L'hôtel de Grimbergen est situé à l'ouest du palais royal, face à l'hôtel de Belle-Vue, à l'angle de la place Royale et de la rue Royale à Bruxelles. Il occupe plus précisément le no 10 de la place Royale et le no 2-4 de la rue Royale.
En 1776, le projet devient un plan urbanistique monumental comportant huit pavillons, qui est confié aux architectes français Jean-Benoît-Vincent Barré, qui conçoit le projet de base, et Barnabé Guimard, qui assure la réalisation des plans détaillés[2].
En raison des coûts élevés, le gouvernement fait appel à l'abbaye du Coudenberg, à l'abbaye de Grimbergen, à la corporation des Brasseurs, à la Loterie impériale et royale des Pays-Bas ainsi qu'à des particuliers comme le comte de Spangen, la comtesse de Templeuve et le marchand de vins Philippe de Proft[2],[3].
Historique de l'hôtel de Grimbergen
L'hôtel de Grimbergen est édifié à partir de 1776 pour l'abbaye de Grimbergen sur un terrain acheté au gouvernement[4]. La construction est probablement terminée en 1781 puisqu'un édit du gouvernement datant de 1781 ordonne d'enduire dans l'année les façades en briques encore apparentes pour tous les pavillons de la place Royale[5],[6].
Il est ensuite divisé et occupé par des particuliers ou des négoces comme un café, c'est-à-dire un lieu où l'on consommait du café[Notes 1], du thé et des gâteaux [Notes 2] (le Café de l'Amitié[Notes 3], vers 1830) et une librairie (vers 1840)[4],[6].
Vers 1920, les différentes parties de l'édifice sont fortement remaniées : l'aile située le long de la place Royale subit des transformations intérieures selon des plans de l'architecte Édouard Pelseneer tandis que l'aile située le long de la rue Royale est réaménagée pour l'installation de la « Lloyds & National Provincial Foreign Bank Ltd. » et augmentée d'une annexe au nord[4],[6].
Le bâtiment, réaffecté au « ministère de la Région bruxelloise » (ancien nom du gouvernement de la région de Bruxelles-Capitale), est à nouveau rénové en 1984 et les vestiges de l'ancienne chapelle ducale et de la rue Isabelle situés sous l'édifice sont revalorisés[4]. L'édifice abrite depuis le service d'information touristique « BIP » (Bruxelles Info Place / Brussel Info Plein / Brussels Info Place).
Architecture
Hôtel
Architecture extérieure
L'édifice comporte trois façades, une première le long de la place Royale, une deuxième le long de la rue Ducale et une troisième orientée vers le nord et prolongée par une annexe sous toiture à la Mansart.
Cette troisième façade et son annexe donnent sur une cour fermée par un portail orné de lions et prolongé par un mur de clôture à balustrade.
Le deuxième étage est percé de fenêtres plus petites dont l'ornementation se réduit à un encadrement mouluré et sommé d'une corniche en forte saillie soutenue par des modillons rectangulaires, elle-même surmontée d'une balustrade en attique.
La façade de la rue Royale est percée de deux grandes portes en bois surmontées chacune d'une fenêtre d'imposte quadripartite et d'un cartouche marqué « hôtel de Grimbergen » ou « Hof van Grimbergen ». La fenêtre située au-dessus de chaque porte est précédée d'un balcon à balustrade de pierre soutenu par des consoles ornées de volutes et de feuilles d'acanthe.
La façade de la place Royale ne compte qu'une seule porte, surmontée d'un cartouche marqué « Palais de Charles-Quint ».
La façade nord est prolongée par une annexe de deux niveaux, ajoutée en 1920, surmontée d'une toiture à la Mansart. Cette annexe présente des façades très différentes de celles du bâtiment principal. La petite façade d'une seule travée orientée vers la rue Royale est percée d'une porte inscrite dans une arcadecintrée à imposte entourée par une maçonnerie à bossages plats et à lignes de refend. Cette porte est surmontée d'une petite fenêtre rectangulaire surmontée d'un grand cartouche plat agrémenté à sa base de gouttes (petits pendentifs typiques de l'architecture néo-classique). La façade orientée vers le Palais des Beaux-Arts comporte trois travées de deux niveaux de fenêtres rectangulaires, les supérieures étant également surmontées de cartouches à gouttes.
