Le monument, appelé également Grande-Maison de l'Étape[1], Maison du Gouverneur[2], ou encore l'Intendance[2] fut successivement un hôtel particulier puis l’Hôtel de ville d'Orléans et accueille aujourd’hui la célébration des mariages.
Germain Rebours et Anne Brachet sont propriétaires d'un terrain agraire sur la place de l’Étape vers le milieu du XVe siècle. Ils envisagent d'y bâtir un hôtel particulier mais le cèdent avant l'aboutissement de ce projet, le[5], à Jacques Groslot, bailli d'Orléans et chancelier de Marguerite de Navarre, grand-mère d'Henri IV[6].
La construction du corps central de l'hôtel débute probablement en 1549[7]. Une demande de voirie est transmise aux échevins d'Orléans, le , par Jacques Groslot, afin de rendre l'hôtel accessible à la fin des travaux, qu'il projette à l'été 1552[8]. Jacques Groslot meurt avant la fin des travaux le .
Sa veuve et ses deux fils, Jérôme et Henri, héritent de l'édifice et assistent à la fin de sa construction entre 1553 et 1558[7]. Jérôme, qui exerce à son tour la fonction de bailli d’Orléans, réside dans l'hôtel[9],[10].
Jérôme Groslot reprend possession de l'hôtel après le départ de la cour[13]. Pour soutenir les actions des Protestants et de Groslot, Louis Ier de Bourbon-Condé revient à Orléans le 2avril 1562 et réside dans la Grande-Maison de l'Étape qui devient le quartier général des Protestants[14].
En 1573, Charles IX revient à Orléans pour apaiser les troubles nés du massacre de la Saint-Barthélemy (dont Jérôme Groslot est l'une des victimes[note 1]), et séjourne dans la Grande-Maison de l'Étape[14]. Il semble que, tout en restant dans le giron de la famille Groslot, l'hôtel serve de siège à la Généralité d'Orléans vers 1570. Les enfants de Jérôme Groslot, Jérôme et Louise, auraient résidé dans l'hôtel[15].
Louise et son époux Samuel Puchot, ont deux fils, Jérôme et Samuel Puchot, qui vendent la Grande-Maison de l'Étape à Anne de Caumont, veuve de François d'Orléans le 15décembre 1637. Madame de Cérizy, fille de Jérôme Puchot, et unique héritière, réintègre l'hôtel après un procès établissant qu'Anne de Caumont n'avait jamais payé la somme due. Le 18avril 1696, elle vend à son tour le bien à deux couples : Louis Curault, conseiller du roi, et Marie Griffonneau ainsi qu'à Joseph Levassor, conseiller du roi, et Jeanne Longuet[16].
L'architecte des Monuments historiques André Delton expose en avril 1846 les dessins présentant le projet de restauration de l'hôtel Groslot. Les plans et les devis sont livrés à la municipalité en 1848 mais la Révolution française de 1848 retarde le projet. Le perron et la façade centrale sont restaurés entre 1850 et 1852 ; le reste des travaux sont réalisés entre 1852 et 1855. Le nouvel hôtel de ville est inauguré le 8mai 1855[18].
Les services administratifs de la ville d'Orléans quittent l'hôtel Groslot en 1981 pour être transférés dans le nouveau centre municipal situé en face de l'hôtel Groslot au 1 place de l’Étape[19].
Personnalités liées à l'hôtel en 1560-1561
Parmi toutes les personnalités qui ont visité ou séjourné à l'hôtel pendant le séjour de la cour, entre la fin de l'année 1560 et le début de l'année 1561, on peut citer[13] :
Le rez-de-chaussée de l'hôtel Groslot héberge le service administratif consacré à l'éducation et l'aile gauche, la police municipale[20].
Architecture et mobilier
Cet édifice possède une façade caractéristique en briques rouges disposées en losanges. Il se compose d'un bâtiment central accompagné de deux ailes de style Renaissance et d’un escalier à double volée.
Lors de sa construction au XVIe siècle, l’hôtel se limite à sa partie centrale. Ses deux ailes sont construites après son rachat par la municipalité. La statue de Jeanne d'Arc réalisée par la princesse Marie d’Orléans placée devant son perron date, quant à elle, du milieu du XIXe siècle. Elle porte encore les traces de balles reçues lors de la libération d'Orléans, en août 1944.
L’hôtel Groslot est composé de quatre salles principales : le salon d'honneur, l'ancienne salle du conseil municipal, l'ancien bureau du maire et la salle des mariages.
La décoration intérieure de style gothique troubadour est réalisée entre 1850 et 1854 sous la direction de l’architecte André Delton.
Comme mobilier, on y trouve de nombreux souvenirs de Jeanne d'Arc, des toiles, des tapisseries d'Aubusson, des coffres en bois et d’autres meubles d’époque.
Les jardins sont accessibles depuis la rue d'Escures. On y trouve un mur, classé Monument historique en 1846, constitué des vestiges de la chapelle Saint-Jacques qui s'élevait rue des Hôtelleries[21].
L'hôtel Groslot dans les arts
Littérature
L'écrivain français Honoré de Balzac (1799-1850) décrit l'hôtel Groslot dans une de ses études philosophiques de la Comédie humaine, Sur Catherine de Médicis. Le martyr calviniste publié en 1841 : « Il est difficile d'être allé à Orléans sans y avoir remarqué sur la place de l'Estape, l'hôtel de ville. Cet hôtel de ville est l'ancien bailliage[note 2], l'hôtel de Groslot, la plus illustre maison d'Orléans et la plus négligée[22]. »
Un tableau du peintre français Pierre Dupuis représente la mort de François II dans une salle de l'hôtel Groslot.
L'architecte français Léon Vaudoyer représente la façade de l'hôtel Groslot sur un dessin aquarellé daté de 1845 et conservé à la médiathèque de l'architecture et du patrimoine de Charenton-le-Pont[24].
Jean-Eugène Bimbenet, Monographie de l'Hôtel de la mairie d'Orléans : de l'institution des maires et de la justice de la police de la ville, Alex. Jacob, , 59 p. (lire en ligne)
Daniel Polluche, Essais historiques sur Orléans : Description topographique et critique de cette capitale et de ses environs, Couret de Villeneuve, 1778., 228 p. (lire en ligne)
Articles
Paul Guillaume, « La mort de François II à l'Hôtel Groslot, le 6 décembre 1560 et l'ouverture des États-Généraux d'Orléans par Charles IX le 13 décembre 1560 », Bulletin de la société archéologique et historique de l'Orléanais, Société archéologique et historique de l'Orléanais, vol. XVII, no 6 bis, (ISSN0337-579X, OCLC473785709)
Jacques-Henri Pelletier, « La restauration de l'hôtel Groslot au XIXe siècle », Mémoires de la Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts d'Orléans, Académie d'Orléans, 6e série, t. 8, , p. 323-326 (ISSN0994-6357, OCLC312229150, lire en ligne)