forces supérieures, sa flotte est détruite dans un affrontement avec la marine espagnole qui le laisse avec seulement son navire amiral. Il se voit dans l'obligation de se retirer à Saint-Christophe pour réparer. Warner a pitié des colons français et leur permet de s'installer sur l'île, faisant de Saint-Christophe le site de la première colonie française permanente dans les Caraïbes. Les colons français se logent dans les ruines de la ville abandonnée de Dieppe qu'ils reconstruisent. Warner accepte également volontiers les Français dans une tentative de repousser les Kalinago locaux, qu'il suspecte de plus en plus.
Belain d'Esnambuc prend possession de l'île et un traité de partition de l'île est ratifié avant qu'il ne retourne en France afin de solliciter l'attention de la monarchie française. L'île est divisée en trois : les deux extrémités sont françaises (Basseterre et Capisterre(en)), alors que la section au milieu est anglaise. Pendant l'occupation binationale de l'île, les uns les autres doivent constamment passer d'un quartier à l'autre pour se déplacer puisque le milieu, montagneux et couvert d'une dense forêt tropicale, est difficilement accessible. Saint-Christophe devient le berceau de la colonisation des Antilles par la France et l'Angleterre, et sa possession est contestée entre les Français et les Anglais pour plus d'un siècle.
En 1626, après de nombreuses escarmouches, contre l'accaparement et le défrichement de terres par les colons franco-anglais, à la suite d'une embuscade menée (avec également des indigènes d'autres îles) par le chef kalinago Ouboutou Tegremante(en) (?-1626), se déroule, sur Saint-Christophe, le dernier génocide Kalinago(en), faisant près de 2 000 victimes indigènes et 100 colons. La plupart des autres indigènes participants (sans doute 2 000) s'enfuient dans les montagnes : les survivants sont pourchassés, réduits en esclavage. En 1640, les derniers sont expulsés vers la Dominique. Le tout selon les récits du missionnaire et botaniste Jean-Baptiste Du Tertre (1610-1687) : cela concerne entre autres Thomas Warner (1580-1649), Pierre Belain d'Esnambuc (1585-1636), François Levasseur (?-1652).
Entre 1626 et 1628, un navire corsaire français s’empare de deux caravelles contenant 57 morisques et mulâtres, qui sont débarqués à Saint-Christophe. C'est la première introduction d'esclaves connue dans une colonie française.
Le commerce avec des navires négriers étrangers, bien qu’illégal, vient d'être toléré par les autorités coloniales. Au début de 1629, la colonie française de Saint-Christophe compte officiellement 500 colons français et 52 Noirs (40 hommes, 12 femmes)[4].
Le , une flotte espagnole attaque les établissements français et anglais de l'île de Saint-Christophe et s'emparent des établissements le 18 septembre. Ils déportent 120 colons français et 600 anglais, mais ils ne sont pas en position pour occuper l'île. Le capitaine français Giron débarque à Saint-Christophe quelque temps après, dans l'Anse-aux-Papillons et découvre qu'une partie des colons anglais — qui s'étaient réfugiés dans les bois environnant pendant l'attaque espagnole — sont revenus et se sont emparés des biens des colons français. Les actions diplomatiques auprès des colons anglais visant à rendre leurs biens aux Français ne donnant pas les résultats escomptés, une escadre de six navires sous les ordres de François de Rotondy, sieur de Cahuzac, engage un combat contre trois navires anglais fin septembre 1629 lors de la bataille de l'Anse-aux-Papillons et contraint ces derniers à rendre leurs terres à 350 colons français.
Afin de commercer avec les colons français et anglais qui cultivent le tabac, les Zélandais jettent les bases d'une colonie-entrepôt sur l'île voisine de Saint-Eustache. Les Néerlandais monopolisent ainsi le commerce des Antilles françaises jusque dans les années 1660-1670.
En janvier 1782, dans le cadre de la guerre d'indépendance des États-Unis qui oppose la Royal Navy à la flotte royale française, l'île de Saint-Christophe est attaquée par les Français lors de la bataille de Saint-Christophe. L'escadre de l'Amiral de Grasse débarque une forte troupe commandée par le marquis de Bouillé qui contraint la garnison anglaise à la capitulation malgré une contre-attaque de la Royal Navy menée par Hood. Bouillé s'empare des îles de Saint-Christophe, Niévès et Montserrat le 12 février. Ces îles sont restituées au Royaume-Uni lors du traité de Versailles de 1783.
La colonie des Îles-sous-le-Vent britanniques est dissoute en 1816, puis recréée en 1830. Elle est nommée Colonie fédérale des Îles-sous-le-Vent (1871), puis Territoire des Îles-sous-le-Vent (1956).
Années 1900-1950
Au début du siècle, les producteurs de sucre s'associent dans une usine centrale de raffinage, et unchemin de fer de transport de la production au port (1912).
La première automobile de Nevis arrive en 1912, une Ford modèle T.
Le système téléphonique, établi à Saint-Kitts en 1896, inclut Nevis en 1913.
Theodore Roosevelt et son épouse Edith Roosevelt visitent Saint-Kitts en 1916.
Le "London Electric Theatre" ouvre à Saint-Christophe en 1917.
Pendant la Première Guerre mondiale, la production de coton complète celle du sucre, mais décline dès 1922 après l'apparition du charançon.
Par la Grande Dépression, le gouvernement devient le plus grand propriétaire foncier de Nevis, par l'abandon et/ou la réquisition de domaines pour non-paiement des impôts. De 1934 à 1939, l'agitation est très forte dans toute la production sucrière caribéene.
De 1900 à 1929, la population de Saint-Kitts chute de 43 %, et à Nevis de 9 %.
En 1954, l'électricité parvient sur le territoire.
Le , le Royaume-Uni accorde un statut d'autonomie à l'État associé de Saint Christopher, Nieves et Anguilla. Les trois îles Saint-Christophe, Niévès et Anguilla forment un État associé à la couronne britannique avec une totale autonomie interne.
Le 16 juin, Anguilla se rebelle et se retire unilatéralement de l'État associé.
Cette situation est entérinée par la Grande-Bretagne en 1971.
Cependant, l'État associé de Saint Christopher, Nieves et Anguilla existe de jure jusqu'en 1983.
Lorsque Saint-Christophe-et-Niévès accède à l'indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni en 1983, le pays se constitue en fédération et Niévès est doté d'un gouvernement autonome.
↑(en) Bertrand Van Ruymbeke, Memory and Identity, The Huguenots in France and the Atlantic Diaspora, University of South Carolina Press, (ISBN978-1-57003-484-8)
Alfred Martineau, Trois siècles d'histoire antillaise : Martinique et Guadeloupe de 1635 à nos jours, Paris, Société de l'histoire des Colonies françaises, , 282 p. (lire en ligne), p. 15 à 33
Lectures approfondies
Jedidiah Morse, « Bahama Islands », dans The American Gazetteer, Boston (Massachusetts), S. Hall, and Thomas & Andrews, (lire en ligne)
Énigme de Briggs(en), pilier (en grès gris, trouvé à Névis) sculpté de quatre personnages féminins ni amérindiens ni africains (1 m. de haut, British Museum)