Architecture intérieure
L'intérieur de l'aile située le long de la rue Royale résulte du réaménagment effectué en 1920 pour l'installation de la « Lloyds & National Provincial Foreign Bank Ltd. »[4],[6].
Le réaménagement consista en la création de vastes salles des guichets et de bureaux, au décor principalement inspiré du classicisme anglais du XVIIIe siècle[6].
La salle des guichets présente de beaux décors en stucs de tons pastels sur les murs et les plafonds, et est rythmée par des colonnes et des pilastres portant des chapiteaux en stuc doré à motifs de feuilles d'eau agrémentés de palmettes[6].
L'accès se fait par un escalier en marbre.
Intérieur de l'ancienne Lloyds Bank
Entrée.
Ornement de l'entrée.
Ancienne salle des guichets.
Chapiteau à palmette.
Chapiteau orné de feuilles d'eau.
Portail de la cour
Au nord, le bâtiment est bordé d'une cour pavée fermée par un portail.
Ce portail est constitué d'une grille en fer forgé noire surmontée de pointes de lances et de pommes de pin dorées, supportée par deux piliers en pierre de taille dont le tronc est orné d'un cartouche circulaire surmonté d'un ruban. Chaque pilier est surmonté par un lion de pierre couché, œuvre du sculpteur A.-F. Bouré[6].
Cartouche du portail.
Le portail.
Fer forgé du portail.
Lion du portail.
Mur reliant l'hôtel de Grimbergen à l'hôtel Errera
Le portail est prolongé par un mur à balustrades en pierre blanche qui va de l'hôtel de Grimbergen à l'hôtel Errera voisin[6].
Ce mur est rythmé par seize pilastres surmontés de vases de pierre répartis de part et d'autre d'un pilier beaucoup plus fort portant un groupe sculpté. Les pilastres ont été rénovés en 1878[6].
Les vases de pierre sont alternativement ornés soit de têtes de lion et de draperies soit de guirlandes de laurier.
Le pilier central est orné d'un cartouche flanqué de corbeaux rectangulaires à feuilles d'acanthe portant un entablement sommé d'un groupe sculpté figurant une armure, un casque ceint d'une couronne de lauriers, un bouclier, une enseigne marquée « Patria », des lances, des haches, une masse d'armes…
Vases de pierre du mur reliant l'hôtel de Grimbergen à l'hôtel Errera
↑Le mot "café", ne désignait pas à l'époque un "cabaret" ou débit de boisson. En allemand "ein Café" ou "ein Kaffeehaus" a gardé ce sens et ne se confond pas avec "eine Kneipe", un "cabaret". C'est le cas également des fameux cafés de Vienne, inscrits à l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel autrichien en 2011, qui ont conservé le sens original du mot. Voir aussi : M. Prosper Poitevin (1805-1884), Nouveau dictionnaire universel de la langue française", Paris, 1869, tome premier, p. 376 : "Café : établissement public où l'on va prendre du café".
↑Le "Café de l'Amitié" appartenait à Henri Joseph Dufoy, né vers 1770, époux de Charlotte Molding, née vers 1775, dont leur fille, Catherine Victoire Dufoy (1797-1875) a épousé à Bruxelles en 1816, le marchand de tableaux bruxellois Jean François Léopold Stevens (Bruxelles 1791-Saint-Josse-ten-Noode 1837), qui sont les parents du peintre Joseph Stevens, né le 26 novembre 1816 à Bruxelles.
↑Brigitte D'Hainaut-Zveny, Un exemple de mise en scène urbaine. La place Royale de Bruxelles (1774-1784), allégorie d'un nouveau rapport politique au siècle des Lumières, in Performing Arts in the Austrian 18th Century: New Directions in Historical and Methodological Research, University of Gent, 1999, p.53